Une déclaration d'un comité consultatif (DCC)
Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI)†
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Préambule
Le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) donne à l'Agence de la santé publique du Canada des conseils constants et à jour liés à l'immunisation dans les domaines de la médecine, des sciences et de la santé publique. L'Agence de la santé publique du Canada reconnaît que les conseils et les recommandations figurant dans la présente déclaration reposent sur les connaissances scientifiques les plus récentes et diffuse le document à des fins d'information. Les personnes qui administrent le vaccin doivent également connaître le contenu de la monographie de produit pertinente. Les recommandations d'utilisation et les autres renseignements qui figurent dans le présent document peuvent différer du contenu de la monographie de produit du fabricant du ou des vaccins au Canada. Les fabricants ont fait approuver leur vaccin et démontré son innocuité et son efficacité uniquement lorsqu'il est utilisé conformément à la monographie de produit. Les membres du CCNI et les agents de liaison doivent se conformer à la politique de l'Agence de la santé publique du Canada régissant les conflits d'intérêts, et notamment déclarer chaque année les conflits d'intérêts possibles.
La présente déclaration traite d'un changement aux recommandations sur la gestion de la rage à la suite d'une exposition à des chauvessouris. Depuis la publication de la cinquième édition du Guide canadien d'immunisation en 1998, le CCNI a recommandé une prophylaxie antirabique post-exposition (PAPE) aux personnes qui dorment sans surveillance dans la même pièce qu'une chauvesouris et dans le cas où la possibilité d'une morsure ne peut être exclue(1), à moins qu'un test n'ait révélé que la chauvesouris n'est pas porteuse de la rage. On a par la suite ajouté la mention d'une chauvesouris qui se trouve dans la même pièce qu'une personne qui ne peut attester de la présence d'une morsure, comme un enfant ou une personne ayant une déficience cognitive (2;3). Dans la pratique, le fait qu'une chauvesouris se trouve dans une pièce adjacente dans la maison compte également parmi les risques potentiels d'exposition.
La recommandation canadienne de 1998 reposait à l'origine sur des rapports issus des ÉtatsUnis où l'on avait isolé une souche animale du virus de la rage a été isolée chez l'humain, sans qu'on ait déclaré des expositions évidentes aux chauvessouris. On a avancé que le virus peut avoir été contracté quand la personne n'en était pas consciente, soit dans son sommeil, étant donné que les dents d'une chauvesouris sont si fines que la morsure aurait pu passer inaperçue. En raison de la possibilité d'expositions inconscientes, en 1995, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont recommandé la prophylaxie antirabique postexposition pour « les personnes qui peuvent avoir été exposées à une chauvesouris même s'il est impossible de connaître la nature du contact physique avec l'animal »(4), et plus tard « dans des situations où la chauvesouris est présente et que la personne ne peut exclure la possibilité d'une morsure »(5).
Depuis, les chercheurs ont analysé cette recommandation, et ont déterminé que le risque de contracter la rage sans qu'il n'y ait eu de contact manifeste avec une chauvesouris est extrêmement rare. Aux termes de cette analyse, dont les détails suivent, le CCNI recommande à présent une intervention uniquement quand les deux conditions qui suivent sont présentes :
Il y a contact direct quand la chauvesouris frôle la personne ou atterrit sur elle. Le CCNI ne recommande plus de PAPE lorsqu' il n'y a aucun contact impliqué, par exemple, lorsqu' on trouve une chauvesouris dans une partie de la maison.
Tout contact direct d'une chauvesouris avec la peau ou les muqueuses est considéré en tant que raison valide d'intervention, à moins que l'on ne puisse exclure la possibilité d'une morsure, d'une éraflure ou de l'exposition d'une plaie ou des muqueuses à la salive. Chez l'adulte, une chauvesouris qui se pose sur les vêtements serait considérée en tant que raison suffisante pour une intervention seulement si l'on ne peut exclure la possibilité d'une morsure, d'une éraflure ou de l'exposition d'une plaie ou des muqueuses à la salive. Chez l'enfant, tout contact direct avec une chauvesouris doit représenter un motif d'intervention, y compris le contact avec les vêtements, étant donné que les souvenirs de la personne peuvent ne pas être fiables quand vient le temps de savoir si l'on peut exclure une morsure, une éraflure ou d'exposition des muqueuses. Si on trouve une chauvesouris dans la chambre d'un enfant ou d'un adulte incapable de relater les faits de manière fiable, il peut être ardu d'évaluer la nature du contact direct. Au nombre des facteurs qui peuvent témoigner d'un contact direct, on peut citer la personne qui s'est réveillée en pleurs ou traumatisée par la présence d'une chauvesouris, ou la découverte d'une morsure ou d'une éraflure évidente.
Il y a intervention quand on soumet la chauve-souris à un test de dépistage pour la rage, le cas échéant, ou l'administration d'une PAPE, si la situation le justifie.
Dans la présente déclaration sont examinées les justifications de ces changements à la recommandation, accompagnées de renseignements détaillés sur la stratégie recommandée pour la prise en charge des expositions aux chauvessouris. La déclaration traite des voies d'exposition courantes aux chauvessouris et n'aborde pas l'exposition des spéléologues aux chauvessouris dans des grottes.
Pour rédiger les recommandations de la déclaration, le CCNI a analysé des données publiées et non publiées, et a consulté des biologistes spécialistes des chauvessouris et un spécialiste de l'éthique en médecine.
