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VIRUS DE LASSA

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: PATHOGÈNES

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM: Virus de Lassa.

SYNONYME OU RENVOI : Fièvre de Lassa, virus de la fièvre de Lassa, fièvre virale hémorragique (FVH)(1,2,3).

CARACTÉRISTIQUES: Virus à ARN monocaténaire à double segment appartenant à la famille des Arénaviridés, genre Arenavirus . Le fragment viral peut se présenter sous différentes formes (fragment viral pléomorphique) mesurant de 80 à 150 nm de diamètre(1,4). La surface de l'enveloppe lipidique du virion est couverte de glycoprotéines qui consistent en des complexes tétramériques des glycoprotéines virales GP1 et GP2(4).

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: Maladie virale aiguë pouvant durer de une à quatre semaines(3). La maladie peut être asymptomatique, bénigne (80 % des cas), grave ou mortelle(1,3,5,6,7). Les premiers symptômes sont les suivants : apparition graduelle de fièvre, nausées, douleurs abdominales, graves maux de gorge, toux, conjonctivite, ulcération des muqueuses buccales, angine pultacée et adénopathie cervicale(1,3,5,7,8). Les symptômes tardifs sont les suivants : œdème important du visage et du cou et épanchement pleural et péricardique(8,9). Vingt-cinq pour cent des cas entraînent la surdité et/ou une alopécie (transitoire)(1,3,5,7,10). La maladie est grave durant la grossesse, provoquant la perte du fœtus dans 80 % des cas(3,10). Le décès résultant d'une infection par le virus de Lassa est généralement dû à un arrêt cardiaque(1). Le taux de létalité est de 15 à 20 % chez les patients hospitalisés et de 1 à 2 % chez l'ensemble des sujets infectés(1,3,7).

ÉPIDÉMIOLOGIE: Endémique en Afrique de l'Ouest. Entre 10 000 et 300 000 infections et 5 000 décès par année(1,3,6,10). Des épidémies sont survenues en Guinée, au Libéria (1972), en Sierra Leone (1970-1972, 1973-1975 et 1996-1997), dans certaines régions du Nigeria (premiers cas en 1969, puis épidémies en 1970, 1974 et 1975), en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Mali, au Sénégal, au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, au Ghana, en Côte-d'Ivoire et au Soudan(1,3). Environ 20 cas importés de fièvre de Lassa ont été rapportés à l'échelle mondiale(11,12).

GAMME D'HÔTES: Mastomys natalensis (rongeur africain connu sous le nom de souris ou rat à mamelles multiples) et humains(1,3,4,7,10,3,4,7,10,13,14).

DOSE INFECTIEUSE: De un à dix organismes aérosolisés(13).

MODE DE TRANSMISSION: La transmission du virus aux humains par le rat à mamelles multiples résulte d'une exposition à des aérosols ou d'un contact direct avec les excréments du rongeur ou avec de la nourriture ou de l'eau contaminée par des excréments(1,3,6). Le virus peut aussi infecter l'organisme par une coupure ou une plaie ou lorsque des rats infectés sont préparés comme repas(1,4,6). La transmission interhumaine peut être à l'origine d'épidémies assorties d'un taux de létalité élevé; elle peut résulter d'une éclosion nosocomiale mettant en cause du sang (aiguilles contaminées), des sécrétions pharyngées, de l'urine ou du matériel médical contaminé(1,2,3,6,7,15). Le virus de Lassa peut aussi être transmis lors de rapports sexuels ou de contacts avec des lésions cutanées.

PÉRIODE D'INCUBATION: De 5 et 21 jours(1,3,7,8).

TRANSMISSIBILITÉ: La propagation interhumaine peut survenir durant le stade fébrile aigu, lorsque le virus est présent dans la gorge(3). Le virus de Lassa peut être excrété dans l'urine pendant trois à neuf semaines après le début des symptômes de la maladie. Les hommes atteints doivent éviter les relations sexuelles non protégées pendant trois mois, soit jusqu'à ce que le sperme soit exempt du virus(2,9).

