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Volume 17, No 1- 2000

 

 

Agence de santé publique du Canada

Étude descriptive des blessures subies par les enfants, à Kingston, Ontario, à l'aide des données d'un système informatisé de surveillance des blessures
Monica Bienefeld, William Pickett et Pamela A. Carr

Résumé

Ce rapport se fonde sur les données du Kingston and Region Injury Surveillance Program (KRISP) [Programme de surveillance des blessures dans la région de Kingston], composante du Système canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes (SCHIRPT), pour décrire les taux de blessures chez les enfants âgés de 0 à 19 ans dans la région de Kingston et en établir le profil. Au cours de l'année 1994, on a rapporté 7 572 cas de blessures pour un taux annuel global de 173,6 blessures pour 1 000 enfants (garçons, 202 pour 1 000; filles, 143,7 pour 1 000). On a établi quatre grandes catégories de blessures pour lesquelles une intervention est jugée prioritaire : 1) blessures survenant à la maison chez les enfants âgés de 0 à 4 ans; 2) blessures que subissent les enfants âgés de 5 à 14 ans dans des terrains de jeu; 3) blessures sportifs chez les enfants et les jeunes âgés de 10 à 19 ans; et 4) blessures associées à l'utilisation d'une bicyclette chez les enfants âgés de 5 à 14 ans. La discussion porte principalement sur l'usage du système de surveillance pour déterminer les secteurs prioritaires d'intervention et pour évaluer l'efficacité des programmes de prévention des blessures mis en place pour cette population.

Mots clés
: Child; Ontario; population surveillance; wounds and injuries

Introduction

Les blessures sont la première cause de mortalité et d'invalidité chez les enfants au Canada et dans la plupart des pays industrialisés 1-7 . En 1993, 60 % des 2 377 décès d'enfants et de jeunes canadiens âgés de 1 à 19 ans étaient attribuables à des blessures 8 . Les données sur les blessures non mortelles mettant en cause des enfants au Canada et basées sur une population ont été jusqu'à tout récemment limitées. Cette pénurie de données objectives de départ a constitué un obstacle important à la mise en place et à l'évaluation de mesures de prévention dans la population canadienne.

Depuis quelques années, on reconnaît de plus en plus la nécessité de mesures de surveillance pour guider l'élaboration et l'évaluation de programmes de prévention des blessures chez les enfants. Le Système canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes (SCHIRPT) est une initiative nationale dans le domaine de la surveillance des blessures. Le mandat du SCHIRPT comprend la collecte systématique et la diffusion des données nécessaires pour déterminer les causes et la nature des blessures chez les enfants qui se présentent aux urgences des hôpitaux ou qui requièrent des soins hospitaliers 9 .

Deux des établissements qui se sont inscrits au SCHIRPT récemment sont situés à Kingston, en Ontario. Les données provenant de ces deux endroits sont compilées par le Kingston and Region Injury Surveillance Program (KRISP) [Programme de surveillance des blessures dans la région de Kingston]. Cet article a pour but de présenter un exemple de la manière dont les données rassemblées par le KRISP sont utilisées par les professionnels de la santé publique dans la région de Kingston pour établir les priorités en matière de prévention des blessures. Deux objectifs principaux ont été poursuivis :

  • décrire les taux de blessures chez les enfants et les jeunes dans la région de Kingston afin d'isoler dans la population étudiée les sous-groupes à haut risque
  • déterminer les tendances relevées dans les blessures chez les enfants qui peuvent être utiles pour la création et le ciblage des programmes de prévention

Contexte

Caractéristiques démographiques de la région de Kingston
D'après le recensement de 1991 10 , le Service de santé de Kingston, Frontenac et Lennox et Addington (KFL&A) englobe une superficie de 6 660 kilomètres carrés et dessert une population de 166 330 personnes, dont 26 % (43 000) environ ont 19 ans ou moins. Environ 65 % des habitants résident dans le centre urbain constitué de la ville de Kingston, du canton de Kingston et du canton de Pittsburgh. Une proportion de 17 % habite les cantons limitrophes et 18 % habitent dans les régions rurales au nord et à l'ouest. La langue maternelle de 94 % de la population est l'anglais.

