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Volume 19, No2- 2000

 

  Agence de santé publique du Canada

Article court

Points de vue des législateurs provinciaux et territoriaux sur le tabac et la lutte contre le tabagisme : Conclusions d'une étude canadienne

Nicole A de Guia, Joanna E Cohen, Mary Jane Ashley, Roberta Ferrence, David A Northrup et John S Pollard


Résumé

Nous nous proposons ici de rendre compte des attitudes et des expériences des législateurs concernant le tabac et la lutte antitabac, à la lumière des conclusions d'une enquête téléphonique menée en 1996-1997 auprès de législateurs provinciaux et territoriaux du Canada. Dans l'ensemble des provinces et des territoires, les législateurs se sont montrés favorables à un certain nombre de politiques antitabac et à l'idée que le gouvernement joue un rôle de premier plan dans la mise en ouvre de programmes et de politiques destinés à décourager les jeunes de fumer. De plus, de nombreux législateurs ont indiqué ne pas avoir suffisamment de contacts avec les associations médicales et les organisations de santé sans but lucratif au sujet de la question du tabac. Ces conclusions peuvent orienter les activités des organismes de santé, des chercheurs et des intervenants qui préconisent l'adoption de stratégies efficaces en vue de réduire les répercussions du tabagisme sur la santé publique au Canada.

Mots clés : Attitudes; Canada; legislators; provinces; public policy; territories; tobacco; tobacco control


Introduction

Le tabagisme est de loin la principale cause des décès, des incapacités et des décès prématurés qui pourraient être prévenus au Canada1-4. En outre, si l'on se fie aux estimations, les coûts associés au tabagisme au Canada s'élevaient à 15 milliards de dollars en 19915. De vigoureuses politiques antitabac sont des volets essentiels d'une approche globale visant à réduire les effets du tabagisme sur la santé. Bien que le Canada soit reconnu dans le monde comme un chef de file dans la réglementation antitabac6, aucune étude systématique n'a été réalisée sur la perception qu'ont les législateurs du tabac et des options offertes au Canada en matière de lutte contre le tabagisme, alors qu'il s'agit d'intervenants clés dans le secteur des politiques publiques. Notre objectif ici consiste à faire le point sur les perceptions, les attitudes et les expériences des législateurs provinciaux et territoriaux concernant le tabac et les mesures politiques de lutte contre le tabagisme.

Méthodes

Tous les législateurs provinciaux et territoriaux qui étaient en fonction en octobre 1996 ont été invités à prendre part à une entrevue téléphonique structurée de 25 minutes, assistée par ordinateur, réalisée par l'Institute for Social Research de la York University à Toronto, en Ontario. On a eu recours à plusieurs méthodes afin d'encourager la participation à l'étude. Ainsi, on a soumis le projet à l'approbation du personnel clé des partis politiques; on a assuré un suivi téléphonique auprès des bureaux des législateurs et on a envoyé des lettres de relance, trois dans certains cas.

Les entrevues ont été réalisées auprès de 438 législateurs provinciaux et territoriaux, ce qui a donné un taux de réponse global de 59 % (tableau 1). Toutefois, étant donné le taux de participation extrêmement faible des membres de l'Assemblée nationale à Québec (27 %), les données applicables à cette province n'ont pas été intégrées au reste de ce rapport. Si l'on exclut le Québec, le taux de réponse global s'élevait à 65 %, les taux par province ou territoire oscillant entre 55 %, en Alberta, et 85 %, à l'Île-du-Prince-Édouard. Les réponses fournies par les députés à l'Assemblée législative des territoires ont été regroupées en raison du faible nombre de participants du Yukon (n = 13; taux de réponse = 76 %) et des Territoires-du-Nord-Ouest (n = 17; taux de réponse = 71 %).

 


TABLEAU 1

Taux de réponse et nombre d'entrevues, par province et territoire, législateurs provinciaux et territoriaux, Canada, 1996-1997

 

Terr.

C.-B.

