Nouvelles de la Bibliothèque nationale |
© Yves Beaulieu 1995 |
En prenant cette nouvelle responsabilité que me confie Madame la ministre Sheila Copps, je me sens comme un boxeur d'expérience avant un match -- j'ai peur, mais je n'en ai pas honte, parce que je suis prêt !
Il m'est impossible de ne pas penser, en ce moment, à Jorge Luis Borges, un très grand écrivain qui fut le directeur de la Bibliothèque nationale d'Argentine. Je le lisais, il y a longtemps, lorsque j'étais étudiant. Plusieurs années plus tard, on a découvert l'espace cybernétique. Je crois encore que Borges avait déjà pressenti presque tout cela dans ses réflexions sur la bibliothèque. Je le lisais sans savoir qu'un jour on me demanderait de diriger la bibliothèque de mon pays. La vie est tissée de ces mystérieux raccordements : comme dans une histoire de Borges.
D'abord, il me faut remercier Marianne Scott qui mérite de tous beaucoup de respect pour avoir piloté la Bibliothèque nationale dans les eaux encore inexplorées de l'ère de l'information.
Notre responsabilité est de continuer le voyage : explorer, inventer et conquérir ! La Bibliothèque nationale rassemble des professionnels compétents et dévoués qui sont au service du mandat national de notre institution. Mon rôle sera de les aider à construire l'avenir.
Beaucoup d'associations, d'institutions et de professionnels souhaitent être partenaires de cette Bibliothèque de demain qu'il faut créer aujourd'hui. Depuis la nouvelle de ma nomination, leurs lettres, leurs rapports, leurs coups de téléphone sont venus à moi comme une marée réconfortante. Et inquiétante ! Je voyais monter cette vague de bonne volonté, de bons voeux et je la sentais rouler sur moi alors que j'étais seul, à mon petit bureau, essayant de finir des tâches auxquelles je m'étais engagé. Je m'excuse de mon silence. Maintenant que je suis en poste, je vais contacter une à une toutes ces personnes, à l'extérieur, qui veulent que je réussisse et qui veulent participer à NOTRE succès.
La Bibliothèque nationale du Canada doit jouer un rôle plus déterminant dans l'univers de l'information. Elle doit renforcer sa présence régionale. Elle doit se faire plus accessible, elle doit être plus visible. Elle se doit d'être présente sur la scène internationale dans des actions bien concrètes et des projets bien définis. Elle doit devenir une institution indispensable à tous les Canadiens.
En ce moment où il est si important pour l'existence de notre pays de définir notre identité nationale, de la défendre et de l'exprimer, la Bibliothèque nationale du Canada a une extrême responsabilité et je travaillerai à ce qu'elle reçoive les moyens d'exercer cette responsabilité.
Nous allons continuer de définir de nouvelles façons de mieux servir. Nous allons nous efforcer de supprimer les disparités régionales et sociales dans l'accès à l'information. Je veux aussi consacrer beaucoup d'attention à ce que les fonctions de collection, de conservation et de catalogage soient assurées des ressources humaines et financières appropriées.
C'est avec beaucoup d'enthousiasme que je vais demander aux employé(e)s de la Bibliothèque nationale et à la communauté universitaire, à celles des auteurs, éditeurs, bibliothécaires, aux associations professionnelles, aux gens des nouveaux médias, aux organismes d'information gouvernementaux de contribuer à trouver les meilleurs moyens de sauvegarder notre mémoire collective pour la rendre accessible. À cette époque de mondialisation, personne ne peut s'enfermer dans une attitude professionnelle tribale.
Je n'ai encore rien dit de la technologie. La bibliothèque est un lieu où elle peut sans aucun doute contribuer à l'amélioration de la qualité de vie en aidant à la diffusion des idées et de l'expérience humaine accumulées. Je m'aperçois que la vie m'a bien préparé à ces défis. Avec votre collaboration, je vais m'appliquer à cette tâche...
Roch Carrier
Administrateur général