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Le Noviciat des
Clercs de Saint-Viateur à Joliette
1939
Collection du Musée d'art de Joliette
Fonds Wilfrid Corbeil Le Noviciat est un
magnifique bâtiment néo-roman conçu par Wilfrid Corbeil en 1939, pour remplacer le
bâtiment précédent, victime d'un incendie la même année.
Bien que cela ne soit pas de première évidence, l'esprit de cet
édifice est moderne. En effet, c'est en ayant à l'esprit les concepts de Le Corbusier
que Wilfrid Corbeil conçoit son bâtiment: plan, surface, volume et machine à habiter.
C'est une vision qui réduit l'architecture à ses principes fondamentaux et qui favorise
la construction au détriment de l'ornementation.
Ainsi, ce parti pris «corbusien», combiné au fait que, par
rapport au baroque ou au victorien, l'architecture médiévale était vue comme un modèle
de rationalité et d'authenticité, contribue à conférer un esprit moderne à un
bâtiment franchement néo-roman.
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Le Corbusier
Vers une architecture
exemplaire de Wilfrid Corbeil, c.s.v.
1924
Collection du Musée d'art de Joliette
Fonds Wilfrid Corbeil
«En concrétisant mes projets, je ne pouvais pas ne pas tenir compte des idées nouvelles
et subversives que Le Corbusier prônait en architecture au temps de mon séjour à Paris.
L'achat et la lecture de Vers une architecture, que le maître venait de rééditer
en 1924, commençaient à ébranler mes notions d'architecture. Dans un style incisif et
lapidaire, il fourrageait en plein dans les poncifs à la mode, ramenant aux principes
essentiels du cercle et du triangle la création de nouvelles formes dans la construction.
[...]. Peu à peu je me ralliai aux idées du novateur qui définissait en ces termes
l'art de bâtir, "le jeu savant, correct et magnifique de volumes sous la
lumière".»
(Wilfrid Corbeil, Le Noviciat des Clercs de Saint-Viateur quarante ans après,
manuscrit dactylographié, 1979, Fonds Wilfrid Corbeil, Musée d'art de Joliette)
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Église Saint-Georges à l'abbaye
Saint-Martin-de-Boscherville,
France
1927
Le Style roman en France, René Colas, Paris,
René Colas éditeur, 1927, pl. 138
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L'église Saint-Georges fut une source d'inspiration importante pour Wilfrid Corbeil lors
de la conception du Noviciat. «De toutes les abbayes que j'avais vues, celle de
Saint-Georges-de-Boscherville, près de Rouen, m'était restée dans la tête comme
l'expression la plus heureuse de la psalmodie des heures canoniales et de l'action
liturgique.»
(Wilfrid Corbeil, Le Noviciat des Clercs de Saint-Viateur à Joliette quarante
ans après, manuscrit dactylographié, 1979, Fonds Wilfrid Corbeil, Musée d'art de
Joliette) |
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La chapelle du Noviciat
non daté
Collection du Musée d'art de Joliette
Fonds Wilfrid Corbeil
Pour réaliser la chapelle du Noviciat, Wilfrid Corbeil travaille
avec des artistes de Montréal et de Québec: Louis Parent et ses collaborateurs de la
Maîtrise d'art de Montréal, Jean-Marie Gauvreau et l'équipe de l'École du Meuble,
Sylvia Daoust et Marius Plamondon, tous deux professeurs à l'École des beaux-arts de
Québec. Avec ce projet, c'est donc un réseau de collaborateurs qui se met en place et
qui, par la suite, se développera notamment à travers le regroupement d'artistes que
sera le Retable créé en 1946. |

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Église rurale de Frielingsdorf
de l'architecte Dominikus Böhm, Allemagne, 1927
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1939
L'Artisan liturgique, no 53,
avril-mai-juin 1939
Wilfrid Corbeil suit de très près le mouvement européen du renouveau de l'art sacré,
qui commence à s'affirmer au début des années vingt. Il se rend en Europe et consulte
les deux grandes revues L'Artisan liturgique et L'Art sacré.
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En Allemagne, le
mouvement liturgique de l'entre-deux-guerres est, selon l'historien d'architecture Claude
Bergeron, le plus dynamique et le plus progressif de la première moitié du XXe
siècle. On y recherche la pureté et le sens premier des actes liturgiques et l'on veut
favoriser la participation des fidèles. L'architecture des églises allemandes est
portée par ce vent de renouveau liturgique.
