NOM: virus de l'hépatite E
SYNONYME OU RENVOI: VHE, hépatite non A, non B (ENANB) transmise par voie entérique, ou hépatite entérique non A, non B, hépatite épidémique non A, non B(1,2,3,4), hépatite non A, non B oro-fécale, hépatite non A, non B évocatrice de l'hépatite A.
CARACTÉRISTIQUES: Le virus de l'hépatite E (VHE) est le seul membre du genre Hepevirus, de la famille des Hepeviridæ(2,4). Il s'agit d'un virus sphérique, non enveloppé, d'environ 27 à 34 nm de diamètre, icosaédrique(3) et renfermant une molécule d'ARN monocaténaire à polarité positive d'environ 7,5 kilobases (kb) de longueur(1,2,4,5). La particule virale, dont la surface comprend des indentations et des spicules lui conférant une morphologie semblable à celle des calicivirus, est souvent présente dans les selles des personnes infectées(3).
PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: L'hépatite E est généralement spontanément résolutive, les symptômes typiques étant ceux d'une hépatite virale aiguë comme l'ictère, le malaise, l'anorexie, les douleurs abdominales, les nausées, la fièvre, la diarrhée, le changement de couleur des selles ou de l'urine et l'hépatomégalie(1,2,3,5). L'hépatite anictérique et la cholestase sont également observées dans certains cas. Le taux de mortalité résultant de l'infection par le virus de l'hépatite E peut atteindre 1 %(2); cependant, il peut atteindre les 20 % chez les femmes enceintes, à mesure que l'âge gestationnel augmente, ce qui fait de l'infection à VHE l'hépatite la plus grave de toutes les hépatites virales pendant la grossesse. L'analyse d'échantillons sériques prélevés chez des donneurs de sang volontaires montre que la prévalence du VHE varie d'une région à l'autre, mais qu'elle est plus élevée dans les pays/régions endémiques comparativement aux pays développés(5). Sur le plan clinique, il est impossible de distinguer l'hépatite E de l'hépatite A(6).
ÉPIDÉMIOLOGIE: Les études phylogénétiques indiquent qu'il existe au moins quatre génotypes distincts du VHE (1-4), selon l'origine géographique(5,7). Les génotypes 1 et 2 sont considérés comme plus pathogènes, limités à l'humain, et responsables de la grande majorité des cas et des éclosions dans les régions endémiques. Les génotypes 3 et 4 sont un peu moins pathogènes, ils infectent l'humain, le porc et d'autres espèces animales, et sont généralement responsables de cas sporadiques d'infection à VHE dans les régions endémiques et les régions non endémiques. Les éclosions et les cas sporadiques de VHE surviennent dans une vaste zone géographique, principalement dans les régions où l'hygiène est médiocre. Certains cas d'infections à VHE sont d'origine alimentaire, mais la majorité des cas confirmés sont associés à la consommation d'eau contaminée par des selles. Le taux d'attaque du VHE est maximal chez les jeunes adultes, âgés de 15 à 40 ans. Les hommes sont plus susceptibles que les femmes de contracter une hépatite clinique lorsqu'ils sont infectés par le VHE. Dans les pays développés, l'infection à VHE est généralement signalée par des personnes qui voyagent dans une région où le VHE est endémique ou épidémique; cependant, certains cas d'infections à VHE acquises localement (autochtones) ont été observés dans des pays non endémiques comme les États-Unis, l'Australie, la France, la Grèce, la Nouvelle-Zélande, l'Italie et le Royaume-Uni. Des épidémies ont été signalées en Algérie, en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Tchad, en Éthiopie, en Somalie, en Namibie, en Inde, en ex-Union soviétique, au Népal, au Pakistan, au Myanmar, en Chine, au Vietnam, en Indonésie et au Mexique(8).
GAMME D'HÔTES: Humain et animaux, dont le porc(1). Plusieurs espèces animales ont été expérimentalement infectées par des souches de VHE, y compris des primates non humains comme le singe vert africain, le chimpanzé, le macaque de Buffon, le douroucouli, le macaque rhésus, les tamarins, la souris blanche non issue d'une lignée pure et le rat Wistar.
DOSE INFECTIEUSE: Inconnue
MODE DE TRANSMISSION: Quatre modes de transmission de l'infection à VHE ont été signalés: transmission féco-orale, transmission d'origine alimentaire, transmission par le sang et transmission verticale(5,7). Le mode de transmission le plus courant du VHE, également responsable de la majorité des éclosions d'infections à VHE, serait la voie féco-orale, généralement par suite de l'ingestion d'eau contaminée. La transmission d'origine alimentaire est possible: certains cas d'infections à VHE ont résulté de la consommation de viande de sanglier ou de chevreuil crue ou mal cuite. La transmission par le sang est rare, mais elle a été établie dans certains cas liés à des transfusions sanguines. Certains cas de transmission verticale (périnatale), de la mère à l'enfant, ont été signalés, en particulier en Inde, mais ce mode de transmission du VHE n'est pas considéré comme important; d'autres études sur le sujet sont nécessaires. La transmission d'une personne à une autre personne, et les cas familiaux secondaires sont rares, en particulier dans des conditions épidémiques (mauvaise hygiène). Dans les régions non endémiques, où des cas autochtones ont été observés, la transmission zoonotique a été considérée comme le mode de transmission probable, mais d'autres études sur la question sont nécessaires(7).
