Le Marxiste-Léniniste

Numéro 213 - 4 décembre 2009

Vingt ans après la tuerie de l'École Polytechnique

Non à la violence contre les femmes!

Vingt ans après la tuerie de l'École Polytechnique
Non à la violence contre les femmes!
L'éradication de l'exploitation des femmes selon le gouvernement Harper
Le rapport du Comité de l'ONU pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes concernant le Canada
Quelques faits sur la violence faite aux femmes au Canada

Devant la violence de la déportation
Les femmes exigent «un refuge, un sanctuaire et un statut»

Honduras
D'autres révélations de fraudes électorales ajoutent à l'illégitimité du régime du coup d'État

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Vingt ans après la tuerie de l'École Polytechnique

Non à la violence contre les femmes!

Le 6 décembre 2009 est le vingtième anniversaire de la tuerie à l'École Polytechnique de Montréal qui a fauché la vie à 14 jeunes femmes. Vingt années se sont écoulées et les femmes ne peuvent toujours pas marcher dans les rues, aller à l'école, aller au travail et même rester chez elles sans être menacées de violence du simple fait qu'elles sont nées du sexe féminin et qu'elles vivent dans une société qui considèrent les femmes comme des proies.

Les femmes se battent pour changer cette situation mais elles doivent en plus faire face à l'assaut idéologique qui dit que la violence qu'elles subissent est le fait de « criminels », de « déséquilibrés », de « pratiques culturelles barbares » ou, plus généralement, du comportement individuel des hommes ou des femmes elles-mêmes. Entretemps, l'État avec ses tribunaux, sa police et ses agences sociales veulent nous convaincre qu'ils font tellement d'efforts pour éradiquer ce phénomène par l'éducation, des lois plus strictes et des peines plus sévères. Selon cette façon de voir le monde, la violence contre les femmes en tant problème social ayant son origine dans le système économique et politique qui appauvrit les femmes et les traite comme des proies n'est pas un problème en soi. Au Canada, du moins selon la propagande officielle, les hommes et les femmes sont égaux, la violence contre les femmes est « conjugale » et c'est l'homme, ou même la femme violentée, qui est responsable.

Depuis quelques années cette hypocrisie a de plus en plus le sceau de lois ou de proclamations officielles. Dans le nouveau guide du gouvernement fédéral pour les immigrants appelé Découvrir le Canada, on lit ce qui suit à la section « Égalité entre les femmes et les hommes » :

« Au Canada, hommes et femmes sont égaux devant la loi. L'ouverture et la générosité du Canada excluent les pratiques culturelles barbares qui tolèrent la violence conjugale, les meurtres d'honneur, la mutilation sexuelle des femmes ou d'autres actes de violence fondée sur le sexe. Les personnes coupables de tels crimes sont sévèrement punies par les lois canadiennes. »

Avec ce racisme exécrable, le gouvernement conservateur veut appuyer sa prétention que la violence contre les femmes ne vient pas du Canada, qu'elle est amenée ici par les immigrants. Le refus obstiné du gouvernement Harper et de l'oligarchie financière dont il est le serviteur de reconnaître que les femmes ont des droits, sans parler de garantir ces droits par les moyens qu'il faut, montre qu'ils sont devenus un obstacle au progrès.

L'État a la responsabilité de défendre les droits des femmes, que ces droits soient attaqués par l'État ou par des individus. La négation de ces droits n'est pas une « affaire qui concerne les femmes ». La négation des droits des femmes est une affaire qui concerne l'ensemble de la société, et la société a le devoir de mettre fin à cet état de chose.

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L'éradication de l'exploitation
des femmes selon le gouvernement Harper

Le Parti conservateur a publié une déclaration sur son site Web le 25 novembre à l'occasion de la Journée internationale de l'ONU pour l'élimination de la violence faite aux femmes intitulée : « Les Conservateurs agissent pour les femmes. » Il dit :

« Notre gouvernement prend la question de la violence envers les femmes très au sérieux, et nous cherchons à améliorer la qualité de vie des femmes. Stopper l'exploitation est un élément clé de l'élimination de la violence envers les femmes. »

Fait-il référence à l'exploitation brutale du système capitaliste ? Prétend-il que le gouvernement conservateur va y remédier ? Non, il propose des peines plus sévères pour les individus trouvés coupables de crimes violents contre les femmes et se blanchit de tout blâme.

