Q : Comment fabriquait-on un QILAUT (tambour)?
R : J'ai rarement assisté à la fabrication d'un QILAUT, parce
que mes parents et le reste de la famille vivaient la plupart du temps hors
des campements populeux. Mais j'ai observé la fabrication d'un QAJAIT,
et les éclisses du QAJAIT obéissent à peu près
aux mêmes principes que le cadre du QILAUT.
Avant de former les éclisses du QAJAIT, on préparait un foyer
de pierres pour y faire chauffer un pot. Bien entendu, le feu était
alimenté avec des plantes de cassiope. On coupait les éclisses
à la longueur voulue. Le pot était rempli de graisse fondue
provenant du lard. Il remplissait deux fonctions : tout d'abord, réchauffer
le bois; ensuite, le laisser tremper. Un peu d'eau salée était
versée dans le pot, puis il commençait à chauffer.
On trempait le bois dans le liquide chaud; le but n'était pas de
le cuire, mais de l'imprégner d'eau. Quand le bois était prêt,
il fallait enfiler des gants et le sortir. On le façonnait ensuite
en le mordant continuellement jusqu'à ce qu'il prenne la forme voulue.
La partie du bois non imprégnée était ensuite plongée
dans l'eau, puis le pliage et le façonnage recommençaient.
Le cadre du QILAUT est formé par un procédé analogue.
La graisse et l'eau salée sont réchauffées dans le
même pot que celui utilisé pour les éclisses du QAJAQ.
Quand le bois est coupé à la longueur voulue, on sature une
extrémité en la plongeant dans le liquide, puis la partie
imprégnée est pliée à coups de morsures; quand
la forme voulue est atteinte, on imprègne à nouveau le bois
et on le plie, et ainsi de suite jusqu'à ce que le cadre forme un
cercle. Si le bois semble vouloir reprendre sa forme, on attache les deux
extrémités... (De cette façon) le cadre conserve sa
forme même après que le bois a commencé à refroidir.
C'est ainsi que je fabriquais le QILAUT.
Si possible, le bois employé comme cadre devrait être à
fil droit, sinon il tend à se briser facilement pendant le pliage.
C'est ainsi que je fabriquais les cadres jusqu'à récemment,
mais je n'ai plus les dents qu'il faut... Je suis obligé aujourd'hui
d'utiliser un étau pour plier le bois.
Quand le cadre a la dimension voulue par le batteur, il effile les extrémités
pour leur donner ensemble la même épaisseur que le reste du
bois. À l'époque où il n'y avait pas de clous en métal
pour joindre les bouts, on devait ficeler les extrémités après
avoir percé un trou dans le bois. Un tendon torsadé servait
de lanière. Quand tout le reste est fait, il fabrique la poignée
du tambour.
Un chant AJAA JA...
AJAA, UGLIJUUGGUUQ IQU&ILLUU
SANGALLU SANNA TAKUSAPA&&UGU TAKUSAITTUUP ILAGIVA&&UGU
URSULINNUARLI AGLUANUT UNA TIKITA&UGU AULLAIGAKKU
UGURIVAKIGA UNA JAJA JAI AJA JA.
AJAA, UPINGASAALI ANIVAMIGAMA,
UQUSANNUARLI IMINILLUINA TUJUTIGI TIKITAAR&UGU
AULLAIGAKKU UGUNARTURIVUQ UNA JAJA...
AJAA, NUAQATITTAA AVALLITTA
TUUSALIRUNINGA NIRTURAJARMANGA ANGUSUNGILANGA UNA,
AJAA, à partir de ULIJUUK et IQU&&ILLUU
Scrutant le terrain de chasse, parfois je ne vois pas de gibier,
l'animal plein de lard est venu dans son AGLU, mais je l'ai laissé
fuir.
Je le regrette. JAJA...
AJAA, le printemps venu, moi aussi je passerai du temps dehors,
L'animal dont je m'habille est venu, mais je l'ai laissé fuir.
Je le regrette. JAJA...
AJAA, les gens de notre camp, les gens d'autres camps,
S'ils m'entendent, ils m'adoreront,
Mais je ne suis qu'un pauvre chasseur. JAJA...