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Le cancer chez les jeunes adultes au CanadaLe cancer chez les jeunes adultes au Canada

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Ce rapport est dédié à la mémoire de sir Richard Doll, qui s'est distingué par sa longue et brillante carrière en épidémiologie. Richard Doll est décédé le 24 juillet 2005 à l'âge de 92 ans. Son allocution « Progress against cancer: an epidemiologic assessment » lors de l'assemblée de la Society for Epidemiologic Research à Buffalo, New York, en 1991, a été par la suite publiée dans l'American Journal of Epidemiology (volume 134, 1991) et a été la source d'inspiration du présent travail.

 

Table des matières

Avant-propos
Introduction
Aperçu
Certains cancers

  • Non épithéliaux
    • Lymphomes non hodgkiniens
    • Maladie de Hodgkin
    • Mélanome malin
    • Sarcomes
    • Sarcome de Kaposi
    • Testicule
    • Cerveau
    • Leucémies
  • Épithéliaux
    • Sein
    • Thyroïde
    • Col de l'utérus
    • Côlon et rectum
    • Poumon
    • Ovaire
    • Rein
    • Lèvre, cavité buccale et pharynx
    • Vessie
    • Corps de l'utérus

Facteurs modifiant le risque et tendances relatives au cancer chez les jeunes adultes
Recommandations
Références
Annexe : Matériel et méthodes
Pour en savoir plus

Tableaux*

  1. Statistiques sommaires, adultes de 20 à 44 ans, Canada, 1990-1999
  2. Variation annuelle moyenne en pourcentage (VAMP) des taux d'incidence standardisés pour l'âge et intervalles de confiance (IC) à 95 %, cancers dans le rapport CJAC, 20 à 44 ans, 1983-1999.
  3. Variation annuelle moyenne en pourcentage (VAMP) des taux de mortalité standardisés pour l'âge et intervalles de confiance (IC) à 95 %, cancers dans le rapport CJAC, 20 à 44 ans, 1983-1999.
  4. Survie relative à cinq ans (%) et intervalles de confiance (IC) à 95 %, cancers dans le rapport CJAC, entre l'âge de 20 et 44 ans.
  5. Résumé des profils des cancers épithéliaux et non épithéliaux chez les jeunes adultes : facteurs modifiant le risque, tendances temporelles, incidence selon l'âge.
  6. Facteurs modifiant le risque qui sont liés à de fortes concentrations d'oestrogène non compensé
  7. Contraception orale chez les Canadiennes

A1. Définitions des cancers dans le rapport CJAC et critères d'inclusion
A2. Définition des sarcomes dans le rapport CJAC
A3. Poids utilisés pour la standardisation pour l'âge dans les groupes d'âge du rapport CJAC
A4. Définitions des sous-groupes pour les cancers dans le rapport CJAC

* Voir autres tableaux et figures dans les chapitres sur chaque type de cancer.