En 1991, le revenu familial moyen allait de 47 779 $ pour le comté de Lennox et Addington à 53 277 $ pour le comté de Frontenac et le taux de chômage s'élevait à 8 %. La région de KFL&A a une économie mixte où les secteurs de la fabrication et des services sont fortement représentés. Kingston abrite trois établissements d'enseignement postsecondaire (la Queen's University, le Royal Military College of Canada et le collège préuniversitaire St. Lawrence). C'est aussi un centre important de l'armée canadienne et du système fédéral de services correctionnels.

Les bases de données du KRISP et du SCHIRPT
Le SCHIRPT est un programme de surveillance informatisé des salles d'urgence contenant de l'information sur les consultations aux urgences de dix hôpitaux pour enfants et de cinq hôpitaux généraux au Canada. La base de données est tenue à Ottawa par la Section des blessures chez l'enfant du Bureau de la santé génésique et de la santé de l'enfant au Laboratoire de lutte contre la maladie (LLCM), relevant de la Direction générale de la protection de la santé de Santé Canada. Le Kingston General Hospital et l'hôpital Hôtel-Dieu, deux hôpitaux généraux de Kingston, Ontario, se sont inscrits au SCHIRPT en 1993.

Le KRISP fait partie du système de surveillance du SCHIRPT, mais ses activités sont limitées à la collecte des données dans les deux hôpitaux de Kingston. Les données relatives aux patients qui viennent se faire traiter pour des blessures ou des intoxications à l'un ou l'autre des deux hôpitaux sont entrées dans la base de données. Une infirmière coordinatrice résume les données concernant la nature des blessures et les traitements à partir des dossiers médicaux de tous les patients (100 %) qui se présentent à l'urgence ou qui sont admis à l'hôpital.

De plus, le patient, ou un adulte qui l'accompagne, est invité à donner une description des circonstances de l'accident. Cette description est obtenue pour environ 85 % des cas (R. Brison, directeur du KRISP, données non publiées, 1995). Toutes les données du SCHIRPT sont basées sur ces rapports volontaires non confirmés (nous pensons que cette pratique pourrait soulever des questions importantes lorsqu'il s'agit de blessures intentionnelles ou de blessures ayant des répercussions sur le plan juridique). L'information est ensuite codée et entrée dans la base de données principale du SCHIRPT à Ottawa suivant les lignes directrices du SCHIRPT 11 .

Les données du KRISP sont uniques du fait que pratiquement tous les blessés de la région nécessitant des soins d'urgence ou une hospitalisation passent par les services d'urgence de l'un ou l'autre des deux hôpitaux qui fournissent l'information contenue dans la base de données. En particulier, toutes les blessures graves ont de fortes chances d'être traités au service de traumatologie du Kingston General Hospital. Toutefois, certaines blessures moins sérieuses subies par les résidents de la région de KFL&A pourraient ne pas apparaître dans cette base de données parce que les victimes peuvent se présenter à d'autres hôpitaux à l'extérieur de la région de KFL&A, particulièrement dans les parties les plus éloignées des secteurs nord et ouest de la région. Il est également possible que certains ne se présentent même pas à l'urgence. Donc, les données peuvent être considérées comme basées sur une population en ce qui concerne les blessures graves (mais non mortelles) et basées sur une population d'une façon limitée pour les blessures moins graves. Ce programme nous a permis de calculer des taux de blessures pour les enfants et les jeunes et de disposer ainsi d'un élément de comparaison avec d'autres collectivités.