« Pour aider à atteindre cet objectif, notre gouvernement présente une mesure législative visant à assurer que les prédateurs sexuels sont obligatoirement inscrits au Registre national des délinquants sexuels, et présente des projets de loi visant à s'attaquer à la pornographie juvénile. [...] Également cette année, la députée conservatrice, Joy Smith, a présenté un projet de loi visant à imposer des peines exécutoires minimales à ceux qui font de la traite de personnes. »

Selon le Parti conservateur, l'exploitation n'est pas le produit des relations économiques à la base de la société qui entretiennent la vulnérabilité des femmes. Il voudrait nous faire croire que l'exploitation des femmes et la violence contre les femmes relèvent de l'acte individuel et peuvent donc être éliminées en punissant les individus plus sévèrement.

Si le gouvernement choisit de faire cette déclaration raciste que la violence contre les femmes est amenée au Canada par les immigrants qui ont des « pratiques barbares comme la mutilation génitale », c'est à dessein pour attiser les passions contre différents peuples et détourner l'attention du fait que le gouvernement lui-même se livre à la traite des personnes avec son programme pour travailleurs migrants sans droit, un programme véritablement barbare.

À quoi se heurtent les femmes qui demandent un statut au Canada en ce moment ? Celles qui demandent le statut de réfugiée à cause d'abus dans leur pays sont considérées comme des menteuses qui cherchent à tirer avantage des programmes d'immigration. Les femmes sans papier qui fuient des situations d'abus ici au Canada et demandent la protection des services communautaires se rendent compte que les refuges pour femmes violentées sont la cible constante de descentes policières et qu'elles seront menacées de déportation.

Les femmes sans statut se voient donc forcées de se cacher et de se priver du soutien nécessaire, ce qui les rend encore plus vulnérables. Leurs droits à un emploi, à l'éducation, à des services de santé et à la sécurité pour elles et leurs enfants sont niés. Elles sont menacées de déportation vers des situations abusives et souvent dangereuses.

Les prétentions sur l'égalité des femmes sont honteuses et le seront tant qu'on retrouvera les femmes en majorité dans les secteurs les plus appauvris, exploités et opprimés. Qu'est-ce que le gouvernement fait face à cela ? Les gouvernements qui paient les riches et coupent dans les programmes sociaux sont directement responsables de la violence, de la brutalité et de l'humiliation que subissent les femmes. Le gouvernement conservateur n'a cessé d'attaquer les droits des femmes et d'adopter des lois et des politiques qui désavantagent les femmes, mais le communiqué du Parti conservateur présente les coupures dans les programmes comme un pas en avant pour les femmes au Canada :

« Depuis son entrée en fonction, notre gouvernement cherche à améliorer la qualité de vie de toutes les femmes canadiennes. Nous donnons aux familles un véritable choix en matière de garde d'enfants avec la Prestation universelle pour la garde d'enfants de 1 200 $. De nombreuses femmes exploitent leur propre entreprise à partir de chez elles, et nous apportons des modifications au régime d'assurance-emploi pour que les travailleurs et les travailleuses autonomes puissent volontairement cotiser à l'AE afin d'avoir droit à de nombreuses prestations comme les prestations parentales, de maladie et de soignant. »

Parler du travail autonome, d'une piètre prestation pour garde d'enfants et de la promesse d'améliorations à l'assurance-chômage comme exemples de comment « améliorer la qualité de vie de toutes les femmes canadiennes », c'est faire preuve de cynisme et de brutalité. Le refus obstiné du gouvernement Harper et de l'oligarchie financière dont il est le serviteur de reconnaître que les femmes ont des droits, sans parler de garantir ces droits par les moyens qu'il faut, montre qu'ils sont devenus un obstacle au progrès. Ils s'opposent à tout renouveau fondé sur la reconnaissance des droits de tous et ne sont pas aptes à gouverner une société moderne. Ils ne reconnaissent que la demande des monopoles d'être concurrentiels sur les marchés mondiaux et de mener une offensive antisociale brutale pour forcer la société tout entière à accepter ces objectifs. Ils n'ont rien à offrir que le statut quo.

