Juin 1999 - Édition spéciale 75e anniversaire
Vol. 16, No. 5
La bibliothèque du CNRC fait ses tous premiers pas au rythme des Années folles. L'ère des explorateurs et des folles découvertes; mais encore une ère de rêves fragilisés par les volatils pactes politiques de l'entre-guerre. Une fête surréaliste entravée par la prohibition, où l'on danse le charleston sous un ciel gris de menaces. C'est l'ère des pionniers, l'ère de nos débuts.
LE ZR-3 A FAIT LA TRAVERSÉE DE L'ATLANTIQUE
L'aviation accomplit des bonds de géant, grâce entre autres à l'intrépidité de ses pilotes. Le 15 octobre 1924, Hugo Zeckener livre lui-même à la flotte américaine son bébé de 658 pieds de long, le zeppelin ZR-3. Pour ce faire, il doit partir de son Allemagne natale et braver les éléments pour réussir la quatrième traversée transatlantique de l'histoire et la première jamais accomplie en hiver. Le périple dura 81 heures.
Quelques semaines plus tôt, trois aviateurs de l'Oncle Sam réussirent un autre coup de maître. Leurs trois avions bouclèrent le tout premier tour du monde par les airs au bout de six mois et demi d'innombrables escales et frustrants contretemps. Bah! Les pionniers n'ont que faire du temps, pourvu qu'ils arrivent premiers aux yeux de l'histoire!
MARS ET VENUS SONT HABITÉES
Si les théories d'Albert Einstein dominent l'actualité scientifique de 1923, les p'tits hommes verts relativisent les exploits de l'illustre savant en 1924. On en a plus que pour Mars!
Le 23 août, d'éminents astronomes de toutes les parties du monde tentent d'établir des communications avec les prétendus martiens au moyen de projecteurs lumineux à partir du pic de la Jungfran, en Suisse. On tenta sans succès (sans rire) de braquer sur la planète rouge un projecteur électrique de 2 millions de chandelles (amplifié à ce point par sa réflexion sur une vallée concave couverte de neige) et d'y envoyer ainsi des signaux intermittents.
Le capitaine T.J.J. See, astronome du gouvernement américain, affirme que « les observations astronomiques ont prouvé hors de tout doute que la végétation et la vie animale existent sur la planète. » Une crédulité dont Orson Welles se régalera plus tard lors de la panique générée aux États-Unis par la diffusion radiophonique de sa Guerre des Mondes...
LA PROVINCE DE L'ONTARIO A MAINTENU LA PROHIBITION
Le monde vit de sombres épisodes. La prohibition règne sur la vie sociale canadienne. Le clergé, entre autres, tente une répression de l'épanouissement de la femme. Un journal d'Ottawa titre d'ailleurs à la Une : « Le féminisme a fait de la femme un être brutal et sans coeur ». Gandhi doit recourir à une grève de la faim pour faire passer son message. Hitler écrit son Mein Kampf en prison. Le nazisme fait élire ses premiers députés au Reichstag et prend racine en une Allemagne multipliant en douce ses actifs militaires en dépit du traité de Versailles.
PHOTOGRAPHIES TRANSMISES PAR LE SANS-FIL
La science montra aussi son visage plus sérieux et les Canadiens y sont pour quelque chose. Une invention originale du canadien Sir William Stephenson permit la première transmission d'une photo via le sans-fil pour parution dans le London Daily Mail, le 26 octobre 1924. Ce système révolutionnera le journalisme et servira de tremplin technique pour la télévision.
C'est aussi en 1924 que certains des meilleurs chercheurs en médecine du pays ont collaboré avec le CNRC en vue de dénicher une cure contre la tuberculose. Leurs travaux se sont poursuivis jusqu'en 1938 et ont contribué à la mise au point du vaccin BCG, lequel s'avérera une arme efficace contre ce mal qui causait environ 12 000 décès par année au Canada.
