NOM : Yersinia pestis
SYNONYME OU RENVOI : peste, peste bubonique
CARACTÉRISTIQUES : bacille à Gram négatif, ovoïde, 0,5 à 0,8 µm de largeur sur 1 à 3 µm de longueur; coloration bipolaire (aspect d'épingle de sûreté), intracellulaire facultatif, non mobile
PATHOGÉNICITÉ : maladie épizootique; la peste bubonique s'accompagne de lymphadénite des ganglions satellites du point de morsure de la puce, touchant les ganglions lymphatiques et la région inguinale, et de fièvre; le taux de létalité est de 50 % en l'absence de traitement; peut évoluer vers la forme septicémique par dissémination sanguine vers les méninges; pneumonie, médiastinite et épanchement pleural caractérisent la peste pulmonaire secondaire; les formes pulmonaires et septicémiques non traitées sont fatales
ÉPIDÉMIOLOGIE : peste des rongeurs sauvages en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient, en Asie centrale, dans le Sud-Est asiatique et en Indonésie; foyers de peste en URSS: la peste urbaine est maîtrisée dans la plupart des régions; des cas de peste humaine sont survenus récemment en Afrique; endémique en Birmanie et au Vietnam; cas sporadiques survenus en Amérique du Nord et en Amérique du Sud par suite d'une exposition à des rongeurs sauvages ou à leurs puces (aucune transmission interhumaine aux États-Unis depuis 1925)
GAMME D'HÔTES : plus de 200 espèces de mammifères
DOSE INFECTIEUSE : inconnue
MODE DE TRANSMISSION : par suite de l'introduction de l'humain dans le cycle (sylvatique) de la zoonose ou par la pénétration des rongeurs ou des puces infectées dans l'habitat humain et par morsure de puces infectées; les animaux de compagnie peuvent être porteurs de puces infectées par la peste; le contact des rongeurs commensaux et de leurs puces avec les rongeurs sylvatiques peut déterminer une épizootie et une épidémie de peste; manipulation de tissus infectés; transmission par voie aérienne de gouttelettes provenant d'humains ou d'animaux de compagnie atteints de peste pulmonaire; négligence dans la manipulation des cultures de laboratoire; transmission interhumaine par l'intermédiaire des puces de l'humain
PÉRIODE D'INCUBATION : 2 à 6 jours; peut durer quelques jours de plus chez les sujets vaccinés; peste pulmonaire primaire : 1 à 6 jours, habituellement courte
TRANSMISSIBILITÉ : les puces demeurent infectieuses pendant des mois; la peste bubonique n'est pas habituellement transmise directement d'une personne à l'autre; la peste pulmonaire peut être hautement transmissible dans les conditions climatiques appropriées (l'encombrement facilite la transmission)
RÉSERVOIR : les rongeurs sauvages (rats) constituent le réservoir naturel; lagomorphes (lapin, lièvre) et carnivores peuvent infecter l'humain
ZOONOSE : oui - morsure de puces d'un animal infecté; contact avec un animal infecté ou morsure d'un animal infecté
VECTEURS : puces de rongeurs sauvages, particulièrement la puce du rat (Xenopsylla cheopsis); puces de l'humain, à l'occasion (Pulex irritans)
SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : sensible à la streptomycine, à la tétracycline, au chloramphénicol (dans les cas de méningite), kanamycine (pour les nouveau-nés)
RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS : rarement un problème; une souche multirésistante médiée par un plasmide transférable a été isolée
SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : sensible à de nombreux désinfectants - hypochlorite de sodium à 1 %, éthanol à 70 %, glutaraldéhyde à 2 %, iode, composés phénolés, formaldéhyde
INACTIVATION PAR DES MOYENS PHYSIQUES : sensible à la chaleur humide (121 °C pendant au moins 15 minutes) et à la chaleur sèche (160-170 °C pendant au moins 1 heure)
SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : sang - 100 jours; corps humain - jusqu'à 270 jours
SURVEILLANCE : surveiller la présence de symptômes; diagnostic présomptif par mise en évidence d'organismes à coloration bipolaire, à Gram négatif et de forme ovoïde dans les crachats ou dans le liquide d'aspiration du bubon; tests aux anticorps fluorescents et ELISA; hémagglutination passive au moyen de la fraction 1 de l'antigène
PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : anbibiothérapie au stade précoce (8 à 24 heures après le début de la peste pulmonaire); la présence d'une infection secondaire ou d'un bubon suppurant peut nécessiter une incision et un drainage
IMMUNISATION : même si l'efficacité des vaccins autorisés n'a pas été vérifiée sur le terrain, l'expérience s'est montrée favorable; l'immunisation est recommandée pour le personnel travaillant régulièrement avec des cultures de Y. pestis ou des rongeurs infectés; des doses de rappel sont nécessaires tous les 6 mois si le risque demeure élevé; la protection contre la forme pulmonaire est limitée
PROPHYLAXIE : chimioprophylaxie au moyen de tétracyclines ou de sulfamides, pour l'entourage immédiat des sujets atteints de peste pulmonaire
INFECTIONS LIÉES OU ACQUISES AU LABORATOIRE : 10 cas signalés d'infections acquises au laboratoire dont 4 décès
SOURCES ET ÉCHANTILLONS : liquide du bubon, sang, crachats, LCR, fèces, urine
DANGERS PRIMAIRES : contact direct avec les cultures et le matériel infectieux provenant d'humains ou de rongeurs; gouttelettes ou aérosols infectieux générés au cours de la manipulation de cultures et de tissus infectés et au cours de la nécropsie des rongeurs; auto-inoculation accidentelle; ingestion
DANGERS PARTICULIERS : morsure de puces infectées prélevées sur les rongeurs
EXIGENCES DE CONFINEMENT : méthodes, matériel et installations de confinement du niveau de biosécurité 3 pour tous les travaux comportant la manipulation de cultures ou de matériel clinique susceptible d'être infectieux
VÊTEMENTS PROTECTEURS : il faut porter des gants pour manipuler les rongeurs prélevés sur le terrain ou les rongeurs infectés au laboratoire de même que dans les cas où le contact cutané direct avec le matériel infectieux est possible; il faut porter une blouse serrée aux poignets et attachant dans le dos pour la manipulation de cultures et des échantillons; il faut porter un masque s'il y a un risque de contact avec des aérosols
AUTRES PRÉCAUTIONS : on doit prendre des mesures particulières afin d'éviter la production d'aérosols au cours de la nécropsie des animaux; la nécropsie doit être effectuée dans une enceinte de sécurité biologique; il faut utiliser un insecticide lorsqu'on recueille des animaux (vivants ou morts) en vue d'effectuer des tests
DÉVERSEMENTS : laisser retomber les aérosols; endosser des vêtements protecteurs, couvrir soigneusement la substance déversée avec des serviettes de papier et appliquer de l'hypochlorite de sodium à 1 %, de la périphérie vers le centre; laisser agir pendant une période suffisante (30 minutes) avant de procéder au nettoyage
ÉLIMINATION : décontaminer la substance avant de l'éliminer; stérilisation par la vapeur, incinération (dépouilles d'animaux)
ENTREPOSAGE : en contenants scellés étiquetés de manière appropriée
Date : janvier 2001
Préparée par : Bureau de la sécurité des laboratoires, ASPC
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