Figures*

  1. Tous les cancers, taux par âge chez les jeunes adultes, Canada, 1990-1999
  2. Cancers épithéliaux et non épithéliaux, taux d'incidence selon l'âge chez les jeunes adultes, Canada, 1990-1999
  3. Tous les cancers, taux d'incidence standardisés pour l'âge chez les adultes de 20 à 44 ans, certaines régions dans le monde, 1993-1997
  4. Tous les cancers, taux d'incidence standardisés pour l'âge chez les adultes de 20 à 44 ans, régions du Canada, 1990-1999
  5. Cancers les plus couramment diagnostiqués, hommes de 20 à 44 ans, 1990-1999, N=38 339
  6. Cancers les plus couramment diagnostiqués, hommes de 45 ans et plus, 1990-1999, N=574 630
  7. Cancers les plus couramment diagnostiqués, femmes de 20 à 44 ans, 1990-1999, N=62 035
  8. Cancers les plus couramment diagnostiqués, femmes de 45 ans et plus, 1990-1999, N=491 527
  9. Décès par cancers les plus courants, hommes de 20 à 44 ans, 1990-1999, N=10 499
  10. Décès par cancers les plus courants, femmes de 20 à 44 ans, 1990-1999, N=13 529
  11. Tous les cancers, taux standardisés pour l'âge chez les adultes de 20 à 44 ans, Canada, 1983-2005
  12. Tous les cancers sauf ceux liés au sexe, taux standardisés pour l'âge chez les adultes de 20 à 44 ans, Canada, 1983-2005
  13. Cancers épithéliaux et non épithéliaux, taux d'incidence standardisés pour l'âge chez les adultes de 20 à 44 ans, Canada, 1983-2005
  14. Incidence de certains cancers, Taux standardisés pour l'âge chez les hommes de 20 à 44 ans, Canada, 1983-2005
  15. Incidence de certains cancers, Taux standardisés pour l'âge chez les femmes de 20 à 44 ans, Canada, 1983-2005
  16. Cancer du sein, Taux standardisés pour l'âge chez les femmes de 20 à 49 ans, Canada, 1983-2005
  17. Mortalité associée à certains cancers, taux standardisés pour l'âge chez les hommes de 20 à 44 ans, Canada, 1983-2005
  18. Mortalité associée à certains cancers, taux standardisés pour l'âge chez les femmes de 20 à 44 ans, Canada, 1983-2005
  19. Cancers ayant causé la perte de 20 000 années potentielles de vie ou plus, adultes de 20 à 44 ans, Canada, 1990-1999
  20. Pourcentage de Canadiens de 18 à 44 ans qui sont physiquement inactifs
  21. Pourcentage de Canadiens de 18 à 34 ans dont l'IMC est >=30
  22. Pourcentage de Canadiens de 18 à 44 ans qui boivent plus d'alcool que ce qui est recommandé
  23. Pourcentage de Canadiens de 15 à 24 ans qui fument actuellement, 1945-2005
  24. Taux généraux de fécondité chez les femmes de 15 à 49 ans, Canada, 1961-1990
  25. Âge médian de la mère lors de la première naissance vivante, Canada, 1961-1990

Faits saillants

haut de la page
  • Depuis 1980, plus de 150 000 Canadiens ont survécu à un cancer qui avait été diagnostiqué lorsqu'ils étaient de jeunes adultes.
  • Environ 10 000 cancers sont diagnostiqués chez les jeunes adultes chaque année.
  • Entre 1983 et 1999, les taux de mortalité par cancer ont diminué en général chez les jeunes hommes et les jeunes femmes.
  • Le cancer est la principale cause de décès prématuré chez les jeunes femmes adultes.
  • Près des deux tiers des cancers chez les jeunes adultes sont diagnostiqués chez des jeunes femmes. Le cancer du sein est le plus fréquent de ces cancers.
  • Le cancer du poumon est maintenant diagnostiqué plus souvent et cause plus de morts chez les jeunes femmes que chez les jeunes hommes.
  • Le cancer du testicule est la forme la plus courante de cancer chez les jeunes hommes et son incidence a crû de 1983 à 1999.
  • Le mélanome malin vient au deuxième rang des cancers chez les jeunes adultes.
  • Les augmentations de l'incidence sont le plus frappantes pour le cancer de la thyroïde chez les jeunes adultes des deux sexes, pour les lymphomes chez les jeunes femmes et pour le cancer du testicule.
  • L'incidence d'un grand nombre de cancers évitables diminue chez les jeunes adultes. Un nombre croissant de jeunes Canadiens semblent suivre les trois principales recommandations : éviter de fumer, réduire au minimum l'exposition au soleil et subir régulièrement un test de Pap.

Appel à l'action

Bien que les tendances à la hausse de l'incidence d'un certain nombre de cancers courants chez les jeunes adultes plaident en faveur de l'approfondissement des recherches sur les raisons de ces augmentations et de la poursuite de la surveillance, on sait déjà assez de choses sur les causes de certains cancers courants, tels que le mélanome malin et le cancer du poumon, pour que la réduction du risque devienne une priorité. Dans le cas de ces cancers, des stratégies de réduction de l'exposition et des politiques complémentaires axées sur les enfants et les jeunes, les personnes qui en ont la charge et les organisations qui sont particulièrement responsables de leur bien-être devraient être élaborées, mises en oeuvre et vigoureusement encouragées. Les stratégies de réduction du tabagisme sont un bon exemple de ce qu'il est possible de réaliser, mais les taux de consommation de tabac sont toujours trop élevés, en particulier chez les adolescentes. On devrait s'intéresser tout autant à d'autres facteurs qui peuvent accroître le risque de cancer chez les jeunes adultes, notamment l'emploi de matériel de bronzage, la mauvaise alimentation et le manque d'activité physique.

Remerciements

Le présent rapport n'aurait pu voir le jour sans l'aide technique et les talents graphiques de Sandrene Chin Cheong et le soutien administratif de Yen Borrego, tous les deux à l'emploi d'Action Cancer Ontario.

