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David Butler-Jones, M.D., administrateur en chef de la santé publique, Agence de la santé publique du Canada
Le diabète de type 2 est une maladie chronique grave, attribuable aussi bien au mode de vie qu’à des facteurs génétiques, qui peut donner lieu à des complications, notamment une cécité, des cardiopathies et une insuffisance rénale. Environ deux millions de Canadiens ont reçu un diagnostic de diabète de type 2, mais on estime que 400 000 autres en sont également atteints sans avoir eu de diagnostic. Par ailleurs, cinq millions de personnes souffriraient de prédiabète, un état caractérisé par une glycémie élevée, mais inférieure au seuil définissant le diabète. Dans certains cas, le diabète peut être présent depuis des années avant qu’un diagnostic clinique ne soit posé; ainsi, de nombreux patients qui viennent de recevoir un diagnostic montrent déjà des signes de complications liées au diabète. Au cours de la dernière décennie, la prévalence normalisée selon l’âge du diabète diagnostiqué a connu une hausse constante, soit de 7 % en moyenne par année. Bien qu’il soit possible de modifier un grand nombre de facteurs de risque du diabète liés au mode de vie, par exemple en incitant les gens à faire plus d’exercice physique ou à perdre du poids, il est impossible de changer les facteurs génétiques tels que les antécédents familiaux et l’appartenance à un groupe ethnique. Néanmoins, il est important de tenir compte de ces facteurs « non modifiables », car ils interagissent avec d’autres facteurs de risque et influent sur le risque global d’un individu d’être atteint de diabète. L’évaluation des risques vise à soupeser l’effet combiné de tous les facteurs de risque possibles, et non uniquement les facteurs de risque évidents comme l’obésité, le sexe et l’âge.
Des instruments d’évaluation des risques peuvent aider à repérer efficacement les personnes présentant un risque élevé, qui ont besoin de tests diagnostiques plus concluants pour le diabète ou le prédiabète. Combiné à des interventions axées sur le mode de vie, dont l’efficacité est reconnue, le dépistage des cas de prédiabète peut retarder ou même prévenir la progression de la maladie vers un diabète de type 2, tandis que le dépistage précoce des cas de diabète peut retarder, voire prévenir les complications graves de cette maladie, grâce à des soins cliniques dispensés au moment opportun.
Dans ce numéro de Maladies chroniques et blessures au Canada, trois articles se penchent sur le recours à CANRISK, un nouvel instrument d’évaluation des risques, pour repérer les sujets fortement susceptibles d’être atteints d’un diabète ou d’un prédiabète. Les chercheurs Talbot et Dunbar ont invité les résidants de deux communautés rurales de la Nouvelle-Écosse à répondre eux-mêmes au questionnaire CANRISK et à passer l’épreuve d’hyperglycémie provoquée par voie orale puis, en cas de prédiabète, à prendre part à un programme de modification des habitudes de vie. À Vancouver, Papineau et Fong ont recruté des participants appartenant à des groupes originaires d’Asie de l’Est, d’Asie du Sud, d’Amérique latine et d’Afrique subsaharienne, ainsi que des personnes de race blanche et des Autochtones vivant en milieu urbain. Robinson et ses collaborateurs ont fourni des données montrant que CANRISK est un outil valable pour évaluer le risque de diabète à l’échelle nationale, dans la population multiethnique du Canada.
Les articles présentés ici témoignent du fait que le ciblage des sujets susceptibles d’être atteints d’un diabète ou d’un prédiabète est essentiel, et qu’il ne se fera pas sans la collaboration de tous. Cependant, ces nouveaux développements ne régleront pas toutes les difficultés. La promotion de l’adoption efficace de nouveaux instruments comme CANRISK n’incombe pas uniquement aux responsables du système de soins de santé ni aux gouvernements en général, pas plus qu’elle n’incombe aux groupes cibles les plus susceptibles. Les stratégies de prévention ciblées sont plutôt des occasions offertes à l’ensemble de la société de faire connaître, de promouvoir et de favoriser des modes de vie plus sains, et d’intensifier les initiatives de prévention. Rallions-nous pour faire de cette démarche un effort collectif!
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