Enfants et adolescents 7-18 ans

Les programmes de pairs aidant pour les jeunes marginaux

Introduction

Dans le cadre de la Stratégie canadienne antidrogue, L'Agence de la santé publique du Canada et Santé Canada a rencontré des jeunes gens et des dispensaterus de services, d'un bout à l'autre du pays, pour trouver des façons de répondre aux besoins des jeunes marginaux. Plusieurs ont demandé des renseignements sur l'utilisation des programmes de pair aidant — Quel genre de programmes utilise-t-on ? Quelle est leur efficacité ? Qu'est-ce qui assure le succès du programme ?

Ce feuillet d'information est le résultat de concertation dans cinq collectivités, d'entrevues, de discussions de groupes avec de jeunes marginaux et les fournisseurs de services qui travaillent avec ces jeunes. Le feuillet décrit des programmes de pair aidant, examine les facteurs qui en améliorent les chances de succès et propose d'autres sources de renseignements.

Ce feuillet d'information intéresse quiconque se préoccupe des services à l'intention des jeunes marginaux. Ce n'est pas un guide par étapes pour mettre sur pied un programme de pair aidant, mais on y trouve des renseignements dont devraient tenir compte les organismes qui décident d'offrir un tel programme.

Qu'est-ce qu'un programme de pair aidant ?

En général, il s'agit d'un programme d'entraide dans le cadre duquel des jeunes viennent en aide à d'autres jeunes. Le programme de pair aidant est efficace dans la mesure où il ne s'agit pas d'une initiative isolée, mais que cela fait partie d'un organisme de services pour les jeunes.

Les programmes de pair aidant se développent à partir des diverses façons dont les jeunes gens s'entraident et se donnent des conseils à chaque jour. Les services offerts peuvent prendre diverses formes : l'appui personnel, un conseil d'ami par exemple ; les suggestions pour aider à trouver un endroit où vivre et autres services ; la médiation ; le tutorat ; les compétences d'emploi ; la dynamique de vie ; les renseignements sur la santé et la sécurité personnelle.

Le pair aidant est entouré de professionnels qui le supervise et le soutienne. Il ne remplace pas l'aide professionnelle, mais joue plutôt le rôle d'intermédiaire entre les jeunes marginaux et les services professionnels dont ils pourraient avoir besoin.

Qui sont ces jeunes marginaux ?

Le jeune marginal est une jeune personne qui, à divers degrés, adopte le style de vie et le comportement des gens de la rue, notamment :

• l'usage régulier ou abusif d'alcool et d'autres drogues ;
• d'autres comportements qui risquent de compromettre leur santé ;
• la participation à des activités illégales ;
• vivre la violence, comme victime ou comme agresseur.

Pourquoi le jeune marginal ne fait-il pas appel aux services qui lui sont destinés ?

Il peut être très difficile de rejoindre ce groupe de jeunes gens. Ils ne font pas confiance aux organismes officiels et n'aiment pas qu'on leur dise quoi faire, même en apparence. Souvent, ils ne savent pas où trouver de l'aide et doivent se déplacer pour rencontrer divers dispensateurs de services. Cela peut engendrer un soutien irrégulier, un manque de continuité dans les services. Sans compter que les services habituels sont rarement accessibles à des heures ou à des endroits qui leur conviennent.

Parfois, c'est le système lui-même de services pour les jeunes qui fait obstacle. Le jeune marginal peut se sentir coincer par les règles, réglementations et procédures du système. Et lorsqu'il y entre, le jeune marginal pourrait éprouver de la difficulté à se sortir du système à cause du manque de services et de réseaux de soutien.

Est-ce que tous les programmes de pair aidant se ressemblent ?

Les programmes de pair aidant diffèrent selon les besoins des jeunes à qui ils s'adressent, le genre de services offerts et le type d'organisme offrant le service.

