Le présent module fournit des outils de planification visant à faciliter la conception et la réalisation d'un exercice de simulation en prévision d'une pandémie de grippe et adaptés aux besoins des Premières nations, des Inuits, des Métis et des organismes d’appui. Même si le module vise particulièrement les collectivités autochtones1, un grand nombre de scénarios et de questions pourraient aussi être applicables à d’autres petites collectivités et/ou régions éloignées.
Le document est le cinquième module de la série et peut être utilisé conjointement avec les modules 1 à 4. Le module 1 est un diaporama présentant des exercices de simulation; le module 2 fournit des outils de planification et d’élaboration d’exercices, y compris des modèles et des lignes directrices; le module 3 comprend une vaste liste d’ouvrages de référence concernant la planification et les exercices en cas de pandémie et le module 4 est un générateur d’exercices qui fournit des scénarios d’exercice et qui porte sur d’autres questions.
Le module fournit le cadre d’un exercice de simulation de pandémie de grippe dans une collectivité autochtone. L’exercice de la collectivité pourrait être adapté en vue d’atteindre l’un des objectifs suivants :
Partout au Canada, des collectivités se sont préparées, en collaboration avec les organisations gouvernementales et non gouvernementales locales, à une pandémie de grippe. Faire un exercice avec les plans en cas de pandémie constitue une étape importante dans le cadre de la préparation et du processus de validation.
Les collectivités autochtones doivent aussi se préparer. Toutefois, au cours de cette planification, il se peut qu’elles aient besoin d’analyser des facteurs qui diffèrent de ceux d’autres collectivités canadiennes, y compris les particularités liées à la culture, aux échelles de valeurs, au partage des compétences, à l’économie et à l’infrastructure communautaire. De plus, un grand nombre de collectivités des Premières nations, d’Inuits et de Métis sont petites ou éloignées, ce qui constitue un facteur que l’on doit prendre en considération dans le cadre d’une planification des mesures d’urgence.
Par conséquent, l’élaboration d’un exercice de simulation en prévision d’une pandémie de grippe doit être adaptée aux caractéristiques uniques de la collectivité pour laquelle l’exercice est conçu. L’élaboration de l’exercice nécessitera la participation, la compréhension et l’orientation de la collectivité et de ses dirigeants.
L’approche holistique en matière de santé a toujours été privilégiée par les collectivités autochtones et, la planification d’exercices doit tenir compte de ce principe. Chaque collectivité devrait être considérée comme une entité culturelle unique à l’égard de la planification et de la réalisation des exercices et dont la structure de direction et d’administration de la collectivité doit être reconnue et respectée. La planification en cas de pandémie fait aussi partie d’une planification globale des mesures d’urgence d’une collectivité. En conséquence, les exercices de préparation à la pandémie devraient être adaptés à un calendrier global de planification des mesures d’urgence et des exercices.
Les questions et les scénarios du module ont été élaborés en fonction des caractéristiques particulières des collectivités autochtones. Par exemple, ils tiennent compte de la culture d’une collectivité dans le cadre d’une planification des mesures d’urgence, y compris des styles et des préférences en matière de communication, des opinions concernant la maladie et la santé, des rôles des personnes âgées ou des guérisseurs traditionnels. Ils peuvent aussi tenir compte de facteurs liés au partage des compétences, par exemple dans le cas de certaines collectivités des Premières nations, dont les services de santé primaires sont offerts par le gouvernement fédéral. Le générateur d’exercices a pour objectif de fournir des questions que les planificateurs d’exercices en cas de pandémie peuvent choisir selon leur situation particulière.
En plus des questions relatives à la culture et au partage des compétences, un grand nombre de collectivités autochtones doivent aussi analyser les défis liés à la planification en cas de pandémie qui découlent de l’éloignement. Voici certaines des questions qui peuvent être analysées :
Les situations et le scénario du cadre de l’exercice de la section 2 sont conçus en vue d’un exercice de simulation qui peut être réalisé en une journée de travail.
Il n’y a pas de nombre déterminé de participants. Cependant, il serait plus approprié d’utiliser le cadre d’exercice pour faire de petits exercices de simulation comptant de 5 à 15 participants, incluant des dirigeants de la collectivité et des responsables de la préparation aux situations d’urgence. Dans les petites collectivités, un participant peut être appelé à jouer plus d’un rôle pendant l’exercice compte tenu des responsabilités qu’il doit assumer dans la collectivité.
1 Le terme “autochtone” employé dans le module désigne les populations des Premières nations, des Inuits et des Métis.
La présente section comprend un cadre d’exercice en prévision d’une pandémie de grippe que les planificateurs peuvent utiliser pour élaborer et réaliser un exercice de simulation qui convient à leur collectivité.
