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la Réunion nationale sur la promotion et la prévention en matière de santé à Acapulco, Guerrero, Mexique

SEUL LE TEXTE PRONONCÉ FAIT FOI

Le 5 juillet 2008
Acapulco, Guerrero, Mexique

Présentations

Merci, gracias.

Buenos dias, c’est toujours un plaisir de venir au Mexique.

Les discussions auxquelles j’ai participé jusqu’à présent durant mon bref séjour ont été extraordinaires. Les expériences qui se sont déroulées au Mexique ces dernières années pour faire avancer la santé publique du pays et réformer ses systèmes de santé publique sont fascinantes et instructives. Aussi je suis impatient de continuer d’échanger des informations comme nous l’avons fait jusqu’à maintenant.

Je ne parlerai pas pendant tout le temps qui m’est imparti ce matin, car je veux laisser beaucoup de temps aux questions et aux réponses après mon intervention.

Ce dont je vais surtout vous parler est la manière dont la santé publique a évolué au Canada ces dernières années. Nous avons traversé récemment une période de transition sur notre façon, en tant que société, d’approcher et de concevoir la santé publique. Le Mexique a connu une expérience similaire dans une période similaire. Il a en effet réexaminé son système de santé et la manière de s’attaquer aux causes profondes de la mauvaise santé.

Parmi les défis que nous partageons, il faut compter comment nous nous y prenons vraiment pour délivrer des soins de santé aussi efficacement que possible et pour amener différentes autorités à travailler ensemble afin de valoriser ce que chacune peut apporter au lieu de se lamenter sur les tensions qui empoisonnent trop souvent leurs relations.

Il y a quelque temps, j’ai participé à un projet avec FIOCRUZ à Rio de Janeiro. J’y ai visité une des favelas de la ville avec l’un des maires. Il commentait les difficultés qu’ils ont eu à construire une école – ils construisaient l’école et, peu de temps après, elle était vandalisée et démolie. Le gouvernement, avec toute sa bonne volonté, était arrivé et avait construit des installations importantes, mais sans mobiliser les gens qui allaient s’en servir.

Dans d’autres lieux, j’ai vu les représentants du gouvernement parler avec la communauté, en amont du projet, de ce qui était nécessaire, inclure les idées des gens dans la conception et inviter les enfants à décorer l’école. Ces écoles étaient mieux acceptées et avaient une meilleure chance de fonctionner et de s’intégrer à la communauté.

Dans ce type de situation qui paraît pourtant simple, on rencontre un grand nombre des défis et des solutions nécessaires à la réussite dans le domaine de la santé publique. Aux niveaux les plus élémentaires, nous identifions les problèmes, nous recherchons leurs causes profondes et nous travaillons avec les personnes les plus proches de ces problèmes pour soutenir les solutions et les adapter. Et à chaque degré au-dessus de celui de la communauté – qu’il s’agisse de l’état, de la province, de la municipalité, du territoire ou de l’administration fédérale, à chaque fois, nous devons apporter une nouvelle couche de valeur et contribuer au processus plutôt que l’entraver.

J’ai fini par adopter cette perspective grâce à la carrière qui a été la mienne : d’abord comme médecin clinicien puis comme administrateur local de la santé publique en Ontario, comme médecin hygiéniste en chef en Saskatchewan et enfin comme premier administrateur en chef de la santé publique du Canada.

L’une des choses que j’ai apprise, c’est que pour réussir, la santé publique doit respecter les frontières, la politique et les autorités, mais elle ne doit pas être limitée par elles. Les problèmes infectieux ou sociaux que nous rencontrons ne respectent pas les territoires et ne s’arrêtent certes pas aux frontières. Ils affectent des communautés et des populations entières, et donc les solutions doivent s’inscrire dans les mêmes perspectives. Ces problèmes ne nécessitent pas seulement des actions locales, mais aussi une prise en main nationale et internationale.

Même si certaines personnes, qui disposent d’une autorité individuelle, vont chercher avec raison à défendre leur pré carré, mon expérience me permet de dire que parfois, dans le domaine de la santé publique, nous devons non pas sacrifier notre autorité mais la partager.

Parfois, nous devons renoncer à une parcelle de notre autonomie pour mieux réussir. Cela fonctionne mieux de cette façon. Comme l’a dit Samuel Johnson il y a des siècles, [traduction] c’est extraordinaire ce qu’on peut accomplir quand on n’est pas obligé de féliciter quelqu’un.

Bien sûr, tout cela n’est pas vraiment nouveau, mais parfois, à force de ne pas utiliser nos connaissances ou les leçons que nous enseigne l’histoire, nous les oublions... jusqu’à ce que quelque chose arrive, qui nous rappelle pourquoi nous en avons eu besoin au départ.

Le SRAS au Canada

C’est ce qui s’est passé au Canada en 2003, avec la crise du syndrome respiratoire aigu sévère – ou SRAS, une maladie infectieuse alors encore mystérieuse qui était apparue en Chine l’année précédente.

Finalement, environ 8 500 personnes dans le monde ont été diagnostiquées comme porteuses probables du virus du SRAS, et 900 en sont mortes, dont 44 au Canada. En dehors de l’Asie, le Canada a été le pays le plus durement touché par le SRAS – et nous n’y étions pas du tout préparés.