Au Canada et aux États-Unis, les chauvessouris sont insectivores, c'est-à-dire qu'elles se nourrissent d'insectes. Elles ne se nourrissent pas du sang d'animaux comme c'est le cas des chauves-souris vampires que l'on trouve an Amérique centrale et en Amérique du Sud. Les espèces de chauvessouris que l'on trouve en Amérique du Nord se classent dans la catégorie des espèces « coloniales » ou « solitaires ». Les chauvessouris coloniales se regroupent dans des endroits protégés comme des grottes, sous les ponts ou des immeubles et sont donc à proximité des humains. Les chauvessouris solitaires vivent seules dans des régions boisées, et on les trouve souvent dans des arbres ou des arbustes. De plus, certaines espèces sont migratoires, tandis que d'autres hibernent pendant l'hiver.
N'importe quelle espèce de chauve-souris peut devenir infectée par le virus de la rage. Au Canada, les espèces porteuses du virus comprennent, sans toutefois s'y limiter, la grande chauve-souris brune, la petite chauve-souris brune, la chauvesouris argentée, la chauvesouris cendrée, la chauve-souris rousse, la chauve-souris de Californie et l'oreillard roux(6;7). La grande chauve-souris brune et la petite chauve-souris brune sont toutes deux des espèces coloniales dont la colonie peut compter 100 chauves-souris ou plus. Elles habitent dans des grottes ou des demeures humaines, où elles hibernent pendant l'hiver(7). Le nombre de grandes chauvessouris brunes et leur proximité des humains sont probablement les facteurs qui en font l'espèce atteint de la rage la plus souvent signalée au Canada. La chauve-souris argentée et la chauve-souris cendrée sont des espèces solitaires qui vivent dans les arbres; les contacts avec les humains sont donc moins fréquents(8).
Les contacts avec des espèces coloniales sont plus fréquents au cours de la deuxième moitié de l'été, quand les petits apprennent à voler(9). Les chauvessouris coloniales atteintes de la rage montrent rarement des signes de fureur; en général, on observe plutôt des signes d'épuisement, de faiblesse et de paralysie. Ce type de comportement protège à la fois le reste de la colonie et le virus; en effet, si la chauve-souris enragée montrait des comportements agressifs et que le virus était transmis, la colonie entière mourrait, ce qui mettrait fin au cycle de transmission du virus du même coup(10). La grande chauvesouris brune, une espèce coloniale répandue au Canada, n'a jamais été associée à un cas de rage chez l'humain au cours des 15 dernières années(11). Par contre, les chauvessouris solitaires, comme la chauvesouris argentée, peuvent contracter la rage furieuse et attaquer d'autres chauvessouris ou d'autres animaux(10). La variante du virus de la rage associée aux chauvessouris argentées est remarquable, étant donné qu'il s'agit de la source responsable de 15 des 21 décès attribuables à la rage contractée d'une chauvesouris chez l'humain aux États-Unis, entre 1980 et 1997(8). Deux des trois cas répertoriés au Canada de 1990 à 2007 peuvent également avoir été attribuables à la variante du virus de la rage associée à la chauvesouris argentée(12;13). Il a été avancé que la variante du virus qu'a contracté cette espèce peut avoir compliqué sa pathogénicité, y compris une capacité de reproduction plus efficace au site de l'inoculation (14). Le comportement agressif de la chauvesouris argentée atteinte de la rage peut aussi faciliter la transmission du virus.
Depuis les années 80, l'avancement de la technologie des anticorps monoclonaux et de la détermination des séquences nucléotidiques a permis de caractériser les souches du virus de la rage que contractent les chauvessouris (7,15). D'après ces méthodes d'analyse, il existerait de nombreuses souches ou variantes du virus de la rage chez les chauvessouris. Une souche a tendance à choisir une espèce de chauvesouris en particulier en tant qu'hôte; cependant, on peut trouver de nombreuses souches chez une seule espèce de chauvesouris, de même qu'une seule souche peut s'observer chez de nombreuses espèces de chauvessouris(16). Par exemple, le virus que contracte la chauvesouris argentée a été observé principalement chez cette espèce, et plus récemment chez la pipistrelle de l'Est, bien qu'on puisse la trouver chez d'autres espèces, comme la grande chauvesouris brune, par exemple (17).
La prévalence de la rage chez les chauvessouris sauvages est en général inconnue; cependant, des études qui remontent aux années 1960 laissent croire à une prévalence qui varie entre 1 % et 4,1 %(18;19). À partir d'analyses menées régulièrement auprès de certaines espèces de chauvessouris, on a déterminé que le nombre d'animaux qui sont porteurs du virus est plus élevé chez les espèces coloniales, étant donné que c'est cette espèce qui subie le plus de tests. Toutefois, la proportion d'animaux testés pour lesquels les résultats se sont révélés positifs est plus élevée chez les chauvessouris solitaires, étant donné qu'il est relativement rare que les humains entrent en contact avec des chauvessouris solitaires non-porteuses du virus (18). Les études sur la prévalence du virus de la rage chez les chauvessouris qui subissent le test de dépistage sont susceptibles à la partialité, étant donné qu'il est plus probable qu'une chauvesouris atteinte de la rage sera capturée et testée qu'une chauvesouris saine.
L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) teste des animaux choisis pour dépister la rage, y compris les chauvessouris. Ces tests sont habituellement menés quand il y a possibilité d'exposition mettant en cause un humain ou un animal, ou pour les besoins d'une étude spéciale. En 2006, l'ACIA a testé 2 150 chauvessouris, dont 72 (3,3 %) étaient porteuses du virus(6). Le nombre de tests menés et la distribution des pourcentages de résultats positifs par province et territoire figurent au tableau 1. Il convient de noter que certains pourcentages sont modulés par le petit nombre de chauvessouris qui ont subi le test.
