Bulletin de la CCA 12/10
4 mai 2010
La CCA au CRTC: remettez la télévision communautaire aux communautés et... Les Prix du Canada refont surface!
Les faits en résumé – Audiences du CRTC sur la télévision communautaire
La conférence canadienne des arts (CCA) comparaissait aujourd’hui devant le CRTC dans le cadre des audiences sur l’avenir de la télévision communautaire. Ces audiences de déterminer clairement comment les objectifs sous-jacents au concept de télévision communautaire inscrits dans la Loi sur la radiodiffusion peuvent être atteints le mieux possible dans l’environnement convergent des communications et de la radiodiffusion.
La CCA a réitéré l’appui exprimé dans sa soumission du premier février dernier à l’égard de la proposition déposée par la Canadian Association of Community Television Users and Stations (CACTUS), et invité le CRTC à remettre la télévision communautaire entre les mains des Canadiens. CACTUS propose en effet un retour à des stations gérées par des organismes communautaires qui en sont les propriétaires. Elle propose également la création d’un Fonds communautaire d’accès aux médias financé par l’actuel prélèvement de 2% sur le revenu brut des câblodistributeurs. Avec cet argent, CACTUS propose la création de quelque 250 centres communautaires multi-médias à travers le pays, sans qu’il en coûte un sou de plus à la population. Cette proposition a déjà reçu l’appui d’un grand nombre d’organismes culturels et communautaires
Pour en savoir davantage
Le CRTC a devant lui deux modèles complètement différents en ce qui a trait à la télévision communautaire. D’un côté, le modèle mis de l’avant par CACTUS propose que la télévision communautaire soit contrôlée par les communautés elles-mêmes, tout comme la télévision privée est entre les mains de compagnies privées. Ce modèle, qui constitue un retour aux sources, est de l’avis de la CCA parfaitement aligné avec les objectifs et l’intention originale de la Loi.
L’autre modèle propose que les câblodistributeurs privés continuent d’étendre leur contrôle et leur autorité sur la télévision communautaire. Ce modèle est le résultat mal défini d’une série de changements technologiques, de la concentration de la propriété et d’une logique commerciale qui a pu s’instaurer au cours des années dans un contexte d’imputabilité quasi-inexistante. Depuis une dizaine d’années, les câblodistributeurs ont radicalement changé le concept de télévision communautaire et réduit dramatiquement le nombre de stations. Dans certaines provinces, on ne compte plus qu’une station communautaire et en général, on trouve beaucoup moins de programmation originale produite par les communautés elles-mêmes qu’il y a dix ans.
Les efforts considérables de CACTUS pour obtenir des informations sur la façon dont les câblodistributeurs utilisent les quelque 130 millions de dollars qu’ils perçoivent annuellement auront réussi à démontrer au moins une chose : le manque total d’imputabilité du système actuel. En dépit d’une initiative de toute dernière minute de la part du CRTC, le public n’a toujours pas accès aux données nécessaires pour évaluer comment la télévision communautaire telle qu’elle est gérée par les câblodistributeurs répond aux objectifs sociaux établis par le Parlement. L’information qui doit être rendue publique d’ici la fin de la semaine est loin d’être satisfaisante. Ainsi, nous ne saurons toujours pas :
1.combien d’heures de programmation originale sont diffusées vs le nombre d’heures en reprise;
2. combien d’employés du câble sont payés par l’argent destiné à la télévision communautaire et si ces employés sont occupés à d’autres tâches pour le compte des câblodistributeurs;
3. combien de bénévoles reçoivent une formation et dans quel domaine. Ces bénévoles sont-ils simplement de la main d’oeuvre à bon marché pour les câblodistributeurs? Leur enseigne-t-on comment produire leur propres émissions?
4. combien de l’argent perçu sert à produire une programmation pour le câblodistributeur plutôt que pour la communauté?
La CCA conclut que l’avenir de la télévision communautaire ne peut être décidé équitablement et adéquatement dans le cadre de l’audience actuelle. Elle demande donc au CRTC de poursuivre le débat sur la base d’une véritable évaluation du système actuel et de l’alternative proposée par CACTUS.
Plus spécifiquement, la CCA invite le CRTC à:
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Préparer un rapport sur les enjeux au sortir de l’audience actuelle;
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Obliger les câblodistributeurs à fournir des rapports détaillés sur leur gestion des stations et exiger qu’il indiquent clairement les orientations qu’ils proposent;
- Maintenir le statu quo pour un an, période durant laquelle chaque partie présentera sa proposition aux citoyens à travers le pays.
Les faits en résumé – Les Prix du Canada pour les arts et la créativité
Le 3 mai, le ministre du Patrimoine canadien, l’Hon. James Moore, annonçait à nouveau la création des Prix du Canada pour les arts et la créativité. Ce qui est nouveau, c’est que les Prix seront administrés par le Conseil des arts du Canada. La CCA se réjouit de cette décision qu’elle préconisait afin d’éviter la dépense inutile de créer une nouvelle structure de gestion pour ces Prix.
Le second élément positif de l’annonce c’est que le gouvernement semble avoir fait un virage de 180o quant à l’objectif de ces nouvelles distinctions. Ainsi, au lieu de chercher à débusquer les talents les plus prometteurs sur la scène internationale, comme il avait été annoncé l’an dernier, les Prix du Canada «souligneront les réalisations artistiques exceptionnelles canadiennes et aideront à projeter l'image d'excellence du Canada. »
Les Prix du Canada faisaient partie du programme de stimulation économique annoncé dans le budget fédéral de 2009. L’annonce de la création d’un fonds de 25 millions de dollars avait pris la communauté culturelle totalement par surprise. Survenant quelques mois à peine après l’abolition de programmes destinés au développement de marchés et à la promotion des artistes canadiens à l’étranger, cette annonce avait provoqué une réaction généralement négative face et mené le ministre à rapidement prendre ses distances face au projet. Plusieurs intervenant croyaient que le gouvernement ferait mieus d’investir les 25 millions de dollars destinés aux Prix dans la promotion de nos propres artistes plutôt que d’être donnés en récompense à des étrangers si méritant soient-ils.
Pour en savoir davantage
Le ministre Moore a mis sur pied un groupe consultatif d'experts qui élaborera des recommandations et proposera des options quant aux paramètres des Prix du Canada. Le groupe est constitué de Joseph L. Rotman, Simon Brault, Tony Gagliano, Liza Maheu et Jennifer Clarke. Ce groupe doit remettre un rapport définitif au gouvernement au cours de l’été.
M. Rotman est président du conseil d’administration du Conseil des arts du Canada. M. Brault en est le vice-président et président-directeur général de l’École nationale de théâtre. M. Gagliano est président-directeur général de la société de communications/médias St. Joseph Communications et président du conseil d’administration du Musée des beaux-arts de l’Ontario. Mme Maheu est directrice générale de l’organisme La Maison des artistes visuels du Manitoba et siège au conseil d’administration du Musée des beaux-arts du Canada. Enfin, Mme Clarke est présidente de la société JPC Strategies depuis 2003, en plus d'être gestionnaire de projets du National Maritime Centre for the Pacific and the Arctic depuis 2006.
Que puis-je faire?
Les membres du groupe discuteront avec d'autres membres éminents du secteur des arts et de la culture pour établir le meilleur modèle à adopter pour les Prix du Canada. Le groupe prendra également en considération la perspective des Canadiens qui voudront bien en faire part au groupe grâce à un processus de consultation en ligne. Les Canadiens désireux de participer à ce processus peuvent consulter le site suivant www.patrimoinecanadien.gc.ca.
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