Agence de la santé publique du Canada
Symbole du gouvernement du Canada

Liens de la barre de menu commune

Partagez cette page

TRICHURIS TRICHIURA

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: PATHOGÈNES

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM: Trichuris trichiura

SYNONYME OU RENVOI: Trichocephalus trichiurus, Trichocephalus dispar, Trichocephalus hominis, trichurose, trichure, trichocéphale, trichocéphalose(1,2,3,4,5,6,7,8).

CARACTÉRISTIQUES: Trichuris trichiura est un nématode gastro-intestinal de la famille des Trichuridae et du genre Trichuris(5). Les parasites adultes T. trichiura sont caractérisés par une extrémité antérieure filiforme, laquelle s'enfonce dans la muqueuse de l'hôte, et par une extrémité plus large se prolongeant dans la lumière intestinale. Les vers sont blancs et mesurent environ 30 à 50 mm de long(3,7). Le ver mâle, plus petit que la femelle, présente une extrémité postérieure spiralée lorsqu'il est examiné in vitro(3,5,8). Le ver femelle pond de 3 000 à 20 000 œufs par jour(2). La caractéristique distinctive de T. trichiura est le stichosome, à savoir une structure glandulaire encerclant le mince œsophage de la moitié antérieure du ver(2,5).

Les vers adultes vivent longtemps chez leur hôte, habituellement jusqu'à 5 ans(7). Au second stade du cycle de vie de T. trichiura, les larves mesurent approximativement 260 µm par 15 µm de longueur(5). Les œufs de T. trichiura ont la forme d'un citron (ou d'un tonneau) et sont munis de bouchons aux deux extrémités, ce qui leur donne une apparence de plateau à thé(2,3,5,8). Ils sont habituellement bruns dans les échantillons de selles humaines. Ils mesurent généralement de 50 à 55 µm par 22 à 24 µm. On a toutefois observé des œufs beaucoup plus gros (78 µm par 30 µm) dans des échantillons de selles d'humains infectés par T. trichiura ; pour cette raison, il est parfois difficile de distinguer les œufs de T. trichiura de ceux d'autres membres du genre Trichuris (T. suis et T. vulpis) en se fondant seulement sur leurs dimensions(3,4,7,9).

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: La partie antérieure du ver en forme de fouet se fixe habituellement à la muqueuse du cæcum et de la partie supérieure du côlon(3). La gravité de la maladie dépend de l'intensité de l'infection dans le tractus gastro-intestinal et de caractéristiques associées à l'hôte, comme l'âge, l'état de santé général et les réserves en fer(8). Chez les personnes présentant une hypersensibilité, l'infection peut entraîner des réactions non spécifiques telles que la nervosité, l'anorexie et l'urticaire. La plupart des cas d'infection bénigne sont asymptomatiques(1,8). Dans les cas d'infection modérée, c'est-à-dire lorsqu'il y a au plus 20 vers adultes, ces derniers sont confinés au cæcum et au côlon ascendant. Les symptômes comprennent des douleurs abdominales basses et épigastriques, une diarrhée (rarement sanglante), des vomissements, des flatulences et une distension, des maux de tête, une perte de poids, une hyperémie et une carence en fer(2,3,4,8). Dans les cas d'infection grave, c'est-à-dire lorsqu'on compte 200 vers adultes ou plus (syndrome dysentérique causé par Trichuris), les vers envahissent le côlon distal et le rectum. Par conséquent, les symptômes comprennent une diarrhée sanglante avec présence abondante de mucus, des douleurs abdominales et un ténesme, une perte de poids menant à la cachexie, une grave anémie, un prolapsus rectal, une éosinophilie modérée et un hippocratisme digital(1,2,3,8). L'infection chronique est à l'origine d'un retard de croissance chez les enfants, d'une mauvaise condition physique et d'un état nutritionnel déficient(6). On croit que T. trichiura se nourrit de sang dans le côlon; on estime donc que chaque ver consomme environ 0,005 ml de sang par jour(2,3). Dans les cas d'infection grave, chaque ver peut consommer jusqu'à 4 ou 5 ml de sang par jour. Les infections concomitantes par d'autres organismes vermiformes tels qu'Ascaris lumbricoides, Necator amercanus et Ancylostoma duodenale peuvent causer un arrêt de croissance prématuré, un retard mental et des anomalies cognitives(6).

