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La population des jeunes de la rue constitue un groupe de jeunes vulnérables qui, à cause de leurs comportements sexuels et de leurs utilisation de drogues, sont exposés à un risque de contraction et de transmission d'infections véhiculées par le sang (IVS) et d'infections transmises sexuellement (ITS)1,2 ; parmi les comportements en question, notons l'utilisation de drogues injectables (UDI).
On estime que la proportion de jeunes de la rue ayant déjà eu recours aux drogues injectables est comprise entre 18 et 57 %1,3. L'UDI est actuellement le principal mode de transmission du virus de l'hépatite C (VHC), ce qui est particulièrement préoccupant pour les jeunes de la rue vu l'efficacité de sa transmission et ses conséquences à long terme4,5 .
Les estimations de la prévalence du VHC chez les jeunes de la rue sont comprises entre3,6 et 17 %1,3,6. La plupart des infections par le VHC sont asymptomatiques au stade initial de la maladie (VHC aigu), mais parmi les personnes infectées par le virus, 85 % finiront par présenter une hépatite chronique, et 15 à 20 % d'entre elles présenteront une atteinte hépatique au stade terminal au cours des 20 à 30 années suivantes3. Actuellement, il n'existe pas de vaccin contre le VHC.
Les facteurs associés à l'infection par le VHC chez les jeunes de la rue, qui ont fait l'objet de publications, comprennent l'âge plus avancé, les relations homosexuelles, l'UDI et toute utilisation de crack3,7 . Les autres facteurs associés à cette infection chez les personnes vivant dans la rue, et pas seulement les jeunes, comprennent le partage du matériel d'UDI, le partage de brosses à dents ou de rasoirs, les tatouages, le fait de vivre seul avant l'âge de 18 ans, la gravité de l'itinérance, des antécédents d'emprisonnement, les ITS, la prostitution et des antécédents récents de consommation quotidienne d'alcool6,8,9 .
L'objectif de la présente mise à jour est d'examiner le rôle de l'UDI dans la transmission du VHC chez les jeunes de la rue au Canada. Les renseignements inclus sont basés sur des données recueillies en 2003 par la Surveillance accrue des jeunes de la rue au Canada (SAJR), un système de surveillance sentinelle multicentrique ayant évalué les taux d'ITS et d'IVS, les comportements à risque et les déterminants de l'état de santé chez les jeunes de la rue au Canada. Dans certains cas, les données de 1999 et 2001 sont présentées pour illustrer les tendances. Il y a eu un recrutement de 1656 jeunes de la rue, en 2003, à partir de Vancouver, Edmonton, Saskatoon, Winnipeg, Toronto, Ottawa et Halifax; les résultats sont généralisables aux jeunes de la rue de ces centres urbains.
La SAJR est le fruit d’une collaboration entre l’Unité de surveillance et d’épidémiologie de la Division des infections acquises dans la collectivité du Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses de l’Agence de la santé publique du Canada, le Bureau de la recherche et de la surveillance du Programme de la Stratégie antidrogue et des substances contrôlées de Santé Canada, les centres participants et les jeunes qui ont participé à la collecte de données. |
La prévalence du VHC est élevée chez les jeunes de la rue
Figure 1. Prévalence de l'infection par le
VHC chez les jeunes de la rue en 1999, en 2001 et en
2003
VHC = Virus de l'hépatite C
Les jeunes de la rue porteurs du VHC sont plus susceptibles d'être plus âgés et nés au Canada
Caractéristique |
VHC, % |
Pas de VHC, % |
Sexe |
|
|
Âge* |
|
|
Né au Canada* |
100 |
92 |
Appartenance ethnique/race† |
|
|
Scolarité |
|
|
* Les pourcentages sont significativement différents
à p < 0,05.
† Les jeunes pouvaient rapporter plus d'une origine
ethnique, ce qui explique que les pourcentages peuvent totaliser
plus de 100.
Le recours aux services sociaux ou le contact avec les services correctionnels était plus important chez les jeunes de la rue porteurs du VHC
Tableau 2. Recours aux services sociaux et contact avec les services correctionnels.
