Relevé des maladies
transmissibles au Canada
Volume : 33S1 mai 2007
La version complète : Version PDF
76 pages (8.00 MB)
Tableau 1.1 |
Cas déclarés et taux de la chlamydiose génitale au Canada selon le groupe d'âge et le sexe, 1991-2004 |
Tableau 1.2 |
Cas déclarés et taux de la chlamydiose génitale au Canada selon la province/le territoire et le sexe, 1991-2004 |
Tableau 2.1 |
Cas déclarés et taux de la gonorrhée au Canaa selon le groupe d'âge et le sexe, 1980-2004 |
Tableau 2.2 |
Cas déclarés et taux de la gonorhée au Canada selon la province/le territoire et le sexe, 1980-2004 |
Tableau 3.1 |
Cas déclarés et taux de la syphilis infectieuse au Canada selon le groupe d'âge et le sexe, 1993-2004 |
Tableau 3.2 |
Cas déclarés et taux de la syphilis inféctieuse au Canada selon la province/le territoire et le sexe, 1993-2004 |
La Section de la surveillance et de l'épidémiologie de l'Agence de la santé publique du Canada est heureuse de vous présenter la dernière version du Rapport de surveillance sur les infections transmises sexuellement (ITS). Ce rapport résume les tendances en ce qui concerne les trois ITS bactériennes à déclaration obligatoire au Canada (chlamydiose génitale, gonorrhée et syphilis infectieuse) à l'aide des données fournies à l'Agence de la santé publique du Canada par les provinces et les territoires. Afin d'offrir un portrait plus complet du fardeau que représentent les ITS au Canada, les taux d'ITS virales et les résultats des initiatives de surveillance accrue sont aussi inclus dans le rapport. De plus, afin de mettre en contexte les taux canadiens d'ITS, ceux-ci ont été comparés avec les taux enregistrés dans des pays similaires.
En dépit des efforts de prévention, d'éducation et de promotion de la santé qui ont été déployés au pays pour lutter contre les ITS, leur propagation n'est manifestement pas maîtrisée. Plus de 60 000 cas de chlamydiose génitale sont déclarés chaque année au Canada, et ce sont les jeunes femmes qui sont les plus touchées, dont bon nombre sont ensuite infécondes. Des centaines de Canadiens sont atteints de syphilis et de lymphogranulome vénérien, dont une proportion importante sont également infectés par le VIH. Cela n'est qu'un exemple du nombre d'ITS qui ont pour effet d'augmenter la transmission et l'acquisition du VIH. Les difficultés rencontrées en vue de cibler les populations les plus vulnérables et l'échec des efforts visant à éduquer nos jeunes sur les risques liés aux ITS ne font qu'attiser le problème.
En plus des efforts faits pour éviter les nouvelles infections, la prévention et le contrôle des ITS doivent être des moyens clés pour empêcher la propagation du VIH. Il faudra investir dans une stratégie nationale globale de lutte contre les infections transmises sexuellement ou par le sang afin de freiner l'épidémie montante d'ITS et de réduire les sommes affectées aux soins de santé en aval. Plus important encore, les efforts qui auront permis d'éviter des infections et de réduire la morbidité auront au bout du compte pour effet d'améliorer la santé des Canadiens.
Ce rapport a étémis au point par la Section de la surveillance et de l'épidémiologie, Division des infections acquises dans la collectivité, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Agence de la santé publique du Canada (ASPC). De nombreux autres intervenants ont toutefois contribué à son élaboration et à sa publication, notamment :
La surveillance nationale continue des infections transmises sexuellement (ITS) nécessite la collaboration et la participation de nombreuses personnes et organisations, notamment :
Ce rapport confirme que les infections transmises sexuellement (ITS) constituent un problème et un défi grandissants en matière de santé publique au Canada. Depuis 1997, les taux déclarés de chlamydiose génitale et de gonorrhée augmentent de façon constante. Les taux de syphilis infectieuse ont amorcé lentement leur ascension en 1997, puis ont connu une hausse rapide à compter de 2000. En 2004, les trois ITS bactériennes à déclaration obligatoire ont continué de progresser, affectant de plus en plus de Canadiens.
