Avril 2004
Division de la surveillance et de l'évaluation des
risques
Centre de prévention et de contrôle des maladies
infectieuses
Agence de la santé publique du Canada
Le VIH et le
sida au Canada - Rapport de surveillance en date du 31
décembre 2003
83 pages - (458 KB)
ISSN 1488-1926 - (En direct) ISSN 1701-4166
Remerciements : Il est possible d'exercer une surveillance nationale du VIH et du sida grâce à la participation de toutes les provinces et de tous les territoires et à l'élaboration des grandes orientations en la matière. Le Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses tient donc à remercier tous les coordonnateurs provinciaux et territoriaux des programmes sur le VIH/sida, les laboratoires, les dispensateurs de soins et les médecins répondants d'avoir fourni les données confidentielles non nominatives qui nous ont permis de publier ce rapport. Sans leur étroite collaboration et leur participation à la surveillance du VIH et du sida, cette publication n'aurait pu voir le jour. Le lecteur trouvera à l'annexe 5 une liste complète de ces collaborateurs.
Nous voulons également souligner la contribution de la Section des publications scientifiques et services multimédias, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, qui a revu, corrigé et produit le document, tant la version imprimée que la version électronique diffusée sur Internet.
Nota : Ce document doit être cité comme la source de toute information extraite et tirée du rapport.
Suggestion pour citer la source : Santé Canada, Le VIH et le sida au Canada : Rapport de surveillance au 31 décembre 2003, Division de la surveillance et de l'évaluation des risques, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Santé Canada, 2003.
Au nom de la Section de la surveillance du VIH/sida, j'aimerais vous présenter le rapport Le VIH et le sida au Canada : rapport de surveillance au 31 décembre 2003. Ce document fait partie d'une série de rapports publiés deux fois par année qui fournissent un résumé des données de surveillance du VIH et du sida disponibles au Canada.
La Section de la surveillance du VIH/sida fait partie de la Division de la surveillance et de l'évaluation des risques du Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses. Cette section est responsable de la collecte et de la gestion des données, de l'analyse ainsi que de la production de rapports. De plus, elle continue d'améliorer la qualité des données, de définir et d'adopter des normes de surveillance ainsi que d'appuyer l'utilisation des données afin d'influer sur les mesures liées aux programmes et aux politiques.
Les principaux résultats tirés des données de surveillance sont présentés à la section Coup d'œil. Ils sont suivis d'une série de tableaux qui résument les données sous-jacentes. Les notes techniques, les références et les sources de données figurent aux annexes. Au début de chaque section se trouvent des explications ayant trait aux données de surveillance spécifiques des provinces et territoires.
Les rapports Actualités en épidémiologie sur le VIH/sida fournissent une description plus détaillée des données de surveillance du VIH et du sida. Ces rapports sont aussi disponibles sur le site Web de la Section à l'adresse indiquée sur la page couverture du présent rapport.
La publication du rapport Le VIH et le sida au Canada ne serait pas possible sans la transmission des données de surveillance du VIH et du sida par l'ensemble des provinces et territoires. Nous les remercions sincèrement de leur contribution assidue à la surveillance nationale du VIH et du sida. L'annexe 5 renferme une liste des établissements qui ont transmis des données.
Veuillez agréer nos sincères salutations,
Jennifer Geduld, MHSc Gestionnaire
Section de la surveillance du VIH/sida
Division de la surveillance et de l'évaluation des
risque
Introduction
Le rapport qui suit présente les données de surveillance du VIH et du sida qui sont associées à une description des personnes qui ont obtenu un diagnostic d'infection à VIH ou de sida au Canada. Les données de surveillance donnent une idée trop faible de l'ampleur de l'épidémie d'infection à VIH et ne représentent donc pas le nombre réel de personnes infectées par le VIH (prévalence) ni le nombre de nouveaux cas d'infection qui surviennent chaque année (incidence). Parmi les raisons qui expliquent la sous-estimation, mentionnons les retards de déclaration, la sous-déclaration et la modification des profils de dépistage du VIH (personnes qui se présentent pour subir un test de dépistage). Par ailleurs, les données de surveillance ne donnent des indications que sur les personnes qui ont subi le test de dépistage et chez qui on a diagnostiqué une infection à VIH ou le sida; elles ne fournissent aucune information sur les personnes qui n'ont pas subi de dépistage et qui n'ont pas fait l'objet d'un diagnostic. De plus, comme le VIH cause une infection chronique dont la période de latence est longue, de nombreuses personnes récemment infectées dans une année donnée pourraient n'obtenir de diagnostic que plusieurs années plus tard.
