1988
L'Île Brion devient la 20e réserve écologique au Québec

Île Brion.
Île Brion
Photographie provenant du Council for Anglophones Magdelen Islands (C.A.M.I.)
photographie : n&b

Située à 16.6 kilomètres au nord de la Grosse-Île, l'Île Brion est peu accidentée et s'incline doucement vers le sud. Ses falaises de grès rouge et gris mesurent environ 65 mètres de haut. L'Île Brion est la première parcelle des Îles-de-la-Madeleine que découvre Jacques Cartier en 1953. Il l'a nomme ainsi en l'honneur de Philippe Chabot, seigneur de Brion et amiral de France, qui parraine son expédition. Il l'a décrit comme suit dans son récit de voyage du 25 juin:

  " Nous l'a trouvâmes plaine de beaulx arbres, prairies, champs de blé sauvage et de poys en fleurs, aussi espès et aussi beaulx que je vis oncques en Bretagne, queulx sembloict y avoir esté semé par laboureux. " (1)  

Il semble que les premiers habitants de l'Île Brion, est un dénommés Munsy, qui y cultivait l'avoine et l'orge, et James White, un écossais né en 1800, mort soixante-dix ans plus tard sur l'Île Brion.

En 1896 débute la véritable occupation de l'île par les Dingwell, William et Townsend. Ils sont les fils de Sarah Dingwell, servante chez la famille White. Cette dernière est native de Fortune sur l'Île du Prince-Édouard. En 1872, William épouse Margaret Aitkens, fille de Sarah Burke et de James Aitkens de Grindstone. En 1895, il achète la presque totalité des droits de locataire des descendants de James White. En 1896, il devient propriétaire de l'île où il règne en seigneur sur ses censitaires. À cette époque, il y a environ douze familles sur l'île. Les Dingwell louent des parcelles de terre, possèdent le magasin général, la conserverie à homard et alimentent les pêcheurs en viande salée et autres biens de consommation, produits à leur ferme.

En 1907, William Dingwell décède et presque toutes les familles quittent l'île pour se diriger vers les Îles-de-la-Madeleine. La famille de Townsend Dingwell, sa femme, Jane McCallum et ses quatre enfants vivent seuls sur l'île en compagnie des familles des gardiens du phare, est construit en 1904. Le premier gardien est Procule Chevrier. Jusqu'en 1929, Townsend Dingwell est le propriétaire de l'île.

En 1929, Frank Leslie devient propriétaire d'une partie de l'île, mais perd sa propriété au profit de Félix Bouffard et de James Dingwell, fils de Townsend. L'Île Brion est durement touchée par la crise qui sévit dans les années 1930 et avec la guerre, la pêche cesse. La factrie ferme ses portes en 1931, mais les pêcheurs continuent de faire la pêche à l'Île Brion pendant la période estivale.

En 1954, la coopérative l'Escouade de Fatima construit un quai neuf, une cale de halage, des bâtiments pour saler le poisson et des logements pour les pêcheurs. Après 1972, toutes les activités sont abandonnées. En 1965, l'île est mise en vente par ses propriétaires: la succession de Frank Leslie. C'est une filiale de Texaco SAREP (Société Acadienne de Recherche et d'Exploitation Pétrolière) qui en fait l'acquisition au coût de 75 000$.

Dans les années 1980, l'idée de constituer une réserve prend forme. En 1983, la Municipalité Régionale de Comté crée la Corporation pour l'accès et la protection de l'Île Brion. Au milieu des années 1980, la compagnie SAREP reçoit un avis d'expropriation du Gouvernement du Québec. Le ministère de l'environnement évalue la valeur de l'Île à 350 000$ alors que SAREP en demande 1 250 000$. En août 1986, le Tribunal d'expropriation rend son verdict en faveur du gouvernement et, le 5 décembre, le coût de l'Île est fixé à 395 621$ plus 240$ l'acre. En 1987, la compagnie SAREP est expropriée et le Gouvernement du Québec en devient officiellement propriétaire. Un an plus tard, l'Île Brion est déclarée 20e réserve écologique par décret du Conseil des ministres du gouvernement québécois. La presque totalité de l'Île est une réserve écologique et seulement les activités de conservation, de recherches scientifiques et d'éducation sont permises.

Mais qu'est-ce qui lui vaut ce titre?

D'abord, elle est peu perturbée par l'homme; la végétation, les arbres et la faune n'ont pas subi de changements depuis le passage de Cartier, en 1534. Elle représente aussi l'ensemble des caractéristiques de l'archipel; on y retrouve un couvert végétal très varié et un espace boisé, qu'on ne retrouve nulle part ailleurs sur l'archipel. Par le fait même, on y retrouve une grande variété d'habitats, d'espaces boisés, de prairies, de marais, de marécages, de tourbières, de dunes, de littoraux et de sapinières rabougries.

De plus, on y retrouve plus de 140 espèces d'oiseaux, dont certains méritent une protection spéciale, dont le pluvier siffleur, le pétrel à cul blanc, l'Eider à duvet et le macareux moine. On y compte également plus de 10 aires de nidification.

Sa flore est constituée de plus de 200 espèces qui forment plus du tiers de la flore madelinienne. On y retrouve, entre autres, deux espèces rares qui poussent en milieu dunaire, l'Hudsonie tomenteuse et le Myrique de Pennsylvanie.

La corporation pour l'accès et la protection de l'Île Brion a pour mandat d'assurer la gestion de la réserve, d'émettre des autorisations d'accès, d'accueillir et d'informer les visiteurs et la population, de les sensibiliser à la protection de ce milieu et d'effectuer des travaux pour permettre une fréquentation contrôlée. La collaboration de la population et des visiteurs est aussi essentielle pour sauvegarder le charme de cette île. Cette corporation n'existe plus et c'est le CAMI, Council for Anglophone Magdalen Islander, qui gère maintenant l'accès à l'Île Brion.

1- Association Touristique Régionale des Îles-de-la-Madeleine. Guide touristique 1999, Association Touristique Régionale des Îles-de-la-Madeleine, 1999, p. 13

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Dernière mise à jour: 11 mars, 2004
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