Les auteurs remercient Jennifer Frood (Action Cancer Ontario) pour son travail aux premiers stades du rapport et tiennent à souligner l'aide et l'appui apportés par leurs collègues, en particulier Eric Holowaty, Terry Sullivan, Bronwen Waller et Erin Pichora (Action Cancer Ontario) et Yang Mao, Robert Semenciw, Chris Waters, Wei Luo et Wendy Thompson (Agence de la santé publique du Canada). Mary Hodges et Catherine McGowan ont prêté main-forte à Shirley Huchcroft.

Les Drs Max Parkin (Université d'Oxford), Anthony Miller (Université de Toronto) et Don Wigle (Université d'Ottawa) ont effectué un examen critique du manuscrit. Leurs commentaires perspicaces ont permis d'apporter d'importantes améliorations au document. Bo Miedema, Ryan Hamilton et Julie Easley (Formation en médecine familiale, Université Dalhousie, Nouveau-Brunswick) nous ont apporté un point de vue plus personnel par des citations provenant des survivants eux-mêmes. Ces témoignages ont été colligés dans le cadre d'une étude qualitative sur l'impact du cancer chez les jeunes adultes.

Les organismes suivants ont fourni les données utilisées dans le présent rapport :

  • Agence de la santé publique du Canada (données sur la mortalité par cancer et données d'enquêtes sur la santé)
    • Les données sur la mortalité ont été fournies par l'Agence de la santé publique du Canada à partir des bases canadiennes de données sur l'état civil à Statistique Canada avec le consentement des registres provinciaux et territoriaux de l'état civil qui communique les données à Statistique Canada. Leur coopération est grandement appréciée.
    • Certaines parties de l'analyse se fondent sur des micro-données de Statistique Canada qui contiennent des données anonymes recueillies dans le cadre de l'Enquête sur la santé de la population 1994-1998. Tous les calculs basés sur ces micro-données ont été effectués par l'Agence de la santé publique du Canada, et les auteurs assument l'entière responsabilité de l'utilisation et de l'interprétation de ces données.
  • Les registres provinciaux et territoriaux du cancer (données sur l'incidence du cancer).
  • Le Centre international de recherche sur le cancer (prépublication des données internationales sur l'incidence du cancer entre 1993 et 1997).

Monika Dixon, de la Société canadienne du cancer, a fourni d'excellents services de soutien administratif pour la production, l'impression, la traduction et la distribution du présent rapport.

Avant propos

Rares sont les pays comptant une population de la taille de celle du Canada qui disposent d'un registre englobant tous les cas de cancer dans la population et il est encore plus rare que les enregistrements soient effectués depuis assez longtemps pour qu'on puisse examiner les tendances dans l'incidence du cancer sur deux décennies. Grâce à cette précieuse ressource, il a été possible de rédiger le présent document, qui décrit les courbes et tendances de l'incidence du cancer (et de la mortalité) chez les jeunes adultes au Canada. Il n'existe aucune définition internationale standard de ce qu'on entend par « jeune adulte ». De bonnes raisons militent en faveur de l'intervalle d'âge retenu par les auteurs (de 20 à 44 ans) : cette période s'étend de l'« adolescence » (qui s'échelonne en général de l'âge de 15 à 19 ans) jusqu'au moment de la vie chez les femmes où la ménopause provoque des changements assez marqués dans le profil du cancer. L'utilité d'étudier le cancer chez les jeunes adultes a été clairement établie par sir Richard Doll, dans son article classique qui a été publié en 1991. Il a indiqué que les tendances dans ce groupe d'âge aident particulièrement à identifier les causes de cancer, vu qu'elles devraient refléter des expositions à des substances cancérigènes survenues dans un passé relativement récent et que lorsque de telles expositions varient selon des générations spécifiques (« cohortes de naissance »), on observera d'abord chez les jeunes les changements résultants dans le risque de morbidité d'abord chez les jeunes. Les auteurs de la présente monographie ajoutent une troisième raison : l'importance relative des syndromes héréditaires de cancer parmi les cas de cancer chez les jeunes, qui fournit l'occasion d'identifier les gènes responsables et leur interaction avec l'exposition à des facteurs de risque.

