Nouvelles de la Bibliothèque nationale Mai 2000 Vol. 32, no 5

Le Centre bibliographique canadien  : Plus ça change, plus c’est pareil

Je suis enchantée d'être la rédactrice invitée de ce numéro spécial des Nouvelles de la Bibliothèque nationale. Ce numéro et le prochain célèbrent le 50^e anniversaire de la fondation du Centre bibliographique canadien, précurseur de la Bibliothèque nationale du Canada.

Je suis sûre que vous aimerez lire ces articles pour l'information qu'ils contiennent, les souvenirs qu'ils évoquent, leur humour et leur professionnalisme. Le Centre bibliographique canadien a été inauguré le premier mai 1950 sous la direction de Martha Shepard. Il ne disposait ni de locaux, ni d'une collection, ni d'aucun équipement. Mais il était formé d'un tout petit groupe d'individus dévoués, à la détermination et à l'enthousiasme contagieux, qui voulaient bâtir une institution nationale au service du patrimoine canadien de l’édition. Le Centre avait aussi l'avantage de bénéficier de l’appui de la collectivité des bibliothèques canadiennes, qui a activement soutenu sa création, et d'un meneur remarquable à tous égards, l'archiviste du Dominion, monsieur W. Kaye Lamb.

Vérification des notices bibliographiques.

Le présent numéro contient des comptes rendus de quelques-uns de ces pionniers. Ils décrivent leurs activités : microfilmer les fichiers de plusieurs bibliothèques à Ottawa et ailleurs, préparer les fiches du catalogue collectif, commencer à prendre contact avec les éditeurs pour qu'ils se mettent à déposer leurs livres au Centre et faire la liste de ces livres pour la bibliographie nationale. Martha Shepard, Hélène Beaudry, Ian Wees, Clarisse Cardin et Paul Kitchen, de Victoria, Gatineau et Ottawa, ont tous partagé leurs souvenirs et leurs anecdotes. Dans le prochain numéro des Nouvelles de la Bibliothèque nationale, plusieurs membres du personnel de la Bibliothèque nationale présenteront ces mêmes services tels qu'ils sont aujourd'hui.

En lisant les informations générales recueillies pour ce numéro, j'ai été frappée de la continuité entre le projet envisagé voici tant d'années et les services offerts de nos jours. Le catalogue collectif, la bibliographie nationale, les services de référence et de prêt entre bibliothèques, les listes de thèses canadiennes et tant d'autres projets ont tous été méticuleusement planifiés et créés par un petit groupe au début des années cinquante. Je peux personnellement témoigner de certaines des méthodes de travail d'alors. Quand j'ai commencé à travailler à la Bibliothèque nationale en 1971, une de mes tâches était de m'assurer que toutes les fiches collées sur des feuilles de papier brun afin d'être photographiées pour la bibliographie nationale soient bien droites et dans le bon ordre alphabétique. Une fois photographiées, elles étaient soigneusement décollées du papier et reclassées. Et on recommençait le processus en entier pour la refonte annuelle. Aujourd'hui, les méthodes ont bien changé, mais la bibliographie nationale, une liste des publications canadiennes, est toujours produite. C'est un hommage aux pionniers du Centre que leur vision d'une institution nationale vouée à documenter et à faire connaître le patrimoine canadien de l’édition et des collections bibliographiques des bibliothèques canadiennes se perpétue encore aujourd'hui.

Mais on ne faisait pas que travailler dur, au Centre, même si le personnel travaillait cinq jours et demi par semaine. Comme vous le lirez dans les articles, il y avait aussi beaucoup de moments plus détendus. Je reconnais qu'il y a longtemps que nous n'avons plus fait de danse à claquettes aux réceptions de Noël, mais nous nous sommes rendus célèbres pour quelques autres activités « mémorables ». On ne peut qu'être frappé de la manière dont le personnel du Centre se débrouillait pour atteindre ses objectifs avec si peu d'outils à sa disposition, tout en ayant du plaisir malgré les contraintes du travail.

J'espère que vous trouverez ce numéro instructif et que vous apprécierez ce portrait humain de la vie telle qu'elle était dans les premiers temps de notre Bibliothèque.

Bonne lecture !