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Vingt ans après la tuerie de
l'École Polytechnique
Non à la violence contre les femmes!
Le 6 décembre 2009 est le vingtième
anniversaire de la tuerie à l'École Polytechnique de
Montréal qui a fauché la vie à 14 jeunes femmes.
Vingt années se sont écoulées et les femmes ne
peuvent toujours pas marcher dans les rues, aller à
l'école, aller au travail et même rester chez elles sans
être menacées de violence du simple fait qu'elles
sont nées du sexe féminin et qu'elles vivent dans une
société qui considèrent les femmes comme des
proies.
Les femmes se battent pour changer cette situation mais
elles doivent en plus faire face à l'assaut idéologique
qui dit que la violence qu'elles subissent est le fait de
« criminels », de
« déséquilibrés », de
« pratiques culturelles barbares » ou, plus
généralement, du comportement individuel des hommes ou
des femmes elles-mêmes. Entretemps, l'État avec ses
tribunaux, sa police et ses agences sociales veulent nous convaincre
qu'ils font tellement d'efforts pour éradiquer ce
phénomène par l'éducation, des lois plus strictes
et des peines plus sévères. Selon cette façon de
voir le monde, la violence contre les femmes en tant problème
social ayant son
origine dans le système économique et politique qui
appauvrit les femmes et les traite comme des proies n'est pas un
problème en soi. Au Canada, du moins selon la propagande
officielle, les hommes et les femmes sont égaux, la violence
contre les femmes est « conjugale » et c'est
l'homme, ou même la femme violentée, qui est
responsable.
Depuis quelques années cette hypocrisie a de plus
en plus le sceau de lois ou de proclamations officielles. Dans le
nouveau guide du gouvernement fédéral pour les immigrants
appelé Découvrir le Canada, on lit ce qui suit
à la section « Égalité entre les femmes
et les hommes » :
« Au Canada, hommes et femmes sont
égaux devant la loi. L'ouverture et la
générosité du Canada excluent les pratiques
culturelles barbares qui tolèrent la violence conjugale, les
meurtres d'honneur, la mutilation sexuelle des femmes ou d'autres actes
de violence fondée sur le sexe. Les personnes coupables de tels
crimes sont sévèrement
punies par les lois canadiennes. »
Avec ce racisme exécrable, le gouvernement
conservateur veut appuyer sa prétention que la violence contre
les femmes ne vient pas du Canada, qu'elle est amenée ici par
les immigrants. Le refus obstiné du gouvernement Harper et de
l'oligarchie financière dont il est le serviteur de
reconnaître que les femmes ont des droits, sans parler de
garantir ces droits par les moyens qu'il faut, montre qu'ils sont
devenus un obstacle au progrès.
L'État a la responsabilité de
défendre les droits des femmes, que ces droits soient
attaqués par l'État ou par des individus. La
négation de ces droits n'est pas une « affaire qui
concerne les femmes ». La négation des droits des
femmes est une affaire qui concerne l'ensemble de la
société, et la société a le devoir de
mettre fin à cet
état de chose.

L'éradication de l'exploitation
des femmes selon le gouvernement Harper
Le Parti conservateur a publié une
déclaration sur son site Web le 25 novembre à l'occasion
de la Journée internationale de l'ONU pour l'élimination
de la violence faite aux femmes intitulée :
« Les Conservateurs agissent pour les femmes. »
Il dit :
« Notre gouvernement prend la question de la
violence envers les femmes très au sérieux, et nous
cherchons à améliorer la qualité de vie des
femmes. Stopper l'exploitation est un élément clé
de l'élimination de la violence envers les femmes. »
Fait-il référence à l'exploitation
brutale du système capitaliste ? Prétend-il que le
gouvernement conservateur va y remédier ? Non, il propose
des peines plus sévères pour les individus trouvés
coupables de crimes violents contre les femmes et se blanchit de tout
blâme.
