Bulletin de la CCA 34/06
Ottawa, le 21 août
2006
Négociations
commerciales internationales : allègement temporaire
de la pression sur les politiques audio-visuelles canadiennes
Le
directeur général de l'Organisation mondiale
du commerce (OMC) Pascal Lamy annonçait à la
fin de juillet dernier la suspension des négociations
commerciales du cycle de Doha pour une période indéfinie.
Amorcé en 2001, le cycle de Doha est la dernière
tentative de l' OMC pour faire progresser l'élimination
des tarifs et réduire les autres obstacles au commerce
international. La suspension s'applique à toutes les
tables de négociation de l'OMC, y compris l'Accord
général sur le commerce des services (AGCS).
Les
graves conséquences possibles de la conclusion d'un
nouvel Accord général sur le commerce général
ont suscité des préoccupations relatives au
traitement des services culturels, y compris le secteur de
l'audio-visuel. L e Canada et les autres pays ont reçu
une demande de sept pays, y compris les États-Unis
et le Japon, les enjoignant d'ouvrir la production
cinématographique, la distribution et la projection;
la promotion et la publicité; et les services d'enregistrement
sonore. Cette demande découle du nouveau protocole
de négociation fondé sur une approche de « demande
plurilatérale », un processus mis en oeuvre par
l'OMC pour mettre plus de pression sur les états membres
afin de les inciter à « améliorer »
leurs offres en matière de services.
Les
conséquences pour l'audio-visuel canadien sont évidentes.
La demande a pour but d'éliminer les exigences sur
le contenu, les restrictions de capitaux détenus par
des étrangers, les exigences de nationalité
ou de résidence, les traitements fiscaux discriminatoires,
les exigences en matière de production ou d'emplois
locaux et d'autres politiques. Elle cherche également
à limiter le recours aux ententes de coproduction.
En d'autres mots, les sociétés étrangères
seraient libres de s'établir dans n'importe lequel
marché et de fonctionner sans restrictions et mesures
gouvernementales conçues pour promouvoir la culture
nationale et, par conséquent, la diversité culturelle.
Les négociations sur les services de télécommunications
ont aussi suscité des inquiétudes,
le Canada étant l'un des pays qui veulent inciter les
autres à ouvrir ce secteur. La demande plurilatérale
invite les autres pays à supprimer toutes les limites
en matière d'investissement étranger dans le
secteur des télécommunications intérieures,
une situation intéressante puisque le Canada maintient
actuellement des limites en matière de propriété
des sociétés de télécommunications
intérieures en invoquant qu'à l'ère de
la convergence, les règles des télécommunications,
de la câblodiffusion et de la radiodiffusion doivent
être équivalentes.
La
suspension des négociations est intervenue à
la suite de l'échec d'une séance ultime de négociation
à Genève à la fin de juillet. M. Lamy
a dit que la suspension découlait de l'impasse des
subventions agricoles, la traditionnelle bête noire
des négociations internationales sur le commerce.
Les
opinions sont partagées sur la signification de ces
développements. L' OMC admet ainsi clairement qu'on
ne conclura pas d'accord général sur le commerce
avant l'expiration au milieu de 2007 du pouvoir de négociation
« accélérée » accordé
au président des États-Unis, qui est essentiel
à l'approbation d'une entente par le Congrès.
Certains croient que les négociateurs vont maintenant
« récolter » les engagements obtenus
cette fois et conclure le cycle de Doha. D'autres pensent
que les négociateurs vont simplement entrer dans le
jeu de négociations qui se concluraient après
la prochaine élection présidentielle américaine.
D'autres prévoient que certains pays vont réclamer
la reprise des négociations de l'ACGS séparément
du cycle de Doha, puisqu'elles faisaient partie des questions
non réglées du cycle de négociation précédent
et qu'elles devaient se poursuivre.
Quoiqu'il advienne
au cours des six prochains mois, la CCA surveille de près
les développements à l' OMC et vous tiendra au
courant dès qu'il se produira quelque chose qui peut
toucher le secteur des arts et de la culture du Canada. Jusqu'ici,
le gouvernement du Canada continue d'insister qu'il ne négociera
pas la culture au cours d'aucune négociation internationale,
y compris à l'OMC. La CCA continuera de travailler pour
assurer le maintien de cette position.
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