The Health of Native Americans: Towards a Biocultural Epidemiology

Cet ouvrage présente un survol fort bien fait et détaillé de la littérature parue sur la santé des peuples autochtones de l'Amérique du Nord. L'information y est exposée sous la forme d'une étude de cas venant appuyer l'approche bioculturelle en épidémiologie. L'auteur essaie de rapprocher anthropologie et épidémiologie, fournissant de nombreux exemples où certains facteurs génétiques, environnementaux et culturels uniques agissent sur la santé et sur l'efficacité des interventions. Le cas échéant, il généralise certaines questions à l'ensemble des peuples autochtones de l'Amérique du Nord, mais il cerne clairement les différences entre les nombreuses communautés autochtones qu'on y retrouve.

L'ouvrage se divise en quatre grandes sections portant sur différentes questions de santé bien précises : les données démographiques et la surveillance des facteurs de risque, les maladies infectieuses, les maladies chroniques, et enfin les blessures et les pathologies sociales. Il est chaque fois question de l'ampleur et de la portée du problème, de son étiologie, des facteurs de risque et des stratégies de prévention et de contrôle. La santé mentale est abordée dans le contexte du suicide, de l'homicide, de la violence, de l'alcoolisme et des toxicomanies; cependant, le sujet lui-même n'est pas traité en détail.

S'appuyant sur la littérature publiée, l'ouvrage compte une liste impressionnante de 813 renvois dont la plupart ont trait à des études entreprises dans des communautés autochtones de l'Amérique du Nord. Son intérêt tient en partie à ce qu'il s'appuie sur des documents publiés et qu'il réussit à faire la synthèse de cet important corpus. Cependant, certains trouveront justement qu'il est trop largement tributaire des études publiées.

L'auteur couvre un vaste champ d'information et dans chaque section, il n'accorde qu'une place limitée à l'analyse détaillée des études qu'il passe en revue. Par exemple, il résume de nombreux articles sur la prévalence du diabète mais il ne fournit guère de détails sur chaque étude. L'ouvrage constitue un excellent point de départ pour l'étude de différents sujets. Certains lecteurs voudront lire les articles originaux pour mieux comprendre tous les aspects d'une question - comme la façon dont l'étude a été conçue - de manière à pouvoir comparer les études réalisées dans différentes communautés autochtones.

Voilà un important outil de référence pour les épidémiologistes, les planificateurs du domaine de la santé, les décisionnaires et les travailleurs de la santé qui oeuvrent auprès des communautés autochtones. Il présente des arguments convaincants en faveur de l'intégration de l'épidémiologie et de l'anthropologie pour former ce que Young appelle l'«épidémiologie bioculturelle».

Charles Mustard
Spécialiste, Médecine communautaire
Services de santé des indiens et des populations du Nord
Direction générale des services médicaux, Santé Canada
Édifice Jeanne Mance, 11e étage, Pré Tunney
Ottawa (Ontario) K1A 0L3

Epidemiology: The Logic of Modern Medicine

Comme le dit Alvan Feinstein dans son avant-propos, cet ouvrage réalise un véritable tour de force dans la synthèse qu'il réussit à faire de l'épidémiologie des populations, de l'épidémiologie clinique et des domaines connexes. Cet ouvrage volumineux de 8,5" ö 11" à reliure cartonnée est de présentation élégante; il contient des figures intéressantes et les concepts de base sont mis en relief sur un fond gris (peut être un peu trop sombre).

Comme il s'adresse à des praticiens, ses dix chapitres suivent la séquence des actes médicaux plutôt que de respecter l'ordre suivi habituellement dans les textes d'épidémiologie. Après deux chapitres traitant sur un ton plutôt philosophique de santé et de problèmes de santé, l'auteur aborde dans les chapitres suivants l'identification des cas, la description des cas et des maladies, la recherche des causes, l'évaluation du traitement, les études de pronostic, la méta-analyse et l'analyse des décisions.

L'auteur s'inspire de diverses sources publiées et de sa propre approche pour proposer de multiples listes de critères et différentes façons d'aborder les questions. Ces listes sont habituellement utiles mais elles sont aussi quelquefois un peu laborieuses. L'ouvrage est fortement influencé par la pensée et le vocabulaire de Feinstein et, à mon avis, il ne fait pas suffisamment de place à d'autres penseurs (p. ex. Olli Miettinen en ce qui concerne les études cas-témoins).

La présentation des méthodes de base en épidémiologie manque souvent de clarté (p. ex. la description des types d'incidence) et comporte certaines particularités (p. ex. l'épidémie y est définie comme l'apparition d'un nombre de cas dépassant l'intervalle de confiance d'une courbe d'incidence). Le texte est écrit dans un anglais souvent maladroit, l'auteur abusant de la virgule dans certains chapitres. Il y a beaucoup d'erreurs typographiques et de fautes d'orthographe, dont quelques-unes seulement sont relevées dans la liste des errata qui accompagne l'ouvrage.

Cet ouvrage s'adresse aux étudiants en médecine de premier cycle et aux praticiens. Je le trouve beaucoup trop volumineux pour servir de manuel aux premiers, et je crains que seuls les médecins qui sont des adeptes de cet auteur voudront acheter l'ouvrage. En revanche, il s'agit d'un outil de référence utile pour les épidémiologistes, qui l'utiliseront comme introduction à certains sujets peu familiers et qui apprécieront ses innombrables références.

R.A. Spasoff
Département d'épidémiologie et de médecine sociale
Université d'Ottawa, Faculté de médecine
451, chemin Smyth
Ottawa (Ontario) K1H 8M5

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