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Nouvelles de la Bibliothèque nationale
Juillet/Août 1999
Vol. 31, nos 7-8



SAVOIR FAIRE
Les ambassades canadiennes à travers le monde

par Marie-Josée Tolszczuk,
Services de recherche et d'information

La Bibliothèque nationale est toujours fière de collaborer à la réalisation des projets les plus audacieux. Quand vous prendrez connaissance du sujet de la thèse de doctorat de Mme Marie-Josée Therrien, vous pourrez sans peine imaginer les heures passées à dépouiller les différents titres de périodiques et de journaux canadiens de la Bibliothèque nationale pour retracer l'actualité gouvernementale et politique des années 20 aux années 90.

Comme son sujet de doctorat dépassait évidemment les frontières du Canada, vous pourrez aussi comprendre que nombre d'ouvrages nécessaires à la chercheuse ont dû être localisés par le personnel des services de référence de la Bibliothèque. Nous avons été heureux de partager avec elle le résultat de ses travaux sur les ambassades canadiennes à travers le monde lors du séminaire SAVOIR FAIRE de février dernier.

Sujet fascinant, s'il en est un, que celui de l'architecture des ambassades canadiennes. En compagnie de notre conférencière, nous avons fait un tour d'horizon étonnant de l'architecture et parfois de l'histoire de ces édifices. Une vingtaine de bâtiments nous furent présentés sur diapositives par Mme Therrien, allant de l'ambassade de Kyoto en passant par celle de Canberra, de New Delhi, de Varsovie et de Bonn. Elle a conclu avec les constructions plus récentes des ambassades de Mexico et de Washington.

Nous avons tout d'abord appris que l'on peut distinguer trois grandes périodes dans la construction, l'achat ou la location des édifices des ambassades canadiennes. La première commence tout juste au début des années 20 pour se poursuivre jusqu'à l'aube des années 50; ensuite c'est la période d'après-guerre qui s'étend jusqu'aux années 70, finalement une dernière étape se dessine après les années 70 sous le règne de Pierre Elliott Trudeau et se termine au début des années 90. Nous verrons en conclusion comment Mme Therrien entrevoit l'avenir des ambassades canadiennes pour le tournant du millénaire. En résumé, diplomatie, politique, climat des pays hôtes, culture et architectes sont autant d'influences et d'intervenants venus colorer l'architecture de nos ambassades.

Les années 20 éveillent le Canada à la diplomatie étrangère. Les ambassades sont perçues comme des habitations de prestige servant surtout aux réceptions, aux discussions politiques, aux visites officielles. Durant les années 50, en période d'après-guerre et de guerre froide, sécurité, secrets d'officines et secrets d'État commandent l'architecture de nos ambassades. La sécurité prime, les ambassades, plus austères, sont sous la responsabilité conjointe du ministère des Travaux publics et du ministère des Affaires extérieures jusqu'au début des années 60. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (nom actuel) reprend peu à peu durant cette période le plein contrôle de la construction des ambassades avec une nouvelle vision qui sera d'offrir à la culture canadienne une fenêtre sur le monde. Notre culture sera saluée par les peuples qui sont nos hôtes, les architectes atteignent une maturité et une maîtrise de leur art qui se révèlent dans tous les détails des nouvelles ambassades, autant au niveau du design intérieur que de l'architecture extérieure. L'ambassade de Mexico, sous l'inspiration de l'architecte Ernest Gaboury, est l'exemple le plus frappant ce cette vision.

Mme Therrien a souligné l'importance des atriums, des espaces ouverts qui créent les liens avec la nature environnante ainsi qu'avec le climat du pays hôte. Comment ne pas succomber au charme de l'ambassade de New Delhi avec ses piscines réfléchissantes, ou ne pas se laisser émouvoir par la représentation du paysage canadien du jardin japonais de l'ambassade de Tokyo ? Quelle façon spectaculaire pour le Canada de prendre sa place au coeur de Washington avec sa nouvelle ambassade qui a suscité tant de controverses.

Les atriums, les jardins, les salles de spectacles et les bibliothèques sont les nouveaux véhicules pour faire connaître et apprécier la culture canadienne dans nos ambassades modernes.

Le coeur du pays bat à travers ces bâtiments, son histoire et l'histoire de l'humanité transpirent de ses murs selon les différentes époques où les ambassades canadiennes furent construites.

De Vincent Massey à Pierre Elliott Trudeau, d'Antoine Monette à Arthur Charles Erickson, autant d'ambassadeurs, de politiciens ou d'architectes qui avaient une vision commune : rassembler dans un édifice ce qui fait l'essence du peuple canadien dans le respect des pays qui nous accueillent.

L'avenir des ambassades canadiennes ? Consolider nos acquis, développer des partenariats avec les pays du monde entier, assurer notre présence à travers le monde. Mme Therrien a conclu le séminaire en soulignant que l'ère de développement technologique influencera certainement le rôle et la présence des ambassades canadiennes à travers le monde.

(Marie-Josée Therrien est chargée de projet pour le site Web sur l'histoire à l'Office national du film. Sa thèse de doctorat s'intitule Au-delà des frontières : l'architecture des ambassades canadiennes, 1930-1990.)


Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé : 1999-8-6).