Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canda

Bulletin 7  (IV:1), 1966

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Résumé

L'Illustration des livres par les artistes canadiens, de 1890 à 1940 accompagnée d'une liste des ouvrages illustrés par certains membres du Groupe des Sept

par Sybille Pantazzi

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Si l'art canadien connaît aujourd'hui une très grande vogue, l'illustration des livres par les artistes du pays semble avoir échappé généralement à l'attention. Ce sujet, assez peu développé dans les revues, ne l'est guère non plus dans les ouvrages classiques sur l'art canadien où les talents d'illustrateurs des artistes ne sont mentionnés qu'en passant, voire jamais. Certains livres sont bien connus, comme Maria Chapdelaine (1933), de Louis Hémon, illustré avec brio par Clarence Gagnon, ainsi que Le Grand Silence Blanc (1928), de Rouquette, également illustré par Gagnon. Bien entendu, les oeuvres de F. S. Coburn, Arthur Heming, Ernest Seton-Thompson, C. W. Jefferys et Thoreau MacDonald sont familières à ceux qui s'intéressent au livre canadien. Il est toutefois étonnant qu'on ait fait si peu de cas, jusqu'à présent, de l'apport des artistes canadiens à l'illustration du livre, de 1890 à 1940. Un premier examen de leurs travaux graphiques, dont les conclusions se fondent principalement sur la collection de la bibliothèque de l'Art Gallery of Toronto, a révélé une richesse et une diversité de talent insoupçonnées chez les illustrateurs de cette période et mis en lumière de nouvelles facettes de l'oeuvre de certains d'entre eux.

L'illustration des livres constituait, avant les années 1890, un phénomène assez rare au Canada; mais des artistes comme William Armstrong, William Cruikshank, F. M. Bell-Smith et Henri Julien avaient collaboré, au cours de la décennie de 1870, à Canadian Illustrated News. L'initiative la plus ambitieuse de cette période prend forme tangible dans Picturesque Canada (1882), où se retrouvent des gravures sur bois, tirées des dessins de William Raphael, Otto Jacobi, Henry Sandham et Lucius O'Brien. La première publication toutefois qui permit aux artistes de donner libre cours à leur talent et de s'adonner, dans une certaine mesure, au dessin d'ornement, fut sans conteste le Calendar, de la Toronto Art Students' League, fondée en 1886. Bien que le thème demeurât essentiellement canadien, le style des couvertures et des frontispices des livraisons suivantes du Calendar (qui parurent tous les ans jusqu'en 1904) se mit peu à peu à refléter deux grandes tendances artistiques venues de l'étranger: le mouvement des arts et métiers et l'Art nouveau.

L'Art nouveau, style décoratif par excellence, imposa son cachet particulier dans les arts du livre. Ses traits caractéristiques - la configuration rythmique et répétée d'une nature conventionalisée, le motif uniforme et la longue ligne onduleuse - se retrouvent dans les dessins réalisés par R. Weir Crouch pour la couverture des Calendars de 1898 et 1899 et dans le tracé de Robert Holmes. S'inspirant de la flore canadienne, les motifs de ces deux artistes tranchent par la vigueur du style et illustrent de façon typique l'interprétation vernaculaire de l'Art nouveau. La Toronto Art Students' League cesse toute activité en 1904, dernière année où le Calendar paraîtra, mais elle aura eu des effets durables et profonds sur l'illustration du livre canadien. 

La renaissance de cet art, mis à l'honneur par la Toronto Art Students' League, gagne peu à peu de l'ampleur, pour s'épanouir, dans les années 20, sous l'influence du Groupe des Sept. J. E. H. MacDonald, trait d'union entre la League et le Groupe, est, de tous les membres, plus ou moins versés dans l'art commercial ou l'illustration, celui qui se rapproche le plus, professionnellement, de l'art du livre.

Les éditions de McClelland & Stewart sont illustrées, de 1922 à 1929, par Lawren Harris, A. Y. Jackson, Franz Johnston et C. M. Manly, de même que par J. E. H. MacDonald. Les éditions de McClelland & Stewart et celles de la Ryerson Press de cette décennie constituent, par la garde des ouvrages publiés, l'oeuvre la plus originale à laquelle ait contribué le Groupe des Sept. Les gardes décoratives, fort à la mode dans les années 90, sont dessinées, entre autres, par Walter Crane, Lucien Pissarro et F. Lewis Day. La décoration des feuilles de garde au moyen de cartes géographiques, telles celles dessinées par Rockwell Kent, connut une grande vogue au cours des années 20. A l'instar de ce dernier, J. E. H. MacDonald, Thoreau MacDonald et Stanley Turner se signalèrent aussi par des illustrations semblables au cours des années 20 et 30. 

Il est bon de préciser que ce tour d'horizon n'est que l'introduction du sujet à l'étude. Voilà pourquoi il n'a pas été fait mention de bon nombre d'ouvrages et d'illustrateurs remarquables, ni des illustrations des périodiques. Nous avons voulu surtout souligner le rôle de premier plan joué par la Toronto Art Students' League et par le Groupe des Sept dans l'évolution de l'illustration du livre au Canada. Il reste donc bien des choses à dire et à apprendre à ce propos.

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