Quarante-quatre morts, cela peut sembler peu par rapport à ce qui aurait pu arriver et à ce qui arrive dans le monde entier. Mais au Canada, cela a sonné l’alarme.

Cet événement a battu en brèche la confiance des gens dans la capacité du gouvernement à offrir la protection la plus élémentaire.

Il a aussi eu des effets négatifs sur l’économie. Les gens ont cessé de venir au Canada, des conférences ont été annulées et même des secteurs situés à des milliers de kilomètres de Toronto, où s’étaient déclarés les cas de SRAS, en ont subi les conséquences. Même l’industrie des mollusques et crustacés de l’Île-du-Prince-Édouard s’est effondrée, à cause de la chute du marché de la restauration de Toronto.

L’épidémie a mis en lumière les faiblesses et les forces de notre système de santé publique.

D’un côté, nos laboratoires ont rapidement identifié le virus et communiqué les données à son sujet. Nos professionnels de la santé ont été absolument héroïques en travaillant dans des conditions extrêmement difficiles – un grand nombre d’entre eux sont tombés malades et trois sont décédés.

La nécessité de travailler dans l’intérêt du public, sans considération de frontières ou d’autorité, a été reconnue – et chacun a agi en conséquence.

D’un autre côté, nous avons constaté le manque de capacités de notre système de santé pour faire face à des urgences médicales majeures. Des presssions sans précédent se sont excercées sur notre système de santé tout entier, pour qu’il maîtrise l’épidémie, exerce sa surveillance, assure la gestion de l’information et prévienne l’infection.

Mais tout le monde n’a pas coopéré, et une défaillance dans la communication d’informations, entre autres, a incité l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à mettre Toronto sur la liste des destinations présentant un risque pour la santé.

Au fil du temps, l’épidémie a aussi contribué à révéler l’importance de la meilleure défense qui soit contre n’importe quelle urgence médicale : il s’agit tout simplement d’une population en bonne santé et résistante. Quasiment toutes les personnes mortes du SRAS avaient des problèmes de santé sous-jacents. Le besoin de renforcer la résistance de nos communautés, pas seulement face à des épidémies infectieuses mais face à n’importe quelle menace pour la santé, a été mis en lumière.

Le SRAS a pu faire autant de dégâts parce que notre système de santé avait été négligé depuis des années. Il a été négligé, en dépit de notre histoire, plutôt riche en avancées en matière de santé publique et de promotion de la santé. En 1974, le rapport décisif de notre ministre de la Santé de l’époque, Marc Lalonde, nous a amené à réfléchir, en tant que pays, à la santé de la population et au fait qu’un bon système de santé publique va beaucoup plus loin qu’un bon système de soins de santé.

Un peu plus de dix ans après ce rapport, le ministre de la Santé Jake Epp en a publié un autre, qui ciblait les déterminants et les approches plus larges de la santé. Ce rapport soulignait de manière plus approfondie les causes profondes de la mauvaise santé et montrait que ces causes ne résident pas seulement dans les choix que nous faisons mais aussi dans les conditions de vie qui guident ces choix.

Ces deux rapports ont été essentiels pour nous. Sont venus s’y ajouter la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé, établie après la 1re conférence internationale de l’OMS pour la promotion de la santé, et, pendant les années 90, une série de rapports et de comités qui ont tous apporté leur pierre à notre base de connaissances et d’expériences dans ce domaine.

Mais comme je l’ai déjà mentionné, il est vraiment dans notre nature d’oublier ce que nous n’utilisons pas.

D’après un vieux dicton, tant que les Juifs se souvenaient de Dieu, ils prospéraient, mais quand ils prospéraient, ils oubliaient Dieu.

Je n’évoque pas ce dicton sur un plan religieux… le fait est que, lorsque nous souffrons et que nous sommes dans le besoin, nous luttons pour trouver des solutions. Et une fois que nous sommes rétablis, que nous prospérons de nouveau, nous avons tendance à oublier ce qui nous a permis de réussir.

Création de l’Agence

Ainsi, le SRAS nous a aidés à nous souvenir. Il nous a montré que les capacités de la santé publique et les solutions qu’elle proposait étaient inégales dans le pays…, que nos capacités d’intervention en cas d’urgence étaient limitées…, que la santé publique ne remplissait pas réellement son rôle de chef de file et que les processus de décision n’étaient pas toujours clairs…, et que, dans bien des cas, nous oubliions les bases d’une bonne santé publique.

L’une des nombreuses recommandations émises dans un rapport très important qui examinait la manière dont le Canada avait géré la crise du SRAS était qu’il fallait une organisation ou agence pour prendre la responsabilité des questions de santé publique au niveau fédéral – organisme que certains évoquaient sous la dénomination CDC du Nord (version canadienne du Central for Disease Control américain).

Ainsi, en 2004, le gouvernement du Canada a créé l’Agence de la santé publique du Canada pour, entre autres, prendre la tête des questions de santé publique au niveau fédéral et encourager les nombreux acteurs de la santé publique du pays, souvent très différents et éloignés, à travailler ensemble.

L’Agence devait notamment améliorer le système et garantir que nous apporterions la meilleure expertise ou ressource possible pour faire face à un problème où qu’il apparaisse.