Le cadre constitue un scénario d’exercice adaptable comprenant un exposé d’ouverture pour la mise en situation, une série de résumés de situations et un certain nombre de questions clés connexes (aussi appelées « intrants ») qui peuvent être utilisées pour faciliter la discussion portant sur le scénario. Les planificateurs devraient choisir des intrants qui s’appliquent à leur collectivité et prendre aussi en considération les questions liées aux intrants supplémentaires présentés à l’appendice 1.
L’exercice porte sur l’apparition de la pandémie à l’extérieur du Canada, la première vague de pandémie au Canada et la période entre les vagues ultérieures, comme cela est illustré dans le schéma.
Pour les besoins de l’exercice, on utilise une souche fictive de virus de la grippe. Il est présumé que la transmission interhumaine du virus se fait principalement par gouttelettes (toux et éternuement) et par contact indirect par des mains sales et des articles qui ont été précédemment manipulés par une personne infectée.
Le virus peut survivre jusqu’à 48 heures sur les surfaces dures et jusqu’à cinq minutes sur la peau exposée. Des personnes infectées peuvent transmettre le virus à d’autres personnes pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq jours après l’infection.
L’exposé « prépare le terrain » de l’exercice et constitue la toile de fond de la discussion. Il s’agit d’un exposé générique qui conviendra à la plupart des situations, mais qui peut être adapté au besoin à votre collectivité.
L’exposé peut être transmis aux participants à l’avance ou être présenté verbalement ou par écrit au début de l’exercice.
Une éclosion d’un virus des voies respiratoires se propage dans un pays de l’Amérique centrale. Il y a un certain nombre de cas de maladies respiratoires graves. La surveillance dans les régions environnantes s’intensifie et de nouveaux cas sont diagnostiqués.
À la suite d’une enquête, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) détermine que le virus constitue une nouvelle souche d’influenza qui semble pouvoir se transmettre facilement d’une personne à l’autre.
De nouveaux cas sont ensuite déclarés dans un deuxième, puis dans un troisième pays de l’Amérique centrale. Bien que des cas soient déclarés dans tous les groupes d’âge, les jeunes adultes semblent être le plus gravement touchés, et des décès sont signalés. L’OMS indique que la pandémie mondiale atteint le niveau 4 (voir le tableau 1).
Phase | Importance | Niveau |
---|---|---|
Phase interpandémique Nouveau virus chez l’animal, aucun cas chez l’humain. |
Faible risque d’infection chez l’humain | 1 |
Risque plus élevé d’infection chez l’humain | 2 | |
Période d’alerte pandémique Le nouveau virus entraîne des cas chez l’humain. |
Transmission interhumaine inexistante ou très limitée | 3 |
Preuve d’une transmission interhumaine accrue | 4 | |
Preuve d’une transmission interhumaine importante | 5 | |
Pandémie |
Transmission interhumaine efficace et soutenue | 6 |
Un mois après les premiers signalements, des cas de grippe ont fait leur apparition dans plusieurs pays de l’Amérique du Sud et des Caraïbes, et les taux de létalité augmentent. Aucun cas n’a encore été signalé aux États-Unis ou au Canada. L’OMS déclare que la pandémie atteint le niveau 5.
Les postes de quarantaine situés aux points d’entrée du Canada et les autorités provinciales en matière de santé doivent se tenir à l’affût de passagers présentant des symptômes d’une maladie respiratoire à l’arrivée.
La possibilité d’une pandémie est à la une de tous les principaux journaux et fait la manchette d’importants réseaux de nouvelles. Un avis de sécurité, qui fournit des renseignements sur la situation et qui rappelle aux dirigeants les mesures de protection qui devraient être prises,
a été émis à l’intention des collectivités autochtones.
Les pages suivantes comprennent cinq Résumés de situation qui décrivent un scénario à suivre dans le cadre de l’exposé d’ouverture et présentent des questions visant à encourager la discussion.
Les planificateurs de l’exercice et les animateurs peuvent utiliser les résumés de situation « tels quels » ou peuvent les adapter aux caractéristiques particulières de leur collectivité. Le nombre de résumés utilisés dépendra du temps dont on dispose et du temps alloué à la discussion par les animateurs.
Des questions de discussion supplémentaires sont fournies dans le Répertoire d’intrants à l’appendice 1. On peut les ajouter ou les remplacer au besoin en fonction de la collectivité et des objectifs de l’exercice.