« Pour aider à atteindre cet objectif,
notre gouvernement présente une mesure législative visant
à assurer que les prédateurs sexuels sont obligatoirement
inscrits au Registre national des délinquants sexuels, et
présente des projets de loi visant à s'attaquer à
la pornographie juvénile. [...] Également cette
année, la députée conservatrice, Joy
Smith, a présenté un projet de loi visant à
imposer
des peines exécutoires minimales à ceux qui font de la
traite de personnes. »
Selon le Parti conservateur, l'exploitation n'est pas le
produit des relations économiques à la base de la
société qui entretiennent la vulnérabilité
des femmes. Il voudrait nous faire croire que l'exploitation des femmes
et la violence contre les femmes relèvent de l'acte individuel
et peuvent donc être éliminées en punissant les
individus plus
sévèrement.
Si le gouvernement choisit de faire cette
déclaration raciste que la violence contre les femmes est
amenée au Canada par les immigrants qui ont des
« pratiques barbares comme la mutilation
génitale », c'est à dessein pour attiser les
passions contre différents peuples et détourner
l'attention du fait que le gouvernement lui-même se
livre à la traite des personnes avec son programme pour
travailleurs migrants sans droit, un programme véritablement
barbare.
À quoi se heurtent les
femmes qui demandent un statut au Canada en ce moment ? Celles qui
demandent le statut de réfugiée à cause d'abus
dans leur pays sont considérées comme des menteuses qui
cherchent à tirer avantage des programmes d'immigration. Les
femmes sans papier qui fuient des situations d'abus ici au Canada et
demandent la protection des services communautaires se rendent compte
que les refuges pour femmes violentées sont la cible constante
de descentes policières et qu'elles seront menacées de
déportation.
Les femmes sans statut se voient donc forcées de
se cacher et de se priver du soutien nécessaire, ce qui les rend
encore plus vulnérables. Leurs droits à un emploi,
à
l'éducation, à des services de santé et à
la sécurité pour elles et leurs enfants sont niés.
Elles sont menacées de déportation vers des situations
abusives et souvent dangereuses.
Les prétentions sur l'égalité des
femmes sont honteuses et le seront tant qu'on retrouvera les femmes en
majorité dans les secteurs les plus appauvris, exploités
et opprimés. Qu'est-ce que le gouvernement fait face à
cela ? Les gouvernements qui paient les riches et coupent dans les
programmes sociaux sont directement responsables de la
violence, de la brutalité et de l'humiliation que subissent les
femmes. Le gouvernement conservateur n'a cessé d'attaquer les
droits des femmes et d'adopter des lois et des politiques qui
désavantagent les femmes, mais le communiqué du Parti
conservateur présente les coupures dans les programmes comme un
pas en avant pour les femmes au
Canada :
« Depuis son entrée en fonction,
notre gouvernement cherche à améliorer la qualité
de vie de toutes les femmes canadiennes. Nous donnons aux familles un
véritable choix en matière de garde d'enfants avec la
Prestation universelle pour la garde d'enfants de 1 200 $. De
nombreuses femmes exploitent leur propre entreprise à
partir de chez elles, et nous apportons des modifications au
régime d'assurance-emploi pour que les travailleurs et les
travailleuses autonomes puissent volontairement cotiser à l'AE
afin d'avoir droit à de nombreuses prestations comme les
prestations parentales, de maladie et de soignant. »
Parler du travail autonome, d'une piètre
prestation pour garde d'enfants et de la promesse
d'améliorations à l'assurance-chômage comme
exemples de comment « améliorer la qualité de
vie de toutes les femmes canadiennes », c'est faire preuve
de cynisme et de brutalité. Le refus obstiné du
gouvernement Harper et de l'oligarchie
financière dont il est le serviteur de reconnaître que les
femmes ont des droits, sans parler de garantir ces droits par les
moyens qu'il faut, montre qu'ils sont devenus un obstacle au
progrès. Ils s'opposent à tout renouveau fondé sur
la reconnaissance des droits de tous et ne sont pas aptes à
gouverner une société moderne. Ils ne reconnaissent que
la
demande des monopoles d'être concurrentiels sur les
marchés mondiaux et de mener une offensive antisociale brutale
pour forcer la société tout entière à
accepter ces objectifs. Ils n'ont rien à offrir que le statut
quo.