Le premier conflit mondial fut le moteur de la création du Conseil national de recherches du Canada en 1916 et donc indirectement de sa bibliothèque. Car peut-il exister un mouvement de recherche sans réservoir d'information pour l'alimenter? Comme le précise lui-même un des plus grands visionnaires de l'histoire de l'ICIST-CNRC, son général de 1957 à 1979, Jack E. Brown : « Ce n'est pas avant la première guerre mondiale que l'attitude du public face à la science et la technologie changea suffisamment pour que le gouvernement ne se décide enfin à encourager concrètement la recherche. Avec le bombardement de Londres par les zeppelins, même le plus ignare des citoyens put comprendre le lien entre l'invention et l'effort de guerre. »
Sans abris...
Il est toutefois difficile de précisément situer la fondation de la bibliothèque du Conseil dans le temps. Car avant l'inauguration des Laboratoires du CNRC sur la promenade Sussex à Ottawa en 1932, celle-ci n'avait point de toit officiel. En effet, la petite collection du CNRC fut d'abord entreposée à même les modestes bureaux du Conseil, situés dans l'édifice de l'ouest du Parlement, coïncidant avec la nomination de Mlle Béatrice Walling comme bibliothécaire en 1917.
Si on a plutôt tendance à fixer la date de la création de la bibliothèque du CNRC en l'année 1924, c'est que le président du Conseil d'alors, le tout fraîchement arrivé Henry Marshall Tory, y annonça son intention de « construire une bibliothèque qui desservirait tous les travailleurs scientifiques de partout au Canada ». C'est aussi en cette année que la Loi du Conseil de recherches fut passée au Parlement, permettant le financement du premier projet de recherches du CNRC. Fort du succès de cette entreprise, M. Tory trouva ensuite les appuis pour la concrétisation de son grand rêve : le Temple de la Science.
Dans l'ombre
Officiellement baptisé « Laboratoires du CNRC », ce temple scientifique fut érigé pour un coût de trois millions de dollars. Plus de 2 000 convives triés sur le volet inaugureront le Temple en grande pompe le 10 août 1932. Malgré tout un battage médiatique, peu de mentions de la bibliothèque ont été faites. La vedette est donnée aux laboratoires. Deux raisons à ceci : d'abord, la piètre collection de quelque 12 000 volumes perdue sur un rayonnage prévu pour près d'un demi million de livres, mais surtout la dépression économique faisait rage. Le discours inaugural de M. Tory illustrait bien le ton à donner, voué qu'il fut en grande partie à justifier chaque sou investi dans son Temple par les progrès financiers déjà accomplis par l'industrie suite aux efforts de ses chercheurs.
Mais terrée dans les coulisses du riche immeuble de style Renaissance italienne, ignorée sur l'interminable liste des dignitaires et des docteurs, une grande pionnière nourrissait de bien plus grandes ambitions pour sa bibliothè : Margaret Gill.
Contre vents et marées
Embauchée en tant que bibliothécaire du CNRC en 1928, mademoiselle Gill dut composer avec les affres de la dépression et de son statut de femme afin de gonfler la collection et combler ses aspirations qui étaient celles de faire de la bibliothèque du CNRC une institution au mandat national. Nous sommes à une époque où l'administrateur du diocèse de Montréal sermonnait sur « la négligence criminelle des mères qui désirent une carrière pour leurs filles ». Les bibliothécaires étaient surtout du genre féminin à l'époque et la profession ne jouissait que de peu de pouvoir décisionnel. Pourtant, en tant que fondatrice du Conseil canadien des bibliothèques, on attribue un rôle historique à Margaret Gill dans la création de la Bibliothèque nationale du Canada.
Sous son règne de 30 ans à la bibliothèque du CNRC, la piètre collection du Conseil s'est multipliée par 350, se profilant sur 20 kilomètres de rayonnage. Une expansion colossale! Dans les registres de l'ICIST-CNRC, on parle de 1957 comme étant l'année où la bibliothèque du CNRC commença à assumer son rôle de bibliothèque scientifique nationale, soit au terme de la carrière de Margaret Gill. Quoi dire de plus, sinon : mission accomplie!
