mai 2005
Des maladies infectieuses peu courantes au Canada sont parfois présentes dans d'autres pays, voire même à des niveaux épidémiques. Les normes sanitaires et la qualité des soins médicaux dans ces pays ne sont parfois pas les mêmes que chez nous. Avant de partir en voyage, vous devriez vous informer des conditions sanitaires qui prévalent dans les pays que vous comptez visiter, sur vos risques de contracter une maladie et sur le choix de mesures de prévention.
Pesez vos risques
Vos risques de
contracter une maladie dépendent de plusieurs
facteurs : votre âge, votre sexe, votre état
vaccinal et de santé actuel, votre itinéraire, la
durée et le genre du voyage (p. ex., première classe,
tourisme d'aventure), les activités prévues (p.
ex., contacts avec les animaux, exposition à l'eau
douce, contacts sexuels) et les conditions sanitaires locales.
Consultation d'évaluation des
risques
L'Agence de la santé publique du
Canada vous recommande fortement de consulter votre médecin
ou une clinique santé-voyage dans les six à huit
semaines précédant votre départ. Selon
l'évaluation des risques auxquels vous vous exposerez,
le professionnel de la santé pourra déterminer vos
besoins en matière d'immunisation ou de
médicaments préventifs (prophylaxie) et les moyens de
vous prémunir contre les maladies.
Quelques renseignements fournis par des
spécialistes
Le Comité consultatif de la
médecine tropicale et de la médecine des voyages
(CCMTMV) de l'Agence de la santé publique du Canada
a contribué à la préparation et à la
mise à jour des renseignements qui suivent, sous forme de
conseils généraux sur la prévention contre la
fièvre hémorragique Ebola, à l'intention
des Canadiens partant pour l'étranger.
La fièvre hémorragique Ebola (FHE) est une maladie virale grave et aiguë, souvent mortelle, qui affecte les humains et les primates non humains (singes, gorilles et chimpanzés). Causée par le virus Ebola, de la famille des Filoviridae, la FHE cause la mort dans 50 à 90 % de tous les cas jugés cliniquement malades. Elle se déclare sous forme d'éclosions sporadiques, souvent dans des hôpitaux où sévissent des pratiques médicales inférieures à la norme, où les conditions sociales et économiques favorisent souvent la propagation du virus.
La FHE tire son nom de la rivière Ebola, dans la République démocratique du Congo (anciennement le Zaïre), où on l'a identifiée pour la première fois en 1976. On associe trois des quatre souches du virus Ebola (Ebola-Zaïre, Ebola-Soudan et Ebola-Côte-d'Ivoire) à la maladie chez les humains. La quatrième souche, Ebola-Reston, est liée à la maladie hémorragique mortelle qui touche les primates non humains (singes et chimpanzés). Sa découverte, en 1989 aux États-Unis, a suivi une éclosion de fièvre hémorragique chez des singes importés des Philippines à Reston, en Virginie.
Il reste encore à savoir comment se produit la première infection humaine par le virus Ebola (le cas de référence) lors d'une éclosion. Certains chercheurs croient que le virus se propage par voie animale (zoonotique) entre des primates non humains (singes, gorilles et chimpanzés) indigènes d'Afrique et d'Asie, ce qui suppose que le cas de référence d'une éclosion suit le contact d'un humain avec un animal. D'autres chercheurs sont plutôt d'avis que l'origine du virus Ebola est un virus végétal transmissible aux animaux. On spécule aussi, étant donné que les examens en laboratoire indiquent que certaines espèces de chauves-souris peuvent survivre à une infection, que les chauves-souris peuvent jouer un rôle dans le cycle de vie du virus.
Nous savons, par ailleurs, que le virus Ebola se transmet de plusieurs façons, la plus importante étant la transmission d'une personne à une autre parcontact direct avec les liquides organiques (p. ex., sang, sperme, fluide vaginal) d'une personne infectée. Le risque de propagation est élevé chez les prestataires de soins de santé, les membres de la famille d'une personne infectée et d'autres personnes du milieu des soins de santé où le contact avec des liquides organiques est fréquent et où la stérilisation du matériel n'est peut-être pas garantie. La transmission peut se faire de la mère au foetus et lors d'activités sexuelles. Des études indiquent que la transmission par le sperme peut se produire jusqu'à sept semaines après qu'une personne ait guéri d'une infection par le virus. Les dangers sont également élevés pour la famille et les proches ayant eu un contact direct d'une personne infectée décédée, lors des préparatifs d'inhumation. La transmission du virus Ebola a aussi eu lieu chez des personnes ayant manipulé des chimpanzés infectés malades ou décédés.
