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Nouvelles de la Bibliothèque nationale
Juillet/Août 1999
Vol. 31, nos 7-8



SAVOIR FAIRE
Grosse-Île et l'émigration irlandaise au Canada

Le 16 mars dernier, dans le cadre de la série de séminaires SAVOIR FAIRE, un auditoire nombreux et enthousiaste envahissait la plus grande des salles de réunion de la Bibliothèque nationale du Canada. Le grand public, des historiens et généalogistes se pressaient autour d'André Charbonneau, historien à Parcs Canada et familier des richesses documentaires de la Bibliothèque nationale du Canada et des Archives nationales du Canada. Venu expressément de Québec pour l'occasion, M. Charbonneau a livré avec entrain l'une de ses passions aux participants déjà conquis : le lieu historique national de la Grosse-Île-et-du-Mémorial-des-Irlandais.

La Grosse-Île est ancrée au milieu du fleuve Saint-Laurent, à quelque 50 kilomètres en aval de Québec. Elle est l'une des 21 îles qui forment l'archipel de l'île aux Grues, circonscrit entre l'île d'Orléans et l'île aux Coudres. Elle s'étend sur environ deux kilomètres de longueur et sur quelque 800 mètres de largeur. L'île tire sa particularité du rôle qu'elle joua, de 1832 à 1937, à titre de station de quarantaine du port de Québec, longtemps le principal point d'arrivée des immigrants au Canada. On s'y rappelle non sans émotion l'importance de l'immigration au Canada, du début du XIXe siècle jusqu'à la Première Guerre mondiale. Grosse-Île commémore aussi les événements tragiques qu'y vécurent les immigrants irlandais, principalement lors de l'épidémie de typhus de 1847.

La dimension irlandaise de l'histoire de Grosse-Île est très bouleversante, alors qu'en 1847, la pire année de la Grande famine, plus de 5 000 immigrants, en majorité d'origine irlandaise, y trouvèrent leur dernier repos, victimes du typhus. On parle alors de la tragédie de Grosse-Île. Cette année-là, près de 100 000 émigrants quittent les ports britanniques et irlandais, à destination du port de Québec. Seulement 90 000 d'entre eux atteindront le port de Québec (soit près de 10 000 décès au cours de la traversée et durant la quarantaine). Six émigrants sur sept étaient d'origine irlandaise. Deux semaines après l'ouverture de la saison de navigation, du 14 au 19 mai 1847, les quatre premiers navires débarquent 285 malades et 1 200 passagers en santé, débordant ainsi la capacité d'accueil de Grosse-Île ! C'est le début d'un incroyable et sinistre défilé... Durant les mois d'été, plus d'une trentaine de bateaux sont continuellement en attente devant la station de quarantaine; une moyenne de près de 1 500 malades y sont traités quotidiennement et quelque 12 000 passagers sont constamment détenus en quarantaine.

Émouvante et éminemment chargée d'histoire, l'île renferme une abondante variété de ressources culturelles : près de 30 édifices à caractère patrimonial, plus de 1 000 vestiges archéologiques, environ 5 000 pièces de collection ethnologique, trois cimetières et plusieurs monuments commémoratifs. De plus, ce lieu historique national témoigne de l'oeuvre du Dr Frederick Montizambert dans le domaine de la médecine préventive et de la santé publique au Canada.

Maîtrisant admirablement son sujet et secondé par tout un arsenal d'acétates électroniques, André Charbonneau a aisément atteint son but : sensibiliser à la formidable richesse de témoignage de la Grosse-Île, ce site où la vie et la mort ont donné rendez-vous à l'histoire canadienne. Conscient de la force peu commune d'attraction de l'île, il convie enfin chaleureusement son auditoire à visiter ce lieu historique national ou... à y retourner... !

Pour de plus amples renseignements sur le lieu historique national de la Grosse-Île-et-du-Mémorial-des-Irlandais, composer sans frais le 1-800-463-6769 ou consulter le site Web de Parcs Canada à l'adresse suivante : <parcscanada.risq.qc.ca/grosse-ile/index.html>.


Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé : 1999-8-6).