Au même moment, le poste que j’occupe actuellement – Administrateur en chef de la santé publique du Canada – a été créé, avec le statut d’un sous-ministre, pour conseiller le ministre et diriger l’Agence de la santé publique.

Mais l’administrateur en chef de la santé publique occupe également un rôle unique au Canada et peut-être dans le monde, car il communique, indépendamment du gouvernement, directement avec les Canadiens sur les questions importantes de santé publique, chaque fois que cela est nécessaire et aussi par un rapport annuel sur l’état de la santé publique. Le tout premier rapport vient d’ailleurs d’être publié – j’en parlerai plus en détail dans un moment.

Très peu de temps après ces changements, tous les ministres de la Santé canadiens – fédéral, provinciaux et territoriaux – ont créé le Réseau pancanadien de santé publique.

Ce réseau représentait une nouvelle approche au Canada et j’aimerais y passer un peu de temps, car il a été extrêmement précieux.

Le Réseau de santé publique

Le Réseau de santé publique est un mécanisme qui propose aux différents ordres de gouvernement et aux experts une nouvelle manière de travailler ensemble pour améliorer la santé publique au Canada.

Il s’agit d’un outil qui améliore la collaboration entre les différentes autorités, pour nous maintenir tous au même niveau et nous faire travailler vers les mêmes objectifs, en associant les politiques et la pratique.

Le Réseau est un moyen de nous aider à naviguer dans les eaux troubles des différentes instances en les amenant toutes au même endroit pour discuter des mêmes questions de santé publique. Cette action est vitale car, comme dans le système des états au Mexique, les provinces du Canada gèrent elles-mêmes la plus grande partie des services de soins de santé.

La réussite du Réseau tient pour une grande partie dans le simple fait que sa structure intègre la notion de base selon laquelle la santé publique reflète d’abord la force de la collectivité. Nous avons tous un rôle individuel à jouer, mais comme dans un sport d’équipe, la santé publique a besoin que chacun joue son rôle avec les autres.

Je suis co-président du Conseil du Réseau avec le médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique. Le Conseil est composé d’un sous-ministre provincial ainsi que des hauts représentants de la santé publique de chaque province ou territoire. Le Conseil réunit aussi un certain nombre de comités techniques et de comités d’experts qui coordonnent l’ensemble des questions de santé publique.

Le Réseau relève de la Conférence des sous-ministres, où je siège, et si nécessaire, de la Conférence des ministres.

Cette organisation permet une coordination inter-gouvernementale sur les lignes directrices et les programmes tout en présentant des politiques et d’autres conseils aux ministres.

Le Réseau ne nous aide pas seulement à partager nos connaissances et à développer des pratiques exemplaires, mais aussi à élaborer des politiques.

Le Réseau a été créé à la fois pour coordonner les actions en cas d’urgence de santé publique et pour traiter les questions quotidiennes de santé – comme l’obésité, les maladies chroniques, les blessures, les maladies infectieuses et ainsi de suite.

Comme l’Agence, le Réseau traite de la coordination fédérale-provinciale-territoriale de l’évaluation de la santé de la population, de la surveillance, de la promotion de la santé, de la prévention des maladies et des accidents, de la protection et des mesures et des interventions d’urgence.

Le Réseau est vraiment l’une de nos plus grandes réussites. Avant le SRAS, quelques comités consultatifs tenaient ce rôle mais bien sûr, ils ne pouvaient que donner des conseils. Avec le Réseau, nous sommes passés du conseil à l’action.

Alors qu’autrefois il était très difficile d’inscrire les questions de santé publique à l’ordre du jour des réunions ministérielles, aujourd’hui elles sont discutées régulièrement par les ministres. La santé publique a reçu beaucoup plus d’attention quand nous avons redécouvert qu’elle était le premier bien public de l’action du gouvernement sur la santé.

Aussi importants que soient l’assurance santé et les soins de santé, ils ne remplacent pas – et s’ils le faisaient, cela reviendrait très cher – une bonne santé publique.

La santé publique est également prise en compte dans des secteurs qui lui sont extérieurs – par exemple, l’administrateur en chef de la santé publique participe aux rencontres sur la sécurité nationale avec d’autres sous-ministres.

Ce changement s’est aussi fait sentir au niveau international, où la santé publique du Canada s’exprime désormais d’une seule voix pour travailler au renforcement des partenariats et à l’élaboration de nouvelles voies de collaboration.

L’ASPC à l’international, les maladies infectieuses et le travail avec le Mexique

Voilà l’une des leçons les plus importantes et durables du SRAS. Une maladie infectieuse qui se déclare dans un autre pays, qu’il soit notre voisin ou à l’autre bout du monde, peut devenir rapidement notre problème.

Sans défenses appropriées et sans communications de l’information, une maladie infectieuse n’aura besoin que du temps nécessaire à un passager de parcourir la distance en avion pour se retrouver à notre porte.

Sur le plan interne, nous avons renforcé nos outils de détection précoce, de surveillance des maladies et de suivi des maladies infectieuses.

Nous avons un accord de principe avec nos provinces pour diffuser les informations en cas d’urgence de santé publique et cet accord sera officialisé dans les prochains mois.