Année | Événements |
---|---|
1916 | Fondation du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), composé d'une poignée de neuf conseillers bénévoles s'adonnant à des rencontres trimestrielles, présidées par A.B. Macallum, à leurs modestes bureaux du Parlement |
1917 | Embauche d'une bibliothécaire au CNRC, Béatrice Walling |
1918 | Fin de la première guerre mondiale, laquelle a catalysé la création du Conseil |
1919 | Le budget du CNRC comprend un portefeuille « divers, bibliothèque » garni de 3 000$ |
1924 | La Loi du Conseil de recherches passe au Parlement, finançant des laboratoires temporaires pour tester un matériau à amalgamer aux réfractaires des fournaises industrielles, le tout premier projet de recherche du CNRC ~ un succès Fondation de la bibliothèque du CNRC L'embryon de l'informatique prend vie avec la fondation d'IBM |
1928 | Nomination de la première bibliothécaire-en-chef officielle du CNRC, Margaret Gill. Elle hérite d'une minuscule collection de 1 000 titres |
1929 | Publication du premier périodique des Presses scientifiques du CNRC |
1930 | Malgré les affres de la grande dépression, on débute la construction des Laboratoires du Conseil, le Temple de la Science, au coût de trois millions de dollars |
1932 | Inauguration fort médiatisée des Laboratoires du CNRC, le 10 août. La collection de 12 000 titres se perd dans son nouveau domicile de 20 kilomètres de rayonnage métallique |
1937 | Le Temple n'est plus adéquat pour le type d'expériences conduites par le CNRC, tels les essais sur de puissants moteurs d'avion |
1938 | Le président du Conseil, le Général McNaughton, met de l'avant sa politique d'accessibilité aux services d'information technique du CNRC par les universités canadiennes et les unités de recherche de l'industrie Le physicien américain Chester Carlson invente le photocopieur |
1939-45 | La deuxième guerre mondiale amène une expansion phénoménale du CNRC, à commencer par la construction de nouveaux labos sur le vaste emplacement du chemin de Montréal à l'est d'Ottawa |
1946 | Le premier ordinateur électronique fonctionnel, un monstre de 30 tonnes baptisé ENIAC |
1947 | Faisant jusqu'alors partie du Département de la reconstruction, le Service d'information technique est transféré au CNRC |
1952 | Collection de la bibliothèque : 60 000 volumes |
1952 | Collection de la bibliothèque : 60 000 volumes |
1953 | Fondation de la Bibliothèque nationale du Canada |
1957 | La bibliothèque du CNRC assume non officiellement le rôle de bibliothèque scientifique nationale (BSN); sa collection se chiffre à 350 000 volumes Margaret Gill la pionnière se retire après 30 ans de labeur et est remplacée par Jack E. Brown le visionnaire |
1959 | L'ingénieur Robert Noyce produit le premier circuit intégré, précurseur de l'ère de la miniaturisation Entente avec la Bibliothèque nationale du Canada sur la concentration de ses activités dans le domaine des sciences sociales et humaines, garantissant du même coup la vocation nationale de notre bibliothèque scientifique |
1960 | Collection de la BSN : 450 000 volumes |
1962 | La planification débute pour un nouvel édifice sur le campus du chemin de Montréal Début de la mécanisation des procédés bibliographiques à la BSN (utilisation du système à cartes perforées d'IBM) |
1963 | Première base de données produite par la BSN (liste et index des publications du CNRC) |
1964 | L'utilisation du télex améliore le service des commandes |
1965 | La BSN compile son premier catalogue collectif des publications scientifiques dans les bibliothèques canadiennes |
1966 | Reconnaissance de la BSN en tant que bibliothèque nationale des sciences de la santé pour le Canada |
1967 | Officialisation du statut de Bibliothèque scientifique nationale; la collection est de 725 000 volumes |
1968 | Publication du premier bulletin d'information externe de la BSN, l'ancêtre des Actualités de l'ICIST-CNRC Le premier service informatisé national de diffusion sélective d'information, CAN/SDI, est mis de l'avant par la BSN. Il s'agit de l'ancêtre d'InfoAlert, faisant maintenant partie de la Source de l'ICIST-CNRC. Un système avant-gardiste qui a servi de modèle à plusieurs pays étrangers |
1969 | Le Cabinet donne au CNRC le mandat d'élaborer un système national d'information scientifique et technique (IST) La livraison de documents s'accélère majestueusement avec l'installation des premiers télécopieurs |