Le Marxiste-Léniniste faisait remarquer à l'occasion de la Journée internationale de la femme :

« Les femmes doivent discuter d'une réponse pro-sociale à la crise et surtout trouver les façons de mettre à contribution la force de l'organisation et du nombre de la classe ouvrière pour la réalisation de l'alternative pro-sociale. Dans tous les secteurs, les femmes sont aux premières lignes dans l'organisation des collectifs contre l'offensive antisociale et pour une vie de sécurité et de dignité. En trouvant ce qui favorise les intérêts du collectif des femmes dans une situation donnée et comment mener la lutte pour les réaliser, les femmes jouent leur rôle dans l'affirmation des droits de tous. »

Les femmes doivent être au premier rang de la création d'une société qui reconnaît les droits humains de tous du fait qu'ils sont humains et les droits des femmes du fait qu'elles sont des femmes, qui abolit une fois pour toute les causes de la violation des droits de la personne. La tâche immédiate est de lutter pour l'affirmation des droits de tous. L'augmentation des fonds pour les refuges et les centres d'accueil comme endroits sûrs pour les femmes, un statut pour tous, un programme national de garderie, un logement adéquat pour tous, la garantie d'un niveau de vie de standard canadien pour les enfants et les personnes âgées – tout cela est nécessaire pour rétablir et protéger les femmes et les enfants et créer une société où les femmes ne cèdent leur place à personne.

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Le rapport du Comité de l'ONU pour l'élimination
de la discrimination à l'égard des femmes
concernant le Canada

En novembre 2008, Helena Guergis, ministre d'État pour la Condition féminine, déclarait qu'« il ne peut y avoir aucune tolérance pour la violence faite aux femmes ». « Nous devons exposer et enrayer cette malédiction dans le monde » et « le Canada est un leader mondial en matière d'égalité des femmes ». Elle tenait ces propos un peu après le dépôt du rapport du Comité de l'ONU sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDF) sur le Canada, qui fait état d'une situation bien différente de ce que laisse tendre la ministre. La situation au Canada est si condamnable que le Comité de l'ONU a pris la mesure inhabituelle de demander au gouvernement canadien de lui faire rapport d'ici un an sur les mesures prises pour remédier à la situation.

Une des premières remarques du rapport est qu'« il n'y avait pas de représentants de haut niveau avec le pouvoir de prendre des décisions dans les délégations rencontrées ».

Le Comité reproche particulièrement au Canada « le fait que des centaines de cas de femmes autochtones disparues ou victimes de meurtre au cours des deux dernières décennies n'ont pas fait l'objet d'enquêtes approfondies, pas plus qu'une attention prioritaire n'y a été accordée, les coupables restant impunis. » Il demande au gouvernement canadien d'agir « avec urgence », d'effectuer une analyse de ses affaires pour déterminer s'il y a « racialisation » de ces disparitions et, si c'est le cas, de prendre des mesures en conséquence.

Le Comité se dit préoccupé par le fait que « la violence familiale reste un problème important », par les rapports qui font état « de niveaux de violence élevés à l'encontre d'adolescentes au sein de la famille et dans la société » et par le fait qu'il y a « un nombre encore insuffisant de refuges pour les victimes de violence ». Le Comité se dit inquiété par « la tendance apparemment croissante à recourir dans les affaires de violences familiales à la médiation et à d'autres types de procédures au lieu de poursuites judiciaires et l'utilisation croissante du "double chef d'accusation" », où la victime est également accusée.

Le Comité de l'ONU note plusieurs autres échecs du gouvernement et de l'État canadiens à agir pour garantir les droits des femmes. Il y a notamment l'insuffisance de services de garderie abordables et de logements abordables, l'insuffisance d'accès à l'aide juridique au civil, l'annulation du financement du Programme de contestation judiciaire, la faible représentation des femmes dans la vie publique, la persistance des inégalités du marché du travail, en particulier pour les femmes racialisées, et l'élimination du financement des organisations des femmes s'intéressant à la condition féminine.

Il fait à ce sujet la recommandation suivante :

« 30. Le Comité recommande que l'État partie continue de s'attacher prioritairement à la lutte contre la violence à l'encontre des femmes conformément à sa recommandation générale no 19. Il recommande aussi à l'État partie d'adopter une législation spécifique sur la violence familiale à l'encontre des femmes, qui érige celle-ci en infraction pénale et garantisse que les femmes qui en sont victimes aient immédiatement accès à des moyens de recours et à une protection et que les auteurs soient poursuivis et condamnés comme il convient, et de mettre en place une politique de l'"agresseur principal". Le Comité recommande en outre qu'il y ait dans toutes les juridictions des refuges adéquats et des services de soutien appropriés pour les femmes et les adolescentes victimes de la violence et que les besoins en la matière des femmes autochtones, handicapées, immigrantes, réfugiées ou victimes de la traite et des femmes des campagnes et des zones septentrionales soient couverts. »