Nous nous entraînons pour répondre aux urgences, mais il arrive que nous soyons confrontés à la réalité. Par exemple, il y a tout juste quelques mois, nous avons eu un incident dans un train qui nous a fait penser à une nouvelle maladie infectieuse grave importée.

Heureusement, il ne s’agissait pas de cela. Mais le plus important, c’est que les trois niveaux d’autorité ont travaillé ensemble, rapidement et ouvertement.

Nous sommes aussi en train d’élaborer des accords officiels avec toutes les provinces pour partager les données de la surveillance de routine des maladies. Nous n’avons pas de problème pour les obtenir à l’heure actuelle, mais des accords conforteront cette situation pour l’avenir.

Nous avons également des projets d’accords sur une aide mutuelle et sur les rôles et responsabilités de chacun pendant une épidémie.

En outre, dans notre Plan de lutte contre la pandémie dans le secteur de la santé, nous avons conçu des lignes directrices sur des mesures de santé publique comme la quarantaine, les mesures à l’intention des voyageurs, les fermetures d’écoles et l’annulation des rassemblements publics – en fonction de la phase de la pandémie où on se trouve.

Au niveau international, nous avons eu la chance de participer à l’expression d’une nouvelle volonté de coopération et de partenariat.

Avec le Mexique et d’autres pays, nous sommes partenaires de l’Initiative de sécurité sanitaire mondiale.

Et nous sommes heureux d’avoir signé récemment la Déclaration d’aide mutuelle avec le Mexique et les États-Unis – il s’agit essentiellement de renforcer la coordination et la coopération transfrontalières en périodes d’urgence. C’est le signe d’un désir, en tant que voisins, de travailler ensemble et de s’aider en cas d’urgence.

Nos deux pays sont aussi partenaires au sein de l’Association internationale d’agences nationales de santé publique (AIANSP) – qui s’est révélée très utile. Il s’agit d’un lieu de discussion, en dehors de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) ou de l’OMS, qui rassemble des pays à tous les niveaux de développement pour évoquer les questions de santé publique et s’entreaider pour mettre en place des institutions de santé publique.

Les états et les provinces, ainsi que les universités et les organisations non gouvernementales (ONG), ont tous des activités et des partenariats internationaux importants. Cependant, il est vital que les administrations fédérales soient capables d’avoir un seul discours quand elles représentant leur pays au nom de toutes les composantes de leur santé publique.

Par exemple, la province de la Colombie-Britannique est signataire d’un accord de l’OMS sur l’activité physique parce qu’elle y trouve un intérêt très vif et qu’elle a pris des mesures particulières, sous sa propre autorité, sur cette question. Mais cela fait partie d’une approche nationale et il demeure important que le pays soit capable de s’exprimer d’une voix claire et cohérente sur les questions de santé publique.

Leadership, coordination, coopération entre secteurs – la valeur ajoutée fédérale

La santé publique reste, par nature, une activité locale. Les gens vivent et sont en bonne santé ou pas, localement. Les catastrophes et les épidémies se produisent au niveau des communautés; elles peuvent survenir dans de nombreuses localités en même temps ou même dans de nombreux pays, comme dans le cas d’une pandémie ou d’un ouragan, mais elles n’en restent pas moins une succession d’événements locaux.

Mais il est important qu’aucun niveau ne se sente isolé lorsqu’il est confronté à des problèmes ou des urgences de santé publique, ou autres. Au Canada, en cas d’urgence, chaque ordre de gouvernement offre son aide aux autres si les problèmes s’aggravent au point de déborder leur capacité de les gérer ou de les contenir.

La province s’implique lorsqu’un problème déborde les capacités de gestion locale ou s’il se répand au-delà des frontières locales. L’administration fédérale intervient dans des circonstances semblables, quand la province a besoin d’aide pour faire face ou si le problème dépasse les frontières provinciales.

Le système tout entier a besoin d’être connecté du niveau local vers le niveau régional puis vers celui de l’état ou de la province, jusqu’à l’échelon fédéral… et ainsi de suite jusqu’au niveau international – tout comme les états ou les provinces ne doivent jamais avoir l’impression d’être seuls et isolés lorsqu’ils font face à des problèmes, de même les pays doivent sentir qu’ils ne sont pas seuls.

Cependant, à chaque niveau, une valeur ajoutée doit être offerte, qu’il s’agisse d’une expertise spécialisée, de services de laboratoires, de ressources, d’équipes ou de coordination et de liaison.

Au Canada, la plus grande partie de nos progrès provient de notre volonté de dépasser le secteur traditionnel de la santé publique gérée par les gouvernements et d’inclure les contributions de la société civile.

Cette volonté a aussi contribué à légitimer les décisions de l’administration fédérale et a élargi notre base de recherche et de connaissances.

Elle a eu un effet important sur notre capacité à progresser sur un éventail de concepts de programmes et de politiques, du VIH-SIDA au développement dans la petite enfance, en passant par notre réussite la plus éclatante et la mieux mesurable, la baisse de la tabagie.