1970 | La BSN devient le coordonnateur national canadien de MEDLARS, un système d'interrogation en direct dans le domaine de la médecine mis au point par la National Library of Medecine des États-Unis |
1971 | Le logiciel du service CAN/SDI est donné à l'UNESCO, par la BSN, pour être distribué aux pays intéressés |
1972 | CAN/OLE voit le jour, le premier système de repérage de l'information en direct au Canada, mis en place par la BSN |
1974 | Unification de la BSN et du Service d'information technique sous la bannière ICIST-CNRC Inauguration du nouveau domicile de l'ICIST-CNRC, un imposant chef d'oeuvre de l'architecture moderne situé au coeur du campus du chemin de Montréal |
1978 | Premier ordinateur personnel commercial, le Apple ][ |
1979 | Jack E. Brown se retire; Elmer V. Smith devient le nouveau directeur général de l'ICIST-CNRC. Il sera surtout reconnu pour ses qualités de fonceur et défendra les acquis de l'institution |
1983 | L'ICIST-CNRC a généré plus de 200 000 copies et prêts de documents, soit plus que tout autre centre d'information spécialisée en Amérique du Nord Publication du premier numéro des Actualités de l'ICIST-CNRC |
1984 | Jusque là indépendant financièrement, l'ICIST-CNRC ne fait plus l'objet d'un vote séparé au Parlement pour l'attribution de son budget et fait désormais partie de l'enveloppe générale du CNRC |
1985 | La collection de l'ICIST-CNRC couvre plus de 50 kilomètres de rayonnage |
1987 | Douglas Dewar, un bibliothécaire de référence à l'ICIST-CNRC détenteur d'un doctorat en chimie, joue un grand rôle dans l'identification d'une toxine importunément contenue dans les moules de la côte de l'Île-du-Prince-Édouard. Cette toxine, l'acide domoïque, avait préalablement causé l'intoxication d'une centaine de personnes, entraînant la mort de trois d'entre-elles. En la démasquant, M. Dewar a contribué à sauver des vies |
1991 | Elmer V. Smith se retire. Margot Montgomery le remplace comme directrice générale de l'ICIST-CNRC; elle y implantera une philosophie d'affaires. C'est sous son règne qu'on développera une stratégie pour la distribution internationale des services |
1993 | Abandon du télex et premières commandes acceptées par Internet |
1994 | Par le biais d'IntelliDoc, le service de fourniture de documents de l'ICIST-CNRC est informatisé de bout en bout. Du même coup, l'ère du photocopieur prend fin Le 15 septembre, l'ICIST-CNRC inaugure son premier site Web, l'interface par laquelle s'effectuent aujourd'hui près de 50% des commandes Les Presses scientifiques du CNRC et l'ICIST-CNRC fusionnent Création du département de marketing, marquant le changement de culture opéré au sein de l'ICIST-CNRC Romulus, développé en partenariat avec la Bibliothèque nationale du Canada, devient le premier CD-ROM jamais produit par le CNRC. Il se voit attribué un prix par la Canadian Library Association |
1995 | IntelliDoc se voit décerner un prix d'excellence par les éditeurs de Canadian Business, soulignant « la conception d'une solution remarquable en technologie de l'information » |
1997 | L'ICIST-CNRC lance sa Bibliothèque virtuelle afin de permettre l'accès en direct de ses services de bibliothèque aux instituts de recherche du CNRC d'un océan à l'autre |
1997-99 | Les bibliothèques régionales annexées à l'ICIST-CNRC deviennent les Centres d'information du CNRC et leur mandat est étendu pour desservir les communautés de recherche d'un océan à l'autre. On retrouve maintenant 10 centres à St-Jean Terre-Neuve, Halifax, Boucherville, Montréal, Ottawa, London, Winnipeg, Saskatoon, Victoria et Vancouver |
1998 | Bernard Dumouchel remplace Margot Montgomery à la barre de l'Institut |
1999 | L'ICIST-CNRC maintient un inventaire surpassant les 8 millions de volumes et reçoit plus de 3 500 demandes par jour. Les requêtes urgentes sont traitées en moins de deux heures |
C'est en 1957 qu'entre en scène le personnage le plus vénéré de l'histoire de l'ICIST-CNRC, Jack E. Brown. Le jour où le nouveau chef de la bibliothèque du CNRC met le pied dans ses bureaux de la promenade Sussex, il y trouve une collection d'envergure nationale coincée dans des locaux trop exigus. Très rapidement, on commence à planifier la construction d'un édifice à la mesure des idéaux du visionnaire.