Méthodes

Résumé analytique et traitement des données
Les rapports des blessures mettant en cause des résidents âgés de 19 ans et moins de la ville de Kingston et des comtés de Frontenac et de Lennox et Addington au cours de l'année se terminant le 31 décembre 1994 ont été repérés dans la base de données du KRISP par leur code postal. Ces données ont été converties en un format compatible avec un gestionnaire de base de données vendu sur le marché 12 à l'aide d'un programme mis au point par John C. LeBlanc (épidémiologiste, Izaak Walton Killam Hospital for Children, Halifax, Nouvelle-Écosse). Le programme transforme les données en un format plus pratique en rassemblant l'information en catégories définies et en assignant des étiquettes et des titres pour décrire les données en code numérique.

Les taux de blessures ont été calculés dans la population étudiée par âge et sexe. Les taux ont été obtenus en utilisant comme numérateur le nombre de traumatismes et comme dénominateur, le nombre d'habitants tiré du recensement de 1991 10 .

Les tendances relevées dans les blessures ont été examinées pour tous les enfants en fonction du moment de survenue (mois, jour de la semaine et moment de la journée), de l'endroit, des circonstances de la blessure (activité, facteurs mécaniques déterminant la blessure et événement déclenchant ou «ce qui a mal tourné»), de la nature de la blessure (type de blessure et partie de l'anatomie) et du traitement.

La population étudiée a ensuite été divisée en quatre groupes d'âge : jeunes enfants (0-4), enfants plus âgés (5-9), adolescents (10-14) et jeunes (15-19). Les taux de blessures parmi les garçons et les filles à l'intérieur de chaque groupe d'âge ont été évalués en fonction du moment, de l'endroit, des circonstances, de la nature de la blessure et du traitement.

Résultats

Au cours de l'année 1994, on a signalé un total de 7 572 blessures chez des enfants de 0 à 19 ans vivant dans la région de Kingston, ce qui correspond à un taux annuel global de 173,7 pour 1 000 enfants. De ce groupe, 117 (1,5 %) ont été admis à l'hôpital, 2 744 (36,2 %) ont reçu un traitement majeur (traitement avec recommandation de traitement de suivi dans une clinique externe, par un généraliste ou un autre professionnel de la santé) et 4 204 (55,5 %) ont reçu un traitement mineur (traitement sans suivi). Un autre groupe de 479 (6,3 %) enfants n'ont reçu que des conseils.

Distribution des blessures par âge et sexe
Les taux de blessures étaient plus élevés chez les garçons que chez les filles dans tous les groupes d'âge (tableau 1). Les nombres et les taux maximum ont été observés chez les filles de 10 à 14 ans et chez les garçons de 15 à 19 ans.

Moment de survenue des blessures
Les blessures ont eu lieu plus fréquemment à la fin du printemps et au début de l'automne chez les garçons et les filles (figure 1). Aucune tendance marquée n'est ressortie de l'analyse du nombre de blessures en fonction du jour de la semaine, que ce soit pour l'ensemble des cas ou pour l'un ou l'autre sexe. La plupart des blessures sont survenues dans l'après-midi ou en début de soirée.


TABLEAU 1
Taux annuels de blessures pour 1 000 chez les enfants et les
jeunes par âge et sexe, Kingston et sa région, 1994
Âge
(ans)
Population totale
Garçons
Filles
Nombre de
blessures
Taux
Nombre de
blessures
Taux
Nombre de
blessures
Taux
0-19 7572 173.7 4526 202,0 3046 143,.7
0-4 1527 139.2 894 159,5 663 118,0
5-9 1434 129.9 843 149,9 591 109,1
10-14 2096 198.9 1173 217,8 923 179,.0
15-19 2515 227.7 1616 279,3 899 170,8


Figure 1


   

Circonstances de survenue par âge et sexe
Le tableau 2 présente les taux de blessures par âge et sexe pour les huit circonstances de survenue les plus fréquentes, qui représentent 85 % du total des blessures signalées.

