Bulletin 7 (IV:1), 1966

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Résumé

Benjamin West et « La Mort de Wolfe »

par le colonel C. P. Stacey

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On a dit du tableau intitulé La Mort de Wolfe de Benjamin West, qui date de 1770, qu'il est « probablement le plus célèbre de tous les tableaux historiques », affirmation bien audacieuse, mais qu'il serait difficile de contredire. Il serait également difficile de nier qu'en tant que représentation d'un événement historique, il figure parmi les pires jamais peints.

On rapporte que West aurait dit que le même souci de vérité qui guide la plume de l'historien doit guider le pinceau de l'artiste. S'il a vraiment dit cela, il ne l'a pas mis en pratique, car La Mort de Wolfe est une reproduction extrêmement infidèle. Presque tout y est historiquement faux, et, bien entendu, en tant que représentation des individus qui étaient réellement présents à la mort de Wolfe, elle est tout simplement absurde. Dans les derniers moments de la Bataille des Plaines d'Abraham, l'état-major de l'armée de Wolfe avait bien autre chose à faire qu'à se grouper de façon pittoresque autour du général moribond. A partir de 1759, bien des gens se sont penchés sur la question de savoir quelles étaient les personnes qui se trouvaient réellement auprès de Wolfe pendant ses derniers moments, et tous s'accordent à dire que quatre ou cinq personnes tout au plus étaient présentes. Dans le groupe de West, il y en a treize; et parmi celles que l'on peut identifier avec un certain degré de certitude, il n'y en a qu'une qui semble vraiment avoir été là.

Dans cette analyse, on discute de l'identité des personnages et l'on rectifie un certain nombre d'idées fausses. Les raisons qui ont poussé West à choisir ce groupe particulier de gens ne furent pas motivées par un souci d'exactitude historique, mais plutôt par l'idée d'un prix assez élevé de la part des personnages représentés.

On avance diverses hypothèses quant aux raisons plausibles de la célébrité de ce tableau. Il a évidemment concordé avec un esprit romantique populaire en Angleterre et a fait partie de l'histoire de Wolfe depuis, un peu comme un document contemporain. Après 1759, un brave jeune guerrier, qui éprouvait des difficultés incroyables à choisir un plan de campagne et qui ne valait guère mieux qu'un commandant de deuxième ordre, vint à être considéré comme l'un des plus grands généraux de l'Angleterre. Par un phénomène parallèle et connexe, un tableau qui était d'un art douteux, et tout à fait insignifiant au point de vue historique, devint « probablement le plus célèbre de tous les tableaux historiques ».

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