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Nouvelles de la Bibliothèque nationale

Novembre 1995, vol. 27, no 11



Visite de la Bibliothèque historique d'État de l'Ukraine

par Iris Winston, rédactrice

Les bibliothécaires de la Bibliothèque historique d'État de l'Ukraine à Kyiv (autrefois Kiev), qui ne disposent pas d'un catalogue collectif, se rendent parfois dans d'autres bibliothèques de la ville pour faire des recherches dans leurs catalogues, ou copier des documents à la main en réponse à des demandes de prêt entre bibliothèques. Ils n'ont guère le choix, car jusqu'à tout dernièrement, ils n'avaient pas de photocopieuse.

Ce besoin particulier a été comblé quand deux bénévoles canadiennes, subventionnées par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, se sont rendues à la Bibliothèque grâce au Programme des partenaires Canada-Ukraine (PPCU). Irena Bell, qui représentait la Bibliothèque nationale du Canada, et Nadia Kazymyra-Dzioba des Archives nationales du Canada, se sont servies d'une partie des fonds du PPCU prévus pour l'achat d'équipement afin d'acquérir une photocopieuse et des fournitures. Elles ont consacré le reste des fonds à l'achat d'un modem et d'une connexion Internet pour le seul ordinateur 386 que possède la Bibliothèque.

Les conditions de travail des bibliothèques de l'Ukraine sont loin d'être idéales; pour tout dire, il n'existe rien de semblable dans les bibliothèques canadiennes. Par exemple, on trouve des voitures dans certaines bibliothèques : la location de leurs halls d'entrée spacieux à des concessionnaires d'automobiles est l'un des moyens auxquels recourent des organisations qui manquent cruellement de fonds. Les bibliothèques ferment souvent leurs portes au crépuscule afin d'économiser l'électricité, et leurs téléphones sont périodiquement débranchés pendant presque un mois à la fois. Mais les membres du personnel de la Bibliothèque ne se plaignent pas de leur situation loin de là. Ils se réjouissent que des documents qui étaient censurés ou interdits dans l'ancienne URSS soient désormais dis-ponibles. On dit que la plupart des bibliothèques de l'Ukraine ont été détruites durant la Seconde Guerre mondiale, et que les forces nazies occupantes s'étaient emparées de nombreux livres et manuscrits précieux. Le gouvernement de l'Allemagne restitue en ce moment bon nombre de ces livres. Pendant la visite des Canadiennes, la Bibliothèque historique a reçu un envoi de 600 de ces livres, ce qui causa beaucoup d'émoi.

Les difficultés économiques actuelles de l'Ukraine sont compensées par un nouveau climat de liberté, qui permet l'échange d'informations sans contraintes officielles, et les contacts avec les étrangers sont bienvenus. C'est en raison de cela que le programme de partenariat a été créé. Les visiteuses du PPCU ont passé quatre semaines à la Bibliothèque (du 20 mai au 14 juin) afin d'aider à établir des rapports avec les bibliothèques et les centres de recherche canadiens, contribuer au développement technique, démontrer les pratiques de gestion de l'information canadiennes, et obtenir des publications étrangères pour la Bibliothèque. Il s'agit de l'une des premières étapes du plan à long terme de la Bibliothèque historique de créer un centre de renseignements bibliographiques, et d'établir une bibliographie en plusieurs volumes de l'histoire de l'Ukraine. La Bibliothèque produit en outre des bibliographies sur divers sujets historiques; à titre d'exemple récent, signalons une bibliographie d'oeuvres censurées ou interdites par le gouvernement soviétique.

«Je pense que notre tournée de quatre semaines a été réussie et que nous avons pu nous attaquer aux problèmes relevés par la Bibliothèque», de dire Irena Bell, qui faisait partie de la délégation canadienne à la demande expresse de la Bibliothèque. Au nombre des activités, mentionnons la comparaison de divers systèmes en cours de développement par des bibliothèques à Kyiv pour préparer l'automatisation de la Bibliothèque historique, et des rencontres avec les membres du personnel de diverses divisions de la Bibliothèque. «Nous avons en outre parlé de notre vie quotidienne et de la façon dont la démocratie et l'économie de marché fonctionnent», de préciser Mme Bell. «Je pense que ces discussions ont été aussi importantes que celles que nous avons eues sur l'exercice de notre profession.»

visite.gifDe gauche à droite : I. Bell; V. Navrotska, responsable des bibliothèques et des réseaux d'information, ministère de la culture de l'Ukraine; L. Makarenko, directeur, Bibliothèque historique d'État de l'Ukraine; A. Komska, sous-directeur, Bibliothèque historique d'État de l'Ukraine.


Autre préoccupation pour les membres du personnel de la Bibliothèque historique : comment obtenir des exemplaires de publications canado-ukrainiennes. «Vu que tant de livres étaient interdits durant la période soviétique, la bibliothèque a beaucoup de vides qu'elle essaie maintenant de combler», selon Mme Bell. «Comme première étape, j'avais apporté avec moi deux boîtes de livres qui ont été très appréciés.»

Pendant son voyage à Kyiv, Mme Bell s'est également rendue à la Bibliothèque du Parlement de l'Ukraine et à la Bibliothèque de l'Académie des sciences, qui ont toutes deux des programmes d'échange de publications avec la Bibliothèque nationale du Canada.

Les deux aspects qui lui ont laissé les impressions les plus durables sont le professionnalisme et le dévouement des bibliothécaires qu'elle a rencontrés, et l'emplacement magnifique qu'occupe la Bibliothèque historique d'État de l'Ukraine. Elle est située en un lieu patrimonial du XIe siècle, le Pecherska Lavra, ou Monastère des cavernes. «Cet endroit représente le berceau de la culture ukrainienne», de s'émerveiller Mme Bell. «Il y a quelque chose de magique au sujet de l'endroit. Il nous rappelle que même si la situation actuelle est tout à fait désespérée, le potentiel du pays, de ses habitants et de ses bibliothèques est formidable.»


Canada Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé: 1995-12-11)