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Nouvelles de la Bibliothèque nationale

Décembre 1995, vol. 27, no. 12



Meilleurs Voeux

candle.gif Pour célébrer les fêtes de fin d'année, la Bibliothèque nationale du Canada a invité un certain nombre de Canadiens remarquables à faire part aux lecteurs de leur opinion sur des livres et des histoires qui ont une signification particulière pour eux, à cette époque de l'année. Vous trouverez dans ce numéro les réactions que nous avons reçues. Joyeux Noël et Bonne Année à tous !

Je me souviendrai toujours du frisson qui m'a parcouru quand une forme humaine féroce sauta subitement d'un pin, dans cette île apparemment déserte créée il y a si longtemps par Robert Louis Stevenson. Mon coeur battit la chamade, tout comme celui de Jim Hawkins, car c'était là l'une des nombreuses surprises de L'Île au trésor, à mon avis le meilleur livre pour garçons qui ait été écrit.

Il comprend de tout : des aventures, du mystère, et des personnages inoubliables comme Long John Silver, et cette strophe obsédante de vers de mirliton au sujet de 15 hommes sur la poitrine d'un homme mort. Ce livre m'a empoigné comme aucun autre livre auparavant. Le mystérieux aveugle, la taverne de l'amiral Benbow, le capitaine Flint, le terrible emblème noir, ainsi que le bateau Hispaniola font tous partie du bagage culturel qui m'habite encore. Je voudrais pouvoir trouver une autre histoire qui serait à moitié aussi bonne.

— Pierre Berton
Auteur, journaliste, historien, personnalité de la télévision

Noël : ce seul mot remplit de joie les yeux des enfants. Et, quand le père Noël visite le pays des éléphants et se promène à dos de zèbre, c'est encore plus amusant!

Avec Babar et le père Noël de Jean de Brunhoff, la magie et la fête sont au rendez-vous. Mon fils et moi accompagnons Babar jusqu'à la forêt mystérieuse où se cache le père Noël. Avec lui, nous visitons les chambres des jouets. Des étoiles brillent dans les yeux de mon fils, qui examine longtemps cette page qui le fait rêver. Imaginez : la chambre des soldats, celle des trains et celle des jeux de construction...

Puis Babar, voyant que le père Noël est fatigué, l'invite à se reposer au pays des éléphants. Mon fils rit de voir cet être venu du froid se promener à bicyclette ou se reposer au soleil, toujours vêtu de son costume rouge bordé de fourrure! Avant de retourner chez lui, le père Noël remet un costume magique à Babar. La nuit de Noël venue, Babar vole dans les airs et distribue des jouets aux petits éléphants de son royaume. Arthur, Pom, Flore, Alexandre et Zéphir voient leurs rêves se réaliser et toute la famille se retrouve autour du sapin brillant de lumières. Mon fils referme doucement ce livre, si agréable à lire à haute voix. Je sais que sa nuit de Noël sera faite de doux rêves.

— Joanne Cournoyer
Présidente
Association pour l'avancement des sciences et des techniques de la documentation (ASTED)

J'ai lu pour la première fois Le Don des Mages à l'école, car il s'agissait d'une lecture obligatoire, voilà bien trois décennies. Ma réaction désinvolte et typiquement adolescente à l'époque fut : « Et puis après. [À la façon du personnage Lisa Lubner de Gilda Radner en 1962.] Au moins, ses cheveux vont repousser. Sa montre est foutue pour tout de bon ! »

Aujourd'hui, la même histoire provoque une réaction très différente. O'Henry excelle particulièrement à dépeindre un logement miteux, peu meublé et sans eau chaude, habité par un couple dont les vêtements sont fades et en lambeaux. La pauvreté abjecte contraste puissamment avec la description des biens les plus précieux de Jim et Della, et la panique qu'entraîne la frénésie du magasinage de dernière minute.

Voilà une histoire vraiment touchante qui illustre la notion de don — soit de donner à quelqu'un d'autre d'une façon qui décrit l'essence véritable du don — chacun sacrifiant son objet le plus prisé pour améliorer celui de l'autre. Pour moi, voilà la signification du temps des fêtes. Au-delà du mercantilisme et de l'échange de babioles, dont beaucoup sont peu importantes, on retrouve l'idée qu'une fois l'an, quelqu'un prend le temps d'exprimer l'importance qu'un autre être tient dans nos vies, même si cela est parfois maladroit et mal à propos. En dépit de la vulgarité des chansons de Noël qui grésillent dans les haut-parleurs des magasins et de l'aspect moche des vitrines, l'idée de fêter Noël en offrant quelque chose à quelqu'un de spécial me rappelle ces cadeaux très spéciaux que les Dillingham Young s'offrent l'un à l'autre dans Le Don des Mages.

La relecture de cette nouvelle est habituellement l'une des dernières choses que je fais la veille de Noël après avoir emballé mes cadeaux. Je fais tout ce qui entoure Noël à la dernière minute également. Je magasine le 24 décembre, tout comme le font les personnages dans l'histoire. Cela rend l'exercice excitant sans être toujours plaisant, et peu importe le degré de béatitude de ceux à qui je raconte l'histoire, peu importe qu'ils lèvent les yeux au ciel, devinez ? Je ne suis pas seul dans les magasins la veille de Noël.