Le jeu constituait la principale circonstance de survenue tant chez les garçons que chez les filles de 0 à 9 ans, tandis que les blessures associées au sport étaient les plus courantes chez les deux sexes dans le groupe des 10 à 19 ans. Plus de 50 % des blessures sportives avaient lieu dans le cadre de sports non organisés. Chez les garçons, le taux de blessures dans les sports organisés était plus élevé dans les groupes plus âgés que dans les autres groupes d'âge; au cours de l'année où s'est déroulée l'étude, 35,8 blessures pour 1 000 garçons de 15 à 19 ans ont eu lieu au cours d'un événement de sport organisé. Le taux de blessures sportives était en général au moins deux fois plus élevé chez les garçons que chez les filles et le taux de blessures survenant dans un cadre de sport organisé, cinq fois plus élevé chez les garçons.

Les blessures intentionnelles infligées lors de bagarres ou d'attaques représentaient moins de 2 % des blessures chez les enfants et les jeunes. Elles étaient plus fréquentes chez les garçons que chez les filles, leur taux annuel atteignant 15 pour 1 000 chez les garçons de 15 à 19 ans.


TABLEAU 2
Circonstances de blessures les plus fréquentes chez les enfants et les jeunes par âge et sexe,
Kingston et sa région, 1994
Circonstancet
Taux de blessures pour 1 000 enfants par année
0–4 ans 5–9 ans 10–14 ans 15–19 ans 0–19 ans
Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles
(N)
(894) (633) (843) (591) (1173) (923) (1616) (899) (4526) (3046)
Jeu 83.5 57.0 62.6 51.3 42.3 39.4 14.9 9.7 50.6 39.5
Tous les sports a a 20.6 7.6 82.6 47.7 113.7 34.8 54.6 22.2
-non organisés a a 14.4 6.5 53.3 37.4 53.1 23.8 30.3 16.7
-organisés a a 4.3 0.9 21.5 5.4 35.8 5.7 15.5 3.0
-non précisé a a 2.0 a 7.8 4.8 24.9 5.3 8.8 2.5
Marche ou course 31.9 25.5 21.0 17.5 20.8 32.4 26.8 33.6 25.2 27.2
Toutes les activités récréatives 3.9 3.2 10.5 9.6 21.2 21.1 17.5 21.5 13.2 13.7
Bicyclette 0.9 a 12.4 7.2 17.6 7.4 7.1 3.8 9.4 4.7
Position assise ou debout 8.7 10.3 4.3 4.1 3.5 8.9 6.6 70 5.8 75
Dans voiture ou mini-fourgonnette 4.3 3.5 3.2 3.1 3.0 2.1 12.1 13.9 5.8 5.8
At work a a a a 1.1 a 17.5 12.0 4.8 3.2
Autre ou inconnu 25.3 17.5 15.3 8.7 25.6 19.4 63.3 34.6 32.6 19.8
a Moins de cinq observations dans cette cellule

   

Caractéristiques des blessures selon les circonstances
Le nombre de blessures observées selon le type (circonstance) a été entré dans un tableau en fonction de diverses caractéristiques de l'accident. Les blessures subies au jeu étaient principalement des lacérations (28,6 %) et des inflammations (23,4 %), tandis que les blessures sportives les plus fréquentes étaient des inflammations (31,6 %) et des fractures (23,5 %). Presque la moitié des entorses observées se sont produites au cours d'une activité sportive. La bicyclette a été associée à la proportion d'écorchures la plus élevée (11,2 % comparativement à un taux global de 2,6 %).

Les blessures survenues au jeu ont plus souvent exigé un traitement majeur (41,8 %) comparativement à l'ensemble des blessures (36,2 %), tandis que les blessures sportives exigeaient moins souvent ce type de traitement (26,5 %). Les blessures résultant d'accidents d'automobile ont nécessité l'hospitalisation dans 5,1 % des cas.