Alb.

Sask.

Man.

Ont.

Qc

N.-B.

N.-É.

Î.-P.-É.

T.-N.

GLOBAL

Taux de réponse

73 %

61 %

55 %

72 %

64 %

60 %

27 %

72 %

68 %

85 %

71 %

59 %

(Nombre d'entrevues)

(30)

(45)

(46)

(41)

(36)

(77)

(34)

(39)

(34)

(22)

(34)

(438)


   

Les répondants présentaient un profil analogue à celui des non-répondants, en ce qui concerne l'âge, le sexe, la situation parentale et l'expérience sur la scène municipale. En comparaison des non-répondants, toutefois, les législateurs participants possédaient moins d'années de service, étaient proportionnellement moins nombreux à être ministres ou à diriger un parti, ou encore à appartenir à un parti au pouvoir.

Résultats

La responsabilité gouvernementale en promotion de la santé

Nous nous sommes penchés sur les attitudes des législateurs provinciaux et territoriaux face au rôle que leur gouvernement devrait jouer dans cinq secteurs relevant de la promotion de la santé (tableau 2). La proportion de ceux qui étaient d'avis que le gouvernement devait assumer ne serait-ce qu'un minimum de responsabilité à l'égard des programmes et des politiques dans chacun des domaines était assez élevée : plus de 85 % des répondants de toutes les provinces et des territoires exprimaient ce point de vue (données non présentées).

 

1

TABLEAU 2

 Attitudes face à la responsabilité du gouvernement dans cinq domaines liés à la promotion de la santé,
par province et territoire (%), législateurs provinciaux et territoriaux, Canada, 1996-1997

 

Terr.

C.-B.

Alb.

Sask.

Man.

Ont.

N.-B.

N.-É.

Î.-P.-É.

T.-N.

GLOBAL

Favorables à l'idée que le gouvernement joue un rôle important sur les plans suivants ...

Décourager les
jeunes de
commencer à
fumer

50

60

59

51

67

58

69

82

68

71

63

Prévenir
l'alcoolisme

63

44

50

41

67

45

59

59

64

62

53

Encourager les
jeunes à cesser
de fumer

37

44

39

34

47

44

56

62

55

59

47

Inciter les gens à
faire de l'exercice

23

20

26

29

42

25

44

35

32

44

31

Promouvoir
l'adoption de
saines habitudes
alimentaires

20

24

24

24

28

26

41

32

23

50

29


   

Toutefois, la proportion de ceux qui étaient favorables à l'idée d'une intervention importante de l'État dans ces domaines liés à la promotion de la santé variait considérablement. Les mesures prises pour décourager les jeunes de commencer à fumer et pour prévenir l'abus d'alcool étaient les deux principaux secteurs dans lesquels le gouvernement devrait jouer un rôle de premier plan, de l'avis des législateurs des quatre coins du Canada. La proportion des participants qui considéraient qu'il incombait largement au gouvernement de décourager les jeunes de commencer à fumer était globalement de 63 % (intervalle de 50 % dans les Territoires à 82 % en Nouvelle-Écosse), alors que la proportion de ceux qui se sont montrés favorables à une intervention de l'État dans la prévention de l'alcoolisme était globalement de 53 %, et variait de 41 % en Saskatchewan à 67 % au Manitoba. La proportion des répondants qui souscrivaient à l'idée d'un rôle important du gouvernement dans les programmes et les politiques de renoncement au tabac fluctuait entre 34 % en Saskatchewan et 62 % en Nouvelle-Écosse (taux global de 47 %). Toutefois, dans chaque province ou territoire, l'appui des législateurs en faveur d'un rôle important du gouvernement était le plus faible dans le cas de la promotion de l'activité physique et des saines habitudes alimentaires (taux global de 31 % et 29 %, respectivement). En comparaison des législateurs des provinces de l'Ouest, ceux des provinces de l'Atlantique se sont généralement montrés plus favorables à l'idée que le gouvernement joue un rôle important dans chacun des secteurs de la promotion de la santé, évoqués dans l'enquête.

