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Résumé
Halifax vu par Lyttleton:
un « cosmos microscopique »
par Robert Derome
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Page 1
Le capitaine Westcott
Witchurch Lyttleton a peint une aquarelle intitulée Port de
Halifax vu de l'île McNab, actuellement conservée au Royal
Ontario Museum (Canadiana Department). Cette oeuvre est
exceptionnelle aussi bien par ses dimensions inusitées, sa
perspective panoramique que ses qualités esthétiques. Il s'agit
sans contredit de la plus marquante parmi les quelques oeuvres
attribuées à ce militaire topographe.
À proprement parler, Lyttleton, né au Ceylan en 1818, était devenu
un habitant de Halifax. Officier de passage en service depuis 1840,
il prend souche en épousant en 1842 Joanna McNab, descendante d'un
des premiers colons. Lyttleton hérite, en même temps que son
beau-frère le lieutenant Hugonin, des propriétés de McNab. Il réside
sur l'île ainsi qu'à Halifax au moins jusqu'en 1869 tout en
jouissant d'une importance sociale considérable. En 1872, on le
retrouve en Angleterre (à Cheltenham) avec son épouse. Il y est décédé
à Keswick, en 1879 ou 1886. Les deux événements saillants de sa
carrière artistique sont sa participation à l'exposition
internationale de Londres (section de la Nouvelle-Écosse) en 1862,
et, sa contribution à une importante exposition tenue en 1863 à
l'Armurerie de Halifax où figuraient plusieurs de ses aquarelles.
Le point d'observation choisi dans sa vue de Halifax est l'extrémité
nord de l'île McNab. Le panorama embrassé s'étend depuis la Pointe
Sandwich, à gauche, jusqu'à la Tour du duc de Clarence à l'extrémité
opposée, soit un angle de vision impressionnant d'environ 180
degrés. Cet espace est jalonné de repères: la citadelle de
Halifax, la redoute York, les tours à la Martello de la Baie Mauger
et de l'île George. L'alternance des zones sombres et claires
accentue la perspective et l'éloignement de la ville, « cosmos
microscopique » entre les reflets de la mer et le ciel mordoré.
Cette portion du paysage est vue à travers l'oeil d'un
topographe séduit par la mode des panoramas produits selon le
principle de la chambre noire. Quant à la maison de ferme au
premier plan, elle semble être celle du Hugonin. Dans une version
de dimensions réduites, produite vers 1853 et lithographiée vers
1862, un groupe de personnages représenterait Hugouin avec sa
fille et le fils de Lyttleton. De par sa position au premier plan et
l'espace accordé, on peut conclure à l'extrême importance de
cette scène pour Lyttleton. L'emphase se trouve ainsi mise sur
l'individualisation et l'expérience vécue.
La vision de Halifax proposée par Lyttleton s'inscrit d'une part
dans la tradition topographique des Short ou Petley par le rendu de
la ville et du port. Par contre elle s'oppose au pittoresque de
Bartlett et à sa tentative d'humaniser un décor vide en y plaquant
des protagonistes fantoches. Somme toute, Lyttleton synthétise
ces diverses contributions: la façon didactique des topographes
et un certain romantisme que l'on retrouve chez Bartlett. Pour leur
part, les recherches des Girtin, Constable ou Turner ne semblent pas
avoir excité l'intérêt de Lyttleton. Le meilleur point de comparaison serait
l'oeuvre d'Edward Lear, aussi bien par ses larges
perspectives, la tension créée entre l'avant-plan détaillé et
l'horizon lointain, que par le rendu des collines et la facture générale.
Même là, nulle comparaison ne saurait payer tribut à
l'originalité intrinsèque de cette oeuvre. Lyttleton est un
propriétaire foncier enraciné dans son pays adoptif. Il a choisi
de montrer son univers vital selon un ordre déterminé ayant pour
but de magnifier la supériorité de son existence individuelle
sur celle de la société et de la ville lointaine. L'expression du
sentiment romantique de l'appartenance à un lieu précis ne se
retrouve dans l'oeuvre d'aucun autre artiste ayant traité le même
sujet.
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