Les blessures subies au jeu et pendant la marche ou la course sont survenus le plus souvent en raison d'une chute (40,6 % et 62,4 % respectivement). Les blessures sportives étaient plus susceptibles d'être causées par des collisions (59,8 %), tandis que 76,8 % des traumatismes liés à la bicyclette étaient associés à une perte de contrôle chez le sujet. Parmi les blessures signalées, très peu étaient dus à une mauvaise utilisation ou à une défectuosité d'un produit.

Événements déclenchants par âge et sexe
On entend ici par événement déclenchant ce qui aurait mal tourné et, par conséquent, entraîné l'accident. Les taux de blessures pour les événements déclenchants les plus fréquents apparaissent au tableau 3 par âge et sexe. Les enfants plus jeunes étaient plus susceptibles de se blesser dans des chutes, tandis que chez les groupes plus âgés, on trouvait des taux plus élevés de blessures associées aux collisions ou aux pertes de contrôle. Les taux de blessures associées à des collisions et à des actes commis par des personnes étaient presque deux fois plus élevés chez les garçons que chez les filles.


TABLEAU 3
Événements déclenchants menant à une blessure chez les enfants et les jeunes par âge et sexe,
Kingston et sa région, 1994
Événement déclenchant
Taux de blessures pour 1 000 enfants par année
0–4 ans 5–9 ans 10–14 ans 15–19 ans 0–19 ans
Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles
(N)
(894) (633) (843) (591) (1173) (923) (1616) (899) (4526) (3046)
Chutes 78.0 59.1 52.1 45.2 54.2 55.1 39.1 39.7 55.7 49.8
Collisions 16.6 9.3 31.6 16.6 66.7 45.0 94.2 42.9 52.5 28.2
Perte de contrôle 14.1 14.5 21.5 20.3 50.0 41.7 70.9 44.4 39.2 30.0
Position dangereuse 31.6 194 25.4 12.2 22.7 21.1 33.9 22.6 28.5 18.0
Actes commis par d'autrespersonnesa 9.8 6.7 11.7 8.7 16.0 9.3 32.7 13.7 17.7 9.6
Autre 9.3 8.9 7.5 6.1 8.4 6.8 8.3 7.4 8.5 7.3
a Comprend les blessures non intentionnelles, les blessures intentionnelles et les blessures faites à soi-même

   

Nature et siège des blessures La nature et le siège des blessures variaient selon le sexe et l'âge. Dans l'ensemble, les garçons ont subi plus de coupures, d'écorchures et de fractures tandis que chez les filles, les blessures étaient plus souvent des inflammations et des entorses.

Chez les enfants de 0 à 4 ans, la tête était le siège le plus fréquent des blessures. Il s'agissait surtout de coupures et de lacérations provoquées par des chutes contre des meubles et des structures (p. ex. planchers, murs, portes). Les dislocations étaient également courantes dans ce groupe d'âge (11,3 pour 1 000 par année chez les filles et 8,4 pour 1 000 chez les garçons). Presque toutes les dislocations touchaient le coude (92 %), le reste ayant pour siège le poignet et l'épaule.

Parmi les enfants plus vieux, l'inflammation était le type de blessure le plus courant. Les entorses et les foulures sont survenues plus fréquemment chez les adolescents et les jeunes que chez les groupes plus jeunes, en particulier chez les filles. Les fractures ont été observées plus souvent chez les garçons que chez les filles.

Traitement des blessures par âge et sexe
Le tableau 4 décrit les traitements reçus par groupe d'âge et sexe. Dans l'ensemble, les garçons ont reçu un traitement majeur presque deux fois plus souvent que les filles (82,5 pour 1 000 par année par rapport à 42,2 pour 1 000). Les taux de blessures exigeant un traitement mineur étaient presque deux fois plus élevés chez les groupes plus âgés que chez les enfants de 0 à 9 ans, et près de 10 % des enfants de 0 à 4 ans n'ont reçu que des conseils, soit une proportion deux fois plus élevée que pour tout autre groupe d'âge.