Contacts concernant la question du tabac

Le tableau 3 présente les données recueillies sur les contacts des législateurs dans les dossiers relatifs au tabac. Les enquêteurs leur ont demandé si, au cours des deux dernières années, ils avaient été personnellement contactés au moins une fois à propos de questions liées au tabac par des représentants d'organismes de santé sans but lucratif, d'associations médicales ou de l'industrie du tabac, et au moins une fois par téléphone, par courrier ou en personne par des électeurs. Dans chaque province et territoire, les législateurs étaient proportionnellement plus nombreux à avoir été contactés au moins une fois au sujet de la question du tabac par des électeurs (taux global de 62 %, intervalle de 21 % à Terre-Neuve à 88 % en Nouvelle-Écosse) et par des organismes de santé sans but lucratif (taux global de 50 %, intervalle de 23 % dans les Territoires à 76 % en Alberta). Les législateurs étaient proportionnellement moins nombreux à avoir été contactés par des associations médicales (taux global de 29 % , intervalle de 14 % au Manitoba à 45 % à l'Î.-P.-É.) et par l'industrie du tabac (taux global de 16 %, intervalle de 3 % à Terre-Neuve et dans les Territoires à 41 % à l'Î.-P.-É.).


TABLEAU 3

Contacts concernant des questions liées au tabac au cours des deux dernières annéesa, par province et territoire (%), législateurs provinciaux et territoriaux, Canada, 1996-1997

 

Terr.

C.-B.

Alb.

Sask.

Man.

Ont.

N.-B.

N.-É.

Î.-P.-É.

T.-N.

GLOBAL

Déclarent avoir été contactés au moins une fois au sujet du tabac par ...

Des électeursb

33

60

83

61

61

71

44

88

82

21

62

Des représentants
d'organismes de santé sans but lucratifc

23

36

76

46

28

61

44

59

73

38

50

Des représentants
d'associations
médicalesc

17

24

43

29

14

27

33

44

45

21

29

Des représentants de
l'industrie du tabacc

3

4

20

12

14

31

10

12

41

3

16

Déclarent n'avoir pas été suffisamment contactés au sujet du tabac par ...

Des représentants
d'associations
médicalesc

63

31

28

49

42

47

51

56

45

59

46

Des représentants
d'organismes de santé sans but lucratifc

33

29

20

34

36

31

51

53

36

50

36

a Ou depuis qu'ils ont été élus, si les intéressés sont en poste depuis moins de deux ans
b Contacts par téléphone, par courrier ou en personne
c Contacts en personne uniquement

 


   

Rares sont les répondants qui ont déclaré avoir eu de nombreux contacts au sujet du tabac. La proportion de ceux qui ont fait état de cinq contacts de ce genre ou plus avec des organismes de santé sans but lucratif, des associations médicales et l'industrie du tabac, au cours des deux années précédant l'enquête, était respectivement de 15 %, 4 % et 3 %. En ce qui concerne les questions liées au tabac, près de la moitié des législateurs ont indiqué qu'ils n'avaient pas eu suffisamment de contacts avec les associations médicales, et plus du tiers ont déclaré n'avoir pas eu de contacts suffisants avec les organismes de santé sans but lucratif.

Perceptions des méfaits du tabac

Les législateurs ont également été interrogés à propos de leur perception des effets néfastes du tabagisme (tableau 4). Une forte proportion d'entre eux étaient tout à fait d'accord pour dire que la plupart des fumeurs ont une dépendance à la nicotine (taux global de 78 %; intervalle de 71 % en Saskatchewan à 91 % à l'Î.-P.-É.). En outre, une majorité étaient tout à fait d'accord pour dire que la fumée secondaire peut provoquer le cancer du poumon chez les non-fumeurs (taux global de 59 %; intervalle de 41 % à l'Î.-P.-É. à 71 % en Ontario) et une nette majorité convenaient qu'il était très difficile aux personnes qui fument régulièrement de renoncer à la cigarette (taux global de 67 %; intervalle de 54 % au Nouveau-Brunswick à 76 % en Nouvelle-Écosse). Plus de la moitié des législateurs savaient que le tabac provoque plus de décès que l'alcool (y compris les décès imputables à la conduite en état d'ébriété) dans la population canadienne [données non présentées]. Toutefois, un tiers seulement savaient que le tabac occasionne beaucoup plus de décès que l'alcool (intervalle de 14 % à l'Î.-P.-É. à 43 % en Ontario).