Cette monographie est un exemple de ce qu'on définit souvent comme l'« épidémiologie descriptive », présentant le risque de différents types de cancer (définis en fonction du siège anatomique et souvent également des caractéristiques histologiques) selon le sexe, l'âge, la géographie (à l'intérieur du Canada et dans d'autres pays) et avec le temps. Mais comme dans toute enquête scientifique rigoureuse, les observations sont utilisées pour faire des déductions concernant les raisons sous-jacentes possibles, artéfactuelles ou causales. Les courbes et tendances des différentes entités cliniques peuvent être comparées avec ce qu'on sait de la prévalence des facteurs de risque connus ou suspects et leurs changements avec le temps. C'est pour ce type de comparaison que les données sur l'incidence provenant des registres du cancer sont particulièrement utiles, donnant une mesure directe du risque de maladie. Les taux de mortalité ne sont pas d'aussi bons indicateurs, surtout dans ce groupe d'âge, car la survie varie selon les populations et change rapidement avec le temps la chimiothérapie de plusieurs cancers ayant tellement progressé au cours des dernières décennies. Ces changements dans la survie font en sorte que les variations dans la mortalité ne peuvent être interprétées en fonction des différentes expositions à des facteurs de risque possibles. Une autre limite évidente tient au fait que les décès survenant au cours d'une période particulière et dans un groupe d'âge donné concernent des cas diagnostiqués plusieurs années auparavant et à un plus jeune âge.haut de la page

De toute évidence, souffrir du cancer demeure une expérience pénible, peu importe l'âge, et même à un âge très avancé, mais c'est une tragédie particulièrement éprouvante au cours des années les plus actives et productives de la vie où les responsabilités familiales et sociales sont les plus lourdes. Certaines statistiques simples comme le nombre de nouveaux cas de différents cancers, le nombre de décès et le nombre d'années potentielles de vie perdues à cause de ces décès sont des données inestimables pour établir l'ordre de priorité des activités de lutte contre le cancer. L'examen complet des nombres et des causes effectué dans la présente monographie facilitera grandement la planification et aidera à évaluer comment la survenue du cancer dans ce groupe d'âge devrait être prise en considération lorsqu'on passe en revue les stratégies de lutte contre le cancer en général. Des projections futures de l'incidence et de la mortalité ont été utilisées pour établir des cibles à partir desquelles on évaluera les progrès dans la prévention et le traitement; la monographie comporte certaines projections à court terme de l'incidence et nous avons souligné dans les recommandations l'importance de poursuivre ce travail.

Dans son discours-programme inaugurant la rencontre de l'Association internationale des registres du cancer en 1985, le Dr Peter Greenwald du US NCI a déclaré que les registres du cancer ne pouvaient justifier leur existence que s'ils consacraient autant de temps et d'effort à l'analyse, à l'interprétation et à la présentation de l'information qu'à la collecte, au codage et à la gestion des données. Le présent volume est un admirable exemple de la façon dont les données des registres du cancer peuvent et devraient être mises à la disposition des planificateurs, des chercheurs et de la population, dans le but ultime de réduire le fardeau que représente cette importante cause de décès et d'invalidité chez les jeunes.

Dr D. Maxwell Parkin
Université d'Oxford
Président, Association internationale des registres du cancer

Introduction

Environ 10 000 Canadiens de 20 à 44 ans devraient recevoir un diagnostic de cancer en 2005 et 2 000 d'entre eux devraient mourir de cette maladie. À la lumière des données de 2003, on estime que plus de 150 000 Canadiens ont survécu, avec toutes les difficultés que cela suppose, à un cancer diagnostiqué depuis 1980 au moment où ils étaient de jeunes adultes.

La société a l'« obligation » de protéger ses membres plus jeunes et plus vulnérables, notamment les enfants, les adolescents et, dans une certaine mesure, les jeunes adultes. Un diagnostic de cancer chez un jeune adulte a des conséquences d'une portée considérable. Les personnes atteintes peuvent soit passer des décennies à vivre avec les effets du cancer et de son traitement (effets physiques, génésiques, sociaux, affectifs et spirituels) ou le cancer peut abréger tragiquement leur vie et avoir d'importantes répercussions sur leur famille et la société en général. Ces personnes peuvent toujours être en train de poursuivre leurs études, de bâtir leur indépendance économique et leur propre famille au moment où leur cancer est diagnostiqué et traité. Les conséquences économiques à court et à long
terme de leur maladie peuvent être énormes.