Province/territoire | Nombre testé | Nombre de résultats positifs | Pourcentage de résultats positifs |
---|---|---|---|
Territoires du Nord-Ouest | 0 | 0 | 0 |
Yukon | 0 | 0 | 0 |
Nunavut | 0 | 0 | 0 |
Colombie-Britannique | 181 | 11 | 6 % |
Alberta | 26 | 4 | 15 % |
Saskatchewan | 26 | 4 | 15 % |
Manitoba | 4 | 3 | 75 % |
Ontario | 1 329 | 42 | 3 % |
Québec | 519 | 8 | 2 % |
Nouveau-Brunswick | 26 | 0 | 0 |
Nouvelle-Écosse | 25 | 0 | 0 |
Île-du-Prince-Édouard | 13 | 0 | 0 |
Terre-Neuve | 0 | 0 | 0 |
CANADA | 2 150 | 72 | 3 % |
Dans une étude qui portait sur les tests de dépistage de la rage chez les chauvessouris menés au Canada de 1987 à 1998, on note que les chauvessouris atteintes de la rage recensées au Canada présentaient des variations régionales (7). Des quantités supérieures de chauvessouris atteintes ont été signalées en Ontario et dans les provinces de l'Ouest (Alberta et Colombie-Britannique), un nombre inférieur de chauvessouris infectées a été signalé dans les Prairies (Saskatchewan et Manitoba), et dans les provinces de l'Est (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Québec et Île-du-Prince-Édouard), on a décelé que quelques cas. Au cours des dernières années, les rapports de chauvessouris porteuses du virus révèlent que leur nombre était considérablement plus élevé en Ontario, inférieur en Colombie-Britannique et au Québec, et dans la plupart des autres provinces et territoires, le nombre de chauvessouris porteuses était infime, voire nul(20). Le nombre de chauvessouris atteintes de la rage peut être modulé par divers facteurs, comme la taille de la population humaine dans la province ou le territoire en question, ce qui affecte le nombre de chauvessouris testées, le type de chauvesouris présent dans une région donnée (par ex., la grande chauve-souris brune), la classification (si les espèces sont coloniales ou solitaires) et la prévalence de la rage dans la population des chauvessouris.
Espèces | Nombre d'animaux testés | Pourcentage de résultats positifs (%) |
---|---|---|
Grande chauve-souris brune | 1 887 | 70 (4 %) |
Petite chauve-souris brune | 430 | 7 (2 %) |
Chauve-souris de Yuma | 73 | 3 (4 %) |
Vespertilion nordique | 21 | 0 (0 %) |
Chauve-souris de Californie | 16 | 1 (6 %) |
Oreillard roux | 18 | 4 (22 %) |
Chauve-souris argentée | 10 | 0 (0 %) |
Chauve-souris de Keen | 9 | 0 (0 %) |
Autres* | 9 | 1 (11 %) |
Chauve-souris ou espèce non identifiée | 17 | 0 (0 %) |
Total | 2 490 | 86 |
* comprend la pipistrelle de l'Est, la chauve-souris cendrée, la chauvesouris rousse, le vespertilion de l'Ouest et le vespertilion pygmée de l'Ouest
Le tableau 2 indique les espèces de chauvessouris que l'ACIA a testées en 2007 et le pourcentage de résultats positifs selon l'espèce(21). On remarque que la plupart des chauvessouris testées sont des grandes chauvessouris brunes (dans une proportion de 76 %, soit 1 887 / 2 490). Cependant, les souches du virus de la rage isolées chez l'humain sont le plus fréquemment associées à des chauvessouris solitaires, comme la chauvesouris argentée et la pipistrelle de l'Est, qui représentent 0,48 % (soit 12/2 490) de l'échantillon testé. Environ 4 % des grandes chauvessouris brunes étaient atteintes du virus, tandis qu'aucun des spécimens de chauvessouris argentées ou de pipistrelles de l'Est n'était atteint en 2007. Il convient de noter que les tests sont menés sur les chauvessouris qui font partie des spécimens fournis. Malgré les efforts déployés pour assurer l'exactitude des résultats, il peut être ardu de déterminer l'espèce des chauvessouris qui subissent les tests, ce qui entraîne le risque qu'un spécimen soit classé dans la mauvaise catégorie(21).
Dans un examen de suivi en santé publique mené au Québec sur les contacts avec les chauvessouris sur une période de deux ans, soit d'octobre 2004 à septembre 2006, une proportion de 34 % des 957 spécimens en cause dans le signalement d'un contact a fait l'objet de tests virologiques, et 5 % des chauvessouris qui ont subi le test étaient porteuses du virus(22). Quand le contact direct avec une chauvesouris était clairement établi, le taux de résultats positifs était supérieur (10 %), en comparaison à un taux de résultats positifs de 3 % si la chauvesouris était présente dans la maison sans qu'il n'y ait eu de contact direct connu. De même, une étude menée au Colorado(8) au sujet de chauvessouris testées de 1977 à 1996 a révélé un résultat positif dans 30 % des 233 chauvessouris testées qui avaient mordu une personne, en comparaison à une proportion de 14 % chez les 4 237 chauvesouris testées qui n'avaient mordu personne. En tout, 15 % des 4 470 chauvessouris testées étaient atteintes du virus. À l'opposé, dans l'étude menée en 2006 par l'ACIA avec un échantillon de 2 150 chauvessouris, la proportion de résultats positifs était plus faible chez les chauvessouris testées en raison d'un contact connu avec les humains (45 / 1 567 spécimens, soit 2,9 %) en comparaison à celles qui n'étaient pas entrées en contact avec les humains (27 / 440, soit 6,1 %)(6).