TABLEAU 4

Perceptions concernant les effets néfastes du tabagisme, par province et territoire (%),
législateurs provinciaux et territoriaux, Canada, 1996-1997

 

Terr.

C.-B.

Alb.

Sask.

Man.

Ont.

N.-B.

N.-É.

Î.-P.-É.

T.-N.

GLOBAL

Proportion de législateurs qui sont tout à fait d'accord pour dire que ...

La plupart des fumeurs
ont une dépendance
à la nicotine

80

73

83

71

75

83

77

79

91

74

78

La fumée secondaire
peut causer le cancer
du poumon

60

53

61

54

58

71

64

62

41

50

59

Proportion de législateurs qui ont déclaré que ...

Il est très difficile aux
personnes qui fument
régulièrement de
renoncer à la cigarette

73

62

70

71

58

71

54

76

64

71

67

Le tabac entraîne
beaucoup plus de
décès comparati-
vement à l'alcoola

40

40

24

29

31

43

41

26

14

26

33

a En 1992, on dénombrait 33 498 décès attribuables au tabac, contre 6 701 décès imputables à l'alcool, dans la population canadienne4.


   

Appui aux mesures antitabac

L'enquête visait également à déterminer dans quelle mesure les législateurs souscrivaient à des politiques antitabac précises (tableau 5). Elle a permis de constater qu'une très forte proportion d'entre eux étaient favorables à la réglementation du tabac comme produit dangereux (taux global de 81 %, intervalle de 72 % en Alberta à 93 % dans les Territoires) et à la réglementation par le gouvernement de la publicité sur la cigarette (taux global de 77 %; intervalle de 62 % en Ontario à 92 % au Nouveau-Brunswick). Une forte proportion de répondants étaient favorables à l'imposition de sanctions sévères aux magasins déclarés coupables d'une deuxième infraction liée à la vente de cigarettes à des mineurs (taux global de 70 %; intervalle de 50 % en Nouvelle-Écosse à 90 % au Nouveau-Brunswick) et à l'idée d'imposer une hausse de cinquante cents à un dollar pour un paquet de cigarettes (taux global de 65 %, intervalle de 55 % à l'Î.-P.-É. à 83 % dans les Territoires). Les législateurs étaient presque également divisés partout dans le pays au sujet de l'interdiction de fumer dans les lieux de travail (taux global de 49 %, intervalle de 27 % à l'Î.-P.-É. à 77 % dans les Territoires) et de l'interdiction de la commandite d'événements culturels par les fabricants de produits du tabac (taux global de 45 %, intervalle de 33 % en Alberta à 59 % en Nouvelle-Écosse). Dans la plupart des provinces ou territoires, rares sont les législateurs qui étaient favorables à l'idée que l'on tienne les fabricants de cigarettes responsables de la souffrance subie par les fumeurs, ou encore que l'on intente des poursuites contre ceux-ci pour récupérer les coûts des soins de santé attribuables au tabagisme (taux global de 36 % et 33 %, respectivement).


TABLEAU 5

Soutien à l'égard des politiques antitabac, par province et territoire (%), législateurs provinciaux et territoriaux, Canada, 1996-1997

 

Terr.

C.-B.

Alb.

Sask.

Man.

Ont.

N.-B.

N.-É.

Î.-P.-É.

T.-N.

GLOBAL

Favorables à ...

