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Sommaire – Estimations de la Prévalence et de l’Incidence du VIH au Canada, 2008

Division de la surveillance et de l’évaluation des risques
Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections
Agence de la santé publique du Canada

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Contexte

Le Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections (CLMTI) de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) publie deux fois l’an des rapports nationaux de surveillance du VIH et du sida. Toutefois, les données de surveillance sur le VIH et le sida n’incluent pas les personnes qui n’ont pas subi de test de dépistage et chez qui la maladie n’a pas été diagnostiquée. Comme les données de surveillance décrivent seulement la fraction diagnostiquée de l’épidémie, il faut avoir recours à la modélisation et à des sources complémentaires d’information pour produire des estimations qui décrivent l’épidémie chez tous les Canadiens qui vivent avec le VIH, qu’ils en aient reçu le diagnostic ou non.

L’estimation du nombre de personnes qui vivent avec le VIH est une tâche entreprise à l’échelle mondiale afin de surveiller l’épidémie de VIH, d’orienter la planification de la prévention de la maladie et d’appuyer l’évaluation de l’efficacité des programmes de prévention. Dans le cadre de son mandat de surveillance des tendances relatives au VIH/sida au Canada, le CLMTI de l’ASPC produit deux types d’estimations : la prévalence, soit le nombre de personnes vivant avec le VIH (sida y compris), et l’incidence, soit le nombre de nouveaux cas d’infection au cours d’une période d’un an. Ces estimations servent à orienter les travaux de l’ASPC et d’autres ministères fédéraux dans le cadre de l’Initiative fédérale de lutte contre le VIH/sida au Canada.

Les estimations publiées dans le présent rapport pour les années antérieures à 2008 remplacent toutes les estimations précédentes que nous avons publiées au sujet de la prévalence et de l’incidence du VIH au Canada. En effet, de nouvelles données et de nouvelles méthodes ont permis d’améliorer l’analyse de l’épidémie et d’obtenir des estimations plus fiables.

Estimations du nombre de personnes vivant avec le VIH à la fin de 2008 et du nombre de nouveaux cas d’infection à VIH en 2008

Le VIH/sida demeure un problème préoccupant au Canada. Le nombre de personnes vivant avec le VIH (sida y compris) continue à augmenter, passant d’environ 57 000 en 2005 à 65 000 en 2008 (une augmentation de 14 %) (Tableau 1). Cette hausse du nombre de personnes vivant avec le VIH est due à deux facteurs : de nouveaux traitements ont amélioré la survie des personnes infectées par le VIH et il continue à y avoir de nouveaux cas d’infection.

Même si les estimations du nombre de nouveaux cas d’infection à VIH sont plutôt imprécises, il semble qu’en 2008 ce nombre estimatif (de 2 300 à 4 300 cas) soit presque semblable ou légèrement supérieur à celui estimé en 2005 (de 2 200 à 4 200) (Tableau 2). En ce qui a trait aux catégories d’exposition, ce sont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HRSH) qui continuent de représenter la plus forte proportion de nouveaux cas d’infection (44 %), ce chiffre n’étant que très légèrement inférieur à la proportion estimative de 45 % enregistrée en 2005. En 2008, la proportion de nouveaux cas d’infection parmi les personnes qui utilisent des drogues par injection (UDI) était légèrement plus élevée qu’en 2005 (17 % comparativement à 16 %). Les proportions de nouveaux cas d’infection demeurent les mêmes qu’en 2005 pour les catégories d’exposition « Hétérosexuels/pays non endémiques » (20 %) et « Hétérosexuels/ pays endémiques » (16 %).

Les personnes venant de pays où le VIH est endémique continuent d’être surreprésentées parmi les victimes de l’épidémie de VIH au Canada. Les nouveaux cas d’infection attribués à la catégorie d’exposition « Hétérosexuels/pays endémiques » se situaient entre 370 et 690 (16 %) en 2008, cependant, selon le recensement de 2006, environ 2,2 % de la population canadienne est née dans un pays où le VIH est endémique. Il s’ensuit que le taux estimatif de nouveaux cas d’infection chez les personnes venant d’un pays où le VIH est endémique est environ 8,5 fois plus élevé que chez les autres Canadiens.