La propagation du virus de la rage chez les chauvessouris à une autre espèce animale est possible, mais rare. Parmi les autres animaux qui sont rarement infectés par le virus de la rage des chauvessouris au Canada, on compte une ou plus d'une espèce de renard, les bovins, les chevaux, les écureuils, les mouffettes, les chiens et les chats(7;23,6). En 2007, on a découvert qu'un hamster domestiqué dans une salle de classe était atteint de la rage, après qu'on ait découvert la présence de chauvessouris dans l'école. Le virus n'a pas été caractérisé; par conséquent, la souche exacte de la rage dans ce cas est inconnue(21). Aucun cas humain de rage associée à une chauvesouris transmis par l'exposition à un autre animal n'a encore été recensé.
Des chercheurs canadiens ont mené un certain nombre d'études dans le but de déterminer :
La section qui suit décrit ces études et les conclusions, et présente aussi des renseignements sur l'innocuité de l'immunoglobuline antirabique et des vaccins contre la rage.
De Serres et coll. ont passé en revue tous les rapports de cas de rage chez les humains contractée d'une chauvesouris, de janvier 1950 à septembre 2007 aux ÉtatsUnis et au Canada, qui ont été publiés respectivement dans Morbidity and Mortality Weekly Report et le Relevé des maladies transmissibles au Canada(15). À l'exception de cinq cas attribuables à une greffe, 56 cas de rage chez l'humain attribuables à une chauvesouris ont été signalés, ce qui représente un taux de 3,9 cas par milliard d'années-personnes. Six cas parmi les 56 ont été signalés au Canada. Les taux observés aux États-Unis et au Canada étaient semblables.
Avant la fin des années 70,le virus de la rage chez l'humain associé à la chauvesouris était diagnostiqué selon la question de savoir si la personne avait été exposée ou non, ce qui dans certains cas était difficile à déterminer, étant donné que le diagnostic était posé à l'autopsie. Depuis les années 80, les anticorps monoclonaux, qui détectent les déterminants antigéniques sur les capsides nucléiques et la détection par détermination des séquences nucléotidiques ont permis d'identifier la souche du virus de la rage chez l'humain. De ce fait, les souvenirs de la personne ne sont plus nécessaires pour diagnostiquer un cas de rage humaine associée à la chauvesouris. De 1990 à septembre 2007, auquel moment le diagnostic de rage associée à la chauvesouris est devenu plus fiable, 36 cas de rage humaine associée à la chauvesouris ont été découverts aux États-Unis et au Canada, ce qui a fait passer le taux d'incidence à 6,7 cas par milliard de personnes/années-. Deux des 36 cas mettaient en cause un enfant âgé de moins de dix ans. Dans le premier cas, on a trouvé une chauvesouris dans la chambre à coucher d'un enfant de quatre ans, qui ne présentait aucune lésion apparente. Dans le deuxième cas, un enfant de neuf ans du Québec logeait dans un chalet où l'on a découvert deux chauvessouris. Il avait remarqué une lésion sur son bras trois jours après son départ du chalet (voir la description de l'incident ci-dessous)(13).
Des 36 cas de rage chez l'humain associés à la chauvesouris répertoriés de 1990 à septembre 2007, voici les types d'exposition :
Parmi les 17 cas où il n'y a eu aucun contact direct avec la chauvesouris la personne aurait été admissible à un traitement prophylactique dans seulement 2 cas (11,8 %), en raison des critères enrichis suggérés pour la première fois en 1995. À l'époque, on suggérait le traitement prophylactique à la suite d'une exposition si une chauvesouris était trouvée dans la chambre à coucher d'une personne endormie(15). En s'appuyant sur ces données, on peut estimer à une fois tous les 84 ans au Canada l'incidence d'un cas de rage humaine liée à l'exposition à une chauvesouris dans la chambre à coucher, même en l'absence d'intervention(25).
De 1990 à 2007 au Canada, on a signalé seulement trois cas de rage humaine associée à la chauvesouris, que voici :
Le nombre de cas de rage humaine recensés au Canada de 1990 à 2007 indique que la rage humaine associée à la chauve‑souris est très rare; on s'attend de constater un tel cas une fois tous les cinq ans.
Pour estimer la fréquence des expositions aux chauves‑souris en 2006, on a mené un sondage téléphonique aléatoire au Québec, entre le 15 janvier et le 30 mars 2007(27). Les membres d'un même ménage qui avaient été exposés à une chauve‑souris ont été interviewés individuellement. Les parents (avec l'aide de l'enfant) répondaient aux questions dans le cas des enfants âgés de moins de 14 ans qui avaient été exposés à une chauve‑souris.
Une grande proportion des ménages (63 % des répondants dont le numéro de téléphone était valide) a répondu au sondage. Les 14 453 ménages qui ont accepté de participer au sondage représentent 36 445 répondants. Au total, 156 personnes ont signalé avoir été exposées à une chauve‑souris ou avoir constaté la présence d'une chauve‑souris dans la maison. Voici les grandes lignes des entretiens :
Les données ci-dessus ont été extrapolées en fonction de la population du Québec (7,6 millions d'habitants) pour déterminer la fréquence des divers types d'exposition aux chauvessouris et estimer le nombre de personnes au Québec qui ont été exposées en 2006. Ces résultats sont résumés au tableau 3.