La réglementation du
tabac comme produit
dangereux

93

91

72

83

86

73

82

85

86

74

81

La réglementation par le
gouvernement de la
publicité sur la
cigarette

80

87

72

80

69

62

92

82

77

82

77

L'imposition de fortes
sanctions aux
magasins qui vendent
du tabac aux mineursa

73

69

70

63

69

73

90

50

64

71

70

L'augmentation de
50 cents à un dollar
du prix du paquet de
cigarettes

83

60

63

68

64

58

74

71

55

62

65

L'interdiction de fumer
dans les lieux
de travail

77

67

35

29

56

53

59

35

27

44

49

L'interdiction de la
commandite
d'événements
culturels par l'industrie
du tabac

43

53

33

51

56

42

38

59

36

35

45

L'idée de rendre les
fabricants respon-
sables des souffrances éprouvées par les
fumeurs

57

42

30

24

44

32

36

35

18

41

36

L'idée d'intenter des
poursuites contre les
fabricants de produits
du tabac pour
récupérer les coûts
des soins de santé

60

40

24

29

36

35

26

35

18

29

33

a En cas de récidive


   

Discussion

Ces constats montrent qu'une forte proportion de législateurs de la plupart des provinces et des territoires souscrivent à une série de politiques antitabac, comme la réglementation du tabac comme produit dangereux, la réglementation par le gouvernement de la publicité sur la cigarette, l'imposition de fortes sanctions aux magasins reconnus coupables de vendre des cigarettes à des mineurs et l'augmentation, de cinquante cents à un dollar, du prix du paquet de cigarettes. Les avis des législateurs sont partagés en ce qui concerne l'interdiction de fumer dans les lieux de travail et l'interdiction de la commandite d'événements culturels par l'industrie du tabac. Toutes les questions politiques évoquées, à l'exception de la réglementation du tabac comme produit dangereux, relèvent dans la Constitution de la compétence des provinces et des territoires.

L'enquête révèle aussi qu'une majorité de répondants, dans chaque province et territoire, estiment que leur gouvernement a un rôle important à jouer dans la mise en ouvre de programmes et de politiques visant à réduire le tabagisme chez les jeunes. En outre, bien que la moitié de tous les législateurs estiment que la fumée secondaire peut provoquer le cancer du poumon, les données de l'enquête indiquent qu'il y a lieu d'intensifier les efforts pour faire en sorte que les législateurs soient parfaitement conscients de l'ampleur de la mortalité liée au tabac au Canada.

Les représentants d'associations médicales et d'organisations de santé sans but lucratif semblent bien placés pour remplir ce rôle de sensibilisation. Un nombre considérable de législateurs ont indiqué ne pas avoir suffisamment de contacts avec ces groupes. Il ressort d'une récente étude réalisée auprès de législateurs américains que les associations médicales et les organismes de santé sans but lucratif sont considérés comme des sources dignes de confiance en matière de lutte contre le tabagisme7.

Notre étude est la première à offrir des données quantitatives sur les perceptions et les attitudes des législateurs provinciaux et territoriaux concernant le tabac et les politiques antitabac. Si la majorité des membres de l'Assemblée nationale du Québec n'étaient pas disposés à prendre part à l'étude, les taux de réponse des législateurs de toutes les autres provinces et des territoires (sauf l'Alberta) étaient d'au moins 60 %, et dans cinq cas, étaient supérieurs à 70 %. Le régime parlementaire canadien se caractérise par un cabinet et un corps de mandarins puissants, renforcés par la solidarité des partis politiques8; toutefois, des éléments d'information sur les attitudes des législateurs pourraient aider à prévoir leurs éventuels comportements, comme la position qu'ils pourraient adopter en caucus. Une étude de suivi réalisée récemment dans un État américain a montré que les votes des législateurs sur un projet de loi relatif à la taxation des cigarettes étaient conformes à l'appui qu'ils avaient déjà manifesté à l'égard d'une telle mesure9.