On retrouve trois types de programmes où le pair aidant est efficace :

• Les programmes d'aide aux jeunes qui vivent dans la rue. Ces programmes visent à établir des contacts avec les jeunes gens de la rue. Leur mise en œuvre et les contacts se font habituellement dans la rue. Ces programmes visent à aider les jeunes gens à survivre. Ils y trouvent nourriture, vêtements, abri et soutien. Ou encore des renseignements, des références, des ressources (condoms, aiguilles stériles, etc.) qui peuvent aider à rendre plus sécuritaire la vie dans la rue.
• Les programmes pour aider les jeunes gens à quitter la rue. Ces programmes offrent de l'aide aux jeunes gens qui tentent de changer leur mode de vie. Ils offrent des services comme l'alphabétisation, le perfectionnement scolaire, la formation à 1'emploi, la préparation à un mode de vie sédentaire et le développement des aptitudes que requiert un retour à la vie normale en société.
• Les programmes pour empêcher les jeunes gens d'adopter le style de vie des gens de la rue. Beaucoup de jeunes qui passent leur temps dans la rue vont encore à 1'école. Même s'ils sont seuls, rancuniers et mésadaptés, les programmes de pair aidant en milieu scolaire peuvent offrir divers moyens de les rejoindre. Ce genre de programme peut faire appel à des jeunes gens qui ont déjà vécu dans la rue et peuvent raconter leur histoire aux jeunes qui sont encore à l'école. Le programme peut aussi regrouper d'autres étudiants de 1'école qui vont tenter d'établir un contact avec leurs camarades vulnérables, de vaincre leur sentiment d'isolement, de les aider à mieux s'intégrer à leur milieu scolaire.

Qu'est-ce qui assure la réussite d'un programme de pair aidant ?

Plusieurs facteurs contribuent à l'efficacité du programme de pair aidant et aident à susciter la confiance des participants, notamment :

• L'acceptation et le respect des jeunes gens à qui il s'adresse. Les jeunes gens rejettent souvent les services que leur offrent les organismes traditionnels parce qu'ils se sentent jugés par ceux et celles qui essaient de les aider. C'est l'une des raisons pour lesquelles on a créé les programmes de pair aidant. Il est crucial que les bénévoles et les employés acceptent les jeunes marginaux tels qu'ils sont et collaborent avec eux.
• La confidentialité. La confidentialité est essentielle si on veut que les jeunes gens aient confiance dans le programme.
• Le positif. Bien que la plupart des programmes de pair aidant répondent à un besoin ou problème particulier, ceux qui sont efficaces misent à la fois sur les qualités du pair aidant et celles du client.
• Une vision claire du genre de services qu'offrira le programme. Aucun programme ne peut servir de panacée. Un programme efficace de pair aidant répond à un but précis et s'adresse à un groupe particulier.
• Des services pertinents. Pour être efficace, les programmes de pair aidant doivent répondre aux besoins culturels et sociaux des jeunes marginaux. Ils partent du principe que la vie de ces jeunes gens est difficile et compliquée pour leur offrir un service à la fois fiable, facile à trouver et à utiliser.
• Flexibilité. L'organisme qui parraine un programme de pair aidant doit être assez souple pour répondre aux besoins sans cesse changeants des jeunes marginaux, pour mettre au point de nouvelles façons d'offrir les services. En même temps, l'organisme doit aussi être capable d'assurer au programme la direction et le soutien nécessaires.
• L'équilibre entre les services professionnels et l'entraide. Le pair aidant peut apporter une contribution efficace et valable. Ils peut appuyer les services professionnels, sans toutefois les remplacer. On ne peut exiger que le pair aidant offre des services - thérapie, évaluation, consultation - qui dépassent son expérience et sa capacité.
• Bien choisir le pairs aidant. Pour être efficace, le pair aidant doit offrir quelque chose que l'utilisateur juge valable. On devrait rechercher les qualités suivantes chez le pair aidant :
  