ÉPIDÉMIOLOGIE: T. trichiura est répandu dans le monde entier, bien qu'on le trouve plus fréquemment dans les pays tropicaux et sous-tropicaux où la température est chaude et humide(1- 4,7,8). La prévalence des infections à T. trichiura chez les enfants peut être supérieure à 90 %(6). On estime que de 604 à 795 millions de personnes abritent T. trichiura(6). Les infections les plus graves touchent généralement les enfants de 5 à 15 ans(3,6,7), l'intensité et la fréquence des infections diminuant à l'âge adulte(6).

GAMME D'HÔTES: L'humain est le principal hôte, bien qu'on ait signalé des cas d'infection chez le chimpanzé, le porc, le lémurien et d'autres singes(2,3,4,10).

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: Ingestion d'œufs infectieux présents sur les mains ou dans des sols (les œufs doivent rester au moins de 15 à 30 jours dans un sol chaud et humide avant de devenir infectieux), des aliments ou de l'eau contaminés(3,4,5,6,11). Après l'ingestion d'œufs de Trichuris, les larves écloses muent dans l'intestin grêle, se logent dans les cryptes pendant 2 ou 3 jours, puis se déplacent vers le cæcum et le côlon où elles s'enfoncent dans l'épithélium et deviennent des trichocéphales adultes en l'espace d'environ 12 semaines(4,7). Les œufs sont visibles dans les selles de 70 à 90 jours après l'ingestion, et les porteurs peuvent excréter les œufs pendant des années s'ils ne sont pas traités(1).

PÉRIODE D'INCUBATION: Incertaine, mais le délai entre l'ingestion et l'excrétion d'œufs serait de 3 mois(2,4,7).

TRANSMISSIBILITÉ: Aucun signe probant de transmission directe de personne à personne(1).

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Les humains sont le principal réservoir(1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,12).

ZOONOSE: Aucune(1,2).

VECTEURS: Aucun connu.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: T. trichirua est plus résistant aux médicaments que les autres nématodes transmis par le sol. Plusieurs anthelminthiques, notamment l'ivermectine, qui sont efficaces contre Ascaris ne le sont pas contre Trichuris(13). Cependant, le mébendazole et l'albendazole sont efficaces et leur utilisation est recommandée(3,4,5,6,8).

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Inconnue. Cependant, l'exposition concomitante à de l'ammoniac 30 % (v/v) et à des températures supérieures à 30 °C inactive les œufs de T. muris (trichocéphale du rat)(12).

INACTIVATION PHYSIQUE: Les œufs de T. trichiura sont sensibles à la lumière du soleil et ne survivent pas à des températures inférieures à -9 °C ou supérieures à 52 °C(3,8).

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: Les œufs de T. trichiura survivent dans le sol pendant environ 2 semaines(4).

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Rechercher les symptômes. Les œufs peuvent être décelés dans les selles. Confirmer la présence de parasites adultes T. trichiura dans le gros intestin par coloscopie(3,8). L'intensité de l'infection est déterminée par le nombre d'œufs par gramme de selles, généralement en réalisant un frottis épais de matières fécales (technique de Kato-Katz)(6).

Remarque: Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Les anthelminthiques à base de benzimidazole, comme le mébendazole et l'albendazole, sont couramment utilisés pour traiter la trichurose(6,8). Puisque le mébendazole est mal absorbé dans le tractus gastro-intestinal, son activité thérapeutique est principalement limitée aux vers adultes(6). L'albendazole est mieux absorbé, particulièrement lorsqu'il est pris durant des repas gras, et il est métabolisé dans le foie en un dérivé sulfoxyde qui est largement distribué dans les tissus.

IMMUNISATION: Il n'existe aucun vaccin.