Pendant la douzaine d'années nécessaires à la réalisation de ce méga-projet, la révolution informatique prend le monde d'assaut. Inspiré, Jack Brown s'assure que sa bibliothèque ne rate pas le virage technologique. Vers la fin des années soixante, son institution crée des services pancanadiens propulsés vers le succès par les techniques informatisées. Elle acquiert une image d'avant-garde et le statut officiel de Bibliothèque scientifique nationale du Canada.
En février 1974, lorsque le nouvel immeuble d'architecture ultramoderne fut enfin prêt à l'accueillir, la dite bibliothèque n'en était plus une. Nouveau toit, pensée nouvelle. Jack E. Brown avait concrétisé son rêve : étendre les tentacules d'un réseau national de diffusion d'information scientifique. L'Institut canadien de l'information scientifique et technique (ICIST) voyait le jour. L'homme et son oeuvre ~ tout un chef d'oeuvre!
Après avoir conquis l'arène nationale de l'information scientifique et technique, l'ICIST-CNRC a poursuivi sur sa lancée phénoménale l'ayant mené à cette nouvelle dénomination. Comment faire autrement? On ne peut arrêter le progrès.
Les systèmes innovateurs de dissémination d'information conçus et mis en avant par l'Institut se sont raffinés avec les années et lui ont valu une réputation d'excellence à l'échelle internationale. En effet, plusieurs nations se sont servi de l'ICIST-CNRC comme modèle et ont utilisé ses procédés technologiques.
Après la retraite de Jack E. Brown, la venue à la tête de l'Institut d'Elmer V. Smith et plus tard de Margot Montgomery n'a fait que raffermir cette volonté d'abolir les frontières.
Au cours des années 80, sous la coupe de M. Smith, « nous avons étendu le mandat (de l'ICIST-CNRC) en implantant des systèmes informatisés pour la fourniture de documents, suscitant un accès beaucoup plus large (à nos services) », témoigne Bernard Dumouchel, actuel directeur général de l'ICIST-CNRC et un des généraux de M. Smith à l'époque.
Puis Mme Montgomery est arrivée en 91 et a fourni à l'Institut les armes commerciales indispensables à la percée du marché international alors que celui-ci se mettait au diapason de la globalisation.
En effet, la mise sur pied d'une équipe de marketing et l'établissement d'une stratégie pour la distribution internationale des services, entre autres, sont venus soutenir la présence de l'ICIST-CNRC aux quatre coins du globe. Les Presses scientifiques du CNRC ont aussi fusionné avec l'équipe de l'ICIST-CNRC en 94, plaçant la crédibilité planétaire de leurs publications au crédit de nos actifs internationaux.
On ne compte plus les délégations étrangères venant étudier les rouages de l'Institut à Ottawa, les partenariats outre-frontières ainsi que les conférences et expositions auxquelles participent l'ICIST-CNRC à l'étranger. Maintenant, un peu plus du tiers des transactions documentaires dépasse les limites du pays. Oui, l'ICIST-CNRC est désormais à la page internationale!
Nommé comme directeur général il y a à peine un an mais ancré dans la philosophie avant-gardiste de l'ICIST-CNRC depuis bien des années, Bernard Dumouchel est le capitaine chargé de mener l'institut à bon port au tournant du troisième millénaire. Qui donc est le mieux placé pour nous parler de l'avenir de l'ICIST-CNRC?
