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Conférence canadienne des arts

Bulletin de la CCA 25/06

Du bureau d’Alain Pineau
Directeur général
Conférence canadienne des arts

Ottawa, le 24 mai 2006

Le CRTC augmentera-t-il ses exigences de contenu musical canadien à l'égard des radios commerciales ?

Le Conseil canadien de la radio-télévision et des télécommunications (CRTC) a passé toute la semaine dernière en audiences publiques à Gatineau dans le cadre de son ré-examen de la politique de la radio commerciale. Au total, le Conseil a reçu 183 mémoires d'individus ou d'organisations à travers le pays. De ce nombre, cinquante-cinq intervenants, dont la CCA, avaient été invités à défendre leur point de vue et leurs suggestions devant un panel de cinq commissaires, dont le président même du Conseil, M. Charles Dalfen.

 

Chaque intervenant avait entre dix et vingt minutes, selon le cas, pour faire ses représentations, suivi d'une période de questions de durée variable. Certains intervenants, comme l'Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) ou encore l'ADISQ, qui avaient déposé des mémoires volumineux et qui sont au centre du débat, ont occupé la majeure partie d'une journée chacun. Le processus a pris un tel retard dès le premier jour que le panel a finalement décidé de siéger jusque tard en soirée mardi et mercredi pour rattraper l'ordre du jour.

 

Les grands enjeux de la semaine étaient clairs dès la première journée :

  • Contenu canadien : faut-il augmenter les exigences de contenu musical canadien (porté de 30 à 35% lors de la dernière révision), et si oui de combien ? À ce sujet, les positions des intervenants allaient du statu quo à une majoration jusqu'à 51%. Il ne serait pas surprenant que le contenu soit augmenté de façon diverse selon les différents genres musicaux.
  • Diversité : Comment assurer qu'il y ait plus de diversité (artistes, genres et chansons) sur les ondes de la radio commerciale, dont les formats musicaux se limitent à quelques genres seulement et qui jouent immanquablement les mêmes ritournelles à semaine longue? Cette préoccupation semblait être celle de tout le monde, y compris celle des radiodiffuseurs eux-mêmes, qui y sont allés d'une proposition de points boni pour chaque chanson d'un « artiste émergeant » afin d'encourager le risque en programmation! Plusieurs intervenants on fait remarquer que si la chose les préoccupait vraiment, rien n'empêchait les radiodiffuseurs d'innover sans plan boni, qui n'est qu'une façon déguisée, selon eux, d'en arriver à un niveau de contenu canadien plus bas que la norme actuelle. D'autres, dont la CCA, ont soutenu qu'in système de boni pourrait être envisagé si la moyenne générale de contenu canadien était portée à 40 ou 45 %, et que même là, il faudrait établir que le 35% actuel serait un plancher absolu.
  • Artiste émergeant : Dans l'hypothèse où un système de boni serait adopté, de longues discussions ont eu lieu entre commissaires et intervenants sur la définition exacte à donner à un « artiste émergeant » : est-ce un artiste qui atteint le TOP 40 une première fois, et combien de temps s'écoule ensuite ? Un an ? Quatre ans ? Est-ce un artiste qui vient de publier son premier ou son second album, ou qui obtient son premier disque d'or ? Et que faire dans le cas d'un artiste qui fait carrière pendant de très longues années, qui a son public, mais qui n'atteint jamais le Top 40? De toute évidence, l'adoption d'un système de points boni pour le contenu canadien soulève bien des complications d'interprétation !
  • Contribution au développement du talent canadien : en 1998, devant les résultats financiers moins que reluisant de la radio commerciale, le CRTC avait accepté de baisser considérablement le niveau de contributions financières que les radiodiffuseurs doivent faire chaque année (ou dans certaines circonstances, comme à l'acquisition de stations) pour le développement du talent canadien. Le Conseil avait également assoupli considérablement les règles restreignant la détention de plusieurs licences dans un même marché. La mesure a mené à la consolidation des réseaux et contribué pour beaucoup à la santé financière de la radio commerciale, dont la profitabilité a considérablement augmenter, surtout dans les marchés anglophones.

 

C'est ce qui a poussé bon nombre d'intervenants à réclamer des hausses substantielles des sommes consacrés au développement du talent.canadien, en dépit des représentations des radiodiffuseurs qui disent que si les choses vont mieux, elles ne peuvent qu'aller plus mal à l'avenir, avec toute la concurrence à laquelle la radio fait face actuellement (un argument que l'on entend depuis l'invention de la télévision!).

 

Sous cette même rubrique, il a été beaucoup question de la meilleure façon de gérer cet argent. Le CRTC devrait-il accepter l'argument des radiodiffuseurs qui disent que lorsque FACTOR et MusicAction sont largement subventionnés par le gouvernement fédéral, que toutes leurs contributions devraient être acheminées vers leur propre fonds RadioStar / StarMaker, dont le mandat est d'aider les artistes qui ont déjà atteint un certain niveau de notoriété? Ou, au contraire, devrait-il écouter d'autres intervenants (SOCAN, ADISQ, SPACQ, CCA, etc.) qui veulent que Factor et MusicAction voient leur rôle central consolidé?

 

La CCA a repris dans son exposé les grandes lignes de l'intervention déposée le 15 mars dernier. Notre présentation a retenu l'attention du panel et a été suivi de plusieurs questions. Nous avons insisté tout particulièrement sur l'importance, non seulement de consolider les exigences de contenu canadien sur les ondes de la radio commerciale mais également d'étendre de façon appropriée des exigences semblables à tout autre média qui offre du contenu musical (Internet, radio satellite, téléphonie cellulaire). Nous avons également insisté sur l'importance vitale pour la santé du secteur musical canadien que ces nouveaux médias soient astreints aux mêmes exigences de contribution financière que les radiodiffuseurs traditionnels lorsqu'il s'agit de développement du talent canadien, en tenant compte du niveau réel de contenu canadien offert. La CCA s'inquiète en effet des exemptions accordées par le CRTC à l'égard de ces nouveaux canaux de distribution dont la popularité et l'impact ne cessent de croître. C'est d'ailleurs un dossier dont nous aurons l'occasion de reparler dans quelques semaines !

 

La nouvelle politique du CRTC pour la radio commerciale ne sera connue que dans quelques mois, après une analyse approfondie des différents points de vue exprimés par les intervenants. Restez à l'écoute!