Le Marxiste-Léniniste faisait remarquer
à l'occasion de la Journée internationale de la
femme :
« Les femmes doivent discuter d'une
réponse pro-sociale à la crise et surtout trouver les
façons de mettre à contribution la force de
l'organisation et du nombre de la classe ouvrière pour la
réalisation de l'alternative pro-sociale. Dans tous les
secteurs, les femmes sont aux premières lignes dans
l'organisation des collectifs contre
l'offensive antisociale et pour une vie de sécurité et de
dignité. En trouvant ce qui favorise les intérêts
du collectif des femmes dans une situation donnée et comment
mener la lutte pour les réaliser, les femmes jouent leur
rôle dans l'affirmation des droits de tous. »
Les femmes doivent être au premier rang de la
création d'une société qui reconnaît les
droits humains de tous du fait qu'ils sont humains et les droits des
femmes du fait qu'elles sont des femmes, qui abolit une fois pour toute
les causes de la violation des droits de la personne. La tâche
immédiate est de lutter pour l'affirmation des droits de
tous. L'augmentation des fonds pour les refuges et les centres
d'accueil comme endroits sûrs pour les femmes, un statut pour
tous, un programme national de garderie, un logement adéquat
pour tous, la garantie d'un niveau de vie de standard canadien pour les
enfants et les personnes âgées – tout cela est
nécessaire pour rétablir et protéger
les femmes et les enfants et créer une société
où les femmes ne cèdent leur place à personne.

Le rapport du Comité de l'ONU pour
l'élimination
de la discrimination à l'égard des femmes
concernant le Canada
En novembre 2008, Helena Guergis, ministre d'État
pour la Condition féminine, déclarait qu'« il
ne peut y avoir aucune tolérance pour la violence faite aux
femmes ». « Nous devons exposer et enrayer cette
malédiction dans le monde » et « le Canada
est un leader mondial en matière d'égalité des
femmes ». Elle tenait ces propos un peu après le
dépôt du rapport du Comité de l'ONU sur
l'élimination de la discrimination à l'égard des
femmes (CEDF) sur le Canada, qui fait état d'une situation bien
différente de ce que laisse tendre la ministre. La situation au
Canada est si condamnable que le Comité de l'ONU a pris la
mesure
inhabituelle de demander au gouvernement canadien de lui faire rapport
d'ici un an sur les mesures prises pour remédier à la
situation.
Une des premières remarques du rapport est
qu'« il n'y avait pas de représentants de haut niveau
avec le pouvoir de prendre des décisions dans les
délégations rencontrées ».
Le Comité reproche
particulièrement au Canada « le fait que des
centaines de cas de femmes autochtones disparues ou victimes de meurtre
au cours des deux dernières décennies n'ont pas fait
l'objet d'enquêtes approfondies, pas plus qu'une attention
prioritaire n'y a été accordée, les coupables
restant impunis. » Il demande au
gouvernement canadien d'agir « avec urgence »,
d'effectuer une analyse de ses affaires pour déterminer s'il y a
« racialisation » de ces disparitions et, si
c'est le cas, de prendre des mesures en conséquence.
Le Comité se dit préoccupé par le
fait que « la violence familiale reste un problème
important », par les rapports qui font état
« de niveaux de violence élevés à
l'encontre d'adolescentes au sein de la famille et dans la
société » et par le fait qu'il y a
« un nombre encore insuffisant de refuges pour les victimes
de
violence ». Le Comité se dit inquiété
par « la tendance apparemment croissante à recourir
dans les affaires de violences familiales à la médiation
et à d'autres types de procédures au lieu de poursuites
judiciaires et l'utilisation croissante du "double chef
d'accusation" », où la victime est également
accusée.