Les Autochtones continuent aussi d’être surreprésentés parmi les victimes de l’épidémie de VIH au Canada. On estime que de 4 300 à 6 100 Autochtones vivaient avec le VIH (sida y compris) au Canada en 2008 (soit 8,0 % de tous les cas prévalents d’infection à VIH), ce qui représente une augmentation de l’ordre de 24 % par rapport au nombre estimatif de 2005, qui était de 3 500 à 4 900 (soit 7,4 % des cas prévalents d’infection en 2005). On estime que le nombre de nouveaux cas d’infection à VIH chez les Autochtones en 2008 se situait entre 300 et 520 (soit 12,5 % de tous les nouveaux cas d’infection), ce qui est supérieur aux estimations de 2005 qui se situaient entre 240 et 430 (soit 10,5 % de tous les nouveaux cas d’infection en 2005). Ces proportions enregistrées en 2008 sont de loin supérieures à la proportion d’Autochtones dans la population canadienne en général, laquelle est de 3,8 % selon le recensement de 2006. Par conséquent, en 2008, le taux global de nouveaux cas d’infection est environ 3,6 fois plus élevé chez les Autochtones que chez les autres Canadiens. En 2005, la distribution des Autochtones nouvellement infectés dans les catégories d’exposition était la suivante : 66 % UDI, 23 % hétérosexuels, 9 % HRSH et 2 % HRSH-UDI. Cette distribution se compare à celle de 2005, qui était la suivante : 63 % UDI, 24 % hétérosexuels, 11 % HRSH et 2 % HRSH-UDI.

À la fin de 2008, on estimait que 14 300 (12 200-16 400) femmes vivaient avec le VIH (sida y compris) au Canada, ce qui représente environ 22 % du total national. Ce chiffre se compare au nombre estimatif de 12 200 femmes (10 400-14 000) en 2005. En 2008, on estime qu’il y a eu entre 600 et 1 120 nouveaux cas d’infection à VIH chez les femmes, alors que les estimations correspondantes pour 2005 étaient de 590 à 1 100. La proportion de tous les nouveaux cas d’infection chez les femmes est restée la même entre 2005 et 2008 (26 %). En ce qui a trait à la catégorie d’exposition, une proportion légèrement inférieure de nouveaux cas d’infection a été attribuée à la catégorie Hétérosexuels en 2008 comparativement à 2005 (71 % contre 73 %), tandis qu’une proportion légèrement plus élevée a été attribuée à la catégorie UDI (29 % en 2008 et 27 % en 2005).

Depuis le début du dépistage en novembre 1985 jusqu’au 31 décembre 2008, 67 442 tests positifs pour le VIH ont été signalés au CLMTI, ce qui correspond à environ 70 400 cas après correction pour tenir compte de la sous-déclaration et des déclarations en double. De ces cas, nous estimons qu’environ 22 300 sont décédés. Par conséquent, environ 48 100 Canadiens (soit 70 400 moins 22 300) vivaient avec une infection à VIH en 2008; ces personnes avaient reçu un diagnostic d’infection à VIH (test positif) et étaient donc au courant de leur état. Puisque le nombre estimatif total de personnes vivant avec le VIH au Canada en 2008 s’établissait à 65 000, les autres 16 900 personnes (intervalle 12 800 21 000), soit 26 % des cas prévalents, n’étaient pas au courant de leur état. Cette proportion est légèrement inférieure à celle estimée en 2005, soit 27 % de personnes qui ignoraient qu’elles étaient infectées par le VIH.

Le pourcentage estimatif de personnes vivant avec le VIH qui ne sont pas au courant de leur état varie selon la catégorie d’exposition. Environ 19 % des personnes infectées dans la catégorie d’exposition HRSH et 25 % des personnes infectées dans la catégorie d’exposition UDI ne savent pas qu’elles sont séropositives, tandis que ce pourcentage est plus élevé (35 %) dans les deux catégories d’exposition hétérosexuels. Ces pourcentages correspondent à environ 6 000 (entre 4 500 et 7 500) personnes infectées par le VIH dans la catégorie d’exposition HRSH, à 2 800 (entre 2 000 et 3 600) personnes infectées par le VIH dans la catégorie d’exposition UDI et à 7 000 (entre 5 200 et 8 800) personnes infectées par le VIH dans la catégorie d’exposition combinée des contacts hétérosexuels qui ne savent pas qu’ils sont séropositifs à l’égard du VIH.

Conclusion

Les estimations de 2008 fournissent de nouvelles données pour illustrer l’évolution des tendances relatives au VIH/sida au Canada et, à ce titre, elles intéresseront grandement la communauté scientifique, les médias et la population en général. Les estimations constituent une composante clé des données probantes utilisées pour surveiller l’épidémie au Canada et pour orienter les programmes de prévention et de soins.

Puisque les nouveaux traitements ont réduit la mortalité due à l’infection à VIH et que de nouveaux cas d’infection surviennent encore, le nombre total de Canadiens vivant avec une infection à VIH devrait probablement continuer à augmenter au cours des années à venir. Cela signifie que les besoins en matière de soins seront accrus.

