Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 22, 1973

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Résumé

L'art étranger à l'Exposition nationale 
du Canada de Toronto, de 1905 à 1938

par Sybille Pantazzi


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Il y a désormais assez de recul pour tenter un aperçu rétrospectif de la qualité et de la variété de l'art étranger exposé dans le cadre de l'Exposition nationale du Canada (E. N. C.), de 1905 jusqu'à 1938.

Vu le succès qu'obtiennent les expositions, l'Ontario Society of Artists pousse la construction de deux salles d'exposition dans le parc de l'E. N. C. - en 1902 et en 1905. De style « classique » de l'École des Beaux-Arts, elles reflètent l'influence du genre de bâtiments de la grande exposition internationale de Chicago de 1893. Grâce à ces deux galeries, en particulier celle de 1905 construite en matériaux incombustibles, l'E. N. C. est pendant vingt ans, de 1906 à 1926, l'unique endroit à Toronto où peuvent être présentées des expositions internationales de grande envergure. Ce n'est qu'en 1926, lors de la construction d'un nouveau bâtiment, que l'Art Museum of Toronto (fondé en 1900) a l'espace et les moyens nécessaires pour organiser un programme d' expositions internationales.

Suivant l'exemple de la Biennale de Venise (fondée en 1895) et de la Pittsburgh International (fondée en 1896), l'E. N. C. exposera des oeuvres d'artistes modernes renommés. Ainsi, ces exposants, et parfois leurs mêmes oeuvres, sont présentés à peu près vers la même époque à Toronto aussi bien qu'à Venise ou à Pittsburgh. Ce n'est en effet qu'après la Seconde Guerre mondiale que les expositions de Venise et de Pittsburgh présentent seulement des oeuvres d'avant-garde.

L'Association de l'E. N. C., en collaboration avec l'Ontario Society of Artists, choisit les oeuvres qui sont exposées pendant deux semaines, soit fin août - début septembre. Plus tard, les présidents de l'Académie royale du Canada et du Canadian Art Club sont nommés au comité d'organisation. Deux personnalités influencent l'évolution des expositions: Robert F. Gagen, directeur des expositions d'art, depuis 1904, et J. O. Orr, directeur de l'Association de l'E. N. C., de 1903 jusqu'à 1917. Avant 1912 et jusque vers 1945, trois agents sont nommés à l'étranger: A. G. Temple, E. R. Dibdin (tous deux directeurs de musées en Angleterre) et C. R. Chisman.

Pendant la période dont il est question, les tableaux de l'école anglaise des XIXe et XXe siècles sont les plus nombreux: préraphaélites, académiciens, artistes en vogue (Alma Tadema, Lord Leighton, Landseer), portraitistes à la mode (Sargent, William Nicholson, Lavery, Orpen, Gerald Kelly), et nombre d'artistes aujourd'hui oubliés. L'avant-garde fait son apparition en 1919 et en 1920 lors de deux expositions des Canadian War Memorials (Wyndham Lewis, C. W. R. Nevinson, Paul Nash), pour y revenir en 1938 à l'occasion d'une exposition surréaliste internationale qu'organise Roland Penrose.

L'école française suit de près l'école anglaise. Pendant la première décennie, on y trouve des oeuvres de Benjamin Constant, Tony-Robert Fleury, Caro-Delvaille, Dagnan-Bouveret, Gérome et d'autres grands de la belle époque. Les années 1916 et 1917 sont toute-fois importantes, car l'E. N. C. expose certaines des oeuvres que le gouvernement français a fait parvenir à l'exposition Panama Pacific International de San Francisco en 1915. Pour la première fois Toronto expose Cézanne, Renoir, Sisley, Pissarro, Signac, Toulouse-Lautrec, Puvis de Chavannes, Maurice Denis, Bonnard, Vuillard, Matisse et Marquet. En même temps sont exposées des oeuvres de salonards, tels que Carrier-Belleuse, Clairin, Cabanel, Gervex, Bonnat, et des portraits exécutés par Jacques-Émile Blanche et Jean-Gabriel Domergue.

Les oeuvres des artistes des pays suivants sont aussi exposées: Allemagne (1913), Belgique (1915, 1916, 1927), États-Unis (neuf expositions, de 1911 à 1923), Italie (1917 et 1926), Espagne (1922, 1928), Suède (1923), U. R. S. S. (1925), Danemark (1929).

Bien que les noms de Rodin, Bourdelle et Epstein figurent, la sculpture est plutôt rare. Par contre, les arts graphiques ont une place assez importante, surtout à partir de 1920 alors qu'un catalogue séparé accompagne la première des expositions intitulées International Graphic Art. Les arts décoratifs paraissent en 1912 avec une exposition de porcelaine en provenance de Berlin. En 1917, des tapis et autres objets persans sont montrés. En 1926, c'est une exposition de poterie mexicaine et, en 1929, une importante collection d'art danois. De 1920 à 1930, les arts décoratifs anglais font régulièrement partie des expositions de l'E. N.C. En 1938, une superbe exposition réunit des décorateurs et des costumiers renommés, entre autres Cecil Beaton, Paul Nash, Marcel Vertès, André Hellé, Goncharova et Larionov.

Il est malheureux que les statistiques officielles relatives au nombre de visiteurs et au montant total des ventes à ces expositions nous manquent. Toutefois, d'après R. F. Gagen, il y a eu près d'un million de visiteurs entre 1907 et 1917, et selon la presse, 56 000 visiteurs en 1924 et 110 000 en 1927. Quant aux ventes, il est important de noter que chaque année, à partir de 1911, des oeuvres d'exposants étrangers sont acquises par l'Association de l'E. N. C. et déposées au Art Museum of Toronto. En 1952, on compte 223 acquisitions. En 1965, l'E. N. C. fait don à l'Art Gallery of Ontario des oeuvres qu'elle lui a prêtées. De ce fait, un souvenir tangible des expositions d'art étranger organisées par l'E. N. C. demeure à Toronto.

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