Le Comité de l'ONU note plusieurs autres
échecs du gouvernement et de l'État canadiens à
agir pour garantir les droits des femmes. Il y a notamment
l'insuffisance de services de garderie abordables et de logements
abordables, l'insuffisance d'accès à l'aide juridique au
civil, l'annulation du financement du Programme de contestation
judiciaire, la faible représentation des femmes dans la vie
publique, la persistance des inégalités du marché
du travail, en particulier pour les femmes racialisées, et
l'élimination du financement des organisations des femmes
s'intéressant à la condition féminine.
Il fait à ce sujet la recommandation
suivante :
« 30. Le Comité recommande que
l'État partie continue de s'attacher prioritairement à la
lutte contre la violence à l'encontre des femmes
conformément à sa recommandation générale
no 19. Il recommande aussi à l'État partie d'adopter une
législation spécifique sur la violence familiale à
l'encontre des femmes, qui érige celle-ci en
infraction pénale et garantisse que les femmes qui en sont
victimes aient immédiatement accès à des moyens de
recours et à une protection et que les auteurs soient poursuivis
et condamnés comme il convient, et de mettre en place une
politique de l'"agresseur principal". Le Comité recommande en
outre qu'il y ait dans toutes les juridictions des
refuges adéquats et des services de soutien appropriés
pour les femmes et les adolescentes victimes de la violence et que les
besoins en la matière des femmes autochtones,
handicapées, immigrantes, réfugiées ou victimes de
la traite et des femmes des campagnes et des zones septentrionales
soient couverts. »
Le Comité se penche également sur la
situation des femmes dans les prisons, notamment sur le maintien de
gardes masculins dans les prisons pour femmes, ce qui
« accroît les risques de harcèlement ou
d'agressions sexuels et viole le droit des détenues au respect
de leur vie privée », et sur le traitement des
détenues adolescentes,
« qui sont souvent incarcérées dans des
prisons mixtes où elles sont exposées à la
violence des détenus adolescents ou des gardiens de
prison ».

Quelques faits sur la violence faite
aux femmes au Canada
Les données qui suivent proviennent
principalement du gouvernement fédéral, notamment de
Statistique Canada, et du rapport de l'Alliance canadienne
féministe pour l'action internationale (AFAI). Elles concernent
la situation en 2006, à moins d'indication contraire.
- À chaque seconde, une femme quelque part au
Canada subit une forme d'agression sexuelle.
- Plus de 86 % de toutes les agressions criminelles
au Canada sont commises contre des femmes.
- Chaque année, une étudiante de niveau
universitaire ou collégial sur quatre au Canada est victimes
d'une agression sexuelle sous une forme ou une autre.
- Il y a cinq fois plus de femmes qui sont tuées
par leur partenaire; les femmes qui tuent leur partenaire le
font souvent en légitime défense ou après des
années de violence contre elle.
- Selon une étude effectuée en 2007
auprès de 762 sans-abris âgés de 12 à 18
ans, 57 % des filles avaient été agressées
sexuellement.
- Pour les jeunes femmes qui se retrouvent à la
rue, il y a un risque élevé de se retrouver dans une
situation d'exploitation sexuelle ou de prostitution. Le groupe Justice
for Girls rapporte que plus de la moitié des femmes qui
pratiquent la prostitution au Canada sont des enfants ; la plupart
sont de jeunes filles qui fuient des situations
d'agression sexuelle qui débutent habituellement à la
maison.
- Quatre-vingt pour cent de toutes les femmes ayant
été condamnées à des amendes ou peines de
prison au fédéral disent avoir été battues
ou agressées sexuellement. Ce pourcentage est de 90 % chez
les femmes autochtones.
- Quatre-vingt-seize pour cent des filles sous garde
juridique
en Colombie-Britannique disent avoir été battues ou
sexuellement agressées.
