Craintes relatives aux effets des armes
biologiques et chimiques sur la santé
Foire aux questions
pour les Canadiens qui se rendent ou vivent au Moyen-Orient
le 5 mars 2003
- Renseignements généraux
- Charbon
- Variole
I. Renseignements généraux
Quels sont les agents biologiques qui pourraient être utilisés
lors d'une attaque terroriste ?
En cas d'attaque terroriste, les agents biologiques dont la propagation
fait courir à la population les dangers les plus graves sont le charbon
(anthrax), la variole, la peste, la tularémie, le botulisme et certains
virus causant des fièvres hémorragiques. Parmi les agents étudiés,
il semble que le charbon (anthrax) soit celui qui serait le plus probablement
utilisé par des terroristes.
Ces agents biologiques se répandent-ils facilement dans la population
?
Les connaissances et la technologie nécessaires pour produire et
propager ces agents lors d'une attaque terroriste sont complexes et très
difficiles à acquérir.
- Pour des raisons techniques liées à l'agent lui-même,
il est fort peu probable que des terroristes puissent lancer une attaque
en propageant la tularémie (fièvre de la mouche du cerf), la
peste ou des virus causes de fièvres hémorragiques.
- La toxine botulinique est difficile à introduire dans une grande
population et elle ne se communique pas de personne à personne.
- La variole peut se propager de personne à personne, mais les malades
atteints de la variole sont habituellement très indisposés
et cloués au lit. Il est donc peu probable qu'on les retrouve dans
la foule des voyageurs. Depuis l'éradication de la variole, en 1977,
les experts mondiaux sont d'avis que le confinement de cette maladie en fait
un agent très improbable du bioterrorisme et qu'elle serait extrêmement
difficile à introduire dans une population.
- Comme on a pu le voir aux États-Unis en 2001, il suffit de moyens
apparemment inoffensifs pour que le charbon puisse être introduit et
se propager sur de grands espaces. Tout en tenant compte de la gravité
des craintes de la population, ainsi que des souffrances ou de la mort des
personnes infectées, il ne faut pas oublier que le charbon n'a effectivement
touché qu'un petit nombre de personnes. En mettant en uvre des
mesures de détection précoce et d'intervention médicale
rapide, il est possible de traiter la plupart sinon la totalité des
cas d'exposition aux spores du charbon, et aussi de prévenir la maladie.
Quels sont les agents chimiques qui pourraient être utilisés
lors d'une attaque terroriste ?
Il existe de nombreux agents chimiques toxiques susceptibles de causer des
lésions ou la mort chez les humains. Parmi les agents chimiques dont
des terroristes pourraient se servir lors d'une attaque, mentionnons l'ypérite
(gaz moutarde), le sarin, le chlore, l'acide cyanhydrique, l'ammoniaque, la
lewisite et le GF. Pendant une attaque terroriste, le risque principal d'exposition
est par inhalation et par contact avec la peau ou les muqueuses.
Les vêtements de protection peuvent-ils contrer les effets des
agents biologiques ou chimiques ?
Tout dépend de l'agent biologique ou chimique en cause et de la méthode
utilisée pour y exposer les gens. Dans certains cas, les vêtements
de protection peuvent aider jusqu'à un certain point. Quoi qu'il en
soit, il peut s'avérer difficile de prévoir où et quand
l'attaque aura lieu et, par conséquent, il faudrait porter ces vêtements
de protection en tout temps et partout. La décision d'acheter ce genre
de vêtements comme protection en cas d'attaque par un agent chimique
ou biologique reste un choix personnel.
Les masques à gaz protègent-ils contre une attaque au moyen
d'agents biologiques ou chimiques ?
Tout dépend de l'agent biologique ou chimique en cause et de la
méthode utilisée pour y exposer les gens. Dans certains
cas, le masque à gaz peut aider jusqu'à un certain point.
Quoi qu'il en soit, il peut s'avérer difficile de prévoir
où et quand l'attaque aura lieu et, par conséquent, il faudrait
porter ce masque à gaz en tout temps et partout. Il faut rappeler
aussi que certains agents chimiques peuvent pénétrer par
la peau ainsi que par les voies respiratoires. La décision d'acheter
un masque à gaz pour se protéger en cas d'attaque par un
agent chimique ou biologique reste un choix personnel. À titre
de conseils de nature générale, disons que le masque à
gaz dont l'achat est envisagé devrait :
- être acheté auprès d'un distributeur reconnu d'appareils
respiratoires industriels, et choisi après en avoir discuté
avec un vendeur spécialisé;
- protéger à la fois contre les agents chimiques et les agents
biologiques, si tel est le genre de protection désirée;
- être en bon état et de la taille qui convient, et être
d'abord ajusté et mis à l'essai pour la personne à
qui il est destiné (la barbe et les lunettes peuvent nuire à
l'étanchéité du masque et laisser entrer du gaz
dans l'élément facial).
