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Henry D. Thielcke: Portrait trouvé récemment - Quelques
réflexions sur les liens
de Thielcke avec l'école anglaise
par Ross Fox
English article
Page 1
En 1981, le Musée des beaux-arts du Canada faisait l'acquisition
d'un portrait non identifié, oeuvre de Henry Daniel Thielcke (v.
1788 / 1789-1874) transmise dans la famille Lindsay, de Québec, soit
le Portrait d'une femme et d'un enfant. Ce tableau est d'une
exécution supérieure à celle des autres portraits canadiens de
l'artiste (dont seulement sept ont été identifiés jusqu'ici, tous
de conception plutôt modeste), ce qui devrait inciter à une réévaluation
de l'oeuvre canadien de Thielcke, qui n'a guère fait l'objet d'études
approfondies jusqu'à maintenant.
Né de parents allemands, Thielcke fut cependant élevé et formé
en Angleterre, mais sa carrière dans ce pays est peu connue. On
sait toutefois qu'il a exposé sporadiquement à la Royal Academy of
Arts et à la British Institution, de 1805 à 1816. Il fut également
nommé portraitiste de S. A. R. la duchesse d'York. Après la mort de
la duchesse en 1820, Thielcke passa peut-être quelque temps en Écosse,
mais il émigra au Bas-Canada en 1832 et s'établit à Québec. Dès
son arrivée, il se trouva en concurrence avec Antoine Plamondon, ce
qui l'incita apparemment à se cantonner largement (mais pas
exclusivement) dans le portrait, après une brève tentative
infructueuse dans la peinture religieuse.
À l'heure actuelle, le double portrait d'Ottawa - signé et daté de
1836 - est une des plus anciennes peintures canadiennes connues de
Thielcke. En termes stylistiques, son caractère est anglais, et
rien ne dénote une origine coloniale. On y observe une aisance dont
Thielcke est largement redevable à la dernière période de Sir
Thomas Lawrence et aux disciples de celui-ci: exécution picturale
dans des tons de rouge, de brun et de noir; et sujets caractérisés
par une sensibilité et une sensualité alliées à une élégance
distinguée non dénuée de simplicité. Ce style contraste
vivement avec le style poli, réservé et froid de Plamondon.
L'importance particulière du portrait de Thielcke réside dans le
fait qu'il constitue un lien direct, bien que tardif, entre les
styles de portrait de Grande-Bretagne et du Bas-Canada. Il démontre
en outre que Thielcke avait assez de talent pour se poser en rival
des meilleurs portraitistes canadiens. Malheureusement, il est
douteux que les Canadiens aient été très sensibles à son style;
Plamondon était certainement le favori des bourgeois aussi bien
anglais que français. Le rôle de Thielcke en tant que portraitiste
au Bas-Canada semble cependant avoir été plus considérable qu' on
ne le croyait jusqu'ici, mais de nouvelles recherches seront nécessaires
pour déterminer dans quelle mesure.
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