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Nouvelles de la Bibliothèque nationale

Novembre 1995, vol. 27, no 11



Mme Bell et le don de faire des découvertes heureuses

par Iris Winston, rédactrice

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Irena Bell.

Irena Bell est passionnée par l'avenir. «Je crois fermement au don de faire des découvertes heureuses», d'affirmer Mme Bell, qui était agente de liaison aux Programmes nationaux et internationaux de la Bibliothèque nationale, quand elle a pris une retraite anticipée en juillet dernier. «Désormais, j'aurai du temps pour réaliser des rêves. J'ai bien hâte de voir les surprises que me réserve la vie.»

Ancienne chef adjointe du Biblioservice multilingue (BSM) de la Bibliothèque, elle a amorcé sa vie professionnelle comme enseignante puis s'est engagée dans la carrière de bibliothécaire, d'abord à la College of Education Library de l'Université de Toronto, puis à la Bibliothèque nationale du Canada. «J'ai commencé au catalogage des vedettes-matières en 1971», se rappelle-t-elle. «Nous vivions une période de croissance à la Bibliothèque, époque à laquelle de nouvelles divisions étaient créées. En 1973, j'ai été retenue pour faire partie du nouveau BSM. C'était merveilleux et les défis l'étaient tout autant. Nous n'avions aucun modèle sur lequel baser un tel service multilingue centralisé pour les collectivités ethniques à travers le pays. Nous avons donc dû revenir aux théories de la science bibliothéconomique pour trouver des solutions aux problèmes.»

L'un des premiers problèmes, par exemple, consistait à décider si toutes les collections du BSM devaient être cataloguées dans des notices en caractères romains. «Nous avons décidé d'adopter les caractères originaux», dit-elle. «C'était inhabituel pour l'époque peut-être même maintenant de faire du catalogage dans la langue originale [de la publication], mais nous nous préoccupions des usagers. Il était plus facile pour eux de trouver des livres catalogués dans leur propre langue.»

La question des langues le BSM en est venu à effectuer des travaux en 32 langues est demeurée un défi au cours des 20 années qui ont suivi, en particulier concernant la sélection des documents. La langue de chaque collection et l'édition de chaque pays reflètent sa culture et ses valeurs, explique-t-elle, et cela rend le travail particulièrement intéressant. «Mais», dit-elle, «dans bien des langues, il n'existe aucun outil de sélection concernant les livres les plus récents. Durant les crises politiques dans divers pays, il était difficile d'obtenir des livres. De sorte qu'il était très important d'entretenir des relations étroites avec des fournisseurs au Canada et dans d'autres régions du monde pour expliquer les besoins du BSM.»

À titre d'exemple d'établissement de contacts inhabituels à la recherche de livres, au début du BSM, Mme Bell parle d'un professeur irlandais d'études asiatiques à Hawaii qui possédait une collection personnelle de livres vietnamiens, qu'il mit à la disposition du BSM.

«Il ne fait pas de doute que le BSM était spécial, et que ses quelques 20 conseillers linguistiques en constituaient le point saillant», dit-elle. «Le mélange de tant de cultures et de langues, ainsi que de tant de bonne volonté était unique. Je crois que c'est la raison pour laquelle un si grand nombre d'entre nous y sommes restés si longtemps. Même si je n'y suis pas restée en permanence en raison de projets à entreprendre, j'y suis toujours revenue. Maintenant, nous avons créé un groupe d'anciens du BSM car nous ne pouvons pas supporter l'idée de nous disperser.»

Une série de compressions budgétaires ont nécessité le recentrage du BSM en un service consultatif afin d'aider d'autres bibliothèques à développer des collections multilingues (voir «Biblioservice multilingue de la Bibliothèque nationale : mise à jour», Nouvelles de la Bibliothèque nationale, vol. 26, no 10, octobre 1994, p. 1, 3-4). «Nous avons tous été attristés par la fermeture du BSM même si la décision a été prise à la suite de beaucoup de consultations», de dire Mme Bell. «De bien des façons, mon travail à titre d'agente de liaison était dans le droit fil de mon rôle au BSM. Nous avons transféré tous les livres du BSM aux provinces et nous nous attendons désormais à ce qu'elles continuent de fournir des services aux lecteurs allophones.»

Une fois ce travail terminé, Mme Bell a décidé que le temps était venu de tirer profit de la prime de départ anticipé offerte aux fonctionnaires fédéraux. «J'ai énormément apprécié l'effet stimulant du travail dans une grande institution engagée dans des questions d'ordre national et international», dit-elle. «Et j'emporte avec moi de nombreux souvenirs heureux.»

Bien que son travail au BSM demeure le point saillant de sa carrière à la Bibliothèque, Mme Bell accorde également de la valeur à un certain nombre d'autres tâches, en particulier sa participation à divers comités de planification. «J'ai fait partie du comité qui a présenté L'avenir de la Bibliothèque nationale du Canada [1979], qui recommandait le renforcement des collections de documents canadiens», dit- elle. «J'ai également travaillé aux Services de technologie de l'information pour déterminer les besoins du nouveau système, et fait partie du comité qui a examiné les domaines de spécialisation de la Bibliothèque nationale, et j'ai élaboré des critères pour l'édification des collections. J'espère que j'ai contribué à faire valoir un point de vue qui reconnaissait la contribution des groupes autres que ceux des deux peuples fondateurs.»

Ses racines ukrainiennes et sa participation de longue date à l'Association des professionnels et gens d'affaires ukraino-canadiens d'Ottawa ont fait d'elle la personne idéale pour promouvoir de telles causes. Cette année, elle a reçu le premier Prix de réalisations de l'Association pour ses contributions passées.

Autre réalisation mémorable, elle a terminé un cours de beaux-arts chez Christie's en 1980, quand son mari, un géologue, était en congé sabbatique pendant un an en Angleterre. «Je voulais faire quelque chose d'unique cette année-là», se rappelle-t-elle. «Le cours de Christie's s'est révélé une expérience formidable qui s'est présentée au bon moment. C'est ce que je veux dire par le don de faire des découvertes heureuses. Maintenant, j'ai hâte d'avoir la liberté de m'adonner à toutes sortes d'activités intéressantes. J'espère faire un peu de consultation et de bénévolat je me suis inscrite comme Amie de la Bibliothèque nationale. Mais je ne sais pas exactement ce qui se présentera ensuite. Je sais seulement que je suis emballée au sujet de ce que l'avenir me réserve.»


Canada Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé: 1995-12-11)