- À Toronto, le groupe Street Health rapporte
qu'une femme sans-abri sur cinq a été agressée
sexuellement au cours de l'année écoulée.
- Environ une femme violentée sur dix au Canada a
recours à un refuge mais les refuges pour femmes fuyant la
violence sont remplis à capacité et les listes d'attente
sont longues. En 2008, il y avait 569 refuges au Canada qui offraient
des services d'hébergement aux femmes et enfants. Du 1er avril
2007 au 31 mars 2008, 62 000 femmes et 38
000 enfants ont utilisé ces services, une hausse de près
de 20 % par rapport à 2004.
- L'enquête sur les maisons d'hébergement
menée par le gouvernement fédéral prend un
échantillon de l'utilisation des refuges au Canada pour une
journée donnée. La plus récente a
été faite le 16 avril 2008. Ce jour-là, environ 4
300 femmes et leurs 3 400 enfants vivaient dans des refuges.
Près de 80 % de ces femmes et enfants
fuyaient une situation abusive. De ce nombre, environ 8 sur 10
étaient âgées de moins de 45 ans et 36 %
étaient âgées de 25 à 24 ans. Si 55 %
de ces femmes fuyaient des situations de violence physique, seulement
25 % d'entre elles ont rapporté à la police le plus
récent incident.
Entre minuit et midi le 15 avril 2008, 101 femmes et 51
enfants ont quitté un refuge. Parmi ces 101 femmes, plus de 9
sur 10 n'avaient pas l'intention d'aller retourner vivre avec leur
époux. Près de 4 sur 10 ne savaient pas où aller
après avoir quitté le refuge.
Selon l'échantillon de ce jour-là, 299
femmes, ave 148 enfants, n'ont pas pu avoir accès à un
refuge par manque de place.
Violence contre les femmes autochtones
- L'Association des femmes autochtones du Canada et
Amnistie internationale Canada estiment qu'au cours des vingt
dernières années, 520 femmes autochtones ont
été tuées au Canada, ou on été
portées disparues dans des circonstances qui indiquent une
situation de violence.
- Cinquante cinq pour cent des femmes autochtones
rapportent avoir été victimes de violence grave ou
mettant la vie en danger, comparativement à 37 % chez les
femmes non autochtones.
- Jusqu'à 75 % des survivantes d'agressions
sexuelles dans les communautés autochtones sont de jeunes femmes
de moins de 18 ans ; 50 % d'entre elles ont moins de 14 ans
et près de 25 % ont moins de 7 ans.

Devant la violence de la
déportation
Les femmes exigent «un refuge,
un sanctuaire et un statut»
Un certain nombre d'intervenantes actives dans le
mouvement pour faire cesser la violence faite aux femmes ont pris la
parole. Une personne a déclaré que depuis 1993,
« la persécution des femmes » a
été admise comme motif de statut de
réfugiée, mais que le gouvernement a récemment
menacé de revenir sur cette disposition.
Pour le moment, plutôt que de changer la loi, le gouvernement a
réduit le nombre de demandes d'asile où le taux
d'acceptation est passé à 60 %.
Une autre oratrice a décrit les changements que
le
gouvernement apporte aux programmes pour travailleurs étrangers
temporaires, qui font qu'il est de plus en plus difficile, non pas de
venir ici, mais de faire venir leur famille et d'y bâtir leur
avenir. Elle a fait remarquer que les femmes ici, comme travailleuses
temporaires, sont particulièrement
vulnérables à l'exploitation, aux sévices sexuels
et à la violence parce que beaucoup travaillent dans des maisons
privées en tant que femmes de ménage. Le système
d'immigration est sexiste et dévalorise le travail des femmes,
de sorte que la plupart d'entre elles sont forcées d'entrer au
Canada avec le parrainage de l'employeur, a-t-elle
déclaré. La
plupart des femmes ici sont à la merci de l'employeur ou de son
conjoint. Récemment, il y a eu deux perquisitions à
grande
échelle par les agents de l'immigration en milieu de travail,
dont la plus récente était à Mississauga,
où 40 travailleurs, essentiellement des femmes comme aides
familiales résidantes au pays, ont été
arrêtés pour avoir travaillé
sans un visa.
