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Nouvelles de la Bibliothèque nationale
Octobre 1999
Vol. 31, no 10



Des Canadiennes influentes marquent l'évolution de l'histoire canadienne : le Mois de l'histoire des femmes

Mary Bond,
Services de référence et d'information

« Il n'y a rien que j'aime plus que d'être au coin d'une rue à distribuer des tracts, parce qu'ainsi on apprend à connaître les gens. » Léa Roback, militante syndicale.

« Ce que je désirais plus que tout était d'être en mesure de pourvoir à mes besoins et de faire en sorte que toutes les femmes du monde puissent faire la même chose. » Doris Anderson, journaliste et militante des droits de la femme.

« Les familles ne pouvaient se permettre d'avoir des enfants si elles ne pouvaient les nourrir. Alors elles venaient à la clinique et nous leur donnions les renseignements nécessaires. » Elizabeth Bagshaw, directrice médicale de la première clinique de régulation des naissances au Canada.

Des femmes engagées, indépendantes et pragmatiques, voilà ce que sont les militantes canadiennes.

Femmes du Canada

En octobre de chaque année à l'occasion du Mois de l'histoire des femmes, la Bibliothèque nationale du Canada prépare une série de biographies afin de célébrer la vie et les réalisations de femmes canadiennes qui ont contribué à l'avancement de la société canadienne dans une vaste gamme de domaines. Ces biographies font partie du site Web de la Bibliothèque situé à l'adresse <http://www.nlc-bnc.ca/digiproj/women/fwomen.htm>.

Le mois d'octobre de cette année représente le 70e anniversaire de l'affaire « Personne », une cause très importante dans l'histoire des droits des femmes au Canada. En 1927, les « Célèbres cinq », soit Irene Parlby, Emily Murphy, Nellie McClung, Henrietta Muir Edwards et Louise McKinney, ont signé une pétition réclamant que la Cour suprême du Canada se penche sur l'expression « personnes qualifiées » de l'article 24 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, 1867 et détermine si elle comprenait les femmes comme étant des personnes admissibles à la nomination au Sénat. Après que la Cour eut rendu sa décision selon laquelle l'expression n'englobait pas des personnes de sexe féminin, les requérantes ont interjeté appel devant le Comité judiciaire du Conseil privé en Angleterre. Le 18 octobre 1929, le Comité a renversé la décision de la Cour suprême et a jugé que « personnes qualifiées » de l'article 24 comprenait les femmes et que les femmes étaient « admissibles au processus de nomination et au poste de membre du Sénat du Canada » (Dominion Law Reports, [1930] 1 DLR).

En l'honneur de cet anniversaire et du Mois de l'histoire des femmes, la Bibliothèque nationale du Canada a décidé de souligner les réalisations des « Célèbres cinq », de même que celles d'autres militantes qui ont œuvré à l'amélioration de divers aspects de la vie de toutes les Canadiennes : conditions de travail, soins de santé, aide à l'enfance, droits conjugaux, droits et représentation politiques, éducation et perspectives professionnelles, etc.

Ces militantes ont poursuivi sans relâche l'objectif de la justice sociale en empruntant diverses voies. Nellie McClung, Irene Parlby et Louise McKinney ont été membres de l'Assemblée législative de l'Alberta, qui a adopté des lois en vue d'accroître le bien-être des femmes et des enfants. De son côté, Emily Murphy, première femme de l'Empire britannique à être admise à la magistrature, a été nommée magistrat de police de la Ville d'Edmonton; l'exercice de ces fonctions l'a amenée à rédiger de nombreux écrits sur la nécessité de modifier les lois concernant l'utilisation des narcotiques. En dépit de la forte opposition manifestée par ses collègues du corps médical et par le clergé local, Elizabeth Bagshaw a dirigé la première (et illégale) clinique de régulation des naissances au Canada, de 1932 à 1966.

En tant que fondatrices et membres de nombreuses organisations, elles ont rassemblé divers groupes de femmes qui partageaient leurs préoccupations, leurs problèmes, leurs solutions et leurs idées de changement et elles ont été leur porte-parole. C'est ainsi qu'Henrietta Muir Edwards a fondé la Working Girl's Association, ancêtre de la Young Women's Christian Association (YWCA). De concert avec Lady Aberdeen, elle a également fondé le Conseil national des femmes et les Infirmières de l'Ordre de Victoria. Pour sa part, Muriel Duckworth est l'une des membres fondatrices de la Voix des femmes, une organisation centrée sur la paix dans le monde, ainsi que de l'Institut canadien de recherches pour l'avancement de la femme (ICRAF), un centre communautaire de recherche et d'études. Enfin, Kay Livingstone a été la première présidente de la Canadian Negro Women's Association et une organisatrice du premier Congrès national des femmes noires en 1973, une assemblée qui a réuni environ 200 femmes de partout au Canada.

Les conditions de travail et les salaires médiocres réservés à la main-d'œuvre principalement féminine de l'industrie des textiles ont incité tant Léa Roback que Madeleine Parent à assumer un rôle d'organisatrice du mouvement syndical au Québec. Également au Québec, Laure Gaudreault a senti le besoin d'attirer l'attention publique sur la question des conditions de travail des enseignantes en milieu rural, et pour ce faire elle a fondé l'Association des institutrices rurales de la province de Québec.

D'autres femmes, désireuses également d'échanger de nouvelles idées et de remettre en question la façon de penser traditionnelle concernant les rôles et les droits des femmes au Canada, se sont exprimées par le journalisme et la radiodiffusion. C'est le cas de Doris Anderson, rédactrice en chef du magazine Chatelaine; de June Callwood, auteure d'articles pour des magazines et des journaux tels que Maclean's, Chatelaine et le Globe and Mail; ainsi que de Florence Bird, journaliste et communicatrice à la Canadian Broadcasting Corporation (CBC), ainsi que présidente de la Commission royale d'enquête sur la situation de la femme.

Victime des lois discriminatoires à l'endroit des femmes autochtones, Jeannette Corbiere Lavell est intervenue de façon marquante à l'échelle nationale. Quand elle a perdu son statut d'Indienne par suite de son mariage à un non-autochtone, elle a remis en question le bien-fondé de la Loi sur les Indiens en intentant des poursuites aux diverses instances du système judiciaire canadien. Même si elle a perdu sa cause devant la Cour suprême du Canada en 1973, elle a poursuivi son intervention qui est à l'origine de l'abrogation, en 1985, de cet article de la Loi sur les Indiens.

Bien qu'ayant emprunté diverses voies, ces femmes ont toutes fait preuve, au cours de leur vie longue et active, de détermination dans la poursuite de leur objectif d'égalité et de justice et d'un engagement à aider les autres, qu'il s'agisse de femmes, d'hommes ou d'enfants, tant au Canada qu'à l'étranger. Le site Web Femmes à l'honneur vise à mettre en valeur l'immense contribution de ces personnes remarquables à la société canadienne.


Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé : 1999-10-13).