Caractéristique |
VHC, % |
Pas de VHC, % |
A déjà eu recours aux services d'un travailleur social* |
90 |
68 |
A déjà été placé dans un foyer d'accueil* |
57 |
43 |
A déjà été placé dans un foyer de groupe* |
67 |
46 |
A déjà séjourné dans un centre de détention ou en prison* |
86 |
63 |
A déjà eu un agent de probation* |
84 |
57 |
Les jeunes de la rue porteurs du VHC étaient plus susceptibles de rapporter des sources illicites de revenu
Tableau 3. Source de revenus au cours des trois derniers
mois.
Caractéristique |
VHC, % |
Pas de VHC, % |
Vol/cambriolages/escroqueries* |
37 |
15 |
Vente/trafic de drogues* |
39 |
18 |
Mendicité/vente de biens personnels |
24 |
22 |
Prostitution* |
27 |
3 |
Travail régulier* |
4 |
21 |
Travail occasionnel |
31 |
29 |
Argent emprunté aux membres de la famille |
39 |
32 |
Argent emprunté à des amis* |
37 |
22 |
Tout revenu illicite au cours des trois derniers mois*† |
69 |
39 |
Revenu essentiellement illicite au cours des trois mois précédents* |
48 |
21 |
*Les pourcentages étaient significativement
différents à p < 0,05.
†Les sources illicites de revenu comprennent la
prostitution, le vol et la vente de drogues.
Les jeunes de la rue porteurs du VHC étaient moins susceptibles d'être immunisés contre le virus de l'hépatite B (VHB) et plus susceptibles d'être co-infectés par d'autres infections véhiculées par le sang
Caractéristique |
VHC, % |
Pas de VHC, % |
Chlamydia |
15 |
12 |
Gonorrhoeæ |
2 |
3 |
Syphilis |
0 |
1 |
VHS-1* |
76 |
60 |
VHS-2* |
43 |
18 |
VIH* |
4 |
1 |
VHB (sensibilité - pas d'immunité)* |
32 |
42 |
* Les pourcentages sont significativement différents à p < 0,05.
Les jeunes de la rue porteurs du VHC étaient plus susceptibles d'avoir des partenaires sexuels qui utilisent des drogues injectables
Tableau 5. Comportements sexuels
Caractéristique |
VHC, % |
Pas de VHC, % (n = 1 075) |
Toute relation homosexuelle* |
38 |
21 |
Nombre total de partenaires sexuels pendant la vie, moyenne (É.T.) |
73,3 (163,4) |
30,4 |
N'a pas utilisé de méthode contraceptive barrière/protectrice pendant les relations sexuelles les plus récentes* |
64 |
49 |
A déjà eu une ITS* |
67 |
25 |
A déjà eu des relations sexuelles non souhaitées* |
36 |
16 |
A déjà eu des relations sexuelles sous la contrainte* |
39 |
16 |
A déjà eu recours à la prostitution* |
53 |
18 |
Types de personnes avec lesquelles ils ont eu des relations
sexuelles au cours des trois derniers mois : |
|
|
Les données sont en pourcentage, sauf indication
contraire.
*Les pourcentages sont significativement différents à
p < 0,05.
Les jeunes de la rue porteurs du VHC étaient plus susceptibles de s'être fait tatouer ailleurs que dans un salon de tatouage
Tableau 6. Tatouages et perçages
Caractéristique |
VHC, % |
Pas de VHC, % |
A déjà été tatoué |
78 |
40 |
S'est déjà fait tatouer ailleurs que dans un salon de tatouage* |
65 |
30 |
A déjà subi un perçage corporel |
75 |
76 |
A déjà subi un perçage ailleurs que dans un salon spécialisé |
41 |
30 |
L'UDI est fortement corrélée avec l'infection au VHC chez les jeunes de la rue
Figure 2. Prévalence du VHC chez les jeunes de la rue ayant signalé une UDI dans la SAJR, 1999-2003
Existe‑t‑il des différences entre les jeunes porteurs du VHC ayant ou n'ayant pas d'antécédents d'UDI?
Tableau 7. Utilisation de drogues injectables chez les jeunes de la rue porteurs du VHC.