Au moment de ce raid, a expliqué Farah, ce sont
les femmes des refuges qui faisaient partie de l'oeuvre Shelter
Sanctuary Status dans les abris qui sont descendues dans la rue pour
s'opposer à ces attaques et mobiliser les autres. Au cours des
dix jours qui ont suivi le raid, ces opérations ont
été dénoncées ailleurs au pays.
Des représentantes du Toronto Rape Crisis Centre
et du groupe Sistering, un centre d'accueil pour femmes, ont
parlé du travail qu'elles font pour instaurer une politique de
« ne demandez rien, ne dites rien » concernant le
statut des femmes à qui elles viennent en aide. Cette
année près d'un millier de femmes ont pris part à
la
marche de Toronto pour « reprendre la rue ». La
représentante du centre Sistering a fait remarquer qu'il y a 15
à 20 ans les refuges pour femmes n'avaient pas le droit
d'accueillir des femmes sans statut. Cela a changé mais
maintenant, avec les descentes, le gouvernement cherche à
revenir en arrière. « Ils n'ont pas le droit
d'entrer dans les refuges, les espaces pour femmes, et d'enlever des
résidantes. Nous devons nous faire entendre »,
a-t-elle dit.
Une femme d'un refuge a réitéré que
la violence faite aux femmes n'est pas une affaire d'actes
individuels : les femmes, et les femmes sans statut en
particulier, la subissent aux mains de l'État parce que celui-ci
leur refuse l'accès à des services nécessaires
pour se libérer des situations de violence et commencer une
nouvelle vie.
Une jeune femme qui est bénévole dans un
des refuges a dénoncé les agents d'ASFC qui rôdent
autour des centres d'accueil et font des arrestations. Nous devons
reconfigurer nos espaces avec le principe « ne demandez
rien, ne dites rien » concernant le statut, pour que ce soit
des endroits sûrs, puisque nous ne pouvons pas
compter sur le gouvernement pour notre sécurité.
Les participantes ont dénoncé le double
discours du ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration,
Jason
Kenney, qui veut apporter des modifications au système
d'immigration au nom de la protection des droits des femmes et des
travailleurs. Toutes ont été invitées à
participer à la Journée nationale du 2 décembre
contre les modifications au
programme pour travailleurs étrangers temporaires.

Honduras
D'autres révélations de fraudes
électorales ajoutent
à l'illégitimité du
régime du coup d'État
Au Honduras, le régime putschiste
appuyé par les États-Unis, en dépit de
s'être pleinement exposé comme
illégitime et antidémocratique, surtout après les
« élections » du 29
novembre, poursuit ses tentatives de créer des
« faits sur le terrain »
pour établir sa crédibilité pour lui-même et
pour le résultat des
élections,
tout en continuant à réprimer le peuple hondurien et sa
résistance.
Prensa Latina écrit le 1er décembre :
« Selon les analystes et les médias,
il y a eu manipulation des
chiffres, manipulation de boîtes de scrutin et autres
irrégularités qui
ont été découvertes dans le processus
électoral qui s'est tenu le
dimanche au Honduras, dans le cadre du coup d'État.
« Le Honduras a vécu un processus
électoral marqué par l'abstention,
en dépit de la manipulation des résultats par des
représentants du
gouvernement de facto lorsqu'il a déclaré que 61 %
des électeurs
s'étaient rendus aux urnes », a déclaré
le chercheur et sociologue
hondurien Ricardo Arturo Salgado.
« Il a dit lors de sa visite à
Tegucigalpa, qu'il a pu vérifier une très faible
participation au scrutin.
« Le monde devrait savoir que ce
n'était pas un processus
démocratique, a ajouté Salgado. Il a
dénoncé le climat de répression,
la militarisation et la censure, avant et après les
élections. [...]