L'origine géographique précise du virus Ebola demeure inconnue, bien que l'on estime qu'elle soit centrée dans les forêts ombrophiles d'Afrique et d'Asie. En tout, on a documenté depuis 1976 près de 1 850 cas de FHE chez les humains, dont 1 200 sont décédés.
Année |
Pays |
Sous-type du virus |
Cas |
Décès |
1976 |
Soudan |
Ebola-Soudan |
284 |
151 |
1976 |
Zaïre (DRC) |
Ebola-Zaïre |
318 |
280 |
1977 |
Zaïre (DRC) |
Ebola-Zaïre |
1 |
1 |
1979 |
Soudan |
Ebola-Soudan |
34 |
22 |
1994 |
Gabon |
Ebola-Zaïre |
52 |
31 |
1994 |
Côte d'Ivoire |
Ebola-Côte d'Ivoire |
1 |
0 |
1995 |
Liberia |
Ebola-Côte d'Ivoire |
1 |
0 |
1995 |
République démocratique du Congo (anciennement le Zaïre) |
Ebola-Zaïre |
315 |
250 |
1996 (jan.-avril) |
Gabon |
Ebola-Zaïre |
37 |
21 |
1996-1997 (juil.-jan.) |
Gabon |
Ebola-Zaïre |
60 |
45 |
1996 |
Afrique du Sud |
Ebola-Zaïre |
1* |
1 |
2000-2001 |
Ouganda |
Ebola-Soudan |
425 |
224 |
2001-2002 (1 er oct.-2 mars) |
Gabon |
Ebola-Zaïre |
65 |
53 |
2001-2002 (1 er oct.-2 mars) |
République du Congo |
Ebola-Zaïre |
59 |
44 |
2002-2003 (2 déc.-3 avril) |
République du Congo |
Ebola-Zaïre |
143 |
128 |
2003 (nov.-déc.) |
République du Congo |
Ebola-Zaïre |
35 |
29 |
2004 |
Soudan |
Ebola-Soudan |
17 |
7 |
Total |
|
|
1 848 |
1 287 |
Source : Organisation mondiale de la Santé
La période d'incubation du virus Ebola s'étend de 2 à 21 jours. Les symptômes de la FHE apparaissent souvent subitement, avec l'arrivée soudaine de fortes fièvres, de faiblesses, de douleurs musculaires, de maux de tête et de gorge. Les autres symptômes, plus graves que les premiers, se manifestent ensuite rapidement : vomissements, diarrhée, éruption cutanée, diminution du fonctionnement des reins et du foie, hémorragie interne et externe. Des examens sanguins spécialisés faits en laboratoire permettent de confirmer le diagnostic.
Il n'existe encore aucun traitement normalisé de la fièvre hémorragique Ebola. La prise en charge des personnes atteintes d'Ebola vise principalement à assurer le confort et les mesures de soutien du patient, surtout la réhydratation pour contrer la perte des fluides et électrolytes lors des vomissements et de la diarrhée. Il faut s'efforcer de prévenir la propagation de l'infection.
Il n'existe actuellement aucun vaccin pour protéger contre le virus Ebola. Il est crucial d'éduquer les gens aux mesures de contrôle des infections qui permettent de prévenir la propagation du virus.
À moins que vous ne vous rendiez dans une région où il y a une éclosion d'Ebola et à moins que vous ayez un contact direct avec une personne infectée du virus Ebola, l'Agence de santé publique du Canada estime que le risque de contracter le virus Ebola est extrêmement faible.
Les professionnels de la santé ou les profanes voyageant dans une région où il y a éclosion du virus Ebola et qui donnent des soins à des personnes malades, devraient éviter toute exposition au sang et aux liquides organiques et très bien connaître les pratiques de base de contrôle des infections. Ils doivent aussi être bien informés des façons de réduire l'exposition directe au sang et aux liquides organ iques (p. ex., sang, sperme, liquides vaginaux, organes).
Même si le risque de contracter le virus Ebola est très faible, si vous contractez une fièvre avec éruption cutanée ou des saignements lors d'un séjour dans une région d'éclosion de la fièvre Ebola, ou après avoir quitté une telle région, où vous avez pris soin d'une ou de plusieurs personnes malades, veuillez consulter un médecin immédiatement et lui faire part de vos antécédents de voyage.
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