La hausse du nombre de cas déclarés d'ITS bactériennes ne s'observe pas qu'au Canada : la situation au Royaume-Uni et aux États-Unis comporte en effet certaines similitudes avec la nôtre à ce chapitre. Dans chacun des trois pays, la chlamydiose est l'ITS la plus souvent déclarée, elle touche des groupes d'âge similaires chez les deux sexes et elle est en hausse. Pour ce qui est de la syphilis, la survenue d'éclosions chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes est un des facteurs épidémiologiques communs aux trois pays. Contrairement à la chlamydiose et à la syphilis, la gonorrhée semble toutefois être en hausse au Canada seulement.
La chlamydiose génitale demeure l'ITS et la maladie à déclaration obligatoire le plus souvent déclarée au Canada. Le taux global de chlamydiose en 2004 était de 70 % plus élevé que le taux de 1997. De son côté, le taux de gonorrhée a augmenté de 94 %. La résistance des gonocoques aux traitements de première intention est un problème montant. La syphilis infectieuse a connu les hausses les plus stupéfiantes, les taux ayant été multipliés par neuf au cours de la même période (tableau 1).
Au Canada, le fardeau des ITS n'est pas réparti uniformément dans l'ensemble de la population. Les jeunes femmes continuent d'être davantage touchées par la chlamydiose génitale, tandis que la gonorrhée se concentre chez les hommes de 20 à 29 ans. Les hommes de plus de 30 ans constituent la majorité des cas de syphilis infectieuse. On dénote également des différences marquées sur le plan géographique, les taux de chlamydiose génitale et de gonorrhée étant plus élevés dans le Nord, suivi du Manitoba et de la Saskatchewan. Les taux de syphilis infectieuse sont plus élevés en Colombie-Britannique. C'est l'Ontario qui enregistre le plus grand nombre de cas déclarés des trois ITS à déclaration obligatoire, ce qui n'est pas surprenant compte tenu de l'importance de sa population.
Tableau 1. Cas et taux déclarés d'ITS bactériennes au Canada
|
Chlamydiose génitale |
Gonorrhée |
Syphilis infectieuse1 |
|||
---|---|---|---|---|---|---|
Cas |
Taux2 |
Cas |
Taux2 |
Cas |
Taux2 |
|
1997 |
34 144 |
113,9 |
4 477 |
14,9 |
115 |
0,4 |
2002 |
56 266 |
179,4 |
7 365 |
23,5 |
482 |
1,5 |
20043 |
62 971 |
197,1 |
9 233 |
28,9 |
1 127 |
3,5 |
1 Syphilis infectieuse : phases
primaire, secondaire et latente précoce |
Ces trois infections représentent plus de la moitié de toutes les maladies à déclaration obligatoire signalées à l'Agence de la santé publique du Canada (figure 1). Cette comparaison donne une bonne idée du fardeau de la maladie directement attribuable aux ITS, lequel est en plus aggravé par la morbidité et les séquelles importantes qui accompagnent certaines autres ITS.
Certaines populations à risque élevé pourraient ne pas être représentées dans les chiffres sur les ITS déclarées systématiquement. Les initiatives de surveillance accrue donnent un aperçu du fardeau de la maladie parmi ces populations en particulier, ce qui contribue à cibler les efforts de prévention et de contrôle. Par exemple, le programme Surveillance accrue des jeunes de la rue au Canada (SAJRC) montre que les taux d'ITS bactériennes sont beaucoup plus élevés chez les jeunes de la rue que chez les jeunes Canadiens en général.
Les taux de chlamydiose et de gonorrhée ont été projetés pour la période de 2005 à 2010 pour fournir un exemple concret de ce à quoi les taux d'ITS au Canada pourraient ressembler en l'absence d'un renversement important de la courbe épidémique. Si les tendances actuelles persistent, les taux atteindront des sommets encore plus accablants d'ici la fin de la décennie. Étant donné que la coinfection par de multiples ITS virales ou bactériennes est courante, en particulier chez les populations à risque élevé, les facteurs qui sont communs aux diverses infections doivent être pris en compte dans l'élaboration des interventions de santé publique.
Ces chiffres ont des implications tangibles pour la population canadienne. En effet, une proportion croissante de la population risque de contracter (ou de transmettre) une ITS. Les conséquences émotionnelles et sociales d'un diagnostic d'infection peuvent représenter des difficultés de taille pour une personne. Une infection non traitée peut avoir des répercussions encore plus graves, pouvant entraîner des problèmes de santé à long terme. Ces infections sont entièrement évitables et sont également faciles à diagnostiquer et à traiter. Voilà des facteurs qui sont favorables au contrôle des ITS au Canada et que nous devons utiliser à notre avantage tandis que nous envisageons l'avenir.