Donc, même si le secteur de la santé publique reste le seul domaine de l’administration fédérale qui édicte encore des lois et des réglementations, au Canada il nous a été beaucoup plus facile de réussir en étendant les réseaux de la santé publique aussi loin que possible dans la société toute entière, depuis les professionnels de la santé jusqu’aux inspecteurs, aux éducateurs et aux universitaires, aux organisations communautaires, au secteur bénévole, aux ONG, aux organisations internationales, aux groupes de réflexion, aux médias, aux employeurs, au secteur privé, et ainsi de suite.

Loin de se cantonner au simple rôle de pourvoyeur de fonds, l’administration fédérale, et parfois elle seule, peut apporter au système le genre de valeur ajoutée qui consiste à offrir à la santé publique une voix coordonnatrice, primordiale, capable d’associer les compétences et les secteurs, aux niveaux national et international.

Au-delà de cela, il y a aussi une logique sur le plan budgétaire, dans le fait que l’administration fédérale finance certaines compétences qui peuvent être partagées par toutes les autorités.

L’Agence de la santé publique finance, par exemple, une Réserve nationale de secours. Ce système est constitué de petits stocks de fournitures et d’outils médicaux d’urgence qui peuvent être déployés pour soutenir les services de soins de santé locaux ou d’autres services en cas d’urgence.

Nous avons des Équipes d’intervention sanitaire d’urgence qui peuvent aider les professionnels locaux de la santé en cas de crise médicale.

Nous avons des Centres nationaux de collaboration qui diffusent des informations sur un éventail de questions de santé publique, de la santé des Autochtones aux inégalités en matière de santé.

Et la pierre angulaire de notre travail sur les maladies infectieuses est notre Laboratoire national de microbiologie de niveau 4.

Tous ces systèmes, et plus encore, sont les ressources que l’administration fédérale doit logiquement financer. Il y a toujours des investissements d’intérêt général, comme ceux-ci, qui devraient être partagés au niveau national.

Les réformes au Mexique, les réussites de ces dernières années

Mon objectif n’est certainement pas de me présenter devant vous et de parler uniquement de ce que le Canada a fait et réalisé. Nos réussites et nos échecs sont uniques car ils s’inscrivent dans notre culture, notre environnement politique et nos particularités structurelles.

Cependant, d’après mon expérience, il est rare que les situations que nous rencontrons et la sagesse que nous en retirons nous soient réservées ou soient réservées à notre époque.

Donc je me suis intéressé aux réformes instituées et aux progrès réalisés au Mexique ces dix dernières années.

À la lecture de votre Stratégie nationale de promotion et de prévention pour une meilleure santé, il est facile de voir que nous avons un grand nombre de défis et d’objectifs en commun. De nombreux problèmes comme les inégalités croissantes en matière de santé, l’augmentation de la sédentarité de la population et du problème de l’obésité, du diabète et des autres maladies chroniques se rencontrent aussi au Canada.

À l’autre extrémité de la chaîne, nous avons des objectifs sanitaires et sociaux à long terme très similaires qui vont de la promotion d’une bonne santé et d’une bonne hygiène à la prévention de ce qu’il est possible de prévenir, à la création de capacités transversales entre autorités en santé et en santé publique, à la découverte de solutions qui dépassent les limites des secteurs, à l’investissement dans le développement des enfants et à l’élimination des inégalités en matière de santé.

Même si aucun pays n’est parfait, et je sais que vous, comme nous, avez encore beaucoup à faire, la liste des réussites du Mexique ces dernières années est impressionante.

Vous avez réussi à abaisser le nombre de foyers privés d’eau potable de 50 p. 100, ce qui est un des objectifs de développement du millénaire, et vous atteindrez d’ici 2015 celui de la réduction de deux tiers de la mortalité infantile – en grande partie grâce à des stratégies de contrôle des maladies infectieuses.

Les campagnes de vaccination et les actions d’amélioration des conditions de vie ont porté leurs fruits et contribué à prévenir de nombreuses maladies infectieuses.

Votre Seguro Médico para una Nueva Generación (assurance santé pour une nouvelle génération) est un modèle pour d’autres pays – faire la promotion de la santé des enfants en soutenant leur potentiel physique et intellectuel… en abaissant la mortalité infantile… en allégeant le fardeau de la maladie et du handicap… et en améliorant la santé des familles les plus modestes.

Nous savons que les investissements dans les premières années de vie rapportent énormément par la suite et, dans cette optique, les approches citées ci-dessus sont vitales. Dans le contexte canadien, nous estimons qu’un dollar dépensé dans les premières années en économise environ 9 plus tard, dans tous les domaines, de la santé à l’aide sociale, en passant par les frais de justice.

Votre capacité à déployer des mesures d’urgence en cas de catastrophe s’est graduellement améliorée, vos systèmes de surveillance des épidémies sont renforcés et vos capacités en matière de laboratoires s’étendent.

En à peine quelques années, le Mexique est passé d’une situation où des millions de familles sans aucune assurance étaient confrontées à une catastrophe économique, à celle d’un pays sur le point d’offrir une couverture de soins de santé universelle.

L’autre jour, je lisais un article intéressant sur le poids des maladies dans ce pays, et l’auteur expliquait à quel point il est important que le Mexique fasse état du poids des maladies au niveau infranational. Cela reflète la réalité de ce pays –aussi bien que de mon propre pays – c'est-à-dire, que dans la plupart des cas, ce sont les autorités provinciales ou étatiques qui sont directement chargées de la délivrance des services de santé.