Type de contact | Nombre de personnes exposées selon le sondage | Estimation de la proportion approximative de la population exposée tous les ans | Nombre estimatif de personnes exposées par année au Québec |
---|---|---|---|
Contact direct sans morsure | 4 | 1 / 10 000 | 751 |
Exposition à domicile sans contact connu | 152 | 43 / 10 000 | 32 640 |
|
34 | 10 / 10 000 | 7 548 |
|
41 | 12 / 10 000 | 8 869 |
|
77 | 21 / 10 000 | 16 223 |
* selon un sondage téléphonique mené auprès de 36 445 personnes
Les chercheurs canadiens ont mené une étude rétrospective de toutes les enquêtes qu'ont menées les services de santé publique du Québec sur un contact entre un humain et une chauvesouris entre le 1er octobre 2004 et le 30 septembre 2006(22). Au cours de la période de deux ans sur laquelle portait l'étude, 957 contacts avec une chauvesouris mettant en cause 1 933 personnes ont été signalés. Des 1 875 personnes dont les souvenirs étaient assez détaillés, 8 % ont eu un contact direct avec une chauvesouris et pouvaient attester d'une morsure, 6 % ont eu un contact direct sans signaler de morsure, 23 % ont trouvé une chauvesouris dans leur chambre à coucher, 42 % ont trouvé une chauvesouris dans une autre pièce, 8 % en ont trouvé une dans une pièce quelconque et 13 % ont signalé un autre type de contact pour lesquels on ne juge pas que le recours à une PAPE est indiqué. Des 1 081 personnes qui ont reçu une PAPE, 20 % des traitements ont été administrés à des personnes qui étaient entrées directement en contact avec une chauvesouris avec ou sans morsure, 30 % à des personnes qui avaient trouvé une chauvesouris dans leur chambre à coucher, 48 % à des personnes qui en avaient trouvé une dans une autre pièce ou une pièce non précisée, et 3 % à des personnes qui ont rapporté un autre type de contact non précisé.
En combinant les renseignements sur le nombre de personnes qui rapportent avoir été exposées à une chauvesouris au Québec en 2006(22 et la fréquence estimative des expositions aux chauvessouris pendant la même année, calculée selon le sondage téléphonique à composition aléatoire décrit ci-dessus, les chercheurs ont été en mesure d'estimer le pourcentage de toutes les expositions signalées et pour lesquelles les autorités de santé publique ont assuré un suivi(27).L'examen a mené à la conclusion que seulement une petite proportion des personnes exposées à une chauvesouris rapportent l'incident aux autorités de santé publique, dans les proportions suivantes : 7 % de toutes les personnes qui ont eu un contact direct sans morsure; 3 % de tous les cas où on a trouvé une chauvesouris dans la chambre à coucher sans contact connu et 4 % de tous les cas où la chauvesouris a été trouvée dans la chambre à coucher ou dans une autre pièce qui communique avec elle, sans contact connu.
Parmi les participants du sondage téléphonique mené au Québec (27), 79 personnes auraient été admissibles à un suivi ou à une prophylaxie à la suite de l'exposition, selon les recommandations en place au moment du sondage. Voici les antécédents d'exposition de ces personnes : 4 personnes signalent un contact direct, 34 personnes, l'exposition dans la chambre à coucher et 41 personnes l'exposition dans une autre pièce qui communique avec la chambre à coucher. Seulement 2 (2,5 %) personnes ont demandé et reçu une PAPE, et ces deux personnes faisaient partie du dernier groupe.
Selon l'incidence de cas de rage humaines associée à la chauvesouris et aux proportions de personnes exposées dans les diverses catégories, les chercheurs ont été en mesure de déterminer le « nombre de sujets à traiter » pour chacune de ces catégories. Le traitement consiste alors à soumettre les chauvessouris à un test de dépistage de la rage et à administrer une PAPE, le cas échéant. On a déterminé que pour prévenir un cas de rage associé à la présence d'une chauvesouris dans la chambre à coucher, il faut traiter environ 2 670 000 sujets. Si on se fie à des estimations conservatrices selon lesquelles on suppose que toutes les cas de rage sans contact direct sont en fait attribuables à une exposition dans la chambre à coucher ou dans une situation semblable, où la maladie peut être évitée, il faudrait traiter 314 000 sujets pour prévenir un cas de rage humaine associée à la chauve-souris (27). Les résultats sont résumés au tableau 4.
Catégories d'exposition | |||
---|---|---|---|
Contact direct | Exposition à domicile sans contact direct | ||
Sans morsure | Contact dans la chambre à coucher | En supposant que tous les cas chez l'humain avec exposition à domicile sont attribuables à un contact dans la chambre à coucher ou à une exposition semblable qui appelait un suivi ou une PAPE | |
Nombre de cas de rage humaine de 1990 à 1997 aux É.U. et au Canada | 9 | 2 | 17 |
Incidence (par millions personnes/années) |
1 / 601 millions | 1 / 2 706 millions | 1 / 318 millions |
% de la population exposée | ~1 / 10 000 | ~10 / 10 000 | ~10 / 10 000 |
Nombre de sujets à traiter | 59 000 | 2 668 000 | 314 000 |
Pour déterminer les ressources nécessaires à la prévention d'un cas de rage humaine, les chercheurs ont circonscrit le nombre d'heures consacrées par un professionnel à la gestion de chaque type d'exposition, ainsi que le coût d'une PAPE et d'une analyse virologique de la chauvesouris(22, 27). Ils ont conclu que pour prévenir un cas de rage humaine associée à une exposition dans la chambre à coucher, il faut que 2 463 professionnels (médecins, infirmières et vétérinaires) consacrent tout leur temps au suivi et à la gestion de l'exposition. De plus, étant donné qu'un traitement PAPE coûte 1 000 $ et qu'une analyse virologique coûte 250 $, il en coûterait deux milliards de dollars environ pour l'immunoglobuline antirabique, le vaccin antirabique et le coût des tests virologiques des chauvessouris pour prévenir un cas de rage humaine associée à une exposition dans la chambre à coucher. Si par contre on se sert d'estimations plus conservatrices qui supposent que tous les cas de rage sans contact direct sont en fait attribuables à une exposition dans la chambre à coucher ou une exposition semblable et que la maladie pourrait être évitée aux termes des anciennes recommandations, au moins 293 professionnels devaient encore investir la totalité de leur temps pour prévenir un cas de rage humaine. De plus, le total des coûts pour le vaccin et l'immunoglobuline antirabique et les tests virologiques s'élevait à 228 millions de dollars.