Le Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses (CPCMI) a récemment procédé à des estimations de la prévalence de l'infection à VIH à la fin de 2002 et de l'incidence de l'infection en 20021. Ces estimations ont été faites à l'aide de multiples méthodes et intègrent des données provenant de sources très variées, notamment les rapports des tests pour le VIH, les rapports de déclaration des cas de sida, des enquêtes menées dans la population, des études épidémiologiques ciblées et des données de recensement. On a estimé qu'à la fin de 2002, quelque 56 000 personnes (46 000 à 66 000) vivaient avec le VIH au Canada (y compris les personnes atteintes du sida) et que l'infection n'avait pas été diagnostiquée chez environ le tiers de ces cas. Selon les estimations, entre 2 800 et 5 200 personnes auraient contracté l'infection à VIH au Canada en 2002.
Données de surveillance du VIH
En tout, 55 180 tests positifs pour le VIH ont été signalés au CPCMI depuis le début du dépistage du VIH en 1985. Le nombre de tests positifs signalés annuellement a décliné entre 1995 et 2001, passant de 2 996 à 2 187, mais a augmenté à 2 504 en 2002 et à 2 482 en 2003 (figure 1). La hausse du nombre de rapports de tests positif pour le VIH au cours des deux dernières années pourrait être attribuable en partie aux modifications récentes des politiques en matière d'immigration de Citoyenneté et Immigration Canada2. Ces modifications comportent notamment l'ajout, en janvier 2002, du test de dépistage du VIH dans le cadre de l'évaluation médicale systématique pour l'immigration et une réduction des restrictions concernant certains groupes d'immigrants, qui auparavant auraient été jugés inadmissibles pour des raisons médicales, associée à des modifications de la définition de certains groupes de demandeurs. Dans la plupart des provinces et territoires, en ce qui concerne le dépistage du VIH réalisé au Canada, les rapports de test positif pour le VIH sont traités de la même façon que tous les autres tests positifs et sont inclus dans les déclarations provinciales/territoriales de l'infection à VIH transmises au CPCMI.
1 Geduld J, Gatali M, Remis RS, Archibald CP, Estimations de la prévalence et de l'incidence du VIH au Canada, 2002,Relevé des maladies transmissibles au Canada, 2003;29:197-206.
2 Citoyenneté et Immigration Canada, Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, Lois du Canada 2001, chapitre 27. Aussi disponible l'adresse : http://www.cic.gc.ca/english/pdf/pub/C-11_4.pdf ou http://www.parl.gc.ca/PDF/37/1/parlbus/chambus/house/bills/government/C-11_4.pdf.
FIGURE 1
Rapports de test positif pour le VIH et diagnostics de sida selon
l'année du diagnostic, 1993-2003
La proportion des rapports de test positif pour le VIH qui concernent des personnes de sexe féminin est à la hausse. Au cours des trois dernières années, environ le quart des rapports de test positif dans lesquels le sexe était indiqué concernaient des personnes de sexe féminin, ce qui correspond à une hausse par rapport au pourcentage de 8,9 % enregistré entre 1985 et 1992 (tableau 3). Cette tendance est observable dans tous les groupes d'âge, mais particulièrement chez les 15 à 29 ans et les 30 à 39 ans, ce qu'illustre la figure 2.
FIGURE 2
Proportion des personnes de sexe féminin qui ont obtenu un
rapport de test positif pour le VIH
Comme l'indique la figure 3, c'est encore parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HRSH) qu'on enregistre le plus grand nombre et la plus grande proportion de tests positifs pour le VIH. Cette proportion a cependant diminué : entre 1985 et 1994, elle s'établissait à près de 75 %, puis elle a chuté à près de 37 % entre le milieu et la fin des années 90, après quoi elle a connu une légère hausse, s'établissant à 44,4 % durant les trois dernières années. La proportion attribuable aux divers contacts hétérosexuels a augmenté de façon constante, étant passée de 7,5 % avant 1995 à 36,9 % en 2003. Cette catégorie d'exposition regroupe trois sous-catégories, soit les contacts hétérosexuels avec une personne soit infectée par le VIH, soit présentant un risque accru d'infection à VIH, les contacts hétérosexuels comme seul risque déclaré et l'origine d'un pays où l'infection à VIH est endémique. Au cours des cinq dernières années, soit entre 1998 et 2003, la proportion des rapports de test positif pour le test VIH attribuable à la dernière sous-catégorie est passée de 2,9 % à 10,2 %. La figure 4 présente plus de détails sur les tendances observées dans les sous-catégories de l'exposition hétérosexuelle au cours des cinq dernières années.
FIGURE 3
Rapports de test positif pour le VIH selon la catégorie
d'exposition et l'année du test
HRSH : hommes ayant des relations sexuelles avec
d'autres hommes; UDI : utilisateurs de drogue par injection;
Pays d'endémie : origine d'un pays où
l'infection à VIH est endémique; HET-Risque :
contacts hétérosexuels avec une personne qui est
infectée par le VIH ou qui présente un risque accru
d'infection à VIH; ARS-HET : contacts
hétérosexuels constituant le seul facteur de risque
signalé; Autre : receveurs de transfusions sanguines ou de
facteur de coagulation et transmission professionnelle.
