Version PDF (129 Ko - 11 pages)
L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a élaboré le présent document dans le but de fournir des lignes directrices aux travailleurs de la santé sur la prévention et le contrôle des infections, plus particulièrement sur la gestion des patientsc ayant contracté ou soupçonnés d’avoir contracté la grippe saisonnière, y compris le virus de la grippe H1N1 de 2009, dans un établissement de soins actifsa ou de soins de longue duréeb. Ce document n’émet pas de recommandations concernant les nouvelles souches grippales qui pourraient se développer dans le futur. Le contenu de ce document repose sur des conseils techniques fournis par des membres du Comité directeur chargé de l'élaboration des lignes directrices sur la prévention et le contrôle des infections et son groupe de travail sur les Pratiques de base et précautions additionnelles.
Ces lignes directrices devraient être interprétées en conjonction avec les lois, les règlements et les politiques locaux, provinciaux et territoriaux pertinents. Les présentes lignes directrices sont fondées sur les données scientifiques que nous avons présentement à notre disposition et elles pourront être révisées et modifiées au fur et à mesure que de nouvelles informations deviendront disponibles.
La grippe saisonnière, une infection respiratoire causée par le virus de la grippe, est une importante cause de morbidité et de mortalité, en particulier chez les personnes très jeunes et très âgées, enceintes, immunovulnérables ou souffrant d’une maladie chronique sous-jacente1,2. Les taux de morbidité et d’hospitalisation associés à l’influenza chez les enfants en santé de moins de 2 ans sont semblables à ceux chez l’adulte de plus de 65 ans.
Comme pour la plupart des infections respiratoires virales aiguës, la grippe saisonnière se produit annuellement pendant les mois d’hiver et des éclosions dans des établissements de soins de santé peuvent s’ensuivre tout comme des éclosions parallèles dans la collectivité, qui durent généralement de 6 à 8 semaines. Les éclosions sont souvent caractérisées par l’apparition et la transmission rapide de la maladie1. La plupart des éclosions d’influenza rapportées se sont produites dans des établissements de soins de longue durée. Toutefois, des éclosions ont également été rapportées dans des établissements de soins pédiatriques, médicaux et gériatriques ainsi que dans des unités de soins intensifs néonataux et pour adultes1.
Les plus importants réservoirs du virus de la grippe sont les personnes infectées. L’infection peut être introduite dans un établissement de soins de santé par des patients, du personnel ou des visiteurs1. La période de contagion dure généralement de 3 à 7 jours à partir de la manifestation clinique3. Une excrétion prolongée peut se produire chez les personnes immunovulnérables4. Le virus se transmet par la propagation de larges gouttelettes et par contact3. Le virus de la grippe peut survivre plusieurs heures sur des surfaces environnementales1.
Mesures de prévention et de contrôle des infections recommandées
Les lignes directrices suivantes sont principalement fondées sur les recommandations émises par l’ASPC dans les guides « Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les établissements de santé »3 et « Prévention de la pneumonie associée aux soins de santé »1.
Le contrôle à la source, exercé à l'aide de mesures administratives et techniques, est le moyen le plus efficace de prévenir la transmission des agents infectieux dans toutes les installations de soins de santé. La façon la plus efficace de prévenir et de contrôler la grippe saisonnière est la vaccination des travailleurs de la santé et des patients2.
En plus des Pratiques de base, les patients soupçonnés d’avoir la grippe saisonnière ou chez qui la grippe saisonnière est confirmée dans des établissements de soins actifsa ou de soins de longue duréeb devraient être soumis à des précautions contre la transmission par gouttelettes et par contact. Une approche fondée sur l'évaluation des risques au point de service devrait être utilisée pour orienter les décisions à savoir quand appliquer les précautions contre la transmission par gouttelettes et par contact (voir annexe A).