Endroits où sont survenues les blessures
Chez les jeunes enfants (de 0 à 4 ans), 70 % des blessures se sont produites à la maison ou dans la cour, tandis que dans les autres groupes d'âge, moins de la moitié des blessures sont survenues à ces endroits (tableau 5). Le taux de blessures survenant à la maison et dans la cour diminuaient en général avec l'âge et il était plus faible chez les garçons que chez les filles dans les deux groupes plus âgés.

Les enfants de 5 à 14 ans ont subi près du quart de leurs blessures dans les terrains de jeu et à l'école, les taux pouvant atteindre 44,4 pour 1 000 par année chez les garçons de 10 à 14 ans. Le taux de blessures le plus élevé (53,9 pour 1 000) chez les garçons de 15 à 19 ans est survenu dans un «cadre de sport organisé». Le taux de blessures survenues sur la chaussée était deux fois plus élevé chez les garçons (24,3 pour 1 000 par an) que chez les filles (11,5 pour 1 000), et ces taux augmentaient proportionnellement avec l'âge.


TABLE 4
Treatment of injuries by age and sex, Kingston and area, 1994
Traitement
Taux de blessures pour 1 000 enfants par année
0–4 ans
5–9 ans
10–14 ans
15–19 ans
0–19 ans
Garçons
Filles
Garçons
Filles
Garçons
Filles
Garçons
Filles
Garçons
Filles
(N)
(894) (633) (843) (591) (1173) (923) (1616) (899) (4526) (3046)
Conseils seulement 15.5 13.4 9.8 7.4 9.8 6.6 15.6 9.1 12.7 9.2
Mineur 69.0 61.1 64.2 58.7 117.2 122.4 158.9 119.7 102.5 89.9
Majeurb 71.2 41.2 72.4 40.6 86.5 48.3 99.6 39.0 82.5 42.2
Observation 1.6 1.1 a a a a a a 0.7 0.6
Admission 2.0 a 3.2 1.8 3.7 1.7 5.4 2.3 3.5 1.7
Blessures mortelles a a a a a a a a a a
a Moins de cinq observations dans cette cellule
b Traitement et recommandation d'un traitement de suivi

TABLE 5
Location of occurrence of injuries among children and youth by age and sex, Kingston and area, 1994
Endroit
Taux de blessures pour 1 000 enfants par année
0–4 ans
5–9 ans
10–14 ans
15–19 ans
0–19 ans
Garçons
Filles
Garçons
Filles
Garçons
Filles
Garçons
Filles
Garçons
Filles
(N)
(894) (633) (843) (591) (1173) (923) (1616) (899) (4526) (3046)
À la maison 113.6 81.5 57.6 42.3 39.4 48.9 45.1 47.3 64.1 55.0
-salle de séjour ou chambre à coucher 63.0 48.7 19.6 14.8 10.6 18.6 20.2 21.3 28.5 25.9
-garage ou cour 20.2 12.3 25.4 19.0 19.1 18.6 15.4 9.9 20.0 14.9
-cuisine 16.1 10.1 3.7 3.0 4.6 7.2 4.0 9.5 7.1 7.4
-sous-sol 8.0 6.7 6.4 4.6 4.1 3.5 2.2 2.1 5.3 4.3
-salle de bains 5.4 2.8 0.9 a a a 1.0 2.9 1.8 1.7
-non précisé 1.1 0.9 1.6 a a a 2.2 1.7 1.4 0.8
Terrain de jeub 4.5 2.2 27.6 21.6 44.4 34.7 27.3 7.4 25.7 16.4
Chaussée 9.6 8.8 20.1 12.2 28.6 17.5 38.5 32.1 24.3 17.5
-voie publique 3.7 4.5 14.2 8.1 18.2 9.7 29.0 23.8 16.4 11.5
-voie privée ou entré 5.9 4.3 5.9 4.1 10.4 7.8 9.5 8.4 7.9 6.1
Garderie ou école 2.7 3.4 10.7 6.1 31.9 34.3 31.8 24.7 19.2 16.9
Lieu de sport organiséc a a 6.2 3.3 27.9 9.9 53.9 11.0 22.4 6.1
Lieu d'activités récréatives à l'extérieurd 6.2 5.0 11.2 10.7 21.0 15.3 14.7 9.9 13.3 10.2
Établissement de commerce ou de productione 5.9 3.4 1.2 3.3 2.6 2.7 24.0 16.9 8.7 6.6
Lieu d'activités aquatiques 1.1 a 1.8 0.9 4.6 3.1 3.5 2.9 2.6 1.8
Inconnu ou autre 15.0 12.9 13.5 8.7 17.5 12.6 40.6 18.6 21.6 13.2
a Moins de cinq observations dans cette cellule
b Comprend les cas dans les garderies et les écoles
c Patinoire, terrain de jeu, court, piscine
d Terrains de camping, parcs nationaux, champs, plages
e Terrain d'une entreprise privée, services publics gouvernementaux ou usine, entrepôt, mine, carrière, chantier de construction, ferme, autre établissements industriels