Dominikus Böhm, l'architecte de
l'église de Frielingsdorf dont s'inspire Wilfrid Corbeil pour la chapelle du noviciat,
est considéré comme un des rénovateurs de l'architecture religieuse allemande.
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Autel du transept nord,
chapelle du Noviciat des Clercs
de Saint-Viateur
conception: Wilfrid Corbeil, c.s.v.
fabrication: École du Meuble
vers 1948
Archives de l'École du Meuble,
Cégep du Vieux-Montréal |
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La troisième chute, 9e
station du
chemin de croix, chapelle du
Noviciat des Clercs de Saint-Viateur
Marius Plamondon (1914-1976)
vers 1944
bois, bas relief polychrome
Collection des Clercs de Saint-Viateur |
«Ce chemin de croix est le plus chrétien que j'aie
rencontré. Et il me souvient qu'un jour, à un religieux qui n'acceptait pas cette oeuvre
"trop moderne" j'ai donné ce conseil: Allez faire votre chemin de croix devant
- il ne l'avait jamais osé -, non pas en vous fermant les yeux pour ne pas être
distrait, mais en regardant de vos deux yeux, et en tâchant de découvrir le sens
chrétien de l'oeuvre. Le message de foi chrétienne il faut l'extraire, je le sais, de
ces personnages stylisés; et il ne se livre pas aussi facilement que la sentimentalité
des images de Saint-Sulpice. Nous sommes habitués au "naturisme" en art. Pour
goûter une oeuvre moderne, il suffit souvent d'accepter le principe qu'une oeuvre peut
être belle sans reproduire exactement la nature.»
(Max Boucher, c.s.v., «Marius Plamondon, sculpteur et verrier», Les Carnets
Viatoriens, no. 1,
janvier 1947, p. 38)
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Marius Plamondon (1914-1976)
vers 1941
Archives des Clercs de Saint-Viateur à Joliette
Sur cette photographie, on aperçoit Marius Plamondon travaillant
au dessin préparatoire du vitrail Jacob et les anges, destiné à la nef de la
chapelle du Noviciat. À partir d'un avant-projet, Plamondon produit un agrandissement à
partir duquel les morceaux de verre seront découpés. De la lignée d'Antoine Plamondon,
Marius fait des études d'art à l'École des beaux-arts de Québec, de même qu'en Italie
et en France. Quand il commence ce projet de vitraux, il enseigne à l'École des
beaux-arts de Québec depuis un an. De 1945 à 1948, il y sera le professeur de sculpture
de Max Boucher, c.s.v. |
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Marius Plamondon (1914-1976)
préparant la grisaille
vers 1941
Archives des Clercs de Saint-Viateur à JolietteLa
grisaille est une poudre de verre et d'oxydes minéraux, liée par du vinaigre et de
l'essence de térébenthine. Cette peinture noire, spécifique à l'art du verrier, permet
de donner de la profondeur et d'articuler les couleurs entre elles. Les maîtres verriers
médiévaux utilisaient toujours de la grisaille.
Marius Plamondon a étudié le vitrail à Paris avec Henri
Charlier, un artiste qui s'est beaucoup inspiré des techniques du Moyen-Âge.
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Un démon, vitrail du transept sud, chapelle
du Noviciat des Clercs de Saint-Viateur
maître verrier: Marius Plamondon
1997
Collection privée
Marius Plamondon réalise les vingt vitraux de la chapelle en
pleine Seconde Guerre mondiale. Il inscrit sur les vitraux mêmes ses commentaires
témoignant de la difficulté de se procurer des matériaux: «plusieurs couleurs sont
épuisées et impossible de les remplacer à cause de la guerre» ou «derniers morceaux
de ce beau rose»... Il s'est donné beaucoup de mal, dit-on, pour trouver le verre qui
lui convienne, allant le chercher jusqu'à New York.
Selon Claude Bettinger, maître verrier, Marius Plamondon apporte
un renouveau au vitrail d'ici en y réintroduisant la grande tradition du vitrail
médiéval. Toujours selon Bettinger, la maîtrise de la coloration serait sa grande
force, particulièrement dans le jeu des bleus et des rouges.
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