Les sujets suivants sont traités plus en détail dans ce document et ils s’appliquent aux établissements de soins actifs et de longue durée, sauf indication contraire :
a) Hygiène respiratoire
Une bonne hygiène respiratoire devrait être favorisée pour les patientsc et les personnes qui les accompagnent et qui présentent des signes ou des symptômes associés à des syndromes grippaux (SG)5, (voir 3.b.), dès l’arrivée dans l’établissement de soins de santé (p. ex. malade hospitalisé, triage, réception et salle d’attente dans le service des urgences, cliniques externes, etc.). L’hygiène respiratoire comprend l’utilisation de sa manche pour tousser ainsi que de mouchoirs de papier et le port d’un masqued lorsqu’une personne tousse ou éternue ou pour contrôler les sécrétions nasales.
Les établissements de soins de santé devraient fournir des mouchoirs de papier et des masquesd pour faciliter l’hygiène respiratoire et donner des directives sur la manière et l'endroit où ils doivent être jetés, et sur l'importance de l'hygiène des mains après les avoir utilisés (voir 6. Hygiène des mains).
Il faudrait montrer aux patientsc en quoi consiste une bonne hygiène des mains et leur enseigner les pratiques d'hygiène respiratoire. Les patientsc soupçonnés d’avoir l’influenza ou chez qui l’influenza est confirmée devraient porter un masqued (s’il est toléré) en présence de travailleurs de la santé, d’autres membres du personnel ou de visiteurs. Les patientsc peuvent retirer leur masqued lorsqu’ils sont installés dans leur chambree (voir 7. Hébergement).
b) Séparation spatiale
Il devrait y avoir une séparation spatiale d’au moins deux mètres entre les patientsc qui présentent des signes ou des symptômes d’un SG5 et ceux qui ne sont pas infectés.
c) Dépistage
a. Les patientsc symptomatiques atteints d’un SG5 devraient être examinés rapidement et les causes possibles d’une infection respiratoire sévère autre que l’influenza devraient être considérées (p. ex. tuberculose, virus respiratoire syncytial, etc.).
b. Les critères suivants pour les SG5 peuvent être utilisés afin de déterminer la nécessité d’appliquer les mesures de prévention et de contrôle des infections énoncées dans les présentes lignes directrices.
Une surveillance prospective des SG5 devrait être établie (voir 2.b.).
La vaccination est le moyen le plus efficace de se protéger contre la grippe saisonnière. La vaccination annuelle contre l’influenza est recommandée pour les travailleurs de la santé qui pourraient transmettre l’influenza, y compris ceux qui prodiguent des soins directs ou indirects aux patients2. La vaccination annuelle contre l’influenza est considérée comme un élément essentiel des normes en matière de soin visant à protéger les patientsc2.
Les travailleurs de la santé devraient pratiquer l’hygiène des mains fréquemment (tel qu’il est recommandé dans les lignes directrices de l’ASPC « Pratiques en matière d’hygiène des mains dans les établissements de santé »9 et la politique de l’établissement de soins de santé), de préférence en utilisant un désinfectant pour les mains à base d’alcool (de 60 à 90 %) ou de l’eau et du savon lorsque les mains sont visiblement sales.
D’autres types de produits sans eau peuvent ne pas contenir d’alcool ou en contenir à des concentrations de moins de 60 %. Il n’y a pas de données concernant l’efficacité de ces produits et ils ne devraient pas être utilisés pour l’hygiène des mains dans les établissements de santé9.
Les patientsc soupçonnés d’avoir l’influenza ou chez qui l’influenza est confirmée devraient être soignés dans une chambre individuelle si possible. Il faut procéder à une évaluation du risque pour orienter les patients ou déterminer la pertinence de les regrouper lorsque les chambres individuelles sont limitées ou s’il s’agit d’un établissement de soins de longue durée. Les patientsc atteints de la grippe devraient partager leur chambre avec d’autres patients infectés. Si les regroupements sont impossibles et qu’un cubicule ou un lit désigné est utilisé dans une chambre partagée, il faudrait fermer les rideaux d’intimité entre les lits.
Il faudrait placer une affiche à propos du contrôle des infections sur la porte de la chambree indiquant les précautions contre la transmission par gouttelettes ou par contact à prendre dès l’entrée dans la chambree.
