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Cartonde paysages de Lawren S. Harris
par Peter Larisey
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Page 1
La peinture de paysages
canadiens a été, de 1908 à 1930, l'intérêt principal de Lawren
S. Harris. Les oeuvres suivantes, qui couvrent sa période
paysagiste, ont été choisies parce qu'elles ne sont généralement
pas connues.
Près de Saint-Jovite (fig. I) a probablement été peint
lors du premier voyage de Harris dans les Laurentides en 1908, et démontre
ainsi l'aisance de l'artiste à utiliser la peinture à l'huile,
technique apprise en Allemagne. C'est le premier témoignage que
nous possédions de sa compréhension plastique du Nord canadien
désert et lointain. Le choix des couleurs, telles que je les ai
vues dans des oeuvres ultérieures, est contenu dans un éventail de
bruns. Dans Près de Saint-Jovite, ce sont surtout les bruns
foncés qui sont appliqués et travaillés.
La vieille maison en ruines dans Croquis (Maison
abandonnée) (fig.
2) illustre le rapprochement maximal qu'il soutient vis-à-vis de la
notion de pittoresque chez les adhérents du Canadian Art Club.
Le pin,
vers 1918 (fig. 3), est caractéristique des croquis rarement vus du lac Simcoe. Ils ont tous un point de vue
frontal de paysage lacustre étale, et font ressortir l'horizon
bas et le ciel vaste et haut. Au contraire des brillantes couleurs
d'automne qu'utilise habituellement le Groupe des Sept, les oeuvres du lac Simcoe sont peintes en bleus et en verts estivaux.
Dans une lettre écrite en 1918, Harris y fait allusion avec peu
d'enthousiasme, les qualifiant de simples « études de ciel ».
Cependant, Le pin, exécuté moins de dix ans après le
statique Près de Saint-Jovite, montre sa maîtrise
croissante des techniques de peinture, particulièrement remarquable
ici dans l'intégration de la composition et du coup de pinceau,
destinée à placer les objets proches et éloignés dans un espace
pictural cohérent et animé.
Sa période paysagiste la plus importante, qui dure douze ans,
commence au moment de ses premiers voyages dans la région d'Algoma
en 1918. La modification de sa peinture suit un enthousiasme
renouvelé pour le Nord. Les deux oeuvres d'Algoma
(fig. 4, 5) sont des exemples tirés des nombreuses techniques de
peinture qu'il développe pour présenter la grande variété de
sujets exploités à Aigoma au cours des huit voyages qu'il y fait
entre 1918 et 1924. Bon nombre des premières oeuvres d'Algoma
présentent
un mur de nature sauvage couvrant la toile, avec très peu de
profondeur. La futaie, Algoma (fig. 4), vers 1919, est une
métaphore du mouvement dans un espace mince, à travers ce mur,
jusque dans les espaces les plus profonds qu'il commence à trouver plus importants.
La représentation d'un espace plus vaste et plus profond est
davantage poussée dans Croquis d'Algoma (LXVIII) (fig. 5). Le bleu sombre du lac se détache
nettement sur le jaune orangé du feuillage. Le coup de pinceau fait
ressortir non seulement la forme des arbres du premier plan, mais
aussi les grandes surfaces des collines lointaines.
Beaucoup des thèmes visuels de ses peintures représentant la
rive nord du lac Supérieur se retrouvent dans Rive nord, lac
Supérieur,
île Pic (fig. 6). Les formes naturelles, l'écran d'arbres
morts à travers lesquels on voit une colline basse et le lac, l'île
Pic même, et les grandes formations de nuages s'intègrent en une
peinture aux tons de bruns riches et subtils.
Lac Kinney, mont Robson (fig. 7) est un de ses nombreux
croquis de la région du mont Robson. Harris réussit à transposer
le silence lointain et monumental par la composition soignée des
formes élémentaires et des surfaces lisses, bien que l'idée du
reflet dans l'eau calme y joue un rôle important.
Nous connaissons bien ses croquis et peintures des paysages
montagneux impressionnants de l'île Bylot, exécutés durant la
seconde partie de son voyage dans l'Arctique en 1930. Brouillard
et glace, bassin Kane (fig. 8) date de la première partie de
son voyage, au moment où il était le plus au nord. Harris a
construit une image profondément creusée dans l'espace, soigneusement équilibrée, en n'utilisant que des bleus, des gris et des
blancs sans autres éléments caractéristiques du paysage que
l'eau, la glace, les nuages et le brouillard.
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