Mais l’information locale seule, gérée localement, ne suffit pas. C’est le plus souvent lorsque nous rassemblons et que nous analysons les données sur un plan national que nous comprennons mieux le schéma de la maladie et les causes et solutions possibles.

Le Mexique peut aller dans cette direction grâce à ses investissements dans des systèmes statistiques de haute qualité. La limite réside dans le fait que l’on peut rencontrer des difficultés à résoudre ce qu’on ne peut mesurer.

Inégalités, promotion de la santé, rapport annuel de l’ASPC

Mais alors que la santé au Mexique s’améliore d’une manière générale, comme au Canada, tout le monde ne profite pas de manière égale de ces améliorations.

Si on prend le panorama national général, le Mexique est dans une phase de transition économique, ce qui signifie également une période de changement épidémiologique. Donc le Mexique doit faire face à un double fardeau en matière de maladies – à la fois les menaces de maladies infectieuses propres aux pays moins développés et les maladies de l’abondance rencontrées dans les pays industrialisés.

Et l’une des inquiétudes croissantes concerne les inégalités sociales et celles en matière de santé.

Les différences bien connues entre les statuts socio-économiques et l’état de santé des personnes, disons, des états du sud du Mexique et de la ville de Mexico, ou entre les membres des Premières Nations dans les réserves et les banlieusards de Toronto ne concernent pas seulement les individus là où ils habitent. Les inégalités en matière de santé retardent un pays tout entier et l’empêchent d’atteindre la meilleure santé et la meilleure prospérité possibles.

La promotion de la santé, associée à la prévention des maladies, à la protection en matière de santé et au renforcement des capacités, est l’un des piliers principaux de l’activité de l’Agence de la santé publique du Canada. Il s’agit, sans aucun doute, de l’un des domaines de la santé publique dont il est le plus difficile de mesurer l’importance – mais en même temps, il s’agit de l’un des plus importants et des plus motivants, qui touche aux racines et à l’origine de la santé publique en tant qu’« efforts concertés déployés par une société pour améliorer la santé et le bien-être de la population, et réduire les inégalités en la matière ».

Promouvoir la santé est vital pour la santé publique et met nos populations au défi de reconnaître les interconnexions entre la santé physique, la santé mentale et les conditions sociales, environnementales, politiques et économiques.

L’année dernière, le Canada a eu la chance d’accueillir la 19e Conférence mondiale de promotion de la santé et d’éducation pour la santé. Et dans mon discours de clôture, j’ai déclaré à l’assemblée que la réflexion sur la promotion de la santé doit être au cœur de la santé publique et doit se refléter dans tout ce que nous faisons.

De plus, si les institutions et les organismes gouvernementaux de santé publique à tous les niveaux ne s’impliquent pas activement dans la promotion de la santé et dans la recherche pour créer les conditions et les possibilités qui permettront à notre population d’accéder à une santé réelle et totale… eh bien, si nous ne le faisons pas, qui le fera?

Dans la même veine, il y a tout juste quelques semaines, j’ai publié mon premier rapport annuel sur l’état de la santé publique au Canada – la loi m’y oblige chaque année et c’est un moyen de traiter des questions importantes de santé publique à la fois avec nos élus et directement avec le public.

Les inégalités en matière de santé sont un défi énorme pour la réussite générale de notre pays et, en réfléchissant aux racines historiques de la santé publique, j’ai choisi d’orienter ce premier rapport sur elles.

J’ai essayé de montrer très clairement dans le rapport comme il est facile de se laisser prendre au jeu des moyennes – par exemple, le niveau moyen de la santé, ou celui de l’éducation ou de la richesse en moyenne, alors que ces moyennes masquent en réalité des détails très importants. Nous devons nous intéresser aux personnes que nous avons laissées en arrière dans notre course au progrès…celles qui ont des revenus faibles, les sans-abris, celles qui vivent dans les rues, celles qui sont isolées, illétrées ou qui ne savent pas si elles mangeront le lendemain.

Je crois qu’en tant que pays, notre niveau de santé se mesure à l’aune de la personne qui a la moins bonne santé parmi nous.

Et même s’il est évidemment important que nous traitions les problèmes de revenus, nous devons aller plus loin que cela – le problème n’est pas seulement un problème de pauvreté économique ou d’argent. La pauvreté est un amalgame de privations. Nous devons comprendre et traiter l’ensemble des déterminants sociaux de la santé.

En regardant le programme de possibilités du Mexique, je constate qu’une chose aussi simple que d’offrir une assistance aux mères et aux familles pour améliorer la nutrition et l’éducation est une combinaison intéressante de programmes, car elle va plus loin que de distribuer de l’argent. Il s’agit de s’impliquer dans des possibilités réelles d’améliorer la santé.

En dehors de la satisfaction des besoins de base, nous savons que le fait d’avoir l’impression de pouvoir influencer le cours des choses, d’avoir un sentiment de maîtrise et d’espoir, et d’être relié à la communauté – ceux que nous aimons et qui nous aiment – fait la différence entre une santé satisfaisante et une santé et un bien-être excellents. Ce genre d’idées porteuses de changement, si nous les abordons correctement, peuvent faire une vraie différence dans le domaine des inégalités en matière de santé.