Bien que l'immunoglobuline antirabique et le vaccin antirabique soient tous deux des produits sécuritaires et efficaces, comme c'est le cas pour tous les médicaments, on doit s'en servir uniquement si l'analyse des bienfaits par rapport aux risques indique clairement qu'ils sont justifiés, puisqu'ils comportent de faibles risques, décrits cidessous.
Immunoglobuline antirabique : L'immunoglobuline est un produit sanguin préparé à partir de plasma du sang veineux recueilli de personnes qui ont été inoculées avec le vaccin antirabique. Les tests auxquels on soumet les donneurs et les processus de fabrication réduisent considérablement le risque de transmission d'infections transmissibles par le sang. Bien qu'il n'existe aucun cas répertorié d'infections transmises par le sang, ce traitement ne devrait pas être utilisé frivolement. Les réactions anaphylactiques à la suite de l'injection de préparations d'immunoglobuline humaine sont rares(28).
Vaccin cultivé sur cellules diploïdes humaines (VCDH) : Des réactions locales (douleur, érythème, oedème et démangeaisons au point d’injection) peuvent survenir chez 30 à 74 % des vaccinés qui ont recu le vaccin Imovax® rage. Des réactions générales bénignes telles que des céphalées, des nausées, des douleurs abdominales, des myalgies et des étourdissements peuvent se manifester chez 5 à 40 % des sujets. On a déjà observé des réactions allergiques générales, caractérisées par une urticaire généralisée accompagnée, dans certains cas, d’arthralgies, d’angio-oedème, de fièvre, de nausées et de vomissements. Ces réactions sont peu fréquentes chez les personnes qui reçoivent une série vaccinale pour la première fois, mais sont survenues de 2 à 21 jours après l’injection chez jusqu’à 7 % des personnes recevant une dose de rappel. Il a été établi que ces réactions suivaient l’apparition d’anticorps de classe IgE dirigés contre l’albumine sérique humaine modifiée par la bêta-propiolactone dans le vaccin. Des réactions anaphylactiques immédiates ont été observées chez une personne sur 10 000 qui avaient reçu le Imovax® rage. Les complications neurologiques sont rares, mais on a signalé, au début des années 80, trois cas d’atteinte neurologique ressemblant au syndrome de Guillain-Barré qui ont guéri sans séquelles en 12 semaines(3) .
Vaccins purifiés cultivés sur cellules embryonnaires de poulet (VPCCEP) : Les réactions locales mentionnées le plus couramment (chez > 10 % des sujets vaccinés) à la suite de la vaccination par RabAvert® sont la douleur, la sensibilité et une induration au point d’injection. Ces effets persistent 2 ou 3 jours. D’autres réactions locales, dont l’érythème, les démangeaisons et l’oedème, ont aussi été signalées. Les réactions générales sont habituellement moins courantes (de 1 à 10 % des personnes vaccinées) et peuvent consister en un malaise, une myalgie, une arthralgie, des céphalées ou de la fièvre. A l’occasion, une adénopathie, des nausées et des éruptions cutanées ont été recensées. Des événements de nature neurologique et anaphylactique associés temporellement à la vaccination ont été déclarés, quoique très rarement, à la suite de l’administration de RabAvert ® (3) .
On a également entrepris une étude pour déterminer les effets néfastes rattachés à RabAvert® signalés par l'intermédiaire du Vaccine Adverse Event Reporting System (VAERS) des ÉtatsUnis du 20 octobre 1997 à décembre 2005(29). Pendant cette période, environ 1,1 million de doses du vaccin ont été distribuées aux ÉtatsUnis. Au total, 336 effets indésirables ont été signalés pendant ce temps, dont 24 étaient graves et 20 ont requis une hospitalisation. Treize réactions graves étaient de nature neurologique, mais aucune caractéristique commune entre les réactions ne laissait croire à une relation plausible de cause à effet avec le vaccin. De toutes les réactions signalées, 96 ont nécessité une visite à l'urgence. Les données font état de 20 signalements d'une réaction anaphylactique (14 cas probables et 6 cas éventuels), tous non mortels, bien que l'un d'entre eux soit survenu pendant que la personne conduisait.
En résumé, la justification pour la recommandation d'une intervention suite à une exposition à une chauvesouris, uniquement par contact direct et que la présence d'une morsure, d'une éraflure ou l'exposition d'une plaie ou des muqueuses à la salive ne peut être exclue, se lit comme suit :
Selon ce qui précède, le CCNI ne recommande plus la vaccination en l'absence d'un contact direct avec une chauvesouris. (Recommandation de catégorie D – Données probantes acceptables pour déconseiller la vaccination.).