   

Discussion

Cet article fournit de nouvelles données provenant du Système canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes et décrit les tendances relevées dans les blessures chez les enfants et les jeunes de la région de Kingston, basées sur une population. Les données de ce système de surveillance des blessures peuvent constituer un outil important pour les professionnels de la santé publique dans l'élaboration d'initiatives locales de prévention des blessures.

Les taux annuels de blessures observés chez les enfants de la population étudiée vont de une blessure pour 14 enfants de moins de un an à un maximum de une blessure pour quatre ou cinq jeunes de 15 à 19 ans. Plus du tiers de ces blessures (37,4 %) ont exigé un traitement majeur. Pour interpréter ces taux, il est important de se rappeler qu'il s'agit d'estimations conservatrices, les valeurs ne comprenant pas les cas d'enfants traités ailleurs qu'à l'hôpital (p. ex. par des médecins de famille), ceux qui n'ont pas reçu d'intervention médicale et les blessures mortelles qui n'ont pas été vues à l'hôpital.

L'analyse fait ressortir quatre catégories de blessures auxquelles la priorité devrait être accordée, pour deux raisons principales : elles sont particulièrement courantes chez certains groupes d'âge, et il existe des interventions efficaces pour réduire ce type de blessures dans la collectivité. Les catégories présentant un intérêt étaient : 1) les blessures survenant à la maison chez les nourrissons et les enfants d'âge préscolaire (de 0 à 4 ans); 2) les blessures subies dans les terrains de jeu et les cours d'école chez les enfants de 5 à 14 ans; 3) les blessures sportives chez les jeunes de 10 à 19 ans; et 4) les blessures causées par une perte de contrôle chez les cyclistes de 5 à 14 ans.

On a constaté que la vaste majorité des blessures chez les enfants de 0 à 4 ans survenaient à la maison et dans la cour. Cette observation concorde avec les études sur les blessures de l'enfant publiées ailleurs 6,7,13 . Parmi les exemples de programmes de prévention qui ont obtenu du succès pour les blessures à la maison chez des enfants, on compte des mesures passives telles que les normes pour les vêtements de nuit d'enfant et les contenants de médicaments à l'épreuve des enfants 7 . L'éducation des parents s'avère également efficace pour réduire les risques à la maison, en particulier lorsque les professionnels de la santé ciblent des familles particulières et font porter leurs efforts sur les risques liés à un stade précis du développement de l'enfant 7,14,15 .