Cependant, ce sont les sociétés tout entières qui doivent faire le choix de combler les failles qui se creusent entre nous et qui doivent passer à l’action dans ce sens. Il s’agit de choisir la société que nous voulons bâtir : soit une société qui ignore les causes sous-jacentes et essaie de résoudre les problèmes individuels au fur et à mesure qu’ils apparaissent, et alors c’est comme colmater une brèche qui se rouvre un peu plus loin… ou une société qui comprend qu’en aplanissant le terrain et en élevant le statut des plus défavorisés nous faisons vraiment des percées en matière de prévention non seulement des problèmes de santé mais aussi de bien d’autres problèmes sociaux.

Mon rapport n’essaie pas d’être directif mais tente plutôt de mettre en valeur des actions menées dans tout le Canada et sur le plan international, que nous pouvons reproduire et adapter ailleurs, et également de pousser à la réflexion pour encourager le dialogue sur ce à quoi nous aspirons et comment nous pourrions y parvenir.

Mais il est clair que les solutions de demain résident dans la combinaison de plusieurs éléments.

Encourager la volonté et le leadership collectifs en établissant une reconnaissance de l’importance de la santé publique, réduire les inégalités et explorer les solutions possibles…

Par exemple, réduire l’impact de la pauvreté infantile grâce à un ensemble de politiques sur le revenu, à l’apprentissage et au développement de l’enfance, et à des interventions ciblées sur des familles à faibles revenus.

Et, tout simplement, renforcer et soutenir les communautés et leurs activités – en aidant les gens sur le terrain qui sont au plus près des problèmes, là où tous les secteurs convergent.

Comme par le passé, notre réussite dans la lutte contre les inégalités en matière de santé reposera sur notre capacité de toujours dépasser le simple secteur de la santé et le champ d’action fédéral. Tous les secteurs, de la santé au transport, en passant par les finances, le logement et autres, toutes les compétences, les organisations communautaires, les organisations non gouvernementales et les personnes …nous avons tous un rôle à jouer.

Par exemple :

Il y a cent ans, au Canada, il n’y avait pas de régime de retraite public et les personnes âgées avaient plus de risques d’être défavorisées sur le plan économique que les autres citoyens.

La pension fédérale de la sécurité de la vieillesse a été instituée dans les années 50 environ... Le régime de pension du Canada et le régime de rentes du Québec ont suivi dans les années 60…À ces derniers se sont ajoutés au fil des ans le Supplément de revenu garanti fondé sur un examen du revenu, l’Allocation au conjoint, l’Allocation au survivant et les suppléments de revenu provinciaux et territoriaux.

Grâce à tout cela, au fur et à mesure que notre système public de pensions a mûri, nous sommes passés du taux le plus élevé de personnes âgés économiquement défavorisées de tous les pays industrialisés à l’un des taux les plus faibles.

Un autre exemple se déroule actuellement au centre de Vancouver. Il n’y a pas longtemps, Vancouver a déclaré une urgence de santé publique dans le quartier du Downtown Eastside – drogues, violence, prostitution, taux épidémique d’infection par le virus du VIH… un milieu instable s’était créé au fil du temps et les habitants se sentaient menacés et impuissants.

En participant à un accord tripartite entre les gouvernements municipal, provincial et fédéral qui associait l’expertise et les services gouvernementaux au travail des habitants, des groupes communautaires et des entreprises, Vancouver a pu commencer à changer le cours des choses.

Nous relevons des taux plus bas de décès dus à la consommation d’alcool et de drogues, au VIH-SIDA et au suicide… Nous constatons un meilleur accès aux services de santé grâce à l’ouverture de quatre nouvelles cliniques médicales dans la communauté… Nous avons étendu les services de traitement des toxicomanies et créé un programme d’intervention de crise pour les jeunes après les heures normales… Il y a plus d’emplois pour les jeunes de la rue dans les hôtels de la ville, un centre mobile de services sociaux ouvert après les heures normales pour les travailleuses du sexe pour leur permettre d’échapper à la violence et aux mauvais traitements – pour l’essentiel, une communauté plus saine est lentement en train de voir le jour grâce à la contribution de chaque ordre de gouvernement et de chaque secteur de la société.

En 2005, l’accord a été renouvellé pour une nouvelle période de cinq ans et des ententes de développement urbain similaires sont en cours de réalisation dans plusieurs autres villes.

Nous avons également connu des réussites avec le Programme d’action communautaire pour les enfants, financé par le gouvernement fédéral, qui soutient les groupes et les coalitions communautaires en offrant des programmes qui répondent aux besoins de santé et de développement des enfants qui vivent dans des conditions à risque élévé. L’élément clé de ce programme réside dans la reconnaissance du fait que les collectivités sont mieux placées que quiconque pour répondre aux besoins des enfants, et donc nous mettons plus d’efforts à renforcer les partenariats et la capacité des communautés d’offrir ce genre de programmes.

Un dernier exemple, si vous voulez bien, est celui du Projet sur les soins primaires à Eskasoni. Une communauté de près de 3 000 Mik’maq – l’une des Premières nations autochtones du Canada – a décidé de gérer ses propres services de soins de santé.