  -	maîtrise l'art de la communication ;
  -	accepte et appuie les jeunes gens qui décident d'adopter un mode vie plus traditionnel ;
  -	peut faire abstraction de ses propres besoins quand il agit comme pair aidant ;
  -	possède un bagage et un vécu semblables à ceux des jeunes marginaux avec qui il est appelé à travailler. Cela ne veut pas dire que tous les pairs aidants doivent vivre ou avoir vécu l'expérience de la rue, mais qu'ils devraient en être conscients et éprouver de l'empathie pour ceux et celles qui la vivent. Dans le cadre des programmes scolaires qui visent à empêcher les étudiants d'opter pour ce mode de vie, le pair aidant sera efficace dans la mesure où il sera capable d'amener l'étudiant vulnérable à sentir qu'il fait partie du milieu scolaire.

  Le pair aidant peut lui-même bénéficier de ces programmes. Dans un programme bien supervisé, le pair aidant peut acquérir des compétences en relations humaines, l'estime de soi, une appréciation d'autrui et un sens des responsabilités.
• Appui et formation continues pour le pair aidant. L'organisme parrain doit comprendre qu'on ne devient pas pair aidant du jour au lendemain, que le pair aidant aura besoin d'une formation initiale et continue, de soutien et de supervision. Il doit pouvoir compter sur de bonnes relations avec les employés de l'organisme, les connaître et avoir confiance en eux.
• Un plan à long terme. Beaucoup d'efforts intéressants se perdent parce que 1'enthousiasme et les ressources initiales s'estompent avec le temps. Ça ne sert à rien d'aider quelqu'un si le programme doit disparaître, faute d'énergie ou de soutien financier. Le programme de pair aidant réussira dans la mesure où l'organisme parrain accepte la nécessité d'une planification continue, d'un engagement et d'un soutien financier adéquats. Cela peut se concrétiser par des initiatives de suivi et des programmes qui répondent à un besoin. Celai peut aussi nécessiter une volonté de collaborer avec d'autres organismes et de la persévérance pour stimuler l'intérêt du public et son appui pour le programme de pair aidant.

Conclusion

Il y a un besoin criant de programmes pour les jeunes marginaux. Personne ne s'attend à ce qu'une jeune personne à risque modéré passe sans heurt de l'adolescence à l'âge adulte sans un appui constant et continu, encore moins le jeune marginal qui doit surmonter des obstacles plus difficiles ?

Les programmes de pair aidant n'ont pas toutes les réponses, mais ils constituent une façon efficace de répondre au défi d'offrir des services à ce groupe difficile à rejoindre.

Ressources

On trouvera dans les documents qu'énumère la liste ci-dessous de plus amples renseignements sur les jeunes marginaux et les programmes de pair aidant.

Brannigan, A. et T. Caputo (1993). Étude sur les fugueurs et les jeunes de la rue au Canada : Questions conceptuelles et de développement de recherche. Rapport de l'usager en réponse à la violence et à l'abus. Publié avec l'autorisation du Solliciteur général du Canada. N^o. 1993-05.

Caputo, T., R. Weiler et K. Kelly (1994). Phase II du projet sur les fugueurs et les jeunes de la rue : l'étude de cas de Saskatoon. Rapport de l'usager en réponse à la violence et à l'abus. Publié avec l'autorisation du Solliciteur général du Canada. N^o. 1994-12.

Caputo, T., C. Ryan et D. Proulx (1991). Les enfants et les jeunes à risque : Une bibliographie de travail. Rapport de l'usager en réponse à la violence et à l'abus. Publié avec l'autorisation du Solliciteur général du Canada. N^o. 1991-09.

Carr, R. (1992). Peer Counselling: An Indexed and Annotated Bibliography. A comprehensive annotated bibliography dealing with much of the relevant information on peer helping. Victoria: Peer Counselling Project, University of Victoria.

Santé et Bien-être social Canada (1993). Une étude des jeunes marginaux d'Halifax, Nouvelle Écosse : Rapport technique. (Cat. N^o. H39-269/1993F).

Santé Canada (1996). Initiatives de pairs aidants pour jeunes marginaux : Un rapport et un abrégé.