« A San Pedro Sula, la deuxième ville
en importance au pays, les
bureaux de vote semblaient désertés. Les Forces de
sécurité ont obligé
les citoyens à voter et ont réprimé brutalement
une manifestation
pacifique, a déclaré l'intellectuel Jorge Miralda.
« Selon le quotidien El Tiempo
plusieurs paquets de matériel électoral ont
été ouverts.
« Dans d'autres endroits, il manquait d'encre
indélébile pour
marquer les empreintes digitales de ceux qui ont voté, mais le
processus ne s'est pas arrêté, ce qui a permis aux
électeurs de voter
plus d'une fois. »
Le 30 novembre, Honduras Indymedia a rapporté que
« lundi matin, le
Honduras a trois présidents, après la victoire apparente
de ‘Pepe' Lobo
Sosa à l'élection de dimanche. Les médias
d'opposition et les classes
dirigeantes insistent pour dire que Pepe a gagné et qu'il a
gagné avec
un taux de participation élevé, contredisant même
la
société mandatée par le Tribunal suprême
électoral, qui projetait un
taux de participation de 47 %, en insistant pour dire que
jusqu'à 80 %
des Honduriens sont allés aux urnes - un mensonge ridicule qui
explique
pourquoi les rues et les écoles étaient
désertées en ce jour de « fête
civique » [...]
« Maintenant vient la partie difficile. La
police et les structures
du pouvoir sont déjà en train de projeter une image de la
résistance
comme des terroristes et de dire ouvertement que les arrestations et
les raids se poursuivront pour lutter contre ce "nouvel
élément
criminel". [Le président Zelaya] est encore à l'ambassade
et le
mouvement
populaire doit maintenant faire face à une période de
restructuration
et de réorganisation, de rechercher de nouvelles
stratégies de
mobilisation, d'organisation et, surtout, d'éducation sur la
nouvelle
assemblée constituante.
« Des centaines de voitures ont parcouru les
rues [à Tegucigalpa]
dans une caravane de résistance qui a traversé plusieurs
quartiers,
tous pointant leurs doigts sans taches d'encre, criant,
"dignité,
dignité ..." »
Par ailleurs, le 2 décembre le Congrès
hondurien s'est lui-même
convoqué pour débattre et voter sur la restitution du
président Manuel
Zelaya. Le régime putschiste prétend que cela a
été fait dans le
respect des conditions de l'Accord de San José, qui ont
été violés dans
l'esprit et la lettre. Une forte présence militaire a
été déployée à
l'extérieur
du Congrès afin de réprimer la résistance qui
manifestait dans les
rues. De semblables opérations de répression ont eu lieu
ailleurs au
pays en prévision d'une décision négative du
Congrès.
Le site hondurascoup.blogspot.com a rapporté les
résultats du vote :
« Le Congrès a commis un autre acte
inconstitutionnel lorsqu'il a voté ce soir sur une motion pour
ratifier de nouveau son Decreto
141-2009, qui a destitué Zelaya de son poste (un pouvoir qui
n'est pas
accordé par la Constitution) et mis à sa place M.
Micheletti en tant
que président de facto. La motion a été
présentée par le
Parti nationaliste, qui a tenu une réunion le matin-même
et a convenu
de voter en un bloc de 55 voix en faveur de cette motion. Ils avaient
seulement besoin de 9 députés d'un autre parti au
Congrès pour bloquer
le rétablissement de Zelaya, mais en fait la mesure a
reçu un appui
substantiel des députés du Parti libéral. À
19 heures 11 minutes,
heure de Tegucigalpa, les congressistes avaient déjà
voté à majorité
simple en faveur de la motion.
« Aujourd'hui, le Congrès hondurien a
fait un pied de nez aux règles
de droit, au département d'État américain et
à l'Accord Tegucigalpa-San
José. [...]
« Le vote final : 111 voix pour la
motion, 14 contre, avec 3 congressistes absents. »