Un comité directeur constitué du conseil de bande local d’Eskasoni, des ministères de la Santé provincial et fédéral, et d’une université locale a supervisé le projet.

Les résultats? Un nouveau centre de santé a été construit. Les procédures de tenue de dossier ont été simplifiées. On a une meilleure qualité des soins, une diminution des coûts, un meilleur accès aux services et l’accroissement du taux de satisfaction. Quatre-vingt seize pour cent des femmes enceintes sont suivies au sein de la communauté avant et après la naissance de l’enfant. Le nombre de patients aiguillés par les médecins vers un nutritionniste ou un éducateur en santé pour soigner le diabète a augmenté de 850 %.

Ce sont là à peine quelques exemples des réussites que nous obtenons lorsque nous faisons travailler ensemble les instances et les communautés que nous cherchons à aider. Est-ce toujours facile à faire? Bien sûr que non. En fait, ça l’est rarement. Mais quand nous y parvenons, ces efforts sont plus que justifiés.

L’avenir de l’ASPC – où allons-nous maintenant?

La publication de mon rapport annuel a eu lieu juste après celle du premier Plan stratégique de l’histoire de l’Agence de la santé publique du Canada, et ensemble, ces deux documents symbolisent l’entrée dans la maturité de notre Agence. À bientôt quatre ans, nous ne sommes plus « des petits nouveaux ». Donc, où allons-nous maintenant?

La santé publique n’est jamais statique. Elle évolue constamment avec son public. L’artiste japonais Okakura Kakuzo a dit : [traduction] « l’art de la vie consiste en un réajustement constant à notre environnement » - et c’est de cette manière que nous devons approcher la gestion de la santé publique et la délivrance des soins.

Pendant l’année à venir, l’Agence de la santé publique du Canada va se prêter à une série d’exercices internes destinés à vérifier que nos ressources humaines, nos dépenses, l’orientation de nos programmes – tout ce que nous faisons – soutiennent nos priorités en tant qu’Agence, les priorités du gouvernement et les besoins du public canadien.

Nous travaillons aussi en permanence non seulement sur le renforcement de nos capacités internes et dans tous les bureaux régionaux du pays, mais aussi sur l’aide que nous pouvons apporter pour renforcer les capacités de santé publique en dehors de l’Agence et dans tout le système canadien – c’est l’une des raisons de notre existence.

Pour nous permettre d’atteindre cet objectif, nous avons lancé il y a peu le Service de la santé publique du Canada. Il s’agit en substance d’un programme de recrutement d’experts de la santé publique au sein de l’Agence, mais que nous déployons auprès d’autorités et de secteurs géographiques où on a besoin d’eux. De cette façon, nous essayons d’aider les provinces et les régions à renforcer leur capacité en santé publique.

Nous avançons également sur les nouvelles initiatives de mobilisation du public pour mieux faire participer la population au processus décisionnel. La communication sur les risques nous enseigne que les gens acceptent mieux des décisions sur lesquelles ils ont leur mot à dire. Et l’histoire de la santé publique nous montre, bien sûr, que les gens sont en meilleure santé lorsqu’ils peuvent exercer une certaine influence sur leurs propres affaires et sur leur avenir.

Donc, nous sommes en train d’élaborer un nouveau cadre de mobilisation de la population qui respecte les gens et prend leur avis en compte pour étayer les futures décisions sur la santé publique.

Toutes les actions que nous avons entreprises visent à nous recentrer, à réaligner nos ressources, à rester pertinents au cœur des changements apportés aux priorités du public et du gouvernement, et à faire du mieux possible, de manière aussi efficace et aussi efficiente que possible, pour protéger et promouvoir la santé de la population.

Conclusion

Merci encore de votre invitation. Un proverbe latin dit qu’on doit toujours laisser quelqu’un allumer son feu au sien – les échanges et les discussions ont une valeur inestimable, car je crois que chaque pays participant apprend de l’autre et je rapporterai au Canada ce que je vais apprendre ici.

Je sais que l’administration mexicaine actuelle est très soucieuse d’obtenir des résultats et qu’elle cherche à instaurer un sentiment de responsabilisation à l’égard des dépenses et à s’assurer que les programmes et les activités correspondent pleinement à l’argent versé par les contribuables. L’administration fédérale canadienne actuelle est dans le même état d’esprit. Je suis donc impatient de voir comment vous évaluez les progrès de votre planification et de vos objectifs. Le Canada n’a pas vraiment su mesurer l’efficacité de ses investissements sociaux au fil des ans, aussi les expériences que vous menez seront très instructives pour nous.

Je terminerai avec deux citations du poète Henry Van Dyke.

La première dit qu’[traduction]« il existe une ambition supérieure à celle de vouloir se tenir au-dessus du monde. C’est de s’arrêter et de faire s’élever l’humanité un peu plus haut ».

La deuxième est une observation : [traduction] « La forêt serait bien silencieuse si seuls les oiseaux qui chantent le mieux s’y faisaient entendre ».

Nous avons tous un rôle à jouer. Je parle souvent de la santé publique comme d’un sport d’équipe. Un grand nombre d’expertises et de perspectives, et un grand nombre de pays participent à notre réussite.

Merci, muchas gracias.