Les blessures survenant dans les terrains de jeu sont une des principales causes de morbidité chez les enfants et les jeunes de la région de Kingston, comme c'est le cas probablement dans les autres villes canadiennes. Ces types de blessures méritent notre attention car ils se prêtent à des mesures de prévention. Dans la région de KFL&A 16 , l'équipement des terrains de jeu a été associé à 13 % des blessures survenant dans ces endroits. On peut réduire les risques liés à l'équipement des terrains de jeu en s'assurant que l'équipement et les matériaux de recouvrement du sol sont conformes aux normes nationales de sécurité 17 . Pour aborder ce problème, on a mené une enquête sur l'équipement des terrains de jeu pour déterminer les risques sur les terrains de jeu publics et pouvoir prendre des mesures correctives.

Les blessures sportives représentent une proportion importante des blessures chez les jeunes de 10 à 19 ans de la région de Kingston et d'ailleurs 7,18,19 . Certaines des caractéristiques physiques propres au développement font que le jeune athlète présente un risque élevé de fractures et de blessures de surmenage 19-22 . Ce problème est aggravé par des techniques d'entraînement inadéquates et les attitudes agressives engendrées par les pressions qu'exercent les parents et les entraîneurs 20,22 . La délivrance de certificats de compétence pour les entraîneurs constitue une façon de régler ce problème 19,22 . En effet, bien que le sport de compétition requière habituellement un certificat de compétence chez les entraîneurs, les activités sportives de type récréatif ou éducatif destinées aux jeunes enfants n'ont pas cette exigence. Pourtant, c'est là précisément que se développent les attitudes à l'égard du sport. On devrait encourager les entraîneurs de tous les niveaux à prendre des cours menant à un certificat de compétence, et nous avons l'intention de promouvoir cette pratique dans notre collectivité.

Les blessures à bicyclette ne représentent que 4 % des blessures chez les enfants dans la région de Kingston, mais plus de 75 % d'entre elles touchent des enfants de 5 à 14 ans. En outre, plus des trois quarts des ces blessures ont été causées par une perte de contrôle du cycliste. Avant cette étude, le Kingston Community Bicycling Safety Committee a été créé pour se pencher sur ce problème dans la collectivité. Depuis, des programmes d'éducation en milieu scolaire ont été offerts dans diverses écoles de la région. La présence du KRISP sera un outil important dans l'évaluation et, au besoin, la modification de ces programmes.

Sommaire

Les blessures chez les enfants constituent un important problème de santé publique dans la région de Kingston. Avant la réalisation de cette étude, les professionnels de la santé et les groupes communautaires disposaient de peu de données décrivant les caractéristiques des blessures. Cette analyse avait pour objectif de montrer comment les données d'un système de surveillance des blessures sont utilisées pour la création de programmes locaux visant à réduire les principales circonstances de risque de blessures chez les enfants. La surveillance suivie de ces circonstances au moyen du système de surveillance aidera à évaluer l'efficacité des interventions mises en place pour diminuer ces facteurs de risque.

Remerciements

Nous remercions le Dr Rob Brison et Mme Kathy Bowes du Kingston and Region Injury Surveillance Program pour leurs conseils et leur aide. Ce projet a été financé par le Programme de subventions du comité consultatif sur la recherche de la Queen's University. Le Dr Pickett est un scientifique de carrière, boursier du ministère de la Santé de l'Ontario.

Références

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Références des auteurs

Monica Bienefeld, William Pickett et Pamela A. Carr, Department of Community Health and Epidemiology, Queen's University; et Centre for Injury Prevention and Research, Kingston, Frontenac and Lennox & Addington / Queen's University Teaching Health Unit, Kingston (Ontario)
William Pickett, aussi affilié au Kingston and Region Injury Surveillance Program, Kingston General Hospital, Queen's University; Adresse postale : KFL&A / Queen's University Teaching Health Unit, 221 Portsmouth Avenue, Kingston, Ontario K7M 1V5; Courier électronique : PICKETTW@QUCDN.QUEENSU.CA

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Dernière mise à jour : 2002-10-29 début