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Étude visant à caractériser l’épidémiologie de l’hépatite C au Canada, 2002

Étude visant à caractériser l’épidémiologie de l’hépatite C au Canada, 2002 PDF Version PDF
(516 KB, 57 pages)
HP40-31/2008F-PDF
978-0-662-08947-6

Rapport final

Programme de prévention, de soutien et de recherche pour l’hépatite C, Division des infections acquises dans la collectivité, Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Direction générale des maladies infectieuses et des mesures d’urgence, Agence de la santé publique du Canada

Preparé par : Robert S. Remis, MD, MPH, FRCPC

Sommaire

En 1998, un groupe de travail a évalué l’ampleur de la transmission de l’hépatite C par transfusion sanguine au Canada. Dans le cadre de son travail, le groupe a estimé qu’en juillet 1998, quelque 240 000 personnes étaient infectées par le virus de l’hépatite C (VHC) au Canada. Cependant, le groupe de travail n’a pas examiné la distribution de l’infection à VHC parmi les personnes classées dans d’autres catégories d’exposition (comme l’injection de drogues, source la plus fréquente de l’infection) ni tenté d’estimer les répercussions actuelles ou futures de l’infection à VHC. Vu le temps qui s’est écoulé depuis que cetteévaluation a été effectuée et la portée limitée de celle-ci, Santé Canada souhaitait réexaminer la prévalence estimée de l’infection à VHC au Canada et obtenir des estimations plus détaillées pour chaque catégorie d’exposition. Cette évaluation est devenue particulièrement justifiée étant donné que le Programme de prévention, de soutien et de recherche sur l’hépatite C est censé prendre fin en mars 2004 et que le gouvernement du Canada évalue actuellement la pertinence de son renouvellement.

Les objectifs de l’étude de modélisation de l’infection à VHC étaient d’estimer les paramètres suivants : incidence et prévalence de l’hépatite C (globale et selon la catégorie d’exposition); proportion des cas d’infection à VHC diagnostiqués; nombre de personnes qui sont infectées par le VHC selon le stade de la maladie; morbidité associée au VHC; et survenue dans l’avenir de complications graves de l’infection à VHC.

L’étude a été menée en trois étapes : 1) estimation de la population à risque selon le lieu de naissance et la catégorie d’exposition; 2) modélisation de la prévalence et de l’incidence du VHC chez les personnes nées au Canada ainsi que prévalence du VHC à l’arrivée et incidence subséquente du VHC chez les personnes nées à l’étranger; et 3) projection des issues de l’infection chronique à VHC chez les personnes infectées.

La population a été divisée en deux segments, soit les personnes nées au Canada et les personnes nées à l’étranger. Dans chaque segment, on a estimé le nombre de personnes selon quatre catégories d’exposition qui s’excluaient mutuellement, définies en fonction du mode d’acquisition de l’infection à VHC : utilisateurs de drogues par injection, hémophiles, personnes ayant reçu du sang et autres. La catégorie « autres » regroupait les autres personnes infectées par le VHC, principalement par contact sexuel, travail dans le milieu de la santé et utilisation de drogues sans injection. Le modèle a été appliqué pour les années 1960 à 2022. Afin d’estimer correctement la taille de la population pour chaque année, on a modélisé spécifiquement les multiples composantes de la mortalité pour chaque catégorie d’exposition.

On a eu recours aux données du Système de surveillance améliorée des souches d’hépatite pour estimer l’incidence du VHC et pour déterminer la proportion relative des cas incidents et prévalents d’infection à VHC selon la catégorie d’exposition et le lieu de naissance.

Les personnes infectées par le VHC pourraient un jour présenter des complications graves. On a évalué ces complications en estimant le nombre de cas qui évoluent vers les stades suivants : cirrhose, cirrhose décompensée (insuffisance hépatique), carcinome hépatocellulaire, greffe de foie et décès par maladie hépatique. On a utilisé dans le modèle les paramètres de transition annuels fondés sur les données publiées et les études de modélisation et intégré d’importants facteurs modificateurs comme l’âge, le sexe et la consommation d’alcool. Le modèle a été traité comme un continuum intégrant toutes les étapes : l’entrée, marquée par la naissance ou l’immigration, puis la transition vers les comportements ou les expériences liés à l’exposition, l’infection à VHC, l’évolution de l’infection et le décès.

Pour évaluer l’effet de l’infection à VHC sur la hausse de la morbidité, on a estimé pour chaque année et de façon cumulative les déficits en « années de vie ajustées pour la qualité de vie » (QALY) par rapport aux personnes qui n’étaient pas infectées par le VHC, pour chaque année de 1960 à 2022 et cumulativement depuis 1960. On a fait parvenir un questionnaire à des représentants provinciaux pour obtenir de l’information sur la déclaration des cas d’infection à VHC et des détails sur les programmes de notification visant à inciter les personnes transfusées à passer un test de dépistage du VHC.