Le CCNI recommande la vaccination quand il y a contact direct et quand une morsure, une éraflure ou l'exposition des muqueuses ne peuvent être exclues (Recommandation de catégorie A – Données probantes suffisantes pour recommander la vaccination). Un sommaire de la documentation à l'appui de ces recommandations se trouve au tableau 8.
Aucun contact direct avec la chauve-souris : S'il n'y a eu aucun contact direct avec la chauvesouris au sens de la présente déclaration, il n'est pas nécessaire de capturer la chauvesouris pour effectuer les tests. Toute personne qui tente de capturer une chauvesouris s'expose au risque d'entrer directement en contact avec l'animal, ce qui peut l'exposer à la rage. Si la chauvesouris est testée par inadvertance et que le résultat est positif, il faut déterminer la nécessité d'avoir recours à la PAPE selon la question de savoir s'il y a eu contact direct avec l'animal, et non selon la question de savoir s'il est ou non porteur du virus.
Pour faire sortir la chauvesouris de la maison dans des circonstances où il n'y a eu aucun contact direct, il faut confiner l'animal dans la pièce où il a été trouvé pour qu'il n'ait pas accès au reste de la maison. On doit faire sortir les personnes et les animaux domestiques de la maison. Ensuite, il faut ouvrir vers l'extérieur les portes ou fenêtres de la pièce où se trouve la chauvesouris pour lui permettre de sortir(30).
Contact direct avec la chauve-souris : S'il y a eu contact direct avec la chauvesouris, au sens de la présente déclaration, mieux vaut faire appel à un spécialiste du contrôle des animaux ou de la faune qualifié pour capturer l'animal, dans la mesure du possible. Si l'animal est capturé et testé, et que les résultats du test sont négatifs, nul besoin d'avoir recours à une PAPE. Si l'animal est capturé, il faut être extrêmement prudent pour s'assurer qu'il n'y ait pas de nouvelle exposition.
Si on tente de capturer la chauvesouris, il faut toujours porter d'épais gants de cuir et placer l'animal dans un contenant fermé hermétiquement(30). Lorsqu'on réussit à capturer la chauvesouris, il faut communiquer avec le bureau de santé publique local. Celui-ci communiquera avec l'ACIA pour que l'animal soit testé.
Le test de dépistage de la rage pour les animaux prend la forme d'un test d'immunofluorescence, la règle d'or recommandée par l'Organisation mondiale de la Santé. Son efficacité éprouvée est de l'orDre de 98 à 100 %31). Si le résultat du test est négatif et qu'un humain a été exposé à la chauvesouris, on procède à d'autres tests, notamment à une épreuve d'inoculation de culture de tissu(6).
Il est impératif de nettoyer et de laver la plaie immédiatement avec de l'eau et du savon. C'est probablement la mesure de prévention la plus efficace pour la rage. On devrait donner une dose de rappel du vaccin antitétanique, au besoin.
L'immunoglobuline antirabique (RIg), assortie au vaccin antirabique, est recommandée en tant que prophylaxie postexposition pour les personnes qui n'ont pas reçu de vaccin antirabique en qualité de prophylaxie pré ou post-exposition. Il est préférable d'infiltrer toute la dose de RIg directement dans la plaie et dans les tissus avoisinants. Si c'est impossible sur le plan anatomique, tout volume restant doit être injecté par voie intramusculaire à un site différent de celui où a été administré le vaccin. Si le site de la plaie ne peut être localisé, on doit administrer toute la dose par voie intramusculaire.
Pour les sujets non vaccinés, cinq doses de 1,0 mL du VCDH ou du VCEPP devraient être administrées, la première dose (jour 0) le plus tôt possible après l'exposition, et les autres doses aux jours 3, 7, 14 et 28 après la première dose. On devrait administrer le vaccin par voie intramusculaire, dans le deltoïde (jamais dans la fesse, puisque cela peut en réduire l'efficacité) ou, chez les nourrissons, dans la partie supérieure de la face antérolatérale de la cuisse. Le vaccin ne doit jamais être administré avec la même seringue ni au même site d'injection que les RIg.
Les sujets qui ont reçu un vaccin antirabique pré ou post-exposition ont seulement besoin de deux doses du vaccin, au jour 0 et 3, et n'ont pas besoin de RIg. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter la version la plus récente du Guide canadien d'immunisation(3).
Le CCNI recommande qu'une PAPE soit immédiatement mise en branle si on peut attester d'une morsure, d'une éraflure ou d'une exposition d'une plaie ou des muqueuses à la salive d'une chauvesouris. Cette mesure est particulièrement importante si l'exposition met en cause le visage, le cou ou les mains, ou si le comportement de la chauvesouris est manifestement anormal; par exemple, elle s'agrippe solidement ou elle a attaqué la personne. S'il est possible de soumettre la chauvesouris à un test, on peut mettre fin à la PAPE si le résultat du test est négatif. Dans certains cas où l'exposition est moins évidente, par exemple, si la chauvesouris touche la personne en plein vol, le clinicien peut juger opportun de reporter la PAPE s'il est possible de tester la chauvesouris. Si une PAPE est indiquée aux termes des recommandations du CCNI, il ne faut jamais attenDre d'avoir les résultats plus de 48 heures avant de commencer le traitement.
Cette recommandation s'appuie sur une opinion d'expert.
