NOM: Helicobacter pylori
SYNONYME OU RENVOI : Appelé Campylobacter pylori avant 1989(1), gastrite chronique, ulcère gastroduodénal.
CARACTÉRISTIQUES: La bactérie extracellulaire H. pylori, qui fait partie de la famille des Helicobacteraceae, est un bacille Gram négatif microaérophile et mobile, et il s’agit de la seule espèce du genre Helicobacter à posséder plusieurs flagelles unipolaires entourés d’une gaine(1, 2). Cette bactérie pousse dans des conditions microaérobiques et a un métabolisme respiratoire(2). Elle a une forme spiralée en « S » et mesure environ 2,4‑4,0 µm de long(3).
PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: H. pylori n’est pas envahissant, mais il colonise l’antre de l’estomac et les surfaces de la muqueuse gastrique de l’humain où il libère des protéines pathogènes qui induisent des lésions cellulaires et de l’inflammation(4). Une telle situation peut causer des symptômes cliniques d’infection tels qu’un ulcère duodénal ou un adénocarcinome de l’estomac(5). Les autres maladies courantes découlant d’une infection comprennent la gastroentérite(6), la gastrite antrale diffuse et le carcinome de l’estomac(7). D’après l’Organisation mondiale de la Santé, H. pylori est un agent cancérogène de catégorie I(8). L’infection peut durer toute la vie si l’hôte n’est pas traité adéquatement et peut causer une gastrite chronique évoluant vers un ulcère gastroduodénal(9). Le taux de mortalité varie selon le pays et l’âge, mais il est généralement faible, soit d’environ 2 à 4 %(10).
ÉPIDÉMIOLOGIE: Mondiale. H. pylori est l’un des agents pathogènes humains dont la prévalence mondiale est la plus élevée, plus de la moitié de la population mondiale étant infectée, particulièrement dans les pays en développement, où 90 % des personnes peuvent être aux prises avec une infection chronique à l’âge adulte(10). Le taux de distribution varie selon les pays, puisque le taux d’infection peut diminuer avec l’amélioration des conditions industrielles et socioéconomiques(7).
GAMME D’HÔTES: Humain et animaux, dont les primates non humains, le porc, les bovins, le chien, le chat, les rongeurs et les oiseaux(8, 11).
DOSE INFECTIEUSE: Inconnue pour l’humain. Une infection chez le macaque rhésus a été observée par suite d’une inoculation oro-gastrique d’au moins 104 bactéries(12).
MODE DE TRANSMISSION: La voie de transmission exacte est inconnue, mais il est probable que la transmission a lieu pendant l’enfance(5) par contact fécal-oral ou oral‑oral(3) ou pendant une affection transitoire du tractus gastro-intestinal(6). La bactérie peut aussi se transmettre par les aliments, l’air ou l’eau, car on a observé que les canalisations d’eau et d’égout étaient un agent de dissémination(1, 13).
PÉRIODE D’INCUBATION: La période d’incubation n’est pas clairement établie, car les symptômes ne se manifestent habituellement qu’à l’âge adulte et les infections silencieuses (sans symptôme observable) sont possibles(14). Des symptômes majeurs, telles des douleurs abdominales, des brûlures d’estomac et des nausées, ont été observés 3 ou 4 jours après l’ingestion de la bactérie(15).
TRANSMISSIBILITÉ: La transmission d’une personne à l’autre est possible, habituellement par voie orale-orale(7).
RÉSERVOIR: Humain, mouche domestique (Musca domestica), macaques, chien, chat et autres mammifères, eau et légumes crus(16, 17).
ZOONOSE: La bactérie peut être transmise des animaux à l’humain, et vice versa. On a observé qu’une telle transmission était particulièrement courante entre l’humain et le chat(8).
VECTEURS: La mouche domestique peut transporter la bactérie viable sur son corps, dans son tractus gastro-intestinal et dans ses matières fécales(16).
SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: La bactérie est sensible à la clarithromycine, à l’amoxicilline, à la tétracycline, à l’imipénem, au céfaclor, à la minocycline, à la siméthicone, au mésilate de gabexate et au kétoconazole(18-20).
RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS: Certaines souches sont résistantes à des antibiotiques tels que la clarithromycine, l’érythromycine, l’ofloxacine et le métronidazole et ont une faible résistance à la tétracycline, à l’amoxicilline, aux fluoroquinolones et à la rifabutine(19, 21).
SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: H. pylori est facilement inactivé par le chlore libre, et les traitements iodés peuvent inhiber l’activité de sa toxine de vacuolisation(22); donc, les techniques utilisées pour traiter l’eau potable, à l’exception de l’ozonolyse, devraient être suffisantes pour détruire aussi H. pylori(13). L’exposition de H. pylori à 1,1 mg/L de chlore résiduel pendant 45 minutes suffit pour l’éradiquer (les propriétés biocides du chlore sont optimisées à pH faible, soit à un pH inférieur à 7 ou 6).
INACTIVATION PHYSIQUE: Inactivé par un rayonnement UV de basse pression à une fluence (dose de rayonnement UV) inférieure à 8 mJ/cm2(23). La bactérie peut être tuée si elle est exposée à une température de 70 ˚C pendant 10 minutes, puis de 95 ˚C pendant 5 minutes(24).
SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: Inconnue. Étant donné qu’il est difficile de cultiver la bactérie en laboratoire parce qu’elle a besoin de conditions de dessiccation, d’alimentation en air et de température particulières, il est probable qu’elle survit mal à l’extérieur de l’hôte(25, 26); cependant, sous sa forme coccoïde, elle peut survivre jusqu’à un an dans un microcosme d’eau de rivière, et elle demeure cultivable pendant plus de 10 jours dans l’eau à 4 ˚C(8).
SURVEILLANCE: La présence de H. pylori peut être confirmée par culture, détection d’antigènes dans le sang, détection de l’uréase ou détection de métabolites bactériens dans l’haleine des personnes infectées(2).
Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.
PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Administrer le traitement médicamenteux approprié. Comme H. pylori développe rapidement une résistance aux antibiotiques, ces derniers peuvent être administrés avec un inhibiteur de la pompe à protons ou un composé de bismuth(9). De tels traitements doubles, triples ou quadruples se sont révélés plus efficaces que l’administration d’un antibiotique seul.
IMMUNISATION: De l’uréase recombinante et un vaccin parentéral contenant des antigènes de H. pylori (CagA, VacA et NAP) en association avec de l’hydroxyde d’aluminium en tant qu’adjuvant se sont révélés être des vaccins efficaces contre H. pylori(27), bien qu’ils ne puissent pas prévenir les réinfections.
PROPHYLAXIE: L’oméprazole, la clarithromycine et le métronidazole peuvent être administrés si la personne touchée présente des symptômes précoces d’infection tels que des brûlures d’estomac, des nausées ou des crampes épigastriques violentes(15).
INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Au moins trois cas d’infection accidentelle ont été signalés, dont un attribuable à l’ingestion accidentelle de H. pylori. Une gastroentérologue, sans aucun antécédent de troubles gastro-intestinaux ni d’autres symptômes, travaillait avec une souche de H. pylori pour infecter une couche cellulaire intestinale cultivée sur un filtre, lequel avait été en incubation pendant 48 heures. Après avoir touché le filtre, elle a porté ses mains à sa bouche, puis, 3 ou 4 jours après l’ingestion, elle a présenté des douleurs abdominales supérieures, des brûlures d’estomac et des nausées. L’infection a pu être traitée au moyen d’oméprazole, de clarithromycine et de métronidazole(15).
SOURCES ET ÉCHANTILLONS: H. pylori peut être présent dans la cavité buccale, le tractus gastro-intestinal et la région hépatobiliaire des mammifères et des oiseaux infectés(2). Il peut aussi être présent dans les tissus de l’intestin grêle, la salive, le suc gastrique et les excréments.
DANGERS PRIMAIRES: L’ingestion accidentelle représente le risque le plus courant(15).
DANGERS PARTICULIERS: Aucune.
CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2 (28).
EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.
VÊTEMENTS DE PROTECTION: Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure (29).
AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) (29). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle (29).
DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (29).
ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique(29).
ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûr(29).
INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.
DERNIÈRE MISE À JOUR: Août 2010
PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.
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