Les pourcentages sont fondés sur le nombre total moins les
rapports dans lesquels aucun facteur de risque n'était
indiqué.
FIGURE 4
Rapports de test positif pour le VIH dans la catégorie
d'exposition
hétérosexuelle, par sous-catégorie,
1998-2003
HET-Risque : contacts hétérosexuels avec une personne qui est infectée par le VIH ou qui présente un risque accru d'infection à VIH; Pays d'endémie : origine d'un pays où l'infection à VIH est endémique; ARS-HET : contacts hétérosexuels constituant le seul facteur de risque signalé.
Données de surveillance périnatale du VIH
À la fin de 2003, 19 344 cas cumulatifs de sida diagnostiqués au Canada avaient été signalés au CPCMI. Le nombre annuel de déclarations de cas de sida ajusté pour tenir compte des retards de déclaration a augmenté tout au long des années 80 et au début des années 90, atteignant un sommet de 1 953 en 1993, puis a décliné et a commencé à se stabiliser à 500-600 cas par année (figure 1, tableau 11). Ce déclin dans le nombre de diagnostics du sida a aussi été signalé dans d'autres zones industrialisées, dont les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni. On l'attribue en grande partie à l'utilisation répandue de traitements antirétroviraux très efficaces depuis 1996, mais on craint de plus en plus que la sous-déclaration des cas de sida ne soit à la hausse.
C'est dans le groupe des 30 à 44 ans qu'on enregistre la plus grande proportion des cas de sida déclarés, suivi du groupe des 45 à 59 ans et de celui des 15 à 29 ans, la proportion respective dans chaque groupe étant de 60,4 %, de 19,4 % et 15,9 %. Les femmes adultes constituent une proportion de plus en plus importante des cas de sida déclarés. Entre 1993 et 2003, cette proportion est passée de 7,0 % à 24,2 % (parmi les cas de sida diagnostiqués dont l'âge et le sexe est connu). En 2003, les personnes de sexe féminin représentaient 42 % des cas de sida signalés dans le groupe de 15 à 29 ans, 25,4 % dans celui des 30 à 44 ans et 18,2 % dans celui des 45 à 59 ans.
Au cours de la dernière décennie, on a observé une diminution de la proportion des cas de sida déclarés parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HRSH), le pourcentage étant passé de 73,8 % en 1993 à 35,3 % en 2003. En revanche, une augmentation s'est produite dans la catégorie d'exposition hétérosexuelle, le pourcentage de 13 % enregistré en 1993 ayant augmenté à 43,8 % en 2003. La distribution selon les catégories d'exposition pour les cinq dernières années est présentée à la figure 5.
FIGURE 5
Diagnostics de sida déclarés, selon la
catégorie d'exposition,1999-2003
HRSH : hommes ayant des relations
sexuelles avec d'autres hommes; UDI : utilisateurs de drogue
par injection; Pays d'endémie : origine d'un pays
où l'infection à VIH est endémique;
HET-Risque : contacts hétérosexuels avec une personne
qui est infectée par le VIH ou qui présente un risque
accru d'infection à VIH; ARS-HET : contacts
hétérosexuels constituant le seul facteur de risque
signalé; Autre : receveurs de transfusions sanguines ou de
facteur de coagulation et transmission professionnelle.
Les pourcentages sont fondés sur le nombre total moins les
rapports dans lesquels aucun facteur de risque n'était
indiqué.
La proportion des cas de sida déclarés parmi les Canadiens de race blanche a chuté avec le temps, étant passée de 86,8 % avant 1993 à 54,3 % en 2003. Cette chute est couplée à une hausse chez les Canadiens de race noire et les Canadiens d'origine autochtone, comme l'indiquent la figure 6 et le tableau 18. Les Canadiens de race noire représentaient 8,4 % des cas avant 1993 et 21,5 % en 2003; durant la même période, la proportion est passée de 1,2 % à 13,4 % chez les Canadiens d'origine autochtone.
FIGURE 6
Catégories de personnes autres que de race blanche et
pourcentage de chaque catégorie parmi tous les diagnostics
de sida signalés, selon l'année du diagnostic
(tous âges confondus)
Interprétation
La proportion à la hausse des rapports de test positif pour le VIH et des diagnostics de sida attribuables à des contacts hétérosexuels ainsi que la distribution dans les sous-catégories reflètent une tendance qui fera l'objet d'une surveillance et d'une analyse plus approfondie au cours des mois à venir. La proportion croissante des rapports de test positif pour le VIH enregistrée chez les Autochtones et les Canadiens de race noire ainsi que chez les personnes de sexe féminin dans chaque groupe d'âge, surtout chez les plus jeunes, est une constatation importante qui se répercute sur l'orientation des programmes de prévention et de traitement.