Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 9-10  (V:1-2), 1967

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Résumé

La baie Georgienne et l'évolution du 
thème de "Bourrasque de septembre" 
dans la peinture
d'Arthur Lismer - 1912-1921

par Barry Lord, Associate Fellow, Dép. des communications Collège Conestoga, Kitchener

English article

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A September Gale, Georgian Bay, 1921 (Bourrasque de septembre dans la baie Georgienne) est l'une des oeuvres maîtresses d'Arthur Lismer et c'est un monument de la période du Groupe des Sept. Cet article retrace l'évolution du thème de Bourrasque de septembre chez Lismer, particulièrement dans la façon dont le peintre aborde la baie Georgienne.

Dans la biographie intitulée September Gale, J. B. McLeish rappelle que Lismer a reçu une première formation artistique à Sheffield avant d'émigrer au Canada en 1911. Son oeuvre a été profondément influencé au début par la peinture paysagiste d'un autre Anglais du Nord, John Constable.

Le premier tableau connu de Lismer au Canada, Banks of the Don (Rives du Don) rappelle la manière de Constable. Le premier plan y occupe une place prépondérante, habitué qu'était Lismer alors aux paysages anglais moins ouverts. L'artiste a dit que le paysage canadien l'obligeait à exprimer les distances par des formes en mouvement plutôt que par l'estompage progressif des tons.

En septembre 1913, Lismer va pour la première fois au chalet du Dr MacCallum dans la baie Go Home où il assiste à la spectaculaire tempête qui devait faire le sujet de « Bourrasque de septembre », huit ans plus tard. A partir de cette visite et jusqu'en 1916, les paysages de Lismer sont exclusivement des scènes de la baie Georgienne ou du parc Algonquin, régions qui le captivaient ainsi que ses compagnons dans la genèse de l'école nationale des peintres du Canada. Lismer est influencé par les couleurs de Thomson et par l'idée de Jackson que le paysage est sujet canadien par excellence. Le tableau The Lonely North (Solitudes septentrionales) de J. E. H. MacDonald, peint en 1913, est très semblable à celui de Lismer intitulé Georgian Bay (Baie Georgienne) peint la même année, par l'effet saisissant de la lumière du soleil hachée par des nuages qui miroite sur la baie. Toutefois, Lismer traite ces effets grandioses de façon rhétorique, comme dans son Road Through the Bush (Chemin dans les broussailles) de 1914. L'utilisation de l'empâtement pour faire ressortir les vagues et les nuages rappelle l'impressionnisme. Lismer recourt aussi à ce procédé dans The Guide's Home, Algonquin (La Maison du Guide, parc AIgonquin) toile de grandes dimensions peinte en 1914 et oeuvre peu typique de sa carrière.

Son Breezy Weather, Georgian Bay (Brises dans la baie Georgienne) de 1914, récemment retrouvé dans un entrepôt du Musée du Nouveau-Brunswick, s'inspire directement de Georgian Bay (Baie Georgienne) de 1913. Au premier plan un promontoire à pente raide nous situe le point de vue de l'artiste. La ligne de la rive sera reprise dans Bourrasque de septembre.

L'oeuvre maîtresse de cette série, A Westerly Gale, Georgian Bay (Vents d'ouest, baie Georgienne) de 1916, annonce Bourrasque de septembre à plusieurs égards: un premier plan qui dévale abruptement; les arbres qui s'y trouvent ont un aspect rugueux qui convient à la vitalité du paysage, du temps et de la lumière; de longues herbes dont les lignes expressives reprennent les obliques des arbres à l'horizon, et la silhouette dynamique d'arbres se détachant sur un ciel bas.

Georgian Bay, Spring (Baie Georgienne au printemps) datant de 1917, après l'installation de Lismer à Halifax en 1916, est un imposant tableau exécuté en atelier dans lequel l'artiste essaie, avec peu de succès cette fois, des couleurs plus franches et une lumière non impressionniste. Sauf en ce qui concerne deux croquis, Sunset (Crépuscule) et Stormy Sky (Ciel d'orage) toutes les oeuvres effectuées de 1916 à 1919 représentent la maison de Lismer à Thornhill, Ontario, ou des scènes d'Halifax. La plupart d'entre elles étaient destinées aux Collections commémoratives de la guerre. L'emploi accru d'empâtements et de couleurs lumineuses dans les tableaux exécutés à Thornhill rappelle les scènes de maisons et de rues de Lawren Harris, et plus encore Evening, Thornhill (Soir à Thornhill) de J. E. H. MacDonald, dont la date se situe, selon une estimation récente, entre 1914 et 1917. Les arbres sinueux coupés par la bordure supérieure du tableau dans Afternoon Sunlight, Thornhill, Ontario (Soleil d'après-midi à Thornhill, Ontario) de 1916, et la branche noueuse dans Springtime on the Farm (Printemps sur la ferme) de 1917 sont autant de précurseurs statiques du dénouement dynamique de Bourrasque de septembre.

Le retour de Lismer à Toronto, en août 1919, marque le début d'une période d'intense créativité qui aboutit à trois grandes peintures de la baie Georgienne en l'espace de deux ans. Le tableau Rock, Pine and Sunlight, Go Home Bay (Roc, pin et soleil dans la baie Go Home) de 1920 - dont le croquis s'apparente beaucoup à Autumn Colour, (Couleurs d'automne) aussi connu sous le nom Rocks and Maple (Rocs et érable) de MacDonald, en 1916 - comporte un jeu de lumière brillant quoique irrégulier mais aucune dramatisation exagérée. L'empâtement utilisé en 1918 est maintenant abandonné.

La toile de 1921 intitulée Pine Tree and Rocks (Pin et rocs), dont l'arbre principal est coupé par la bordure, porte à croire, par rambiance sauvage mais paisible qu'elle dégage, que Lismer a pris son sujet dans les oeuvres sereines réalisées à Thornhill, pour le placer dans l'environnement nordique et tourmenté de Pin et rocs. Finalement on retrouve dans Bourrasque de septembre la vigueur expressive de Vents d'ouest, baie Georgienne, de 1916.

Monsieur Lord analyse en détail rélaboration du thème qui a abouti à Bourrasque de septembre dans la baie Georgienne, à partir du croquis de 1920, lequel établit le mouvement dynamique et les fortes masses rocheuses, et de rétude de 1920, laquelle définit les masses volumétriques des nuages, jusqu'à la fusion bien réussie de ces éléments avec les tourbillons d'eau à rentrée de la baie dans le tableau final. Bien qu'on sente l'influence des oeuvres panoramiques de MacDonald datant de 1920-1921 et de l'interprétation du même sujet par Varley dans Stormy Weather, Georgian Bay (Tempête dans la baie Georgienne), il est évident que l'imposante toile de Lismer est essentiellement le couronnement de toute révolution qui l'a précédée.

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