Le soir, tout le monde se rassemblait après que le travail
de la journée était accompli. Avant que la nuit soit trop
avancée et pendant qu'il était encore temps, on entendait
des invitations lancées d'une voix forte - «QAGGIAVUUT».
Les gens commençaient alors à se diriger vers le lieu où
la nuit résonnerait du son des danses du tambour. Ce lieu de rassemblement
était le plus grand iglou de la collectivité.
Les femmes s'asseyaient toutes ensemble et formaient deux groupes, parce
que la tradition voulait que l'homme danse au son de leur chant. Quand il
avait fini, il déposait le tambour et quelqu'un d'autre le ramassait.
Ils pouvaient ainsi se relayer au tambour pendant que les femmes se tenaient
ensemble.
Quand le joueur de tambour avait fini sa composition, les chanteuses se
taisaient. L'homme déposait le tambour, que quelqu'un d'autre ramassait.
Les femmes discutaient de la chanson qu'elles allaient exécuter,
et, quand elles s'étaient mises d'accord, l'épouse du danseur
entonnait le chant tandis que l'homme au tambour commençait à
danser. Les hommes ramassaient tous le tambour à tour de rôle
pour exécuter leur danse.
Je vais chanter une chanson au sujet d'un homme qui part à la chasse
et désire voir du gibier. Quand on chassait le caribou, on scrutait
sans cesse l'horizon pour repérer un caribou. Cette composition exprime
le désir d'apercevoir du gibier.
Quand l'homme ramassait le tambour, les femmes se mettaient àchanter
la chanson composée par celui qui avait ramassé le tambour.
AJAA TAAKUJUMAGULUARTUNGAA, AHH NUNAMI MAANI
QIRNIRTUJUAQ TAKUJUMALLUNGA AVUNGA AJA JA
AVUNGA AJAA... QIRNIRPAKALUARMIGIGA AJA
AHH NUNALI QIRINALUAQ TAKUJUMALLUNGA AVUNGA JA JA...
AHH AVUNGA AJA JA JA...
Je cherche à voir sur cette terre,
Je scrute en quête d'un noir objet au loin,
J'ai regardé au loin.
Je scrute la terre pour voir au loin,
Au loin AJA JA JA...
C'est ce que disait la chanson, elle est plus longue, mais elle dure longtemps.
Il faut dire qu'avant qu'on ait du bois, ils fallait utiliser un fanon comme
cadre pour le QILAUT (tambour). J'ai remarqué aussi que les tambours
dans la région d'Igloolik étaient beaucoup plus petits que
ceux utilisés à l'ouest d'ici; la raison, c'est qu'il était
beaucoup plus difficile de se procurer du bois dans notre région
qu'à l'ouest.
Quand ils savaient que la lumière du jour approchait, ils commençaient
à tenir le QAGGI. Ils avaient fabriqué les tambours longtemps
à l'avance.