« La vision à long terme est d'évoluer dans le mandat actuel, celui d'assurer le leadership de la diffusion de l'information scientifique, technique et médicale au Canada », commence par dire M. Dumouchel.
Qui dit long terme doit d'abord penser technologie, un monstre à conquérir pour certains mais certainement pas pour l'ICIST-CNRC.
La technologie offre ses possibilités
Comme nous l'avons vu plus tôt, l'évolution explosive de la technologie informatique est la vague qui a porté notre institution vers les plus hauts sommets au cours des trois dernières décennies. L'ICIST-CNRC a su s'en servir pour créer des services qui ont étendu sa portée aux niveaux national et planétaire. De plus l'équipe de l'institut ne montre aucun signe d'essoufflement...
La boîte à idées est même en surchauffe!
On prépare déja un super Réseau de connaissances scientifiques pour opérer une synergie entre les différentes ressources nationales en matière de recherche et développement. Oui, les décideurs de l'ICIST-CNRC sont à l'affût des tendances. Et beaucoup d'entre elles s'orientent vers l'industrie. BiblioNet est un exemple. « Plutôt que d'inonder le client par l'afflux massif d'informations scientifiques et techniques, on va offrir des portails spécialisés dans certains domaines particuliers, déclare M. Dumouchel. Nous donnerons dans le partenariat. Des spécialistes du secteur visé par BiblioNet filtreront les bases de données. La clé est de simplifier l'accès et de gérer cette information pour que l'usager n'ait pas à avoir un doctorat en bibliothéconomie pour pouvoir l'utiliser. »
La technologie impose ses défis
Des difficultés à l'horizon? Des défis posés par la progression galopante de la technologie?
« On gère encore dans l'imprimé mais aussi dans l'électronique donc les défis sont presque dédoublés, constate le directeur général de l'ICIST-CNRC. Quand on parle d'une bibliothèque numérisée scientifique, on parle de l'accès à la même information mais sous sa forme électronique ~ une information par ailleurs souvent disponible uniquement sous forme électronique. Donc, dans une perspective plus longue, est-ce qu'on sera toujours dans la livraison de documents sous forme papier? Sans doute pas. Il faut saisir les occasions qui s'offrent à nous et repenser nos interfaces avec le client. Plutôt que de s'adresser à un client par l'intermédiaire d'un bibliothécaire ou d'une autre personne, il s'agit, pour certains services, de se rendre directement à l'utilisateur final. »
L'utilisateur final, grâce au Web, bénéficie d'un nombre croissant de sources d'information. Y a-t-il de futurs périls à envisager, qui seraient dû à la compétitivité?
« Il y aura des changements, assure M. Dumouchel. Par exemple, les éditeurs passaient auparavant toujours par des intermédiaires pour la diffusion de leur information, les abonnements et ainsi de suite. On les voit aujourd'hui qui commencent à offrir eux-mêmes l'accès à leur fonds électronique. Notre travail avec le Réseau de connaissances scientifiques veut amener la discussion au pays à savoir si on doit, nous au Canada, posséder un fonds électronique. Si tout le monde abandonne l'imprimé et si l'électronique nous parvient toujours d'Amsterdam ou de New York, de Singapour ou de Paris, notre pays doit-il craindre que l'accès lui soit éventuellement refusé? C'est la grande question. »
La technologie impose ses défis
Mais l'ICIST-CNRC ne doute pas de ses avantages concurrentiels, dont le premier est de ne pas exister pour la quête de profits mais bien pour que l'argent recueilli soit réinvesti dans la qualité de sa collection, de ses infrastructures et de ses services. Une approche clientèle a en effet été développée, une approche systémique au niveau de la livraison de documents ~la machine est bien huilée, fiable et stable. Elle s'améliore de façon constante.
De plus son navigateur en chef ne perd pas le cap de vue : « Malgré tout ce qu'on dit des avancements de la technologie, du Web, etc., le système d'innovation canadien aura toujours besoin d'une personne capable d'évaluer et de choisir la bonne information. Une nécessité d'expertise. »
Parti pour 75 nouvelles années au service du progrès? Pourquoi pas!