L’incidence du VIH au Canada ne diminue pas. Le nombre estimatif total de nouveaux cas d’infection à VIH au Canada en 2008 se situait entre 2 300 et 4 300, ce qui est essentiellement la même chose qu’en 2005. En ce qui concerne la distribution des nouveaux cas d’infection par catégorie d’exposition, la principale différence par rapport à 2005 tient à une légère augmentation du nombre de nouvelles infections attribuées aux UDI, qui s’explique par la hausse récemment signalée de nouveaux diagnostics d’infection à VIH chez les personnes qui s’injectent des drogues en Saskatchewan.

Les Autochtones et les personnes originaires de pays où le VIH est endémique continuent d’être surreprésentés parmi les victimes de l’épidémie de VIH au Canada. Cette situation met en évidence la nécessité de prendre des mesures ciblant expressément les aspects propres à certains groupes. Les utilisateurs de drogue par injection constituent la principale catégorie d’exposition au VIH chez les Autochtones, et ce groupe « combiné » (c.-à-d. les personnes qui sont à la fois autochtones et qui s’injectent des drogues) représente la majorité des infections à VIH nouvellement diagnostiquées en Saskatchewan.

On estime qu’à la fin de 2008, 26 % des 65 000 personnes vivant avec le VIH au Canada n’étaient pas au courant de leur infection. De ce fait, ce groupe se trouve à échapper aux systèmes de surveillance de la maladie et de soins de santé et, tant que ces personnes n’ont pas subi un test de dépistage et reçu un diagnostic, elles ne peuvent profiter des services de traitement et de soins appropriés ni recevoir des conseils visant à prévenir la propagation ultérieure du VIH.

Tableau 1: Nombre estimatif de cas prévalent d’infection à VIH au Canada et intervalles d’incertitude correspondantsà la fin de 2008 et de 2005 (les estimations ponctuelles les intervalles et les pourcentages sont arrondis)
HRSH : hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes; UDI : utilisateurs de drogues par injection; Hétérosexuels/pays non endémique : les personnes ayant des contacts hétérosexuels avec une personne qui est infectée par le VIH ou à risque de le contracter ou dont les contacts hétérosexuels constituent le seul facteur de risque connu; Hétérosexuels/pays endémique : les personnes issues d’un pays où le VIH est endémique; Autres : les receveurs de transfusions sanguines ou de facteurs de coagulation et les cas de transmission périnatale ou professionnelle.
  HRSH HRSH-UDI UDI Hétérosexuels/
pays non
endémique
Hétérosexuels/
pays
endémique
Autres Total
2008 31 330
(25 400-37 200)
2 030
(1 400-2 700)
11 180
(9 000-13 400)
10 710
(8 300-13 100)
9 250
(6 800-11 700)
500
(300-700)
65 000
(54 000-76 000)
% 48% 3% 17% 17% 14% 1%  
2005 27 700
(22 400-33 000)
1 820
(1 200-2 400)
10 100
(8 100-12 100)
9 050
(7 000-11 100)
7 860
(5 800-9 900)
470
(280-660)
57 000
(47 000-67 000)
% 48% 3% 18% 16% 14% 1%  

 

Tableau 2: Intervalles estimatifs d’incertitude pour le nombre de nouveaux cas d’infection à VIH au Canada en 2008 et en 2005 (les intervalles et les pourcentages sont arrondis)
HRSH : hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes; UDI : utilisateurs de drogues par injection; Hétérosexuels/pays non endémique : les personnes ayant des contacts hétérosexuels avec une personne qui est infectée par le VIH ou à risque de le contracter, ou dont les contacts hétérosexuels constituent le seul facteur de risque connu; Hétérosexuels/pays endémique : les personnes issues d’un pays où le VIH est endémique; Autres : les receveurs de transfusions sanguines ou de facteurs de coagulation et les cas de transmission périnatale ou professionnelle.
*Les nouveaux cas d’infection dans la catégorie Autres sont très peu nombreux, et sont principalement dus à la transmission périnatale.
  HRSH HRSH-UDI UDI Hétérosexuels/
pays non
endémique
Hétérosexuels/
pays
endémique
Autres* Total
2008 1 000-1 900 50-130 390-750 450-860 370-690 < 20 2 300-4 300
% 44% 3% 17% 20% 16%    
2005 1 000-1 900 40-130 360-680 440-820 360-670 < 20 2 200-4 200
% 45% 3% 16% 20% 16%