Les patientsc atteints d’un SG5 devraient demeurer dans leur chambre jusqu’à ce que les symptômes disparaissent. La participation à des activités de groupe devrait être restreinte tant que le patientc présente des symptômes.
Le déplacement des patientsc soupçonnés d’avoir l’influenza ou chez qui l’influenza est confirmée devrait se limiter aux tests diagnostics et thérapeutiques essentiels seulement. Les transferts au sein des installations devraient être évités sauf en cas d'indication médicale.
Si des déplacements sont nécessaires, les services de transport et le personnel du secteur qui reçoit le patient devraient être informés des précautions à prendre pour le patientc transporté. Les patients atteints de l’influenza qui quittent leur chambree pour des raisons médicales (c.-à-d., tests diagnostics et thérapeutiques essentiels) devraient porter un masqued et respecter les règles d’hygiène respiratoire.
a) EPI en plus des Pratiques de base
Note : Dans une chambre partagée ou une pièce où sont regroupés des patients, la protection faciale peut être portée pour soigner plusieurs patients successifsc.
b) Interventions médicales générant des aérosols (IMGA)f
L’ensemble de l’équipement (p. ex. thermomètre, brassard et oxymètre de pouls, etc.) devrait servir aux soins d’un seul patientc et il faudrait le nettoyer et le désinfecter conformément aux Pratiques de base avant de pouvoir le réutiliser pour un autre patientc. On peut aussi utiliser de l’équipement à usage unique et le jeter dans la poubelle après l’avoir utilisé. Aucun jouet, jeu électronique ou effet personnel ne devrait être partagé entre les patientsc.
Les agents de nettoyage et de désinfection habituellement utilisés dans les hôpitaux conviennent au nettoyage de l’environnement dans le contexte de l’influenza. Il faudrait nettoyer toutes les surfaces horizontales et les surfaces touchées fréquemment au moins deux fois par jour ou lorsqu’elles sont sales. Le nettoyage de l’environnement devrait se faire conformément au protocole de nettoyage final de l’établissement de soins de santé, pour ce qui a trait au nettoyage de la chambree du patientc après son congé ou son transfert, ou après l’arrêt des précautions contre la transmission par gouttelettes ou par contact.
Les Pratiques de base conviennent.
Les précautions contre la transmission par gouttelettes ou par contact pour la grippe saisonnière devraient être arrêtées lorsque le patientc n’est plus symptomatique ou selon la politique de l’organisation.
Sauf pour des raisons compassionnelles, les visites devraient être restreintes pour les personnes atteintes de SG5. Les visiteurs qui ont des symptômes de SG5 devraient être informés des règles d’hygiène respiratoire, porter un masqued, pratiquer l’hygiène des mains, se rendre directement au chevet du patient et quitter directement après la visite. Il faudrait limiter les visiteurs des patientsc avec l’influenza aux personnes désignées par ceux-ci ou aux plus proches parents dont la présence est nécessaire au bien-être émotionnel et aux soins du patient. Ils devraient être informés des règles d’hygiène des mains et limiter leurs déplacements dans l’établissement.
1 Agence de la santé publique du Canada, Guide de prévention des infections. Prévention de la pneumonie associée aux soins de santé. 2010. Document de l’ASPC en attente de publication.
2 Déclaration. Déclaration sur le vaccin antigrippal trivalent inactivé (VTI) pour la saison 2010-2011. Comité consultatif national de l'immunisation. RMTC, août 2010, Volume 36 DCC-6.
3 Agence de la santé publique du Canada, Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les établissements de santé. 2010. Document de l’ASPC en attente de publication.
4 Weinstock DM, Gubareva LV, Zuccotti G. « Prolonged shedding of multidrug-resistant influenza A virus in immunocompromised patient ». N Engl J Med 2003;348(9):867-8.