Les travailleurs qui courent un risque d'être exposés à des chauvessouris dans l'exercice de leurs fonctions, comme les spécialistes du contrôle des animaux ou de la faune, doivent recevoir un vaccin antirabique préexposition. Pour la vaccination pré-exposition, trois doses du VCDH ou du VCEPP peuvent être données aux jours 0, 7 et 21 ou 28. Consultez la version la plus récente du Guide canadien d'immunisation pour en savoir davantage sur les injections intramusculaires par rapport aux injections intradermiques(3). On recommande des analyses sérologiques à la suite d'un vaccin administré par voie intradermique, et à des intervalles de six mois à deux ans par la suite dans le cas d'une exposition prolongée, sans égard à la voie d'administration.
Les chauvessouris peuvent se faufiler dans des ouvertures aussi petites que 1,5 cm par 2,0 cm. Au nombre des points d'entrée courants figurent les entrées de cheminées, le pourtour de la cheminée, les conduits d'aération, les portes et les fenêtres ouvertes ou les moustiquaires trouées ou sous les portes, le revêtement, les avancées de toiture ou les revêtements du toit mal fixés.
Afin d'empêcher les chauves-souris d'entrer dans votre maison, il faut d'abord s'assurer que toutes les moustiquaires sont intactes et sécuritaires, et que les portes ferment de manière hermétique, y compris les portes du grenier. Poser une pièce de couronnement sur la cheminée et colmater toute ouverture plus grande qu'une pièce de dix sous ou y installer un filet, le cas échéant. Remplir les trous qui laissent passer les installations électriques et de plomberie avec de la laine d'acier inoxydable ou du calfeutre.
Le propriétaire de la maison doit avoir recours à l'aide d'un spécialiste du contrôle des animaux ou de la faune si des chauvessouris sont perchées dans la maison. Il faut également s'assurer qu'il n'y a plus de chauvessouris dans la maison avant de colmater les ouvertures pour qu'elles ne reviennent plus après être sorties de la maison. Il est impossible de chasser les animaux entre mai et août, étant donné que les jeunes du nid ne peuvent pas voler. Mieux vaut protéger la maison contre les chauvessouris en hiver, où toutes les chauvessouris auront quitté le nid, et faire appel à un professionnel.
Il faut dire aux enfants de ne jamais toucher une chauvesouris et de rapidement signaler tout contact direct avec une chauvesouris à un adulte. Il faut également s'assurer que la vaccination antirabique des animaux domestiques est à jour.
Tableau 5. Niveaux de preuve fondés sur la méthodologie de la recherche
Tableau 6. Cote de qualité (validité interne)
* Les critères généraux propres à la méthodologie sont décrits dans l'article de Harris et coll.(32)
Tableau 7. Recommandations du CCNI concernant l'immunisation
Étude | Type et description de l'étude | Nombre de participants | Indicateurs de résultats de l'efficacité | Niveau de preuve | Qualité |
---|---|---|---|---|---|
De Serres et coll. 2008(15) | Examen de la documentation sur des cas de rage humaine publiée de 1950 à 2007 | 61 cas
|
Cas de rage humaine associés à la chauvesouris en Amérique du Nord | III | Bonne
|
Huot et coll. 2008 (22) | Examen rétrospectif de cohortes sur les contacts avec des chauvessouris, telles que signalées aux autorités de santé publique au Québec, du 1er octobre 2004 au 30 septembre 2006 | 957 contacts mettant en cause 1 933 personnes; données suffisantes sur 1 875 personnes | Type d'exposition
Prise en charge des cas signalés Ressources professionnelles et monétaires requises pour gérer les divers types d'exposition |
II-2 | Bonne |
De Serres et coll. 2009(27) | Sondage téléphonique à composition aléatoire mené au début 2007 au sujet de l'exposition à domicile aux chauvessouris en 2006 | 36 445 personnes réparties dans 14 453 foyers, ce qui représente 63 % des domiciles ayant un numéro de téléphone valide | Type d'exposition pour déterminer la fréquence des expositions dans la population
Ressources professionnelles et monétaires requises pour gérer les divers types d'exposition |
III | Assez bonne
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†Membres : Dre J. Langley (présidente), Dre B. Warshawsky (vice-présidente), Dre S. Virani (secrétaire exécutive), Dre Natasha Crowcroft, Mme A. Hanrahan, Dre Bonnie Henry, Dr K. Laupland, Dr D. Kumar, Dre A. McGeer, Dre S. McNeil, Dr C. Quach-Thahn, Dr B. Seifert, Dre D. Skowronski, Dr B. Tan.
Représentants de liaison : Dre B. Bell (CDC), Dre P. Orr (AMMI Canada), Mme S. Pelletier (CHICA), Mme K. Pielak (CNCI), Dr P. Plourde (CATMAT), Dre S. Rechner (CFPC), Dr M. Salvadori (SCP), Dr C. Cooper (CAIRE), Dr N. Sicard (ACSP), Dre V. Senikas (SOGC).
Représentants d'office : Dre S. Desai (CIMRI – Maladies évitables par la vaccination), Dr P. Varughese (CIMRI), Dr R. Ramsingh (DGSPNI), Dr F. Hindieh (DPBTG).
La présente déclaration a été rédigée par Dre Bryna Warshawsky et Dre Shalini Desai et approuvée par le CCNI et l'Agence de la santé publique du Canada. Le CCNI est reconnaissant pour le travail accompli par Robert Barclay, Mark Brigham, Paul Faure, Dean Middleton, Ross Upshur, Jackie Badcock, Alex Wandeler et Christine Fehlner-Gardiner qui ont grandement contribuer au développement de cette déclaration.
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