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Bulletin de la CCA 26/06
Ottawa,
le 5 juin 2006
Des
échos printaniers de la colline parlementaire
L'Honorable
Bev Oda a comparu devant le Comité
permanent du Patrimoine jeudi dernier, premier juin, pour
discuter des priorités de son ministère.
Comme tant d'autres choses sur la colline parlementaire par
les temps qui courent, cette comparution était fortement
tintée de préoccupations électorales.
La ministre a consacré beaucoup d'effort et de temps
à livrer au moins la moitié de sa présentation
de 10 minutes dans la langue de Molière et à
parler abondamment du fameux Secrétariat francophone
que le Parti conservateur a promis de créer au sein
du ministère du Patrimoine (davantage sur ce sujet
dans quelques instants). Malheureusement, un « conflit
d'horaire de dernière minute » a empêché
Mme Oda de consacrer au Comité les deux heures qu'il
lui avait demandées, ce qui n'a visiblement pas fait
l'affaire des députés d'opposition : plusieurs
avaient aligné de nombreuses questions pour la ministre
et se sont vu limités à deux périodes
de cinq minutes chacun - ce qui, ont-ils appris sur place,
comprenait de plus le temps de réponse de la ministre.
Le
résultat, c'est que l'auditoire, où l'on retrouvait
des membres du Secrétariat de la Conférence
canadienne des arts (CCA), n'a pas eu l'occasion d'apprendre
vraiment grand chose des priorités de la Ministre du
Patrimoine, hormis des généralités sur
le fameux Secrétariat francophone et l'affirmation
maintes fois répétée que le gouvernement
entend bien appuyer les arts et la culture de façon
appropriée compte tenu des impacts de la technologie
sans cesse mouvante. La ministre a souligné avec une
satisfaction évidente l'injection sur deux ans de 50
millions de dollars du budget du Conseil des Arts dans le
budget du 2 mai dernier. Elle a laissé entendre que
l'augmentation de $30 million de la seconde année pourrait
faire partie de la base budgétaire du Conseil de façon
permanente, ce qui ne serait sûrement pas une mauvaise
nouvelle même si cette augmentation est loin de satisfaire
aux besoins du secteur culturel. Mme Oda a également
profité de l'occasion pour claironner bien haut l'impact
positif pour les organismes culturels de l'abolition du reste
de la taxe sur les gains de capitaux reliés à
des actions traitées en bourse et données à
des organisations de bienfaisance. Elle a même affirmé
que selon des rapports reçus par son bureau, près
de 85 millions de dollars avaient été versés
à des organisations culturelles à peine quelques
jours après le budget fédéral du 2 mai!
Devant
l'insistance du critique du Parti Libéral, la ministre
a promis, sans pouvoir en préciser la date, qu'elle
présenterait pour commentaires au Comité du
Patrimoine les termes de référence qu'elle entend
établir pour la révision du mandat de la Société
Radio-Canada annoncée récemment. Tout en répétant
l'appui total de son gouvernement à la notion de radio-télédiffuseur
public canadien, Mme Oda a indiqué qu'il serait prématuré
de discuter d'augmenter le budget de Radio-Canada tant que
cette révision de mandat n'a pas déterminé
le type de programmation que les Canadiens attendent de leur
diffuseur public ni sur quelles plates-formes de distribution
les services publiques devraient être offerts.
Pour
ce qui est du Secrétariat francophone promis durant
la dernière élection, il semble que Mme Oda
ait décidé de procéder à une consultation
précipitée sur le concept. Une trentaine d'organisations
culturelles québécoises et des communautés
francophones ont reçu au cours de la dernière
semaine des invitations téléphoniques à
participer le vendredi 9 juin prochain à Ottawa à
une journée complète de discussions pour mettre
de la chair sur l'os. Des sessions en plénière
et des ateliers de travail sont apparemment prévus
pour les participants invités et la ministre Oda, l'Honorable
Josée Verner (Ministre de la francophonie et des Langues
officielles) et l'Honorable Lawrence Cannon (Ministre du transport,
des infrastructures et des communautés) sont sensés
passer une partie du temps avec le groupe. La CCA a reçu
une invitation à participer et nous devrions recevoir
incessamment une confirmation par écrit et un document
de discussion. Le problème, c'est que comme tant d'autres
organisations culturelles et sans but lucratif à ce
temps-ci de l'année, la CCA tient une réunion
de son Conseil d'administration et son assemblée générale
annuelle les 10 et 11 juin. La CCA est d'avis que l'idée
de créer un Secrétariat francophone au sein
du ministère mérite d'être étudiée
mais craint qu'une consultation improvisée ne
puisse lui faire justice et donner de bien bons résultats.