Nos recherches futures s'intéresseront à une analyse multidimensionnelle des facteurs susceptibles d'influer sur les perceptions et les attitudes des législateurs à propos du tabac et des mesures antitabac, notamment des variables comme le parti politique, les caractéristiques des législateurs et les contributions aux campagnes de l'industrie du tabac10. Ces analyses pourraient aider à expliquer les similitudes et les différences entre les attitudes des législateurs d'une province et d'un territoire à l'autre, et servir de fondement à la mise au point d'interventions en faveur de mesures antitabac efficaces sur la scène législative.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous les législateurs qui ont pris part à cette enquête, ainsi que les membres de leur entourage et de leur parti qui ont facilité leur participation. Nous sommes également reconnaissants envers les collègues de l'Institute for Social Research qui ont mis au point et mené les entrevues téléphoniques assistées par ordinateur, et envers Dianne Alexander, qui a participé à la collecte de données. L'étude canadienne sur les législateurs a été financée dans le cadre du PNRDS (numéro de la subvention : 6606-5782-800). Les opinions exprimées ici sont celles des auteurs et n'engagent pas le Gouvernement du Canada, ni tout organisme auquel les auteurs sont associés.

Références

1. Collishaw NE, Leahy K. Mortalité attribuable au tabagisme au Canada, 1989. Maladies chroniques au Canada 1991;12(4):49-52.

2. Mao Y, Gibbons L, Wong T. The impact of the decreased prevalence of smoking in Canada. Can J Public Health 1992;83:413-6.

3. Makomaski Illing EM, Kaiserman MJ. Mortality attributable to tobacco use in Canada and its regions, 1991. Can J Public Health 1995;86:257-65.

4. Single E, Robson L, Xie X, Rehm J. The costs of substance abuse in Canada. Ottawa: Canadian Centre on Substance Abuse, 1996.

5. Kaiserman MJ. Le coût du tabagisme au Canada, 1991. Maladies chroniques au Canada 1997;18(1):15-22.

6. Cunningham R. Why Canada has been successful. Dans: Smoke & mirrors: the Canadian tobacco war. Ottawa: International Development Research Centre, 1996:189-205.

7. Cohen JE, Goldstein AO, Flynn BS, Munger MC, Gottlieb NH, Solomon LJ, et al. State legislators' perceptions of lobbyists and lobbying on tobacco control issues. Tobacco Control 1997;6:332-6.

8. Presthus R. Aspects of political culture and legislative behavior: United States and Canada. Int J Comp Sociol 1977;18:7-22.

9. Flynn BS, Dana GS, Goldstein AO, Bauman KE, Cohen JE, Gottlieb NH, et al. State legislators' intentions to vote and subsequent votes on tobacco control legislation. Health Psychol 1997;16:401-4.

10. Alexander DL, Cohen JE, Ferrence RG, Ashley MJ, Northrup DA, Pollard JS. Tobacco industry campaign contributions in Ontario, 1990-1995. Can J Public Health 1997;88:230-1.  


Références des auteurs

Nicole A. de Guia et Joanna E. Cohen, Ontario Tobacco Research Unit, University of Toronto, Toronto (Ontario)
Mary Jane Ashley, Ontario Tobacco Research Unit, University of Toronto; et Department of Public Health Sciences, University of Toronto, Toronto (Ontario)
Roberta Ferrence, Ontario Tobacco Research Unit, University of Toronto; et Department of Public Health Sciences, University of Toronto; et Centre for Addiction and Mental Health, Toronto (Ontario)
David A. Northrup et John S. Pollard, Institute for Social Research, York University, Toronto (Ontario)

Correspondance : Ms. Joanna Cohen, Ontario Tobacco Research Unit, Centre for Health Promotion, University of Toronto, c/o 33 Russell Street, Toronto (Ontario)  M5S 2S1; Télécopieur : (416) 595-6068; Courrier électronique : jcohen@arf.org

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Dernière mise à jour : 2002-10-02 début