En outre, la personne à qui l'appareil respiratoire est destiné
doit être proprement entraînée à le porter, à
le mettre à l'essai et à l'entretenir (par exemple, il faut
habituellement inspecter et remplacer les cartouches à intervalles
réguliers).
II. Charbon
Qu'est-ce que le charbon ?
Le charbon est une infection causée par une bactérie appelée
Bacillus anthracis. La bactérie forme des spores qui peuvent survivre
dans le sol pendant plusieurs années. Les spores sont extrêmement
petits et invisibles à l'il nu. Lorsqu'ils sont en grande quantité,
ils sont habituellement bruns et de consistance poudreuse et peuvent ressembler
à de la cannelle ou à de la poudre de cacao, mais la couleur
pourra être différente si les spores sont mélangés
à d'autres substances. Les spores n'ont aucune odeur et sont impossibles
à détecter par olfaction. L'infection est propagée par
les spores. La maladie du charbon se produit normalement chez les animaux
d'élevage, comme les vaches et les moutons, et s'attaque rarement aux
humains.
Comment attrape-t-on le charbon ?
Habituellement, les personnes touchées par la maladie du charbon
le sont parce qu'elles s'occupent d'animaux infectés. Les spores
présents dans le cuir de ces animaux peuvent s'infiltrer dans des
lésions cutanées. L'absorption de viande contaminée
par les spores peut causer des infections à l'estomac. L'inhalation
de spores en grande quantité peut entraîner des lésions
pulmonaires. Les signes de la maladie n'apparaissent habituellement pas
avant 1 à 7 jours après l'exposition aux spores du charbon.
Si vous recevez une lettre ou un colis contenant des spores de charbon,
et que vous touchez aux spores ou les respirez, vous pourriez contracter
une lésion cutanée ou pulmonaire. Le charbon ne peut pas
se propager d'une personne à une autre.
Quels sont les signes et les symptômes du charbon ?
Les spores du charbon peuvent s'attaquer à la peau (lésion
cutanée), à l'estomac (infection gastro-intestinale) ou aux
poumons (infection pulmonaire par inhalation). Dans le cas d'une lésion
cutanée, une petite bosse indolore apparaît sur la peau et se
transforme éventuellement en vésicule puis en un ulcère
avec un point noir au centre. C'est là la forme la plus répandue
de l'infection. S'il s'agit d'une infection gastro-intestinale, les signes
en sont la fièvre, une perte d'appétit, des vomissements et
la diarrhée. Si l'infection est pulmonaire, les premiers signes ressemblent
à ceux de la grippe : fièvre, mal de gorge, malaise généralisé,
etc. Après quelques jours, ces manifestations sont suivies par des
difficultés à respirer. L'infection pulmonaire est la plus grave
de toutes.
Y a-t-il un traitement contre le charbon ?
La maladie du charbon peut se traiter à l'aide d'antibiotiques ordinaires.
Il est important de commencer le traitement immédiatement, dès
les premiers signes d'infection.
Peut-on prendre des antibiotiques à l'avance (traitement prophylactique)
pour prévenir la maladie du charbon ?
Il n'est généralement pas recommandé de prendre
des antibiotiques «au cas où». Une telle mesure risque
d'aggraver les risques d'effets secondaires, d'accroître la résistance
de la bactérie aux médicaments et, dans tous les cas, la
consommation abusive d'antibiotiques pourrait aussi mener à une
pénurie de médicaments. De plus, il est impossible de prévoir
avec exactitude les occurrences d'exposition aux spores du charbon. En
tout ce qui a trait aux antibiotiques prophylactiques, les personnes qui
se rendent ou vivent au Moyen-Orient devraient consulter leur médecin
pour une évaluation du risque personnel encouru et suivre les conseils
reçus.
Existe-t-il un vaccin contre le charbon ?
Oui, mais le vaccin actuel a des effets secondaires et il faut en prendre
des doses multiples et répétées pour en tirer quelque
degré de protection que ce soit. Ce vaccin n'est pas mis à la
disposition du grand public, du moins pour le moment, et il n'est utilisé
que dans des situations où le risque est très élevé,
par exemple, une exposition appréhendée pendant des opérations
militaires.
III. Variole
Qu'est-ce que la variole ?
La variole est une maladie contagieuse et virulente venue d'un virus orthopoxe
qui cause une affection contagieuse et fébrile caractérisée
par une éruption de vésicules et de pustules qui peut être
grave. Une initiative mondiale de dépistage, de confinement et d'immunisation,
mise en uvre sous la direction de l'Organisation mondiale de la Santé
(OMS) a mené à l'éradication de la variole en 1977. Il
n'y a eu depuis aucun cas naturel de variole dans le monde. Il s'est produit
un cas de variole acquise en laboratoire, au Royaume-Uni, en 1978. En 1980,
l'OMS a confirmé l'éradication de la variole dans le monde entier.
Comment contracte-t-on la variole ?