PÉRIODE D'INCUBATION: Chez l'humain, la période d'incubation de l'infection à VHE est comprise entre 15 et 60 jours, la moyenne étant de 40 jours(1,8).
TRANSMISSIBILITÉ: Inconnue. La transmission d'une personne à une autre personne a été établie, mais semble être rare(5). Le VHE a été détecté dans les selles de patients infectés après l'apparition de la maladie (ictère), et ce, pendant un maximum de 14 jours(9). L'excrétion maximale du VHE a lieu durant la période d'incubation et au début du stade aigu de la maladie.
RÉSERVOIR: Humain et animaux, y compris les singes, le porc, le rat, le sanglier, le chevreuil, la vache, le mouton, la chèvre, le chameau, le cheval, le chien, le chat et la mangouste(5,10). Tous ces êtres vivants sont réceptifs à l'infection à VHE et peuvent servir de réservoirs de l'agent infectieux; cependant, la ou les sources du VHE restent à déterminer chez certains animaux sauvages.
ZOONOSE: L'hépatite E est à présent considérée comme une zoonose, et les principaux réservoirs du virus sont le porc domestique et le sanglier(10). Une transmission zoonotique par le chevreuil a également été signalée. La transmission est également possible par d'autres animaux comme la poule, le chat et le rat, mais d'autres études sur la question sont requises.
VECTEURS: Aucun.
SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Inconnue.
SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Le VHE est sensible aux désinfectants iodés (0,075 g/l ou 1 % d'iode)(10). Il peut également être sensible aux hypochlorites (hypochlorite de sodium à 1 %), au formaldéhyde (18,5 g/l; formaline à 5 % dans l'eau) et au glutaraldéhyde(11).
INACTIVATION PHYSIQUE: Le VHE est plus thermolabile que le virus de l'hépatite A (VHA); la plupart des souches peuvent être inactivées par chauffage à ≥ 60 °C pendant au moins 15 minutes(12). La sensibilité du VHE à la chaleur dépend toutefois des conditions de chauffage(13). Le VHE est inactivé rapidement à 60 °C dans du tampon PBS, mais il est inactivé plus lentement dans une solution d'albumine. Lorsque le VHE est ajouté à du fibrinogène lyophilisé contenant des agents stabilisants et est soumis à une chaleur sèche, il n'est plus détectable après 24 heures à 80 °C, mais il est inactivé plus lentement à 60 °C. Le virus est par ailleurs sensible aux basses températures d'entreposage (entre -70 °C et +8 °C)(1).
SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: Inconnue. Étant donné que le VHE survit dans le tube digestif, il est considéré comme relativement stable dans des conditions acides et faiblement alcalines(4). Comme le VHE se transmet principalement par voie féco-orale, il doit être relativement stable dans les conditions environnementales(1), probablement comme le VHA (c.-à-d. une survie assez longue dans l'eau et les égouts).
SURVEILLANCE: Surveiller l'apparition des symptômes de la maladie. Confirmer l'infection au moyen de tests sérologiques ou de tests des acides nucléiques, et par l'exclusion de l'infection par les virus de l'hépatite A et de l'hépatite B(5). Les tests sérologiques sont des épreuves immuno-enzymatiques (ELISA) qui permettent de détecter les anticorps dirigés contre le VHE (IgM, IgA et IgG), et les tests des acides nucléiques s'effectuent par la technique RT-PCR (amplification par la polymérase avec transcription inverse) et permettent de détecter l'ARN du VHE dans le sérum, la bile ou des échantillons fécaux.
Remarque: Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.
PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Repos. Aucun traitement spécifique n'est actuellement offert(4).
IMMUNISATION: Aucune.
PROPHYLAXIE: Aucune.
INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Aucun cas d'infection contractée en laboratoire n'a encore été signalé.
SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Les principales sources du VHE sont les selles et le sérum de l'humain, de primates non humains, du porc et d'autres animaux infectés(1).
DANGERS PRIMAIRES: Ingestion de selles (y compris des échantillons de selles) ou d'autres matières contaminées. L'importance de l'exposition par aérosol n'a pas été établie.
DANGERS PARTICULIERS: Aucun.
CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2(14).
EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.
VÊTEMENTS DE PROTECTION: Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure(15).
AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB)(15). L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle(15).
DÉVERSEMENTS: Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (30 minutes)(15,16).
ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique(15).
ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûr(15).
INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION: L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.
DERNIÈRE MISE À JOUR: Août 2010
PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.
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