PROPHYLAXIE: Le mébendazole et l'albendazole sont utilisés pour la prévention à grande échelle de la morbidité chez les enfants vivant dans des régions endémiques(6). Les autres mesures comprennent l'amélioration de la salubrité environnementale par l'élimination adéquate des matières fécales pour éviter la contamination du sol, par une bonne hygiène personnelle, par le lavage des aliments crus et des mains, et par l'ébullition ou le filtrage de l'eau possiblement contaminée(3,4).

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Aucun cas n'a été déclaré à ce jour.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Selles et œufs infectieux(1,2,3,4,5,6,8,9,10).

DANGERS PRIMAIRES: Ingestion d'œufs infectieux(1,2,3,4,5,6,8,9,10).

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2.

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION: Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure(12).

AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB)(12). L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle(12).

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS: Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (30 minutes)(12,13).

ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique(12).

ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûr(12).

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION: L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Août 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés
© Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada

RÉFÉRENCES

  1. Heymann, D. L. (2008). Control of Communicable Diseases Manual (19th Edition ed.). Washington, D.C.: American Public Health Association.
     
  2. Bundy, D. A., & Cooper, E. S. (1989). Trichuris and trichuriasis in humans. Advances in Parasitology, 28, 107-173.
     
  3. Wolfe, M. S. (1978). Oxyuris, trichostrongylus and trichuris. Clinics in Gastroenterology, 7(1), 201-217.
     
  4. Acha, P. N., & Szyfres, B. (2003). Trichuriasis of Animal Origin. Zoonoses and Communicable Diseases Common to Man and Animals (3rd ed., pp. 302-304). Washington D.C.: Pan American Health Organization.
     
  5. Holland, C. V. (2006). Gastrointestinal nematodes - Ascaris, hookworm, Trichuris, and Enterobius . In F. E. G. Cox, D. Wakelin, S. H. Gillespie & D. D. Despommier (Eds.), Topley & Wilson's Microbiology and Microbal Infections (10th ed., pp. 713-736). Oxford U.K.: Wiley-Blackwell.
     
  6. Bethony, J., Brooker, S., Albonico, M., Geiger, S. M., Loukas, A., Diemert, D., & Hotez, P. J. (2006). Soil-transmitted helminth infections: ascariasis, trichuriasis, and hookworm. Lancet, 367 (9521), 1521-1532.
     
  7. Ash, L. R., & Orihel, T. C. (2003). Intestinal Helminths. In P. R. Murrary (Ed.), Manual of Clinical Microbiology (8th ed., pp. 2031-2060). Washington D.C.: ASM Press.
     
  8. Stephenson, L. S., Holland, C. V., & Cooper, E. S. (2000). The public health significance of Trichuris trichiura. Parasitology, 121 (SUPPL.), S73-S95.
     
  9. Yoshikawa, H., Yamada, M., Matsumoto, Y., & Yoshida, Y. (1989). Variations in egg size of Trichuris trichiura. Parasitology Research, 75 (8), 649-654.
     
  10. Horii, Y., & Usui, M. (1985). Experimental transmission of Trichuris ova from monkeys to man. Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, 79 (3), 423.
     
  11. (2004). In D. L. Heymann (Ed.), Control of Communicable Diseases Manual (18th ed., pp. 551-552). Washington, D.C.: American Public Health Association.
     
  12. Ghiglietti, R., Rossi, P., Ramsan, M., & Colombi, A. (1995). Viability of Ascaris suum, Ascaris lumbricoides and Trichuris muris eggs to alkaline pH and different temperatures. Parassitologia, 37 (2-3), 229-232.
     
  13. Ranque, S., Chippaux, J. P., Garcia, A., & Boussinesq, M. (2001). Follow-up of Ascaris lumbricoides and Trichuris trichiura infections in children living in a community treated with ivermectin at 3-monthly intervals. Annals of Tropical Medicine and Parasitology, 95 (4), 389-393. doi:10.1080/00034980120065822
     
  14. Public Health Agency of Canada. (2004). In Best M., Graham M. L., Leitner R., Ouellette M. and Ugwu K. (Eds.), Laboratory Biosafety Guidelines (3rd ed.). Canada: Public Health Agency of Canada.