Bulletin de
la CCA 03/07
Ottawa,
le mardi 30 janvier 2007
Bras de fer
avec le Fonds canadien de télévision (FCT)
La situation…
Des
câblodistributeurs parmi les plus importants du Canada
ont décidé de cesser de payer leurs parts au
Fonds canadien de télévision (FCT). Dans une
série de communiqués de Shaw Communications
et de Vidéotron, ces câblodistributeurs ont déclaré
qu'ils ne peuvent plus justifier les parts qu'ils déposent
dans le Fonds quand elles vont en grande partie à la
société Radio-Canada, qui reçoit déjà
plus d'un milliard de dollars en fonds publics par l'entremise
de crédits parlementaires.
Le
règlement du CRTC oblige les câblodistributeurs
à verser 5 % de leurs profits par année
dans le FCT. On s'attend à ce que le CRTC adopte la
ligne dure face à la décision des câblodistributeurs
de ne plus verser leurs contributions au Fonds canadien de
télévision. La société Radio-Canada
a indiqué que si elle bénéficie de 37 %
du montant du fonds pour les productions indépendantes
de la CBC et de la SRC, l'argent va aux producteurs et non
pas directement au radiodiffuseur public.
Mais
en 2005, la Vérificatrice générale du
Canada Sheila Fraser a critiqué le Fonds canadien de
télévision à l'égard de diverses
questions de gouvernance et de l'absence d'objectifs clairs.
Les câblodistributeurs dissidents se sont saisis de
ces commentaires et Jim Shaw de Shaw Communications a déclaré
qu'il cessait de verser ses contributions jusqu'à ce
que le Fonds présente une « déclaration
de reddition de comptes » indiquant les productions
qu'il a financées, les cotes d'écoute de chaque
production et les revenus qu'elles ont générés.
La
ministre Oda a également confirmé que le gouvernement
fournirait 100
millions de dollars au Fonds au cours de chacune des deux
prochaines années. Cette heureuse annonce est interprétée
comme un vote de confiance du gouvernement envers le Fonds
canadien de télévision.
La
décision des câblodistributeurs met en danger
la capacité du FCT de fournir le financement très
nécessaire pour la production de contenu canadien dans
le système de radiodiffusion. Les câblodistributeurs
ont indiqué qu'ils seraient prêts à accroître
leurs contributions au FCT si les règles du jeu étaient
modifiées à leur goût et selon ce qu'ils
considèrent juste.
Le
Fonds est un programme de soutien important qui offre des
occasions professionnelles aux acteurs, aux réalisateurs,
aux compositeurs et aux auteurs canadiens. La confiance manifestée
par le gouvernement fédéral envers le Fonds
est un développement heureux et la CCA tiendra ses
membres et ses partisans au courant de la suite des choses
par l'entremise de ses bulletins.
Ce n'est
pas tout…
Le
ministère du Patrimoine canadien a produit une
fiche d'information utile sur le Fonds canadien de télévision.
Les paragraphes qui suivent sont extraits de cette fiche d'information.
Le
Fonds canadien de télévision (FCT) est un
partenariat public-privé. Il a été
créé en 1996 par le gouvernement du Canada
et l'industrie de la câblodistribution.
Le
Fonds a pour principal objectif de favoriser la production
d'émissions de télévision au Canada
dans les deux langues officielles, ainsi que dans les langues
autochtones, qui rejoignent les auditoires durant les heures
de grande écoute (entre 19 h et 23 h). Le Fonds permet
la création des genres suivants d'émissions
de télévision :
émissions pour les enfants et la jeunesse;
dramatiques;
documentaires;
émissions de variétés;
émissions liées aux arts de la scène.
Durant
l'exercice financier 2006-2007, le Fonds a puisé
son financement de deux sources, soit du gouvernement du
Canada, qui y a investi 120,4 millions de dollars, et des
câblodistributeurs et des services de radiodiffusion
par satellite, qui y ont consacré 145 millions de
dollars.
En
ce qui a trait à la Société Radio-Canada
(SRC), étant donné son mandat de diffuseur
public et l'objectif du FCT de récompenser les succès
en matière d'auditoires, il fut décidé
que les productions destinées à être
diffusées sur ses ondes recevraient une enveloppe
pré-établie. Ceci représente 37 %
des sommes allouées par le Fonds. La plupart des
sommes investies sont consacrées à la production
de dramatiques.
Nouveau
président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications
canadiennes (CRTC)
Dans
un autre ordre d'idées, le gouvernement du Canada a
également annoncé la nomination d'un nouveau
président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications
canadiennes. Konrad von Finckenstein s'est vu confier un mandat
de cinq ans à titre de président de l'organisme
de réglementation.
M.
von Finkenstein a mené une carrière
longue et diversifiée au gouvernement, où
il a notamment été avocat général
principal au Bureau des négociations commerciales,
sous-ministre adjoint du Secteur des politiques et opérations
du libre-échange et commissaire au Bureau de la concurrence
(c'est-à-dire chef du Bureau de la concurrence). Il
a comparu à la fin de 2002 devant le Comité
permanent du patrimoine canadien pour son étude du
système canadien de radiodiffusion. Il
a déclaré ce qui suit au comité à
titre de commissaire au Bureau de la concurrence :
Nos
intérêts [au Bureau] dans le domaine de la
radiodiffusion et des télécommunications se
concentrent strictement sur la concurrence dans le domaine
de l'économie dans des marchés clés.
Nous reconnaissons que le gouvernement est aussi intéressé
à poursuivre d'autres objectifs, incluant des objectifs
culturels et sociaux.
Le
défi consiste à trouver des approches à
ces objectifs culturels et sociaux qui seront efficaces
et qui permettront une concurrence sur le plan économique.
Il
a également dit que le CRTC devrait laisser le Bureau
évaluer les effets économiques des fusionnements
dans la radiodiffusion et s'occuper uniquement des conséquences
des fusionnements en termes de « valeurs culturelles
». Deux énormes transactions – l'acquisition
par CTV des actifs de la radio de CHUM et l'acquisition par
CanWest des services spécialisés d'Alliance
– pourraient être examinées par le CRTC cette
année.
À
titre de chef du Bureau de la concurrence, M. von Finckenstein
s'est opposé à un fusionnement entre Astral
et Télémédia qui concernait des stations
de radio, en faisant valoir que l'acquisition diminuait considérablement
la concurrence en matière de publicité dans
cette province. Astral détenait déjà
12 stations de radio au Québec, où elle voulait
en acheter 11 autres de Télémédia : le
CRTC a approuvé la transaction, en partie parce que
la taille accrue d'Astral lui permettrait d'améliorer
la programmation de ces stations. Par la suite, toutefois,
les deux compagnies et le Bureau ont conclu une entente différente :
Astral a acquis moins de stations de radio et a retiré
ses demandes de permis concernant un certain nombre d'autres
nouvelles stations de radio, tandis que le Bureau a retiré
son opposition.
Donc
si le conflit du FCT avec les câblodistributeurs sera
un premier test intéressant des compétences
du nouveau président à ce poste critique, ceux
qui participent à la radiodiffusion canadienne seront
également affectés par les points de vue de
M. von Finckenstein concernant les grandes transactions en
matière de propriété dans le secteur
de 3,5 milliards de dollars de la radiodiffusion et de la
télédiffusion du Canada.
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