5 Surveillance de l’influenza, Définitions pour la saison 2010-2011. Consulté à l’adresse : http://www.phac-aspc.gc.ca/fluwatch/10-11/def10-11-fra.php le 7 octobre 2010.
6 Munoz FM, Campbell JR, Atmar RL, et coll. « Influenza A virus outbreak in a neonatal intensive care unit ». Pediatr Infect Dis J 1999;18:811-5.
7 Beekmann SE, Engler HD, Collins AS, et coll. « Rapid identification of respiratory viruses: impact on isolation practices and transmission among immunocompromised pediatric patients ». Infect Control Hosp Epidemiol 1996; 17:581-6
8 Barenfanger J, Drake C, Leon N, et coll. « Clinical and financial benefits of rapid detection of respiratory viruses: an outcome study ». J Clin Microbiol 2000;38:2824-8.
9 Agence de la santé publique du Canada, Pratiques en matière d’hygiène des mains dans les établissements de santé. 2010. Document de l’ASPC en attente de publication.
Avant toute interaction avec les patients, tous les travailleurs de la santé ont la responsabilité d'évaluer le risque d'infection pour eux-mêmes et pour les autres patients, les visiteurs et les autres travailleurs de la santé. L'évaluation du risque se fonde sur l'exercice du jugement professionnel en fonction de la situation clinique et des renseignements courants sur les mesures techniques et administratives conçues et mises en place par l'établissement de soins de santé, et sur la disponibilité et l'utilisation de l'équipement de protection individuelle (EPI).
L'évaluation du risque au point de service (ERPS) est une activité pratiquée par les travailleurs de la santé avant toute interaction avec un patient afin de :
L’ERPS n'est pas un nouveau concept. En effet, les travailleurs de la santé utilisent déjà ce type d'évaluation plusieurs fois par jour afin d'assurer leur propre sécurité ainsi que celle des patients et des autres personnes présentes dans les milieux de soins de santé. Ils le font, par exemple, lorsqu'ils évaluent un patient et une situation afin de déterminer la possibilité d'exposition à du sang ou à des liquides corporels, ou lorsqu'ils choisissent un équipement de protection individuelle adéquat pour prodiguer des soins à un patient atteint d'une maladie infectieuse.
2.New York State Nursing Association (NYSNA), Nursing Practice Alert. Emergency Department Overcrowding/Preparedness. Site Web consulté le 2 mai 2009. http://www.nysna.org/practice/alerts/alert_1104.html
a Établissement de soins actifs – Établissement où une gamme de services sont offerts aux patients hospitalisés, y compris des chirurgies et des soins intensifs. Aux fins du présent document, les établissements de soins actifs englobent les services de soins ambulatoires comme les services d’urgence des hôpitaux et les centres indépendants effectuant des chirurgies ambulatoires (d’un jour) ou d’autres procédures (p. ex. endoscopies)3.
b Établissement de soins de longue durée – Établissement offrant une gamme d’activités et différents niveaux et types de services infirmiers professionnels pour les personnes nécessitant une surveillance continue, de l’assistance, des services de réadaptation et de rétablissement ainsi que des soins médicaux dans un lieu ne répondant pas à la définition d’établissement de soins actifs. Ces unités et installations portent différents noms, notamment unités de soins chroniques, continus, complexes, résidentiels, de réadaptation ou de convalescence et maisons de repos3.
c « Patients » s’entend de patients, de résidents ou de clients
d Masque chirurgical ou opératoire
e Chambre du patient, cabine ou lit désigné
f Interventions médicales pouvant générer des aérosols en raison d’une manipulation artificielle des voies respiratoires d’une personne. Parmi les procédures concernées se trouvent : l’intubation et les procédures connexes (p. ex. ventilation manuelle, aspiration endotrachéale ouverte), la réanimation cardio-respiratoire, l’induction de l'expectoration, une thérapie avec aérosol par nébulisation, une chirurgie, une autopsie ou une ventilation non invasive en pression positive à deux niveaux (BiPAP, VPPC)3.
Pour partager cette page, veuillez cliquez sur le réseau sociale de votre choix.