Caractéristique |
UDI, % (n = 46) |
Pas d'UDI, % (n = 5) |
Homme |
59 |
80 |
Né au Canada |
100 |
100 |
A déjà eu recours aux services d'un travailleur social |
91 |
80 |
A déjà été placé dans un foyer d'accueil |
59 |
40 |
A déjà été placé dans un foyer de groupe |
72 |
20 |
A déjà séjourné en centre de détention ou en prison |
87 |
80 |
A déjà eu un agent de probation |
83 |
100 |
A déjà vécu dans la rue |
66 |
20 |
Prostitution |
57 |
20 |
Antécédents d'ITS |
63 |
0 |
Co-infection par le VIH |
4 |
0 |
Les facteurs de risque associés à l'utilisation de drogues injectables sont les plus susceptibles d'expliquer la prévalence élevée du VHC chez les utilisateurs de drogues injectables
Figure 3. Prévalence du VHC parmi les utilisateurs de drogues injectables vs les non‑utilisateurs vivant dans la rue dans le cadre de la SAJR (1999-2003).
Le tableau 8 illustre certains des facteurs de risque associés à l'UDI qui contribuent à l'acquisition et à la transmission du VHC.
Tels sont les facteurs de risque associés à l'UDI qui contribuent à l'acquisition et à la transmission du virus de l'hépatite C, et qui sont les plus susceptibles d'expliquer la prévalence élevée du VHC chez les jeunes de la rue et en particulier chez ceux utilisant des drogues injectables (comme le montrent les figures 2 et 3).
Caractéristique |
VHC (n = 56) |
Pas de VHC |
A déjà utilisé des drogues injectables* |
90 |
18 |
Utilisation de drogues injectables au cours des trois derniers
mois : |
|
|
Fréquence d'UDI hebdomadaire, moyenne (É.T.)* |
27,9 (56,9) |
1,1 |
Injection au moins sept fois par semaine* |
53 |
4 |
Injection administrée par une autre personne* |
16 |
7 |
A déjà emprunté le matériel d'injection* |
44 |
3 |
A utilisé des aiguilles souillées au cours des trois derniers mois* |
30 |
3 |
Les données sont en pourcentage, sauf indication
contraire.
*Les pourcentages sont significativement différents à
p < 0,05.
Il existe plusieurs facteurs associés à l'UDI chez les jeunes de la rue, y compris le fait d'emprunter le matériel d'injection, l'utilisation d'aiguilles souillées et la fréquence élevée d'UDI. Comme l'a montré la SAJR, le principal facteur de risque d'infection par le VHC demeure ces comportements à risque élevé associés à l'injection de drogues.
Les présents résultats confirment les rapports d'autres études selon lesquelles les jeunes de la rue utilisant des drogues injectables sont exposés à un risque accru d'infections telles que le VHC par rapport aux autres jeunes de la rue n'utilisant pas de drogues injectables, probablement à cause du partage des aiguilles et d'autres comportements à risque11 .
Les conséquences pour la santé des comportements à risque élevé liés à l'utilisation de drogues sont préoccupantes, et il est nécessaire de mettre au point des interventions ou des programmes axés sur les jeunes de la rue et visant à diminuer les risques auxquels ils s'exposent et à promouvoir leur état de santé général.
La diminution des taux d'UDI pourrait entraîner une réduction des taux d'IVS telles que le VHC, et améliorer ainsi leur état de santé général. Le fait de cibler les jeunes en difficulté avant qu'ils commencent à utiliser des drogues et à en devenir dépendants pourrait être la solution permettant de faire face efficacement au problème de l'utilisation de substances psychoactives10 .
Pour régler ces problèmes, il serait avantageux de rendre les traitements disponibles et accessibles aux jeunes de la rue et d'élaborer des initiatives et des programmes éducationnels de prévention sur les risques associés à l'UDI dans les grands centres urbains. Une approche intégrée visant à élaborer et à mettre en oeuvre des programmes d'intervention pour les jeunes de la rue permettrait également que ces personnes reçoivent l'aide dont elles ont besoin.
[Surveillance & Épidémiologie sur les Hépatite C et les ITS]
Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :
Agence de la santé publique du Canada (ASPC)
Section de la surveillance et de
l'épidémiologie
Division des infections acquises dans la collectivité
Centre de prévention et de contrôle des maladies
infectieuses
Pièce AL 0603B
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
Tél. : 613-946-8637
Téléc.613- 946-3902
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