Le Comité se penche également sur la situation des femmes dans les prisons, notamment sur le maintien de gardes masculins dans les prisons pour femmes, ce qui « accroît les risques de harcèlement ou d'agressions sexuels et viole le droit des détenues au respect de leur vie privée », et sur le traitement des détenues adolescentes, « qui sont souvent incarcérées dans des prisons mixtes où elles sont exposées à la violence des détenus adolescents ou des gardiens de prison ».

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Quelques faits sur la violence faite
aux femmes au Canada

Les données qui suivent proviennent principalement du gouvernement fédéral, notamment de Statistique Canada, et du rapport de l'Alliance canadienne féministe pour l'action internationale (AFAI). Elles concernent la situation en 2006, à moins d'indication contraire.

- À chaque seconde, une femme quelque part au Canada subit une forme d'agression sexuelle.

- Plus de 86 % de toutes les agressions criminelles au Canada sont commises contre des femmes.

- Chaque année, une étudiante de niveau universitaire ou collégial sur quatre au Canada est victimes d'une agression sexuelle sous une forme ou une autre.

- Il y a cinq fois plus de femmes qui sont tuées par leur partenaire; les femmes qui tuent leur partenaire le font souvent en légitime défense ou après des années de violence contre elle.

- Selon une étude effectuée en 2007 auprès de 762 sans-abris âgés de 12 à 18 ans, 57 % des filles avaient été agressées sexuellement.

- Pour les jeunes femmes qui se retrouvent à la rue, il y a un risque élevé de se retrouver dans une situation d'exploitation sexuelle ou de prostitution. Le groupe Justice for Girls rapporte que plus de la moitié des femmes qui pratiquent la prostitution au Canada sont des enfants ; la plupart sont de jeunes filles qui fuient des situations d'agression sexuelle qui débutent habituellement à la maison.

- Quatre-vingt pour cent de toutes les femmes ayant été condamnées à des amendes ou peines de prison au fédéral disent avoir été battues ou agressées sexuellement. Ce pourcentage est de 90 % chez les femmes autochtones.

- Quatre-vingt-seize pour cent des filles sous garde juridique en Colombie-Britannique disent avoir été battues ou sexuellement agressées.

- À Toronto, le groupe Street Health rapporte qu'une femme sans-abri sur cinq a été agressée sexuellement au cours de l'année écoulée.

- Environ une femme violentée sur dix au Canada a recours à un refuge mais les refuges pour femmes fuyant la violence sont remplis à capacité et les listes d'attente sont longues. En 2008, il y avait 569 refuges au Canada qui offraient des services d'hébergement aux femmes et enfants. Du 1er avril 2007 au 31 mars 2008, 62 000 femmes et 38 000 enfants ont utilisé ces services, une hausse de près de 20 % par rapport à 2004.

- L'enquête sur les maisons d'hébergement menée par le gouvernement fédéral prend un échantillon de l'utilisation des refuges au Canada pour une journée donnée. La plus récente a été faite le 16 avril 2008. Ce jour-là, environ 4 300 femmes et leurs 3 400 enfants vivaient dans des refuges. Près de 80 % de ces femmes et enfants fuyaient une situation abusive. De ce nombre, environ 8 sur 10 étaient âgées de moins de 45 ans et 36 % étaient âgées de 25 à 24 ans. Si 55 % de ces femmes fuyaient des situations de violence physique, seulement 25 % d'entre elles ont rapporté à la police le plus récent incident.

Entre minuit et midi le 15 avril 2008, 101 femmes et 51 enfants ont quitté un refuge. Parmi ces 101 femmes, plus de 9 sur 10 n'avaient pas l'intention d'aller retourner vivre avec leur époux. Près de 4 sur 10 ne savaient pas où aller après avoir quitté le refuge.

Selon l'échantillon de ce jour-là, 299 femmes, ave 148 enfants, n'ont pas pu avoir accès à un refuge par manque de place.

Violence contre les femmes autochtones

- L'Association des femmes autochtones du Canada et Amnistie internationale Canada estiment qu'au cours des vingt dernières années, 520 femmes autochtones ont été tuées au Canada, ou on été portées disparues dans des circonstances qui indiquent une situation de violence.