L'importance d'étudier les cancers chez les jeunes adultes

Bien que le cancer puisse toucher les gens de tout âge, y compris les nourrissons, il est surtout associé à la vieillesse; 44 % de tous les cancers sont diagnostiqués après l'âge de 70 ans25. Les tendances générales du cancer donnent donc un aperçu des cancers qui sont les plus répandus au mitan de la vie et durant la vieillesse, en particulier les cancers du sein, de la prostate, du poumon et le cancer colorectal. Les tendances relatives au cancer à un plus jeune âge (enfance, adolescence et début de l'âge adulte) diffèrent cependant des tendances à un âge plus avancé et même à l'intérieur de ces trois grandes périodes de la vie.

Plusieurs raisons expliquent pourquoi il est nécessaire d'examiner les tendances relatives au cancer, en particulier chez les jeunes adultes. Tout d'abord, les cancers qui surviennent au début de l'âge adulte résultent d'expositions subies relativement tôt dans la vie. Bien qu'on croie généralement que de nombreux cancers infantiles découlent d'événements qui se sont produits avant la naissance, les cancers chez les jeunes adultes sont plus souvent associés à des expositions postnatales. Comme la durée d'exposition pertinente est relativement courte, le nombre d'expositions accumulées chez les jeunes adultes sera plus faible. Il peut donc être plus facile d'identifier les facteurs étiologiques potentiels à partir d'un examen systématique des tendances relatives au cancer dans ce groupe d'âge. De plus, les tissus en développement des enfants et des adolescents peuvent être plus sensibles à certains événements cancérigènes, qui peuvent se solder par un diagnostic de cancer au début de l'âge adulte. Certains de ces cancers peuvent ainsi représenter des « événements sentinelles », signalant des expositions « nouvelles » ou changeantes. Par exemple, une exposition excessive aux rayons du soleil durant l'enfance semble jouer un rôle particulièrement important dans l'étiologie du mélanome malin de la peau, un des cancers les plus courants chez les jeunes adultes. Certaines données montrent que ce phénomène est dû à une plus grande sensibilité aux effets cancérigènes des rayons solaires en début de vie8.

Deuxièmement, les individus qui sont nés à peu près à la même période (« cohorte de naissance ») présentent dans une certaine mesure les mêmes risques à vie de cancer, en général. Par exemple, les adolescents de sexe masculin d'aujourd'hui affichent un taux de prévalence du tabagisme beaucoup plus faible comparativement à leurs grands-pères, et ces garçons continueront probablement durant toute leur vie à être moins nombreux à fumer. Ainsi, avec l'âge, ils présenteront un moins grand nombre de cancers du poumon que leurs grands-pères à des âges comparables. Cet « effet de cohorte » se manifestera tout d'abord au début de l'âge adulte, moment de la vie où le cancer du poumon commence à apparaître. L'incidence du cancer du poumon chez les jeunes adultes d'aujourd'hui sera donc un important outil pour prédire les taux futurs de cancer du poumon et pour planifier les stratégies de prévention et les services de lutte contre le cancer.haut de la page

Troisièmement, les cancers qui surviennent dans ce groupe d'âge peuvent traduire une susceptibilité génétique accrue à la maladie, par exemple, chez les personnes qui ont hérité d'un gène de prédisposition au cancer (p. ex. la mutation du gène BRCA 1 ou BRCA 2)6. Les profils du cancer chez les jeunes adultes peuvent ainsi signaler des avenues à explorer dans la recherche sur les facteurs génétiques et sur les interactions entre les facteurs génétiques et les expositions à des facteurs de risque.

Sir Richard Doll a été un ardent défenseur de la surveillance des tendances relatives au cancer chez les jeunes adultes en 1991, durant son discours prononcé devant la Society for Epidemiologic Research. Il a lancé un défi aux épidémiologistes dans la déclaration suivante :

[Traduction]
À mon avis, les tendances chez les jeunes adultes sont de loin les indications les plus importantes pour évaluer les progrès de la lutte contre le cancer, et ce, pour deux raisons. Premièrement, parce que les tendances peuvent refléter uniquement des changements relativement récents dans la prévalence d'agents cancérigènes et elles ne sont pas embrouillées par l'effet des changements survenus dans un passé lointain et, deuxièmement, parce que les jeunes ont tendance à adopter de nouvelles habitudes avant les vieux41.

