Volume 22-14
15 juillet 1996
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Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI)
AVIS PROVISOIRE CONCERNANT LA REVACCINATION CONTRE LA ROUGEOLE DES PERSONNES
ATTEINTES DU SYNDRÔME D'IMMUNODÉFICIENCE ACQUISE (SIDA)
Dans une Déclaration supplémentaire sur l'élimination de la rougeole
au Canada publiée récemment (RMTC 1996;22:9-15), le CCNI a recommandé
la vaccination systématique des nourrissons infectés par le virus de l'immunodéficience
humaine (VIH) à condition que leur fonction immunitaire à l'âge de 12
à 15 mois permette d'administrer sans danger le vaccin contre la rougeole,
la rubéole et les oreillons (RRO). Le Comité considère également que l'administration
d'une seconde dose du vaccin ne devrait pas non plus poser de problème
au cours de la deuxième année de vie si la fonction immunitaire demeure
stable. Il a souligné toutefois qu'il était plus risqué d'administrer
des doses du vaccin à un âge plus avancé, car une altération des mécanismes
immunitaires est à prévoir avec l'âge. On a porté récemment à l'attention
du Comité un cas qui fait ressortir l'existence d'un tel risque.
Un jeune Américain de 21 ans atteint du SIDA qui avait reçu une seconde
dose du vaccin vivant atténué contre la rougeole un an auparavant, alors
que ses mécanismes immunitaires étaient gravement altérés, a présenté
une pneumonie progressive. Le virus rougeoleux qui a été isolé à maintes
reprises dans les produits de biopsie pulmonaire et de lavage broncho-alvéolaire
était très étroitement apparenté à la souche vaccinale dans les tests
génétiques. Il s'agit, semble-t-il du premier cas de maladie due à un
virus de la souche utilisée dans le vaccin contre la rougeole chez un
patient souffrant d'une infection à VIH à un stade avancé. Des détails
seront communiqués au cours des mois qui viennent.
Ce cas isolé renforce les craintes concernant les risques associés à
l'administration systématique d'une seconde dose du vaccin antirougeoleux
aux personnes atteintes d'une infection à VIH avancée. Compte tenu de
la diminution du risque d'infection par un virus rougeoleux sauvage au
Canada et des mesures énergiques de lutte qui sont prises actuellement,
il est peut-être nécessaire de réévaluer le ratio risques-avantages de
la vaccination et de la revaccination contre la rougeole chez les personnes
à un stade avancé de l'infection à VIH. Tant que cette réévaluation ne
sera pas terminée, le Comité recommande les stratégies suivantes :
-
Les personnes infectées par le VIH qui n'ont pas présenté des signes
d'immunodéficience sévère (classification de l'infection à VIH chez
les enfants, catégories E, N1, A1) (1) devraient recevoir une première
dose du vaccin RRO à l'âge de 12 mois ou le plus tôt possible après
cet âge. Cette recommandation est la même que celle qui figurait dans
la déclaration supplémentaire récente.
-
On devrait surseoir à l'administration d'une seconde dose du vaccin
contre la rougeole dans le cas des personnes infectées par le VIH
qui présentent une immunodéficience modérée ou sévère (1) . Il peut
être nécessaire de consulter un expert dans le traitement des patients
infectés par le VIH afin de déterminer le degré d'immunodéficience
chez un cas particulier. Pour l'instant, on peut présumer qu'il existe
une immunodéficience importante chez les enfants qui reçoivent une
thérapie antirétrovirale de longue durée, un traitement prophylactique
contre Pneumocystis pneumonitis ou des perfusions d'immuno-globulines
intraveineuses.
Une revaccination contre la rougeole peut toujours être indiquée dans
le cas des personnes infectées par le VIH dont le déficit immunitaire
est modéré (1) s'il existe un risque élevé d'infection par un virus sauvage
dans la collectivité locale ou si elles doivent se rendre dans une région
où la rougeole est endémique. Il peut être utile de consulter les
autorités sanitaires locales pour déterminer le degré d'activité du virus
rougeoleux sauvage à l'échelle locale et les risques que courent les voyageurs
à l'étranger. Une immunoprophylaxie passive aux immunoglobulines (IG)
(2) est une option à considérer dans le cas des personnes qui présentent
une immunodéficience modérée ou sévère et qui courent le risque d'être
exposées pendant une courte période au virus sauvage de la rougeole, p.
ex. durant une éclosion dans la collectivité ou lors d'un voyage à l'étranger.
Il est également recommandé d'administrer des IG après une exposition
à la rougeole, étant donné qu'une vaccination antérieure ne confère pas
une protection suffisante aux personnes infectées par le VIH.
- Il faut envisager une infection prolongée par le virus de la rougeole
lorsqu'une personne infectée par le VIH souffre d'une pneumonie chronique
dans l'année qui suit la vaccination. On devra tenter d'isoler le virus
dans les échantillons appropriés. Des isolats devraient être expédiés
au LLCM pour y être caractérisés plus précisément.
Références
-
Groupe national de travail sur les soins globaux aux personnes atteintes
d'une infection à VIH. Un guide complet des soins aux personnes atteintes
d'une infection à VIH - Module 2 : nourrissons, enfants et préadolescents.
Mississauga (Ontario) : Le Collège des médecins de famille du Canada,
1995:77.
-
Comité consultatif national de l'immunisation. Guide canadien d'immunisation.
4 e éd. Ottawa, Ont. : Santé Canada, 1993:143. (Approvisionnements
et Services Canada, n o de cat. H49-8/1993F.)
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