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Le principal réservoir est le rat à mamelles multiples ( Mastomys natalensis )(1,2,3,7).

ZOONOSE: Oui, transmission du virus du rat à mamelles multiples à l'humain(1,3,7).

VECTEURS: Rongeurs(9).

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Ribavirine(1,3,10,16).

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Le virus de Lassa est sensible à l'hypochlorite de sodium à 0,5 %, aux composés phénoliques, à l'acide acétique à 3 % (pH de 2,5), aux solvants de lipides et aux détergents comme le SDS, à la fixation au formaldéhyde et au paraformaldéhyde, à la fumigation au formaldéhyde et au β-propiolactone(1,3,4,17,18,19).

INACTIVATION PHYSIQUE: Le virus de Lassa peut être inactivé en chauffant le sérum à 60 °C pendant une heure, par irradiation gamma (1,2 x 106 rad à 1,27 x 106 rad), par rayonnement UV, par stérilisation en autoclave, par incinération et/ou par ébullition(3,4,7,17,19).

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: Le virus est stable à l'état d'aérosol, particulièrement lorsque l'humidité relative est faible (30 % HR). La demi-vie biologique à 24 °C et 32 °C varie entre 10,1 et 54,6 minutes(20).

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: On obtient la confirmation du diagnostic principalement à l'aide de tests d'isolement du virus en laboratoire (méthode RT-PCR ou test sérologique) effectués à partir d'échantillons de sang, de liquide de lavage pharyngé, de sécrétions obtenues par écouvillonnage pharyngé ou d'urine(1,2,3,7).

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Ribavirine, qui est à son summum d'efficacité les six à sept premiers jours de la maladie, et soins de soutien(1,3,7,9,13,15,16).

IMMUNISATION: Aucune(7,9,13).

PROPHYLAXIE: La ribavirine peut réduire le risque de mortalité après l'infection(1,9,16).

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Deux cas, dont l'un mortel, sont survenus chez le personnel d'un institut de recherche aux États-Unis(1,21). Des infections en laboratoire ont aussi été observées en milieu hospitalier(3).

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Sang, sécrétions respiratoires et pharyngées, urine, sperme, tissus d'hôtes humains ou animaux et excreta de rongeurs(3,7,21).

DANGERS PRIMAIRES: Exposition des voies respiratoires à des aérosols infectieux, exposition des muqueuses à des gouttelettes infectieuses et inoculation parentérale accidentelle(15,21).

DANGERS PARTICULIERS: Travailler avec des rongeurs ou être exposé à des rongeurs infectés de façon naturelle ou expérimentale représente un risque d'infection pour l'humain.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 4(22).

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 4 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Avant d'entrer dans le laboratoire, le personnel doit enlever sa tenue de ville, de même que ses sous-vêtements et bijoux, pour ensuite mettre des vêtements et des chaussures réservés aux travaux en laboratoire, ou mettre un vêtement protecteur complet (c'est-à-dire qui couvre entièrement la tenue de ville). Une protection supplémentaire doit être portée par-dessus les vêtements de laboratoire lors de la manipulation directe de substances infectieuses, comme un sarrau uni à l'avant avec poignets serrés, des gants et une protection respiratoire. Une protection des yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure(23).

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les activités avec des matières infectieuses doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB), avec une combinaison à pression positive, ou dans une ESB de classe III. La centrifugation des matières infectées doit s'effectuer dans des enceintes scellées placées dans des réservoirs hermétiques ou des rotors qui sont remplis et vidés dans une ESB. L'intégrité des combinaisons à pression positive doit être régulièrement examinée pour en déceler les fuites. L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants devrait être strictement restreinte. Les plaies ouvertes, les coupures et les éraflures doivent être couvertes avec des pansements imperméables. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle(23).

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (30 minutes)(23,24).

ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique(23).

ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûr(23).

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Septembre 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés
© Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada

RÉFÉRENCES

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