— William Curran
Ancien président, Association pour l'avancement des sciences et des techniques de la documentation (ASTED)

Lorsque je songe à Noël et à la littérature, le texte qui me vient tout de suite à l'esprit est « Dulce Domum », le cinquième chapitre d'un livre classique de Kenneth Grahame, The Wind in the Willows, encore mon livre favori, peu importe le nombre de fois que je l'ai relu. Il s'agit du chapitre où la taupe revient à la maison et est découragée parce que le terrier est si poussiéreux et laissé à l'abandon (le livre commence par une description de la taupe en train de vagabonder durant le nettoyage du printemps, et il s'agit de son premier retour au terrier). Par la suite, Ratty l'aide à remettre les choses en ordre, juste à temps pour souhaiter la bienvenue à un groupe de campagnons chantants.

Un choix résolument sentimental, c'est vrai, mais il me rappelle également toutes les bonnes choses que Noël devrait nous rappeler (et que nous ferons, espérons-le, pendant toute l'année) : être authentique avec nos amis, participer à la vie de notre collectivité, manifester de la générosité d'esprit. Je crois qu'il s'agit d'un symptôme malheureux de notre époque, car j'ai vu dernièrement deux éditions du livre dont on a éliminé ce chapitre et celui intitulé « The Piper at the Gates of Dawn », car ils font la promotion du paganisme — un geste qui passe complètement à côté de la question.

— Charles de Lint
Auteur

Certaines de ses oeuvres, acclamées dans le monde, font partie de l'exposition actuelle de la Bibliothèque nationale du Canada, « Visions d'autres mondes ».

So This is Christmas

et je m'en rappelle avec tendresse. Une bonne odeur de bouffe qui me réveille tôt le matin, des sourires, des étreintes et des étrennes, de la joie et des joues froides, la famille proche et éloignée, enfin toute réunie sous la grande étoile et la petite crèche du sapin solennel.

Que ce Noël vous ramène de beaux souvenirs tout en vous en laissant pour les autres à venir.

Joyeux Noël.

— Louise Guillemette-Labory
Directrice, Services des loisirs et culture, Ville d'Anjou

Voilà 30 ans, le cadeau de Noël que m'a offert un ami était un livre intitulé The Angel of Hudson Bay, par William Ashley Anderson. Il s'agit de l'histoire véridique de la femme d'un agent à commission de la Compagnie de la Baie d'Hudson qui, avec ses enfants entassés sur un traîneau à chiens, parcourt des centaines de milles en plein hiver, du nord du Québec à la ville de Québec. Elle s'est sentie obligée de raconter à l'Assemblée législative l'histoire du sort désespéré fait aux Indiens dans sa région.

J'ai été profondément émue par cette saga canadienne splendide au sujet de l'héroïsme d'une femme, et j'avais l'habitude d'en acheter six exemplaires à la fois pour les donner. Malheureusement, l'édition en est épuisée, mais ce livre ravira tous ceux qui pourront en trouver un exemplaire dans une bibliothèque.

— Grete Hale
Présidente, Les Amis de la Bibliothèque nationale du Canada

Quand j'avais 19 ans, j'ai passé les vacances de Noël quelque part sur la 59e Rue à New York, avec un condisciple du séminaire où nous étudiions tous deux pour devenir prêtres. Sa mère lisait beaucoup. Ce n'était pas mon cas. En fait, le seul livre que je possédais était un missel.

En guise de cadeau de Noël, elle m'a donné un livre sur l'histoire des Amériques. J'ai, depuis, oublié le titre exact, l'auteur et la maison d'édition, et je l'ai perdu au cours de mes nombreuses pérégrinations autour de ce pays qui est le mien. Tout ce dont je me souviens avec certitude, c'est qu'on y parlait peu du Canada.

Je crois que j'ai, inconsciemment au début, et de façon plus résolue depuis un certain temps maintenant, tenté de remédier à cette situation... dans ma tête, dans mon coeur, et dans la mémoire des gens qui partagent avec moi ce merveilleux pays qu'est le Canada.

— Laurier L. LaPierre, O.C.
Membre du Conseil, Les Amis de la Bibliothèque nationale du Canada

Je trouve qu'il est difficile de dire à des gens que je les aime, que je me soucie d'eux et que je recherche leur compagnie, et je sais que je ne suis pas la seule. Cet été, j'étais à Grand Manan, une île dans la baie de Fundy, où j'ai rencontré une femme qui enseigne la littérature de jeunesse. Elle m'a parlé du livre Did I Tell You I Love You? et m'en a fait parvenir un exemplaire.

Ce livre a été écrit par Nancy Young, une enseignante de l'élémentaire, après qu'un de ses élèves eût été victime d'une tragédie dans sa famille, pour aider les gens à dire les mots qui sont importants, mais difficiles à exprimer. Les illustrations en couleur, de Bette Broderick, font raconter l'histoire par deux oiseaux.

Did I Tell You I Love You? est disponible chez Young & Broderick, a/s NYEAC of Canada, 2390 Woodward Ave., Suite 5, Burlington, Ontario L7R 1T9.

— Penny Marshall
Présidente, Canadian Library Association


Album — Henri Julien (Montréal: Librarie Beauchemin Ltée, 1916)

Canadian Pictures Drawn with Pen and Pencil — the Marquis of Lorne (London: The Religious Tract Society, s.d.)

Travels through Canada and the United States of North America in the Years 1806, 1807 & 1808...— John Lambert, vol. I, 3rd edition (London: Baldwin, Cradock and Joy; Edinburgh: W. Blackwood; Dublin: J. Cumming, 1816)


Canada Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé: 1996-02-23)