- Cinquante cinq pour cent des femmes autochtones rapportent avoir été victimes de violence grave ou mettant la vie en danger, comparativement à 37 % chez les femmes non autochtones.

- Jusqu'à 75 % des survivantes d'agressions sexuelles dans les communautés autochtones sont de jeunes femmes de moins de 18 ans ; 50 % d'entre elles ont moins de 14 ans et près de 25 % ont moins de 7 ans.

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Devant la violence de la déportation

Les femmes exigent «un refuge,
un sanctuaire et un statut»


Pour souligner la Journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes, le groupe Shelter Sanctuary Status a organisé le 25 novembre, à l'Université de Toronto, « une soirée de résistance parce que la déportation est une violence faite aux femmes ». Elle a réuni 300 personnes, dont de nombreuses jeunes femmes. Shelter Sanctuary Status regroupe 120 organisations, principalement de l'Ontario, qui oeuvrent pour mettre fin à la violence contre les femmes.

Le programme a débuté dans l'obscurité avec la projection d'images vidéo des personnes qui prennent la rue pour affirmer que « Personne n'est illégal » et pour exiger « des logements, un statut et un sanctuaire ». À mesure que les images disparaissent, la voix de Jonathan Tracey interrompt soudainement le silence, telle une femme vivant sans statut, dans la crainte pour sa vie entre les mains de son agresseur si elle est déportée, et éprouvant des difficultés d'accès à un refuge et aux services de base, ayant été violée dans ce pays et incapable de le signaler à la police en raison de son absence de statut.

« Nous ne pouvons parler de la violence à laquelle nous faisons face sans parler de notre résistance » et de « ce que nous faisons pour changer les choses », a déclaré Farah Miranda, de No One is Illegal, qui a animé la soirée. Elle a décrit certains des actes de résistance auxquels les femmes participent dans leur vie quotidienne. « Aujourd'hui, c'est d'aller de l'avant, en reconnaissant notre résistance, et d'être inspirée par elle », dit-elle.

Elle fait remarquer que la violence faite aux femmes n'est pas seulement le fait d'actes individuels. Elle est surtout le fait d'agissements de l'État, de la déportation des femmes et du climat qui les forcent à vivre de manière clandestine pour éviter l'expulsion, ce qui les laisse en proie à toutes sortes de violence.

Shelter Sanctuary Status est une organisation qui a été fondée lors d'un séminaire tenu à Toronto à l'automne de 2008. À l'époque, un certain nombre de groupes s'efforçaient d'empêcher l'expulsion d'Isabel Garcia. Les participants constataient qu'un grand nombre de femmes se voyaient refuser le statut de réfugiée et étaient déportées. Quatre cents femmes qui participaient au séminaire ont défilé devant la Commission des réfugiés pour y faire valoir que la déportation est une violence contre les femmes et pour exiger un statut pour tous. Plusieurs semaines plus tard, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a approché certaines de ces mêmes organisations pour dire qu'elle voulaient elle aussi organiser un séminaire pour « bâtir des ponts avec les refuges ». L'ASFC est l'organisme gouvernemental chargé de cogner sur les portes des refuges pour femmes à la recherche de « clandestins » et de faire des descentes en milieu de travail et autres actes de violence contre les femmes et les travailleurs. La réaction de bon nombre de ces refuges fut de boycotter l'événement et ceux qui se sont présentés ont mis l'ASFC à sa place : elles ont dit qu'elles n'étaient pas intéressées à bâtir des ponts et que ceux qui existaient devraient être brûlés.

La véritable force du mouvement Shelter Sanctuary Status a été dans l'organisation quotidienne des refuges, a dit Farah. Dans les endroits de travail, les femmes discutent de la façon dont l'État canadien est en partie responsable des conditions dans leur pays d'origine qui les forcent à émigrer au Canada. Le but de la campagne est de s'organiser pour créer une situation où les refuges pour femmes sont des sanctuaires pour les femmes, que l'État les juge « illégales » ou non.


Toronto, le 2 octobre 2008: Lancement de l'organisation Shelter Statut Sanctuary pour défendre le grand
nombre de femmes qui se voient refuser le statut de réfugiée et sont déportées.