Les résultats de l’étude peuvent se résumer comme suit : on a estimé qu’en décembre 2002, environ 251 000 personnes étaient infectées par le VHC au Canada et que chaque année, 5 000 personnes contractent l’infection, principalement par l’injection de drogues. En 2002, la prévalence de l’infection à VHC au Canada était 4 % plus élevée qu’en 1998. La distribution des cas prévalents d’infection à VHC par catégorie d’exposition (au millier le plus près) était la suivante : 50 000 utilisateurs de drogues par injection (UDI), 89 000 ex-utilisateurs de drogues par injection, 1 200 hémophiles, 33 000 transfusés et 74 000 « autres ». Dans l’analyse, les UDI représentaient 55,6 % des cas prévalents d’infection à VHC au Canada, les hémophiles, 0,5 %, les transfusés, 13,2 %, et les autres, 29,6 %. Dans l’ensemble, environ 65 % des personnes infectées par le VHC au Canada ont été diagnostiquées à ce jour.

L’impact des séquelles de l’hépatite C sur la santé des Canadiens semble considérable. En 2002, 9 400 personnes étaient atteintes d’une cirrhose et 3 200, d’une insuffisance hépatique. L’incidence annuelle des cirrhoses récentes semblait avoir atteint un sommet à la fin des années 1990 et au début des années 2000, mais, selon les résultats du modèle, l’incidence des issues plus graves de l’infection à VHC continuera de grimper au moins jusqu’en 2022. Finalement, les résultats indiquent aussi que l’impact de l’hépatite C sur la santé des Canadiens est dramatique et continuera de l’être : jusqu’en 2002, environ 1 200 000 QALY avaient été perdues en raison de l’infection à VHC, et, en 2022, le total cumulatif des QALY perdues se chiffrera à presque 2 100 000. Cependant, pour bien apprécier ces résultats, il convient de les placer dans le contexte des autres maladies infectieuses et non infectieuses.

Il y a plusieurs leçons importantes à tirer de l’étude. Il est clair que l’impact de la maladie sur la santé des Canadiens est considérable. Il faut prendre des mesures pour inciter les 90 000 personnes qu’on estime infectées par le VHC et dont l’infection n’a pas encore été diagnostiquée à passer un test de dépistage du VHC. Il faut rendre accessibles les services de santé nécessaires au traitement de l’infection à VHC à toutes les personnes qui pourraient en bénéficier; parmi ces services, mentionnons les médecins spécialistes, les services de laboratoire et les médicaments antiviraux. Il est également nécessaire de poursuivre les recherches à de nombreux niveaux afin, notamment, de mieux évaluer l’ampleur de l’infection à VHC au Canada et les facteurs qui en sont responsables, d’élaborer des programmes de sensibilisation plus efficaces pour prévenir l’infection, d’améliorer l’accès aux services diagnostiques et thérapeutiques dans les populations sous-desservies, de mieux comprendre l’infection à VHC et l’hépatite C et de mettre au point des modalités thérapeutiques plus efficaces.

Table des matières

  1. Introduction
  2. Objectifs de l’étude
  3. Méthodologie
    • 3.1 Modèle de l’infection à VHC et de ses issues – survol
    • 3.2 Modélisation de la prévalence du VHC
    • 3.3 Infection à VHC chez les personnes nées à l’étranger
    • 3.4 Utilisation des données du Système de surveillance améliorée des souches d’hépatite (SSASH)
    • 3.5 Incidence du VHC
    • 3.6 Modélisation des issues de l’infection à VHC
    • 3.7 Modèle analytique intégré pour le VHC
    • 3.8 Estimation de la morbidité associée au VHC : calcul des pertes en années de vie ajustées pour la qualité de vie
    • 3.9 Proportion des infections à VHC diagnostiquées et déclarées
    • 3.10 Enquête auprès des ministères de la Santé provinciaux
  4. Résultats
    • 4.1 Prévalence du VHC parmi les immigrants du Canada
    • 4.2 Analyse des données du SSASH
    • 4.3 Résultats de la modélisation épidémiologique : prévalence du VHC
    • 4.4 Résultats de la modélisation épidémiologique : incidence du VHC
    • 4.5 Résultats de la modélisation épidémiologique : issues de l’infection à VHC
    • 4.6 Résultats de la modélisation épidémiologique : morbidité attribuable au VHC
    • 4.7 Infections à VHC diagnostiquées et déclarées
    • 4.8 Sommaire des programmes généralisés de retraçage des receveurs
  5. Analyse
  6. Références