Pour
finir, soulignons qu' un
débat d'une journée a eu lieu le mardi 30 mai
à la Chambre des communes sur la résolution
présentée par le critique libéral du
Patrimoine M. Mauril Bélanger et amendée
par Charlie Angus (NPD).
« Que,
étant donné que le Canada a ratifié
la Convention sur la protection et la promotion de la diversité
des expressions culturelles, la Chambre insiste que le gouvernement,
ses ministères et ses agences maintiennent les programmes,
politiques et règlements qui appuient le secteur
artistique et les industries culturelles du Canada, en particulier
en maintenant ou favorisant : a) les exigences actuelles
de contenu culturel canadien; b) les restrictions actuelles
à la propriété étrangère
dans le secteur culturel; c) le soutien financier à
la radio et la télévision publiques dans les
deux langues officielles. »
La
résolution a été adoptée par 155
voix contre 121, les partis d'opposition s'étant ralliés
au proposeur et tous les députés conservateurs
présents ayant voté contre. Le débat
a duré presque toute la journée du 30 et le
débat rapporté dans le Hansard fourmille de
citations intrigantes venant de tous les côtés
de la Chambre. Pour ceux qui n'ont ni le goût ni le
temps de se farcir le Hansard,
en voici quelques unes émanant du parti gouvernemental
(les numéros après le nom de l'orateur réfèrent
au paragraphe approprié du Hansard du 30 mai).
Mais comme la chaleur estivale semble en train de s'installer
dans diverses parties de notre beau et vaste pays, la CCA
vous suggère d'imprimer ce débat rafraîchissant
et d'en faire une lecture de plage!
« Je
ne peux pas appuyer l'idée qu'en maintenant la réglementation
sur le contenu canadien tel quel, nous optons pour le meilleur
moyen de répondre aux besoins de cette importante
partie de notre population. En maintenant les exigences
actuelles de contenu culturel canadien, tel que l'indique
la motion, on risquerait de ne pas pouvoir adapter ces exigences
aux réalités changeantes de nombreux secteurs.
Il n'est pas uniquement question de radiodiffusion et de
télédiffusion, mais également des arts,
de l'édition et des nouveaux médias, ainsi
que de nombreuses nouvelles technologies et techniques qui
ne sont même pas encore inventées. »
Hon. Bev Oda (ministre du Patrimoine canadien et de la Condition
féminine, PCC, 1245)
« Le
gouvernement ne s'enfermera pas dans une obligation de financer
la SRC à quelque niveau que ce soit, notamment parce
que nous sommes sur le point d'entreprendre un examen du
mandat de la SRC. Le genre d'engagement contenu dans la
motion ne permettra pas à la SRC d'élaborer
un plan stratégique. Le gouvernement veillera à
ce que la SRC échappe au cycle de planification à
court terme dans lequel elle a été enfermée
au cours de la dernière décennie par l'ancien
gouvernement libéral. »
M. Jim Abbott (secrétaire parlementaire de la ministre
du Patrimoine canadien, PCC, 1050)
« Essentiellement,
cette motion dit aux Canadiens que les artistes de chez
nous ne peuvent pas relever le défi de la concurrence
mondiale. Elle dit que le talent des Canadiens n'est pas
aussi viable que celui des Américains ou des Européens
et que, sans l'aide du gouvernement, les arts et la culture
au Canada ne peuvent survivre. Je ne crois tout simplement
pas que le gouvernement fait mieux sur tous les plans et
je ne pense certainement pas que les artistes canadiens
sont incapables de soutenir la concurrence mondiale. »
M. Gary Schellenberger (président
du Comité permanent du patrimoine canadien, CPC ,
1300)
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