En plus des raisons théoriques ci-dessus justifiant l'exercice d'une surveillance systématique, celle-ci peut servir un certain nombre de fins plus immédiates. En premier lieu, elle peut mettre en lumière les priorités de la recherche sur les facteurs étiologiques qui ne seraient pas autrement évidentes. Par exemple, les tendances à la hausse de l'incidence du cancer du testicule sont alarmantes et devraient stimuler les recherches visant à identifier les changements dans l'exposition au début de la vie des garçons. La surveillance pourrait également aider à déterminer les domaines où devraient être déployés les efforts de prévention en vue de freiner les tendances actuelles et futures du cancer. Par exemple, l'augmentation de l'incidence du mélanome malin, dont le principal facteur de risque est la surexposition au soleil, ferait ressortir la nécessité de mettre l'accent sur la protection des jeunes enfants contre le soleil.

Le fait de connaître mieux la taille et les caractéristiques de la population touchée devrait enfin inciter les chercheurs à examiner les conséquences inconnues du cancer dans ce groupe d'âge et stimuler les efforts en vue de réduire les effets tardifs néfastes. On pourrait également se servir de ces connaissances pour planifier les services de santé.

Contribution unique du Canada

Le Canada a la chance de disposer d'un système national bien développé de registres du cancer qui englobe l'ensemble de la population. Il existe un registre dans toutes les provinces et tous les territoires au Canada, et tous contiennent des données de qualité remontant au moins jusqu'au début des années 8010. Depuis longtemps, le Canada se sert des données des registres du cancer pour surveiller les nouveaux cas de cancer et prévoir le fardeau futur que représentera cette maladie pour le Canada et ses régions. Statistiques canadiennes sur le cancer est une publication annuelle qui compile depuis 1987 les données des registres canadiens du cancer25. Les données de tous les registres combinés permettent d'étudier des événements relatifs rares, tels que le cancer chez les jeunes adultes, non seulement de nos jours mais également avec le temps. Aucune province au Canada ni aucun pays dans le monde ne pourrait seul mener cette tâche à bien pour un vaste éventail de types de cancer.

Objectifs spécifiques

Les principaux objectifs de cette monographie sont les suivants :

  1. déterminer et décrire les principales formes de cancer chez les jeunes hommes et les jeunes femmes de 20 à 44 ans au Canada au cours d'une décennie récente, 1990-1999;
  2. documenter les tendances temporelles de l'incidence et de la mortalité entre 1983 et 1999 pour ces cancers et pour des sous-groupes importants de cancer;
  3. interpréter les courbes et les tendances;
  4. à partir des résultats, recommander des domaines prioritaires pour la recherche, la surveillance et l'élaboration de politiques.

L'information contenue dans le présent rapport a été analysée et interprétée par :


Beth Theis1, Diane Nishri1, Saira Bahl1, Anne-Marie Ugnat2 et Loraine Marrett1 Action Cancer Ontario et 2Agence de la santé publique du Canada (anciennement partie de Santé Canada)

avec l'aide du Groupe de travail sur le cancer chez les jeunes adultes au Canada (CJAC) :

Christofer Balram, Service d'épidémiologie provincial, Nouveau-Brunswick
Sharon Buehler, Université Memorial de Terre-Neuve
Ron Dewar, Cancer Care Nova Scotia
Douglas C. Dover, Alberta Cancer Board
Dagny Dryer, Prince Edward Island Cancer Registry
Juanita Hatcher, Alberta Cancer Board (actuellement à l'Aga Khan University,
Pakistan)
Eric Holowaty, Action Cancer Ontario
Claire Infante-Rivard, Université McGill, Québec
Yang Mao, Agence de la santé publique du Canada
Mary McBride, British Columbia Cancer Agency
Nazeem Muhajarine, Université de la Saskatchewan
Donna Turner, Action Cancer Manitoba
Hannah K. Weir, Centers for Disease Control and Prevention, É.-U.

et le soutien rédactionnel de Shirley A. Huchcroft.

Citation : On peut reproduire ou copier les renseignements qui figurent dans la présente publication sans autorisation, à condition d'en indiquer la source :

« Action Cancer Ontario : Le cancer chez les jeunes adultes au Canada, Toronto, Canada, 2006 ». Mai 2006, ISBN 0-921325-12-6 (papier), ISBN 0-921325-13-4 (pdf)

Le présent rapport peut être consulté sur Internet aux adresses http://www.cancercare.on.ca Nouvelle fenetre et http://www.cancer.ca Nouvelle fenetre

Pour obtenir d'autres exemplaires, s'adresser à une des divisions de la Société canadienne
du cancer ou téléphoner au Service d'information sur le cancer, au numéro 1 888 939-3333
(voir Pour en savoir plus).

This publication is available in English upon request.

 

Mise à jour : 2006-09-11 haut de la page