Les réponses aux questions ne sont pas fournies, puisqu’elles varieront en fonction de la collectivité concernée et de la possibilité qu’elle ait déjà un plan en cas de pandémie. Des remarques à l’intention des animateurs de l’exercice sont formulées à l’appendice 4 afin d’aider ceux-ci à orienter les discussions. Toutefois, il est important de comprendre que ces remarques ne sont pas normatives. Les structures de gestion et les circonstances varieront selon les collectivités et, les remarques ne pourront pas s’appliquer à toutes les situations.
Temps alloué à l’étude : 20 minutes
Temps alloué à la discussion : 40 minutes
Selon des reportages parus dans les médias, les cas de grippe ont d’abord été signalés en Amérique latine, mais d’autres cas sont maintenant déclarés au Canada. Le virus a été transmis par des passagers de lignes aériennes qui arrivent dans les aéroports internationaux partout au pays.
Des éclosions locales d’une maladie pseudogrippale sont signalées dans plusieurs villes de votre province/territoire. Toutefois, puisque c’est la saison de la grippe, il n’est pas encore possible de déterminer clairement si au moins quelques uns des cas déclarés sont simplement liés à l’activité grippale saisonnière normale. Il est possible de recevoir un vaccin contre la grippe saisonnière dans une clinique.
Des membres de votre collectivité posent des questions au sujet de la préparation en cas de pandémie et veulent savoir si leur sécurité est compromise. Il y a une certaine confusion quant à la question de savoir si le vaccin antigrippal habituellement administré offrira une protection en cas de pandémie imminente.
Temps alloué à l’étude : 20 minutes
Temps alloué à la discussion : 40 minutes
La pandémie de grippe a atteint votre collectivité et des membres de plusieurs familles présentent des symptômes.
L’organisme de services de santé local a transmis un communiqué concernant la pandémie qui indique que les vaccins contre la grippe saisonnière ne sont pas efficaces contre la nouvelle souche et presse les collectivités d’activer leurs plans en cas de pandémie. Il n’existe pas encore de vaccin contre la souche pandémique d’influenza.
Les personnes qui présentent des symptômes grippaux peuvent avoir accès à des antiviraux. Pour atténuer efficacement la gravité de la maladie, les antiviraux devraient être pris dans les 24 à 48 heures suivant l’apparition des premiers symptômes. Il a été conseillé aux membres de la collectivité qui présentent des facteurs de risque de maladie grave de suivre un traitement dès l’apparition des symtômes.
Temps alloué à l’étude : 20 minutes
Temps alloué à la discussion : 40 minutes
L’OMS a déclaré que la pandémie atteint le niveau 6 et on a commencé la production d’un vaccin contre la grippe pandémique. Une pandémie de grippe au Canada a été déclarée par l’administrateur en chef de la santé publique et les effets se font sentir partout dans votre province/territoire.
Il a été confirmé que le virus s’est propagé dans votre collectivité. La plupart des membres de la collectivité qui sont malades sont soignés à la maison par leur famille et des bénévoles.
Des services comme les consultations de médecins et le transport pour raison médicale, y compris les services d’ambulance aérienne, sont perturbés. Des rapports indiquent que les hôpitaux atteignent leur pleine capacité. Des antiviraux sont offerts; cependant, aucun vaccin n’a été mis au point à ce jour.
Une infirmière est actuellement disponible pour la collectivité, mais elle a dû établir un ordre de priorité parmi ses activités. Votre gestionnaire en matière de santé est malade et est confiné chez lui.
On a fait la promotion des pratiques d’autosoins auprès des membres de la collectivité et, ceux‑ci ont été encouragés à être aussi autonomes que possible. Toutefois, certains d’entre eux ont besoin de soins médicaux d’urgence. Certains membres qui résident habituellement à l’extérieur de la collectivité sont retournés à la maison pour être avec leur famille en ces temps difficiles.
Temps alloué à l’étude : 20 minutes
Temps alloué à la discussion : 25 minutes
Douze semaines se sont écoulées depuis le début de la pandémie. Il est maintenant possible d’avoir accès aux premiers envois de vaccins et ceux-ci sont prêts à être distribués dans votre province/territoire.
Votre collectivité a été informée par l’organisme de services de santé local que le vaccin est envoyé et que la vaccination pourra débuter prochainement. Il est proposé que les collectivités prennent les mesures nécessaires pour que leurs membres puissent être immunisés.
Temps alloué à l’étude : 20 minutes
Temps alloué à la discussion : 25 minutes
Quinze semaines se sont écoulées depuis le début de la pandémie au Canada et le nombre de personnes malades dans la collectivité a commencé à diminuer. Cette situation est appelée « période entre les vagues » et, même s’il y aura un répit, on peut s’attendre à ce qu’une nouvelle vague d’infection commence au cours des trois à six prochains mois.
Il est maintenant possible d’avoir accès facilement à des antiviraux et à des vaccins.