Le virus de la variole infecte l'organisme en passant par les voies respiratoires
ou par la peau. La maladie se transmet principalement de personne à
personne par les voies respiratoires, par transmission aéroportée,
et la contagion nécessite habituellement un contact rapproché
face à face. Le liquide contenu dans les papules et pustules est aussi
infectieux et peut infecter la peau par inoculation ou par l'inhalation de
liquide séché. Bien que rare, la possibilité existe également
de contracter la variole par contact avec des vêtements ou de la literie
contaminés.
La période d'incubation est relativement longue, de 10 à 14
jours en moyenne, et la personne atteinte ne manifeste aucun signe de
la présence du virus. L'infectiosité commence lors de l'apparition
de l'éruption cutanée et reste élevée pendant
une période de 7 à 14 jours. La personne atteinte de la
variole est contagieuse à partir de l'apparition de l'éruption
cutanée et jusqu'à ce que les croûtes soient tombées,
environ 1 mois plus tard.
Quels sont les symptômes de la variole ?
La variole classique a une période d'incubation de 10 à
14 jours (sans symptômes apparents), suivie d'un prodrome de 2 à
4 jours avec fièvre, maux de tête et de dos, malaise extrême
et, parfois, douleurs abdominales et délire. Une fois la fièvre
passée, une éruption maculopapuleuse apparaît dans
la bouche, sur le visage, sur les bras et sur les mains et s'étend
peu après à la poitrine et aux jambes. Les pustules sont
relativement plus denses sur le visage et aux extrémités.
Elles sont rondes et paraissent avoir des racines profondes. Après
8 ou 9 jours, les pustules sèchent et se couvrent de croûtes.
Le taux de mortalité est d'environ 30 % et le décès
se produit généralement pendant la deuxième semaine.
Y a-t-il un traitement contre la variole ?
Il n'y a aucun remède ni traitement particulier contre la variole.
La prévention prend la forme d'un vaccin et de l'isolement des
malades. Toutefois, dans le cas des personnes qui ont été
exposées à la variole mais n'en manifestent pas encore les
symptômes, le vaccin peut rendre la maladie moins grave ou même
permettre de l'éviter s'il est administré dans les 4 jours
suivant l'exposition. Une fois les symptômes apparus, le traitement
se limite à une thérapie de soutien et à des antibiotiques
pour combattre les infections bactériennes secondaires.
Le vaccin contre la variole est-il mis à la disposition des voyageurs
canadiens ?
Le Canada est en possession de stocks de vaccins contre la variole et serait
en mesure d'intervenir dans l'éventualité improbable d'une
éclosion de variole, que ce soit ici ou à l'étranger.
Présentement, le vaccin n'est pas mis à la disposition du
grand public ni des voyageurs canadiens. Comme il n'y a plus de cas de
variole, les spécialistes de la santé publique ont déclaré
que la vaccination systématique des personnes en santé,
à titre de mesure de prévention, n'était pas recommandée
pour le moment. Le vaccin peut déclencher des réactions
indésirables chez un petit nombre d'individus. La plupart de ces
réactions sont traitables; seuls quelques rares cas sont extrêmement
graves et peuvent mettre la vie en danger.
Avant les années 1970, les Canadiens recevaient un vaccin contre
la variole. Les personnes alors vaccinées sont-elles encore à
l'abri de cette maladie ?
La vaccination systématique contre la variole a pris fin en 1972
au Canada. Les données historiques montrent que le vaccin protège
contre la maladie pendant 3 à 5 ans, et parfois pendant 10 ans
et plus. Si une personne est vaccinée de nouveau plus tard, l'immunité
peut durer encore plus longtemps. Il faut souligner, cependant, que lors
de l'utilisation du vaccin pour enrayer complètement la maladie,
à la fin des années 1970, les tests n'étaient pas
aussi perfectionnés ou précis qu'aujourd'hui. Il nous reste
donc probablement bien des choses à apprendre au sujet du vaccin,
de son efficacité et de la durée de la protection qu'il
confère.
Sources :
- «Foire aux questions», Centre des mesures et d'interventions
d'urgence, Agence de santé publique du Canada, à http://www.phac-aspc.gc.ca/ep-mu/faq_f.html
- «Anthrax», Centre des mesures et d'interventions d'urgence,
Agence de santé publique du Canada, à http://www.phac-aspc.gc.ca/ep-mu/anthrax_f.html
- «Variole», Centre des mesures et d'interventions d'urgence,
Agence de santé publique du Canada, à http://www.phac-aspc.gc.ca/ep-mu/smallpox_f.html
- Federation of American Scientists, à http://www.fas.org/main/home.jsp
- Santé Canada, Interventions d'urgence, à http://www.hc-sc.gc.ca/ed-ud/index_f.html
- Santé Canada, Programme de médecine des voyages, à
http://www.santevoyage.gc.ca
- U.S. Centers for Disease Control and Prevention, à http://www.cdc.gov
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