Bulletin de la CCA 17/06
le 5 avril 2006
Le discours du Trône - 39e législature du Canada
« Une nouvelle feuille de route »
La gouverneure générale
du Canada, la très honorable Michaëlle Jean, a
prononcé mardi le discours du Trône devant une
assemblée réunissant les députés,
les sénateurs, les juges de la Cour suprême,
le chef d'état-major de la défense, les représentants
militaires et les distingués invités.
Le
discours du Trône est un indicateur important des
orientations générales que le gouvernement du
Canada a l'intention de poursuivre au cours de son mandat.
Comme on s'y attendait, le discours a présenté
les aspects les plus fermes du programme politique du nouveau
gouvernement. Les cinq principales priorités inscrites
par les conservateurs dans leur plate-forme de la dernière
élection fédérale sont évidemment
les grandes caractéristiques du discours et du programme
du nouveau gouvernement. Il est toutefois intéressant
de constater que ces cinq grandes priorités sont maintenant
accompagnées de nouveaux éléments comme
l'intention de s'attaquer au soi-disant déséquilibre
fiscal avec les provinces et la réforme du Sénat
afin d'améliorer sa représentation régionale.
Comme nous nous y attendions, toutes les préoccupations culturelles dont le secteur des arts et de la culture a fait état au cours de la dernière campagne ont été passées sous silence. Rien sur le financement accru et stable, rien sur un examen du rôle de CBC/Radio-Canada ou du CRTC (c'était pourtant dans la plate-forme du parti conservateur), rien à propos du sort du financement de la télévision canadienne, rien sur le rôle de nos institutions culturelles nationales, pas un mot sur la propriété et le contrôle des entreprises de télécommunications et de radiodiffusion. C'est une tentative délibérée de concentrer les efforts sur le programme du gouvernement, en réglant quelques enjeux de premier plan pour les partis d'opposition et en évitant si possible les questions trop controversées.
Mais c'est bien connu, les artistes vivent d'espoir! Le discours du Trône contenait un paragraphe très intéressant pour le secteur de la culture, dans lequel Son Excellence disait :
« J'ai rencontré des gens des deux grandes communautés linguistiques, et je peux affirmer que notre dualité linguistique est un atout pour le pays. De même, des artistes canadiens de toutes les disciplines ont réitéré à quel point l'expression créatrice en disait long sur la santé démocratique d'une société. »
Quelques instants plus tard, elle ajoutait : « Nous avons parcouru un chemin incroyable. Autrefois perçu comme le bout du monde, notre pays est aujourd'hui à l'avant-garde dans les domaines des sciences, des affaires, des arts et du sport. »
Si le discours ne contenait rien de précis à propos de quelque mesure législative concernant les arts et la culture, il est toutefois encourageant de constater que le gouvernement du Canada est conscient que les arts offrent une source de fierté et sont une dimension essentielle de la vie d'un état démocratique et dynamique. Ces déclarations pourraient bien nous offrir l'ouverture dont le secteur a besoin pour que nous puissions faire entendre nos préoccupations à propos du financement accru et stable et concernant les questions fiscales, que le Conseil d'administration de la CCA a identifiés comme les principaux intérêts que nous devons défendre à court terme.
Le discours a également porté sur la représentation des enjeux culturels canadiens dans l'arène internationale, indiquant que le gouvernement a l'intention de faciliter la participation des provinces à l'adoption de positions canadiennes qui ont une incidence sur des questions de compétence provinciale :
« Le gouvernement fédéral reconnaît les responsabilités culturelles particulières du gouvernement du Québec, et il invitera donc ce dernier à jouer un rôle au sein de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture. En misant sur la diversité de l'expérience et du savoir-faire de chacune des composantes de la fédération canadienne, nous pourrons nous exprimer d'une voix forte, unie et assurée sur la scène mondiale. »
Assurer notre place dans la communauté internationale est une question sérieuse et complexe et l'engagement du gouvernement de faire participer les provinces directement et indirectement à l'élaboration des politiques étrangères canadiennes semble à première vue une façon raisonnable et progressive d'aborder la question. Cela apparaît en outre un prolongement logique de l'inclusion des délégations du Québec et du Nouveau-Brunswick dans la Francophonie. Mais cela pourrait s'avérer parfois difficile à accomplir si l'objectif est de « nous exprimer d'une voix forte, unie et assurée sur la scène mondiale. »
Si le discours du Trône est un bon indicateur des priorités du gouvernement, la vraie mesure en sera le prochain budget fédéral. Nous devrions apprendre d'ici quelques jours la date de l'annonce de ce premier budget conservateur. Comme toujours, la Conférence canadienne des arts tiendra ses membres, le public et les médias au courant de toutes les nouvelles et développements concernant les arts et la politique culturelle qui émaneront de notre nouveau gouvernement fédéral.
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