Un certain nombre d'intervenantes actives dans le mouvement pour faire cesser la violence faite aux femmes ont pris la parole. Une personne a déclaré que depuis 1993, « la persécution des femmes » a été admise comme motif de statut de réfugiée, mais que le gouvernement a récemment menacé de revenir sur cette disposition. Pour le moment, plutôt que de changer la loi, le gouvernement a réduit le nombre de demandes d'asile où le taux d'acceptation est passé à 60 %.

Une autre oratrice a décrit les changements que le gouvernement apporte aux programmes pour travailleurs étrangers temporaires, qui font qu'il est de plus en plus difficile, non pas de venir ici, mais de faire venir leur famille et d'y bâtir leur avenir. Elle a fait remarquer que les femmes ici, comme travailleuses temporaires, sont particulièrement vulnérables à l'exploitation, aux sévices sexuels et à la violence parce que beaucoup travaillent dans des maisons privées en tant que femmes de ménage. Le système d'immigration est sexiste et dévalorise le travail des femmes, de sorte que la plupart d'entre elles sont forcées d'entrer au Canada avec le parrainage de l'employeur, a-t-elle déclaré. La plupart des femmes ici sont à la merci de l'employeur ou de son conjoint. Récemment, il y a eu deux perquisitions à grande échelle par les agents de l'immigration en milieu de travail, dont la plus récente était à Mississauga, où 40 travailleurs, essentiellement des femmes comme aides familiales résidantes au pays, ont été arrêtés pour avoir travaillé sans un visa.

Au moment de ce raid, a expliqué Farah, ce sont les femmes des refuges qui faisaient partie de l'oeuvre Shelter Sanctuary Status dans les abris qui sont descendues dans la rue pour s'opposer à ces attaques et mobiliser les autres. Au cours des dix jours qui ont suivi le raid, ces opérations ont été dénoncées ailleurs au pays.

Des représentantes du Toronto Rape Crisis Centre et du groupe Sistering, un centre d'accueil pour femmes, ont parlé du travail qu'elles font pour instaurer une politique de « ne demandez rien, ne dites rien » concernant le statut des femmes à qui elles viennent en aide. Cette année près d'un millier de femmes ont pris part à la marche de Toronto pour « reprendre la rue ». La représentante du centre Sistering a fait remarquer qu'il y a 15 à 20 ans les refuges pour femmes n'avaient pas le droit d'accueillir des femmes sans statut. Cela a changé mais maintenant, avec les descentes, le gouvernement cherche à revenir en arrière. « Ils n'ont pas le droit d'entrer dans les refuges, les espaces pour femmes, et d'enlever des résidantes. Nous devons nous faire entendre », a-t-elle dit.

Une femme d'un refuge a réitéré que la violence faite aux femmes n'est pas une affaire d'actes individuels : les femmes, et les femmes sans statut en particulier, la subissent aux mains de l'État parce que celui-ci leur refuse l'accès à des services nécessaires pour se libérer des situations de violence et commencer une nouvelle vie.

Une jeune femme qui est bénévole dans un des refuges a dénoncé les agents d'ASFC qui rôdent autour des centres d'accueil et font des arrestations. Nous devons reconfigurer nos espaces avec le principe « ne demandez rien, ne dites rien » concernant le statut, pour que ce soit des endroits sûrs, puisque nous ne pouvons pas compter sur le gouvernement pour notre sécurité.

Les participantes ont dénoncé le double discours du ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jason Kenney, qui veut apporter des modifications au système d'immigration au nom de la protection des droits des femmes et des travailleurs. Toutes ont été invitées à participer à la Journée nationale du 2 décembre contre les modifications au programme pour travailleurs étrangers temporaires.

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Honduras

D'autres révélations de fraudes électorales ajoutent
à l'illégitimité du régime du coup d'État

Au Honduras, le régime putschiste appuyé par les États-Unis, en dépit de s'être pleinement exposé comme illégitime et antidémocratique, surtout après les « élections » du 29 novembre, poursuit ses tentatives de créer des « faits sur le terrain » pour établir sa crédibilité pour lui-même et pour le résultat des élections, tout en continuant à réprimer le peuple hondurien et sa résistance.

Prensa Latina écrit le 1er décembre :

« Selon les analystes et les médias, il y a eu manipulation des chiffres, manipulation de boîtes de scrutin et autres irrégularités qui ont été découvertes dans le processus électoral qui s'est tenu le dimanche au Honduras, dans le cadre du coup d'État.