Figure 1 : Proportion des cas déclarés d'ITS bactériennes par rapport à l'ensemble desmaladies à déclaration obligatoire au Canada, 2004*
* Les données de 2004 sont
préliminaires et des changements sont à
prévoir; les données pour le Nunavut ne sont pas
disponibles.
Source :Maladies à déclaration obligatoire, Division
de la surveillance et de l'évaluation des risques,
Angence de santé publique au Canada, 2006.
Ce rapport fait état des données épidémiologiques de base sur les infections bactériennes qui sont principalement transmises lors des rapports sexuels et dont la déclaration à l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) est obligatoire à l'échelle nationale. La liste des maladies à déclaration obligatoire au pays est établie par un comité fédéral-provincial-territorial à l'aide d'un processus d'établissement des priorités qui permet de déterminer les maladies devant faire l'objet d'une surveillance systématique. Les critères ont été élaborés dans le but d'utiliser le plus efficacement possible les ressources affectées à la prévention et au contrôle des maladies qui constituent une menace pour les Canadiens. Les infections transmises sexuellement (ITS)1 figurant sur cette liste sont la chlamydiose génitale, la gonorrhée et la syphilis infectieuse. D'autres infections, comme l'herpès génital et l'infection par le virus du papillome humain (VPH), ne doivent pas obligatoirement être déclarées à l'échelle nationale. Afin d'offrir un portrait plus complet du fardeau que représentent les ITS au Canada, des données sur certaines de ces infections ont été incorporées à ce rapport; elles sont tirées de diverses études.
Étant la maladie à déclaration obligatoire la plus répandue au Canada, la chlamydiose est responsable d'une très grande proportion du fardeau des ITS. Dans un document d'observation sollicité, intitulé « Et si ça voulait dire quelque chose? Les conséquences d'un taux élevé de chlamydiose au Canada », on se penche plus à fond sur les répercussions de cette infection bactérienne en apparence inoffensive et facile à combattre.
Ce rapport sur les tendances relatives aux ITS au Canada est destiné aux gouvernements, aux professionnels de la santé, aux chercheurs et aux organismes bénévoles qui prennent part à la prestation des services et à la planification, de même qu'au grand public. Il a pour but de fournir de l'information pouvant être utilisée pour appuyer et éclairer la prise de décisions et l'élaboration de programmes visant à améliorer la santé des Canadiens. C'est dans cette perspective qu'une section sur les tendances projetées a été ajoutée.
Des notes techniques sont aussi fournies pour faciliter l'interprétation des données et pour offrir plus de détails sur le système de surveillance d'où les données sont extraites. L'annexe contient des tableaux de données sur chaque ITS à déclaration obligatoire et présente des données réparties par âge et par sexe, ainsi que par province et par sexe.
Tous les systèmes de surveillance ont leurs limites, et le nôtre ne fait pas exception. En effet, bon nombre d'ITS sont asymptomatiques, et il est donc possible que certaines infections ne soient pas détectées, diagnostiquées et déclarées. De plus, la recherche des contacts est une activité essentielle à la prévention et au contrôle des ITS, mais les hausses récentes des comportements sexuels à risque, comme les rapports avec des partenaires anonymes, rendent cette mesure difficile à appliquer. Par conséquent, il est possible que les infections parmi les contacts anonymes des cas passent inaperçues et ne soient donc pas décelées par le système de surveillance. Parmi les personnes qui présentent des symptômes, seules celles qui passent des tests ou reçoivent des soins médicaux sont comptabilisées. En raison de ces limites, les chiffres contenus dans ce rapport sous-estiment probablement le fardeau réel de la maladie. Le rapport fournit toutefois une estimation dans le temps de l'importance des ITS et des tendances connexes au Canada. Les données sont sujettes à des changements en raison des retards dans les déclarations et d'autres contraintes propres aux systèmes de surveillance.
En lisant ce rapport, veuillez garder en tête que de légères différences peuvent exister entre les données présentées par l'ASPC et les données présentées individuellement par les provinces et les territoires. En pareilles circonstances, les données provinciales et territoriales prévalent, car elles sont plus à jour.
Le terme « infection transmise sexuellement » (ITS), maintenant couramment utilisé plutôt que « maladie transmise sexuellement » (MTS), est plus inclusif, car il englobe les cas asymptomatiques.
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