« Le Honduras a vécu un processus électoral marqué par l'abstention, en dépit de la manipulation des résultats par des représentants du gouvernement de facto lorsqu'il a déclaré que 61 % des électeurs s'étaient rendus aux urnes », a déclaré le chercheur et sociologue hondurien Ricardo Arturo Salgado.

« Il a dit lors de sa visite à Tegucigalpa, qu'il a pu vérifier une très faible participation au scrutin.

« Le monde devrait savoir que ce n'était pas un processus démocratique, a ajouté Salgado. Il a dénoncé le climat de répression, la militarisation et la censure, avant et après les élections. [...]

« A San Pedro Sula, la deuxième ville en importance au pays, les bureaux de vote semblaient désertés. Les Forces de sécurité ont obligé les citoyens à voter et ont réprimé brutalement une manifestation pacifique, a déclaré l'intellectuel Jorge Miralda.

« Selon le quotidien El Tiempo plusieurs paquets de matériel électoral ont été ouverts.

« Dans d'autres endroits, il manquait d'encre indélébile pour marquer les empreintes digitales de ceux qui ont voté, mais le processus ne s'est pas arrêté, ce qui a permis aux électeurs de voter plus d'une fois. »

Le 30 novembre, Honduras Indymedia a rapporté que « lundi matin, le Honduras a trois présidents, après la victoire apparente de ‘Pepe' Lobo Sosa à l'élection de dimanche. Les médias d'opposition et les classes dirigeantes insistent pour dire que Pepe a gagné et qu'il a gagné avec un taux de participation élevé, contredisant même la société mandatée par le Tribunal suprême électoral, qui projetait un taux de participation de 47 %, en insistant pour dire que jusqu'à 80 % des Honduriens sont allés aux urnes - un mensonge ridicule qui explique pourquoi les rues et les écoles étaient désertées en ce jour de « fête civique » [...]

« Maintenant vient la partie difficile. La police et les structures du pouvoir sont déjà en train de projeter une image de la résistance comme des terroristes et de dire ouvertement que les arrestations et les raids se poursuivront pour lutter contre ce "nouvel élément criminel". [Le président Zelaya] est encore à l'ambassade et le mouvement populaire doit maintenant faire face à une période de restructuration et de réorganisation, de rechercher de nouvelles stratégies de mobilisation, d'organisation et, surtout, d'éducation sur la nouvelle assemblée constituante.

« Des centaines de voitures ont parcouru les rues [à Tegucigalpa] dans une caravane de résistance qui a traversé plusieurs quartiers, tous pointant leurs doigts sans taches d'encre, criant, "dignité, dignité ..." »

Par ailleurs, le 2 décembre le Congrès hondurien s'est lui-même convoqué pour débattre et voter sur la restitution du président Manuel Zelaya. Le régime putschiste prétend que cela a été fait dans le respect des conditions de l'Accord de San José, qui ont été violés dans l'esprit et la lettre. Une forte présence militaire a été déployée à l'extérieur du Congrès afin de réprimer la résistance qui manifestait dans les rues. De semblables opérations de répression ont eu lieu ailleurs au pays en prévision d'une décision négative du Congrès.

Le site hondurascoup.blogspot.com a rapporté les résultats du vote :

« Le Congrès a commis un autre acte inconstitutionnel lorsqu'il a voté ce soir sur une motion pour ratifier de nouveau son Decreto 141-2009, qui a destitué Zelaya de son poste (un pouvoir qui n'est pas accordé par la Constitution) et mis à sa place M. Micheletti en tant que président de facto. La motion a été présentée par le Parti nationaliste, qui a tenu une réunion le matin-même et a convenu de voter en un bloc de 55 voix en faveur de cette motion. Ils avaient seulement besoin de 9 députés d'un autre parti au Congrès pour bloquer le rétablissement de Zelaya, mais en fait la mesure a reçu un appui substantiel des députés du Parti libéral. À 19 heures 11 minutes, heure de Tegucigalpa, les congressistes avaient déjà voté à majorité simple en faveur de la motion.

« Aujourd'hui, le Congrès hondurien a fait un pied de nez aux règles de droit, au département d'État américain et à l'Accord Tegucigalpa-San José. [...]

« Le vote final : 111 voix pour la motion, 14 contre, avec 3 congressistes absents. »

(Prensa Latina, Honduras Indymedia, hondurascoup.blogspot.com. Traduction de l'original espagnol par Le Marxiste-Léniniste)

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